Contenu du sommaire : Devenir militant/ Le référendum du 24 septembre 2000 : premiers éclairages

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro Vol. 51, no 1-2, 2001
Titre du numéro Devenir militant/ Le référendum du 24 septembre 2000 : premiers éclairages
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les 50 ans de la revue française de science politique - p. 3 accès libre
  • Les 50 ans de la RFSP : une relecture cavalière des débuts - Jean Leca p. 5-17 accès libre
  • Devenir militant

    • Introduction - Nonna Mayer, Olivier Fillieule p. 19-25 accès libre
    • Carrières militantes, et vocation à la morale : les militants de la Ligue des droits de l'homme dans les années 1980 - Eric Agrikoliansky p. 27-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Comment penser l'engagement militant sans le réduire à un simple calcul rationnel ou au reflet mécanique de dispositions acquises ? La notion de « carrière militante », empruntée à la socio­logie interactionniste, offre un modèle séquentiel d'analyse de l'engagement visant à rendre compte des significations et des choix opérés par les agents à la lumière des dispositions acquises au cours de phases antérieures de leur militantisme. Pour comprendre l'engagement dans une association comme la Ligue des droits de l'homme et la revendication morale qui est associée à cette forme d'action publique, il faut ainsi se pencher sur les trajectoires militantes antérieures de ceux qui y adhèrent. C'est en reconstituant dans une perspective biographique les spécificités de ces engagements passés (notamment au sein des partis politiques), les repré­sentations de l'action politique qui en découlent et les interférences entre vie privée et vie publique qu'on peut rendre compte de l'attrait de ces militants pour une association qui leur offre de poursuivre une action collective hors des contraintes propres aux organisations partisanes
      Militant careers and moral vocation : militants of the [french] ligue des droits de l'homme in the 1980s How are we to consider militant commitment without reducing it to a simple rational calcula­tion or a mechanical reflection of acquired dispositions ? The notion of« militant career », bor­rowed from interactionist sociology, offers a sequential model of analysis of commitment which seeks to take into account the meanings and the choices of the agents in the light of dispositions acquired during prior phases of their militantism. To understand involvement in an association such as the Ligue des droits de l'homme and the moral demands associated with this form of public action, it is necessary to look at the prior militant itineraries of those who belong to it. Through a biographical reconstruction of the specificities of past involvements (particularly in political parties), the representations of political action derived from them and the interferences of public and private life, it is possible to account for these militants'attraction to an association that enables them to pursue collective action without the constraints specific to party organiza­tions.
    • Entrer, rester en humanitaire. Des fondateurs de Médecins sans frontières aux membres actuels des ONG médicales françaises - Johanna Siméant p. 47-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'article, à partir d'une enquête qualitative mobilisant près de 200 entretiens, tente de recons­tituer les logiques de l'engagement dans les ONG humanitaires médicales d'urgence. Ce lieu d'observation est d'autant plus fécond que s'y entrecroisent statuts salariés et non rémunérés, le militantisme humanitaire représentant, sous cet aspect entre autres, un cas d'école pour com­prendre l'imbrication des dimensions professionnelles et militantes de l'engagement. En effet, et de façon plus générale, un des coûts de l'engagement est le coût professionnel : certains engagements peuvent nuire au statut professionnel, la disponibilité autorisée par certaines pro­fessions est plus ou moins grande... Comprendre l'engagement suppose donc de le comprendre en l'inscrivant dans le temps. Dès lors, et au risque d'un usage métaphorique du terme, un des intérêts du concept de « carrière » est défaire le lien entre les dispositions individuelles, d'une part, et le temps et les moments de l'engagement, d'autre part, le militantisme apparaissant comme un prolongement de l'identité sociale. Mais le concept de carrière permet aussi d'éclairer comment l'on peut «faire carrière » en humanitaire. Au final, la notion de carrière militante permet d'envisager non seulement les dispositions au militantisme humanitaire, mais aussi les moments de vie et situations actualisant ces dispositions, voire les forgeant, et enfin la variation dans le temps des coûts et rétributions de l'engagement.
      Humanitarian action : becoming and remaining involved. from the founding members of msf [médecins sans frontières] to the present members of the french medical ngos The article, based on a qualitative analysis of nearly 200 interviews, seeks to reconstruct the various logics of commitment to humanitarian medical emergency NGOs. This vantage point is particularly fruitful because both volunteers and salaried staff are considered ; humanitarian activism represents, in that respect also, a test case for the understanding of the imbrication of the professional and militant dimensions of commitment. More generally, one of the costs of commitment is professional : some commitments can damage individual professional status, as in certain professions the availability of time off is smaller than in others. To understand com­mitment, one needs to consider the time dimension. Because of that, and at the risk of a meta-phoric use of the term, one of the interests of the concept of « career » is that it allows the lin­king of individual dispositions and the time and duration of commitment. Militantism is thus seen as the projection of one's social identity. But the concept of career also makes it possible to illustrate how one can « pursue a career » in the humanitarian sector. Finally, the concept of« militant career » allows analysists to account for the inclination to humanitarian militan-tism as well as to examine the periods in life and the situations that activate, and some times shape it, as well as the variations in time of the costs and benefits of commitment.
    • Les générations militantes à Droit au logement - Cécile Péchu p. 73-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'association Droit au logement (DAL), créée en 1990, a largement contribué à l'évolution des répertoires d'action collective durant les dix dernières années en utilisant des modes d'action directe comme le squat ou le campement. L'article s'attache à expliquer l'engagement en son sein, en accordant une place centrale au temps dans l'analyse. En effet, l'existence de trois « générations militantes » qui se sont succédé entre 1990 et 1996 dans l'association, en fonc­tion de l'insertion de celle-ci dans le contexte historique, est mise en évidence, grâce à une ana­lyse prenant en compte aussi bien les défections que les adhésions. Cette attention aux modifi­cations de la composition de l'organisation permet d'éclairer, de manière synchronique et diachronique, ses débats, conflits, scissions et tactiques, ainsi que leurs évolutions. Au niveau individuel, elle permet d'appréhender les évolutions des carrières militantes et les phénomènes d'entrée et de sortie. Les carrières de trois militants, typiques de chacune des générations, sont détaillées pour repérer l'articulation des raisons et des causes de ces flux. Celles-ci nous per­mettent d'illustrer la manière dont deux types de champs se sont différenciés progressivement durant les vingt dernières années, le champ partisan, dont dépendaient au moins depuis la fin de la seconde guerre mondiale la majeure partie des mouvements sociaux, et le champ militant, dont DAL nous semble constituer une organisation typique.
      sions and tactics and their developments both synchronically and diachronically. At the indivi­dual level, it accounts for the activists' careers and exit/entry phenomena. Three militants' careers, typical of each of the three generations, are detailed in order to grasp the relations of the reasons and causes of flows. These provide an illustration of the differentiation of two types of fields over the last 20 years, the partisan field on which most social movements depended since at least the end of World War II, and the militant field, of which Droit au logement seems to be typical.
    • Les écologistes français, des experts en action - Sylvie Ollitrault p. 105-130 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les associations écologistes françaises ne dérogent pas aux caractéristiques attribuées aux mouvements verts européens et nord-américains, elles rassemblent des militants dotés en capi­taux culturels qui deviennent de véritables experts, epistemic community, aptes à construire une démonstration scientifique et à mener des actions collectives avec des moyens sophistiqués (médias, usage des sciences, de la législation...). En explorant de manière rigoureuse, au tra­vers les discours identitaires des acteurs, les types de trajectoires de ces militants, des ressem­blances sensibles apparaissent : le poids des experts dans leur association. Néanmoins, en observant de manière microsociale leur profil social, leur socialisation, leurs engagements (politique, associatif, religieux), des distinctions entre groupes militants complexifient ce phé­nomène de l'émergence d'un militantisme expert. Alors que des trajectoires différenciées (poli­tique, scientifique et réactive) expliquent les rivalités internes au mouvement déconcertant l'observateur, les effets de génération reflètent deux formes de militantisme liées à deux étapes historiques (les mobilisations des années 1970 et la professionnalisation des années 1990). Or les façons de « vivre de et pour » le militantisme ne sont ni exclusivement utilitaristes ni totale­ment homogènes. Les contraintes externes ont été puissantes pour transformer l'engagement en expertise et celles-ci réclament de plus en plus une socialisation secondaire (universitaire) adaptée au profil militant réclamé.
      The french green activists, experts in action The members of the French Green associations, like those of European and North American movements, are well-educated and belong to the upper and middle classes. They can be defined as an "epistemic community", using their intellectual skills as a resource, exploiting scientific discourse and evidence and undertaking sophisticated forms of collective action which exploit science, the law and the media. When we consider the trajectories of Green activists, through a study of the ways in which they represent themselves, a common theme emerges : the weight accorded to "experts" in militant associations. However, an analysis at the microsocial level of the background, trajectory and activities (political, associational or religious) of these acti­vists reveals differences which make the appearance of the "expert-activist" a more complex phenomenon than might appear at first. Three distinct types of trajectory ?political, scientific and reactive ? can help to account for the internal disputes which mark the Green movement. Another factor is the gap which separates two generations of activists : we identify two types of activism linked to two historical stages - the activism of the 1970s, and the increasing profes­sionalism of the 1990s. Where the "Founding Fathers" of the Green movement in France deve­loped their own forms of expertise, the militants of the new generation must have a proper aca­demic background if they are to become Green experts-activists. External constraints have had a powerful effect in turning simple activism into professional expertise.
    • Entreprendre en politique. De l'extrême gauche au PS : la professionnalisation politique des fondateurs de SOS-Racisme - Philippe Juhem p. 131-153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La politique partisane est communément méprisée par les jeunes Italiens des années 1990. En conséquence, au sein de cette génération, ceux qui militent dans un parti sont ultra minori­taires. Cette étude porte sur ceux qui ont fait ce choix atypique, éclairant a contrario la désaf­fection de leurs pairs pour la politique. Le milieu social et les caractéristiques psychologiques d'un échantillon déjeunes cadres partisans sont comparés à ceux d'un échantillon-témoin aléa-tire déjeunes du même âge. Les résultats établis ici ne valident pas les hypothèses psycholo gi­santes élaborées par la littérature sur la personnalité politique. La « centralité sociale » appa­raît également comme un facteur prédictif insuffisant du militantisme partisan. Nous soulignons l'existence d'un mécanisme plus complexe articulé autour des facteurs suivants : a) l'existence d'un «filet de sécurité » éducationnel et/ou professionnel ; b) l'existence d'un modèle d'iden­tification militante du fait que l'un des membres de la famille est lui-même impliqué dans le monde politique ; c) un attachement préalable à un mentor politique qui facilite d) l'acquisition d'un volume important de capital social, ressource vitale pouvant être ensuite investie dans la construction du consensus. Des données complémentaires sur le recrutement politique en Italie nous apprennent que les fonctions réservées aux jeunes dans les partis constituent un premier stade dans la carrière politique. Étant donné la structure des opportunités politique, l'implica­tion partisane précoce équivaut à un choix de carrière. Un tel choix ne fait sens que pour les individus qui disposent d'une combinaison particulière de ressources autorisant à envisager une carrière politique ultérieure : éducation ou richesse, liens familiaux avec un parti, chances de développer un capital social élevé. Étant donné que la possession de telles ressources est rare, l'ajustement des préférences conduit la plupart des jeunes gens à exclure la possibilité d'un engagement politique et à considérer les partis comme lointains et étrangers.
      Being active in politics. from the extreme left to the [french] socialist party : the political professionalisation of the founders of sos-racisme Through an analysis of the militant careers of Julien Dray and the founders of SOS-Racisme, the article seeks to account first for the logic of their initial commitment within the [Trotskyite] LCR [Ligue communiste révolutionnaire], then for their investment in extreme-left student organizations and finally for their reasons for joining the Socialist Party. Passage from the extreme-left to the Socialist Party was caused on the one hand by the need -for a specific gene­ration of student political cadres who entered politics in the post-1968 era and were over the age of 30 in 1983 - to obtain professional positions corresponding to their militant status, and on the other hand, by opportunities for promotion and new affiliations opened up by the Left's accession to power in 1981. The militant careers of these groups 'members appear as a succes­sion of conversions, both ideological and professional, which militants had to undergo in rela­tion to the social spaces which they entered and of the opportunities provided by each new step in the process of accumulation of political ressources.
    • L'entrée en politique des jeunes Italiens : modèles explicatifs de l'adhésion partisane - Ettore Recchi p. 155-174 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La politique partisane est communément méprisée par les jeunes Italiens des années 1990. En conséquence, au sein de cette génération, ceux qui militent dans un parti sont ultra minori­taires. Cette étude porte sur ceux qui ont fait ce choix atypique, éclairant a contrario la désaf­fection de leurs pairs pour la politique. Le milieu social et les caractéristiques psychologiques d'un échantillon déjeunes cadres partisans sont comparés à ceux d'un échantillon-témoin aléa-tire déjeunes du même âge. Les résultats établis ici ne valident pas les hypothèses psycholo gi­santes élaborées par la littérature sur la personnalité politique. La « centralité sociale » appa­raît également comme un facteur prédictif insuffisant du militantisme partisan. Nous soulignons l'existence d'un mécanisme plus complexe articulé autour des facteurs suivants : a) l'existence d'un «filet de sécurité » éducationnel et/ou professionnel ; b) l'existence d'un modèle d'iden­tification militante du fait que l'un des membres de la famille est lui-même impliqué dans le monde politique ; c) un attachement préalable à un mentor politique qui facilite d) l'acquisition d'un volume important de capital social, ressource vitale pouvant être ensuite investie dans la construction du consensus. Des données complémentaires sur le recrutement politique en Italie nous apprennent que les fonctions réservées aux jeunes dans les partis constituent un premier stade dans la carrière politique. Étant donné la structure des opportunités politique, l'implica­tion partisane précoce équivaut à un choix de carrière. Un tel choix ne fait sens que pour les individus qui disposent d'une combinaison particulière de ressources autorisant à envisager une carrière politique ultérieure : éducation ou richesse, liens familiaux avec un parti, chances de développer un capital social élevé. Étant donné que la possession de telles ressources est rare, l'ajustement des préférences conduit la plupart des jeunes gens à exclure la possibilité d'un engagement politique et à considérer les partis comme lointains et étrangers.
      What makes a young party activist : a test of explicative models in the italian case Party politics is commonly despised by Italian youth in the 1990s. Correspondingly, young party activists are a tiny minority in their generation. The present study investigates their ano- malous choice of engaging into party life, as this can carry some lessons on the reasons of their age peers'disaffection for politics. A case-control research design is adopted. Background and psychological traits of a sample of party youth officers are contrasted with those of a random control group of people of the same age. Empirical results lend little support to hypotheses hinged on those psychological factors underscored by the literature on the political personality. « Social centrality » appears also to be insufficient as a predictor of such form of political par­ticipation. A more complex mechanism is highlighted, involving : a) the availability of an edu­cational and/or occupational « safety net » ; b) the embeddedness of some family members in the political world, which provides an identity model for activism, and c) a prior attachment to apolitical sponsor who facilitates d) the acquisition of a large volume of social capital - i. e, a vital resource to invest in consensus-building subsequently. Additional evidence on political recruitment in Italy shows that party youth offices have traditionally served as a primary step of political careers. Given this structure of political opportunities, party commitment at an early age equates to a career-oriented choice. Such a choice makes sense only for individuals who control a particular combination of resources to further a political career- education or wealth, family ties within a party, chances of developing a high social capital. Since the possess of these resources is rare, adaptative preferences lead the bulk of young people to exclude the possibility of political involvement and to view parties as remote and alien.
    • Les jeunes militants du Front national : Trois modèles d'engagement et de cheminement - Valérie Lafont p. 175-198 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'engagement au Front national a pour particularité d'être associé à la stigmatisation et au rejet. Pour les militants, ce type d'engagement est supposé être associé à un coût social élevé, correspondant à une désintégration progressive de la société civile parallèlement à leur inté­gration au parti. En ce sens, les carrières des militants FN peuvent être analysées comme les « carrières déviantes » décrites par Howard Becker. Pour la génération contemporaine, nous nous demandons ce qui, dans le cheminement des individus, provoque l'entrée et la progression dans de telles carrières : s'agit-il de prédispositions particulières issues de la socialisation politique des individus, d'événements biographiques particuliers, du contexte, du hasard des rencontres, ou d'une combinaison de tous ces éléments ? Quelle est la part laissée à la subjec­tivité et au choix de l'acteur dans la dynamique des carrières ? À partir d'entretiens biogra­phiques, nous analysons trois carrières typiques de militants FN issus d'une même génération, mais de milieux social et politique différents ? l'un vient d'une famille aristocratique et monar­chiste, l'autre d'une famille ouvrière et communiste et la dernière d'une famille ouvrière et apolitique ~, et cherchons à comprendre leur cheminement à travers les effets et les modes d'interactions entre le contexte et les dispositions.
      Young activists of the [french] front national : three patterns of commitment and itinerary Commitment to the Front national is associated with stigmatization and rejection. For its mili­tants, this type of engagement is presumed to have a high social cost, corresponding to a gra­dual disintegration from civil society simultaneously with an integration within the party. In that respect the careers ofFN militants can be analyzed as « deviant careers », a term proposed by Howard Becker. For the contemporary generation, the question asked is what, in individual itineraries, causes entry and progression in such careers. Particular predispositions derived from political socialization, specific biographical events, contextual events, chance meetings, or a combination of all ? How much in the career dynamic is left to subjectivity and individual choice ? On the basis of biographical interviews, we analyze three typical FN careers of indi­viduals belonging to the same generation, but from different social and political milieux - one person comes from an aristocratic, monarchist family, another from a working class, commu­nist family, and the last one, from a working class, apolitical family ? and seek to understand their itineraries through the effects and modes of interaction between context and dispositions.
    • Post scriptum : Propositions pour une analyse processuelle de l'engagement individuel - Olivier Fillieule p. 199-215 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      On défend ici une conception du militantisme comme activité sociale individuelle et dynamique, ce qui implique la prise en compte de la dimension temporelle. Plusieurs propositions sont faites, à partir d'exemples tirés d'une recherche en cours sur la lutte contre le sida : 1) recourir aux outils forgés dans le cadre de l'interactionisme symbolique, et notamment au concept de carrière ; 2) articuler une analyse comprehensive des raisons d'agir avancées par les individus à l'objectivation des positions successivement occupées par ces individus ; 3) introduire une dimension longitudinale dans l'enquête quantitative afin de reconstituer des trajets types arti-culables aux, données des récits de vie ; 4) assortir l'analyse de l'engagement d'une analyse du désengagement et de groupes de contrôle de non engagés. Le texte n'entend pas proposer un modèle mais plutôt suggérer un ensemble de pistes et de manières défaire cohérentes et heu­ristiques.
      Proposals for process analysis of individual commitment Militantism is here conceived as an individual and dynamic social activity, which implies taking into account the temporal dimension. Several proposals are made, based on an ongoing research concerning the struggle against AIDS : 1) to use tools devised in the symbolic interac-tionist framework, particularly the concept of career ; 2) to link a thorough analysis of the reasons for action put forward by individuals to the objectivation of their sucessive positions they hold in turn ; 3) to introduce a longitudinal dimension in the quantitative analysis so as to reconstruct typical paths that can be linked to life-history data ; 4) to supplement the analysis of commitment with an analysis of disengagement and also of control groups of uncommitted individuals. The article does not seek to propose a model but rather to suggest leads as well as consistent and heuristic modes of operation.
  • Le référendum du 24 septembre 2000 : premiers éclairages

    • Le triangle référendaire : le scrutin du 24 septembre 2000 est-il un référendum d'un type nouveau ? - Jean-Luc Parodi p. 219-232 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Pour comprendre ce référendum d'un type nouveau, sans conflit, sans suspense, sans campagne électorale et sans électeurs que fut le scrutin du 24 septembre 2000 sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, il faut recourir à cette grille d'analyse que constitue le triangle référendaire : en combinant les approches par l'initiative du référendum, son objet et la conjoncture dans laquelle il s'insère et en y reclassant tous les référendums de la Cinquième République on prend la mesure de son caractère exceptionnel. Référendum de consensus " dé-plebiscitarisé " dans son initiative, sur un sujet simple, populaire mais non prioritaire, dans une conjoncture d'apaisement démobilisateur, ces caractéristiques expliquent à la fois le succès massif du Oui et le record absolu d'abstentionnisme de toute l'histoire électorale fran­çaise.
      The referendum triangle : does the [french] referendum of 24 september 2000 belong to a new type ? The referendum of 24 September 2000 on the reduction of the presidential mandate from 7 to 5 years was a new type of poll : no conflict, no suspense, no electoral campaign, few voters. Using the "referendum triangle" analytical model - origins of the initiative, purpose and political conjuncture - and applying it to all referenda held under the Fifth Republic, its exceptional nature becomes clear. The referendum was consensual and de-plebiscitarized in its initiation ; it dealt with a simple, popular topic with no priority ; it was held in a peaceful and demobilizing conjuncture. These characteristics explain both the massive victory of the "yes " vote and the all-time record of abstentions in French electoral history.
    • La victoire sans reliefs du « oui » - Bernard Dolez, Annie Laurent p. 233-240 accès libre avec indexation
    • Abstention et blancs et nuls au référendum du 24 septembre 2000 - Daniel Boy, Jean Chiche p. 241-245 accès libre avec indexation
    • Le vote blanc : abstention civique ou expression politique ? - Adélaïde Zulfikarpasic p. 247-268 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis une dizaine d'années, on observe une augmentation significative des votes blancs lors des consultations électorales, comme en témoigne le référendum du 24 septembre 2000. Le vote blanc demeure néanmoins un comportement électoral peu étudié. Considéré comme un suf­frage non-exprimé, il a longtemps été assimilé à une erreur de l'électeur ou encore à une marque d'indifférence à l'égard de la politique, tout comme l'abstention. L'analyse politique du vote blanc montre qu'il constitue, au contraire, une expression, celle d'une insatisfaction face à une offre politique trop restreinte. L'analyse idéologique confirme le caractère expressif de ce vote. Les « votants blancs » portent un intérêt particulier à la politique, ont des exigences en la matière et manifestent, par leur vote, une déception à l'égard de la politique, qu'elle soit momentanée ou structurelle. En votant blanc, ils souhaitent faire passer un message et espèrent des changements. Ces électeurs ont d'ailleurs des caractéristiques sociologiques distinctes de celles des abstentionnistes : ils ne sont pas aussi jeunes, sont plus intégrés socialement, plus diplômés, plus politisés. Le vote blanc ne se substitue à l'abstention que dans un cas : en milieu rural, le poids des interconnaissances et du contrôle social poussent les électeurs à voter blanc plutôt qu'à s'abstenir. Le vote blanc recouvre donc deux types de comportements : le vote blanc traditionnel et rural, synonyme d'abstention cachée, et le vote blanc récent, plus urbain, expres­sion politique.
      Blank votes : civic abstention or political expression ? In the last ten years, there has been a significant increase in blank votes in elections, as shown in the 24 September 2000 [French] referendum. Blank voting as electoral behavior has been insufficiently studied. Seen as « unexpressed », blank votes have long been considered voter errors or even signs of indifference to politics, similar to abstention. The political analysis of blank votes shows that, on the contrary, they are expressions of dissatisfaction with a limited political supply. Ideological analysis confirms their expressive nature. « Blank voters » are interested in politics and very demanding ; through their votes, they show either a specific or a structural disappointment vis-à-vis politics. By casting blank votes, they wish to send a message and they hope for change. These voters have sociological characteristics distinct from those of abstentionists : they are not as young, are better integrated in the social fabric, have higher degrees and are more politicized. Blank voting can substitute for abstention only in one case : in rural areas, the weight of reciprocal knowledge and of social control lead voters to vote « blank » rather than abstain. Blank voting thus corresponds to two types of behavior : the tra­ditional and rural blank vote, which reflects hidden abstention, and the recent blank vote, more urban, and representing a political expression.
  • Anniversaire

  • Lectures critiques

  • Revue des revues - p. 319-325 accès libre