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Revue Revue économique Mir@bel
Numéro vol. 59, no 6, novembre 2008
Titre du numéro Finance, institutions et croissance dans les économies émergentes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Finance, institutions et croissance dans les économies émergentes

    - Sous la direction de Patrick Artus, André Cartapanis
    • Finance, institutions et croissance dans les économies émergentes - Un avant-propos - Patrick Artus, André Cartapanis p. 1053 accès libre
    • Croissance par les exportations, fragilité financière et gradualisme - Quels défis pour la Chine ? - Jean-Luc Gaffard, Francesco Saraceno p. 1059 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article commence par une discussion des caractéristiques de l'impressionnante performance macroéconomique de la Chine depuis que la réforme a été mise en place, en les rapportant au choix d'une stratégie de croissance fondée sur l'exportation. Nous soutenons qu'une telle stratégie provoque un changement structurel de l'économie dont l'analyse ne peut pas être limitée à la comparaison entre l'équilibre final et l'équilibre initial. Nous proposons, alors, un modèle séquentiel à deux secteurs, conçu pour analyser la transition en déséquilibre qui suit un choc sur l'échange. Nos principales conclusions sont que, pour que la transition vers un nouvel équilibre soit un succès, nous avons besoin : (a) de frictions, notamment dans la mobilité des firmes entre secteurs ; et (b) de la disponibilité de moyens de financement externes pour les firmes mettant en œuvre les restructurations exigées par la transition. En Chine, ces moyens ont été fournis par les investissements directs étrangers qui ont compensé un marché du crédit insuffisamment développé. Classification JEL : E22, F41, O11
      The paper begins by discussing the features of the impressive macroeconomic performance of China since the reform started, linking them to the choice of an export led growth strategy. We then argue that such a strategy entails a structural change for the economy, whose analysis cannot be limited to the comparison between the initial and final equilibria. We then propose a sequential two sector model suited to analyze the disequilibrium transition following a trade shock. Our main conclusions are that, for a smooth successful transition towards the new equilibrium we need: (a) some frictions, notably in the mobility of firms across sectors; and (b) the availability of external financial means for firms undergoing the restructuring required by the transition. In China, these external means of financing were provided by fdis that compensated an insufficiently developed credit market.
    • Finance for Growth : Does a balanced Financial struture Matter ? - Lucia Caudro-Saez, Alicia Garcia Herrero p. 1075 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous étudions empiriquement le problème, bien connu, de l'influence de la finance sur la croissance et plus précisément la question de savoir si la structure du système financier affecte la croissance économique. En nous fondant sur la littérature existante, nous construisons une nouvelle mesure de cette structure, qui est plus large dans la mesure où elle inclut le marché obligataire ainsi que les financements extérieurs. De plus, cette mesure est bornée et plus linéaire que celles actuellement existantes. Nous trouvons qu'une structure financière plus « équilibrée », en terme de taille relative des banques par rapport aux marchés de capitaux, est associée à une croissance économique plus forte. Ce résultat suggère que les banques et les marchés sont plus complémentaires que substituables. Il rejoint l'idée de Greenspan selon laquelle chacune de ces sources de financement peut servir de « roue de secours » à l'autre.
      In this paper we explore empirically a long-standing question in the literature on finance for growth, namely whether the financial structure –in terms of the size of the banking system relative to the capital markets– matters for economic growth. We build upon the existing literature by constructing a new measure of the “balancedness” of the financial structure which is broader, as it includes the domestic bond market as well as external sources of financing. It is also bounded and more linear than existing ones. We find that a more balanced financial structure –in terms of the size of banks relative to the capital markets– is associated with higher economic growth. Such finding points to banks and capital markets being more of a complement than a substitute. This is in line with Greenspan's idea of one market serving as “spare wheel” of the other. JEL Codes: O16, G15, G21
    • Configurations des systèmes financiers et contraintes de financement - Hanène Henchiri, Jean-Paul Pollin p. 1097 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose d'apprécier l'influence de l'environnement financier et institutionnel sur les contraintes de financement des entreprises. On mesure ces contraintes par la sensibilité de l'investissement au cash flow conformément à la méthode souvent utilisée pour tester l'existence d'un accélérateur financier. Le test, réalisé sur un panel d'entreprises cotées appartenant à trente-trois pays différents, consiste à estimer l'incidence de variables représentatives des systèmes financiers, institutionnels et juridiques, sur cette sensibilité. Les résultats font ressortir notamment l'effet du niveau de développement et de la structure du système financier (en particulier la part relative des financements bancaires et de marché), des conditions de régulation du système bancaire (les formes et l'étendue de la supervision) et de certaines caractéristiques des systèmes juridiques (la protection des créditeurs), sur la sensibilité de l'investissement aux cash flows. Classification JEL : G20, G31, O16, K22.
      This paper investigates the financial and institutional environment impact on the firms' financing constraints. These constraints are measured by the investment's sensitivity to cash flows, in accordance with the method often used to test the existence of a financial accelerator. The test is carried out on listed firms in 33 different countries and which consists in estimating the incidence of financial, institutional and legal systems' variables on this sensitivity. Results bring out effects of the financial system's development and structure (particularly the amount of banking over market financing), banking regulation (the supervision ways and extent) and some characteristics of legal systems (such as creditor protection).
    • What is different about informal finance ? Financing of private firms in china - Kensuke tanaka, Margit Molnar p. 1131 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Chine, dont le système financier est fondé principalement sur les banques, il existe, parallèlement aux institutions bancaires formelles, un secteur financier informel florissant. Les institutions financières informelles contribuent à satisfaire la demande de crédits toujours croissante des entreprises privées chinoises qui semblent être négligées par le secteur bancaire formel essentiellement détenu par l'État. Les entreprises privées préféreraient emprunter auprès du secteur formel à un coût plus faible, mais en l'absence de notation et de réputation, elles y ont un accès limité. Les plus petites entreprises, n'appartenant pas aux secteurs industriels et ayant une rentabilité plus faible, ont donc moins de chance d'obtenir du crédit du secteur formel.Les institutions financières formelles et informelles coexistent en Chine et ont des critères différents dans leurs décisions de crédit. Cet article étudie les facteurs qui déterminent la taille des financements formel et informel ainsi que les conditions d'accès aux crédits bancaires formels des entreprises. Le résultat de cette étude empirique suggère que les deux types d'institutions prennent en compte des facteurs différents quand elles accordent des prêts. Alors que les banques formelles se focalisent sur les performances passées de l'entreprise, sa notation, les impôts payés ou sa réputation, les établissements informels sont plutôt sensibles aux conditions d'exploitation présentes. Le montant des créances commerciales est un critère très important dans la détermination de la taille du prêt accordé. De plus, les établissements informels utilisent l'information sur les emprunts contractés auprès du secteur formel, ce qui suggère qu'ils font, ainsi, des économies de coûts de surveillance et que la coexistence des finances formelle et informelle présente des avantages. JEL Code: G21, D8, P25
      In China's bank-based financial system, in parallel with formal banking institutions, there is a flourishing informal financial market. Informal financial institutions contribute to meeting the ever increasing credit demand of China's private enterprises that seem to be neglected by the largely state-owned formal banking sector. Private firms would prefer to borrow at lower cost from the formal sector, but in lack of credit history or credit rating they may be rejected. Smaller firms in non-manufacturing sectors and with lower profitability have less chance to obtain formal credit.Formal and informal financial institutions co-exist in China and have different approaches to lending decisions to the private sector. This paper investigates the determinants of the size of formal and informal financing and the conditions of access to formal bank loans across private firms. The result of the empirical analysis suggests that loan officers at formal and informal financial institutions take into account different factors when extending loans. While formal banks focus on past performance of the firm, such as credit rating, previous tax payments and credit history, as well as the size of the firm and manufacturing activities, informal institutions put a relatively higher weight on current operations. The amount of receivables is a very important determinant of the size of the loan extended. Further, informal institutions exploit the information on earlier borrowing from the formal banking sector, suggesting that they may economise on the monitoring costs and that there may be a certain merit of co-existence of formal and informal finance.
    • Globalisation financière et croissance dans les pays émergents - La sous-estimation des contraintes macroéconomiques induites - Patrick Artus, André Cartapanis p. 1145 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce sont les pays qui ont le moins fait appel à l'épargne externe qui ont enregistré les taux de croissance les plus élevés depuis une vingtaine d'années. Ce paradoxe peut s'expliquer par une sous-estimation des mécanismes macroéconomiques induits par l'afflux de capitaux : l'excès de liquidités externes peut exiger un durcissement de la politique monétaire et une hausse des taux d'intérêt réels ; les entrées de capitaux peuvent engendrer une appréciation du taux de change réel de nature à freiner le rythme de développement dans le secteur des biens échangeables. Pour les pays émergents qui attirent des mouvements internationaux de capitaux de vaste ampleur, il y a donc un risque d'instabilité dynamique sur le plan macroéconomique, sans garantie d'accélération de la croissance. C'est à l'explicitation de ce mécanisme qu'est consacré cet article.
      The countries that have the least attracted external savings have registered highest growth rates over the past two decades. This paradox can be explained by an underestimation of macro-economic mechanisms induced by the inflow of capital: the external liquidity excess may require a tightening of monetary policy and higher real interest rates ; the inflow of capital may cause an appreciation of real exchange rate likely to slow the development in the tradable goods sector. For the emerging countries that attract international capital movements of vast magnitude, there is a risk of dynamic instability at the macroeconomic level, without any guarantee of faster growth. This article is devoted to the explanation of that mechanism. Classification JEL : E44, F36, F43
    • L'insaisissable relation entre "bonne gouvernance" et développement - Nicolas Meisel, Jacques Ould Aoudia p. 1159 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce travail offre des outils pour repenser le rôle de la « bonne gouvernance » dans les stratégies de développement. Qu'est-ce que la « bonne gouvernance » ? La transparence de l'action publique, le contrôle de la corruption, le libre fonctionnement des marchés, la démocratie et l'État de droit. Avec la stabilisation macroéconomique, la « bonne gouvernance » s'est imposée comme impératif universel des politiques de développement depuis les années 1990.Pourtant, à l'aide d'une nouvelle base de données (Profils Institutionnels, 2006), nous montrons que si la « bonne gouvernance » semble corrélée au niveau de développement, elle n'est pas corrélée à la vitesse de développement (la croissance de moyen-long terme).En identifiant les caractéristiques institutionnelles spécifiques des pays qui ont amorcé leur décollage économique, nous précisons les capacités de gouvernance stratégiques développées par ces pays : la « bonne gouvernance » ne ressort pas comme une priorité pour le décollage économique. Elle le devient dans un second temps, ainsi que l'ouverture des systèmes de régulation économique, sociale et politique lorsque, bénéficiant d'une croissance soutenue et prolongée, un pays cherche à converger avec les pays développés. Dans les autres pays en développement (non convergents), la priorité pourrait résider dans la construction de capacités d'anticipation stratégique et de coordination entre élites. Nous proposons donc une définition élargie de la gouvernance (la « gouvernance pour le développement ») et de nouveaux indicateurs pour la mesurer.
      This working paper offers tools for rethinking the role of “good governance” in development strategies. What is “good governance”? Transparency of public action, control of corruption, free operation of markets, democracy and the rule of law. Along with macroeconomic stabilisation, “good governance” has imposed itself as a universal imperative in development policies since the 1990s.Yet, with the help of a new database (Institutional Profiles, 2006), we show that if there might be a correlation between “good governance” and the level of development (per capita gdp), there is no correlation between it and the speed of development (medium-to-long-term growth).By identifying the specific institutions that characterized rapidly-growing developing countries, we can precise the strategic governance capabilities developed by these countries: “good governance” does not emerge as a priority for economic take-off. It becomes one later, along with the opening of the economic, social and political regulation systems when, having experienced sustained and lengthy growth, a country seeks to converge with developed countries. In other, non-converging developing countries, the priority could be to build capacities for strategic vision and co-ordination among elites. We therefore propose a wider definition of governance (“governance for development”) and new indicators to measure it. Classification JEL : C8, K0, O10, O17, O4, O57, P0, P1.
    • Bâle II, réallocation des portefeuilles de crédits et incitation à la prise de risque - Une application au cas des pays émergents d'Asie du Sud-Est - Olivier Bruno, Alexandra Girod p. 1193 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Nous analysons l'impact de l'approche par les notations internes du nouvel accord de Bâle (ci-après Bâle II version IRB) sur les portefeuilles de crédits des banques et sur leur incitation à la prise de risque. Les exigences en capital réglementaire de Bâle II sont basées sur le taux de défaut de chaque crédit financé par les banques. Ce taux de défaut est établi en prenant en compte le risque idiosyncrasique du crédit (sa propre probabilité de défaut) et sa sensibilité au facteur de risque systématique. La relation entre ces deux facteurs de risque est supposée décroissante de la probabilité de défaut du crédit dans Bâle II. Cette hypothèse implique que la charge marginale en capital pour une banque finançant un crédit plus risqué est décroissante. Cette charge marginale décroissante doit être comparée au gain croissant lié au financement de crédits plus risqués, mesuré par le spread de crédit sur l'actif sans risque. Nous montrons alors que, pour des banques initialement risquées, il existe un biais incitatif au financement de crédits davantage risqués lors du passage de Bâle I à l'approche IRB de Bâle II. Ce biais incitatif est en contradiction avec l'objectif principal de Bâle II de réduire le risque global encouru par les banques.
      We analyze the impact of the new Internal Rate Based (IRB) Basel II capital requirements on the credit portfolio of banks and on their incentive to take risk. We show that for some initially risky banks, there is an incentive bias to finance a riskier credit bucket when they shift from Basel I to irb Basel II capital requirements. Basel II bank capital requirements are based on the default rate of each loan financed by a bank. This rate is measured by taking into account the specific risk of the credit (its own default probability) and its sensitivity to a systematic factor of risk. The relationship between these two risk factors (specific and systematic) is assumed to be decreasing with the default probability of a credit. This assumption implies that the marginal capital amount for a bank that finances a riskier credit is also decreasing. In order to appraise banks' incentive to finance risky projects, we compare this marginal decreasing amount of capital requirements with the increasing gain linked with the financing of riskier credits, which is measured by credit spreads. Under some conditions on the value of credit spreads, we show that the trade off between marginal cost and marginal gain may encourage initially risky banks under Basel I capital regulation to increase their level of risk under irb Basel II capital regulation. This incentive bias towards a riskier credit portfolio is in contradiction with Basel II's main objective of reducing the global risk taken by banks. Classification JEL : G11 – G32
    • The determinants of domestic and cross border bank contagion risk in southeast asia - Carlos Bautista, Philippe Rous, Amine Tarazi p. 1215 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite du problème du risque systémique, tant au niveau national que transfrontalier, pour un ensemble de huit pays du Sud-Est asiatique (Hong Kong, Indonésie, Corée, Malaisie, Philippines, Singapour, Taïwan et Thaïlande). On utilise des données hebdomadaires relatives aux cotations boursières de 125 établissements bancaires sur la période 2000-2005 pour construire des mesures du risque de contagion, fondées sur les corrélations moyennes des résidus d'un modèle de marché. Les résultats montrent que ces corrélations moyennes diffèrent significativement d'un pays à l'autre. La probabilité qu'un choc spécifique se propage aux autres établissements au niveau transfrontalier est déterminée par les valeurs prises par des indicateurs du risque de l'actif et du risque de marché (risque systématique). En revanche, au niveau national, les indicateurs du risque d'illiquidité et les mesures d'opacité bancaire ont un meilleur pouvoir explicatif. Nos résultats suggèrent que les opérateurs de marché sont essentiellement influencés par l'illiquidité des banques au niveau national alors qu'ils ne sont sensibles qu'à leur degré d'insolvabilité à l'échelle transfrontalière. JEL Classification: G21, G29
      This paper addresses the issue of both domestic and cross border systemic risk for 8 countries in Southeast Asia (Hong Kong, Indonesia, Korea, Malaysia, The Philippines, Singapore, Taiwan and Thailand). We use weekly data on individual bank stock prices from 2000 to 2005 to construct bank contagion measures based on the exponential weighted average correlations of the residuals of the market model. Our results show that average pair-wise correlations significantly differ among countries and that the probability that a specific shock extends to other banks is better explained by asset risk indicators and market based risk measures, such as systematic risk, for cross country contagion. In contrast, for domestic contagion, liquidity risk indicators and bank opaqueness proxies perform better. Our findings suggest that whereas illiquidity, but not insolvency, is a major concern at the domestic level the opposite result holds for cross country contagion.