Contenu du sommaire : Italie et Japon aujourd'hui : deux démocraties « hors normes » à l'épreuve de la crise

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro Vol. 51, no 4, 2001
Titre du numéro Italie et Japon aujourd'hui : deux démocraties « hors normes » à l'épreuve de la crise
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Italie et Japon aujourd'hui : deux démocraties « hors normes » à l'épreuve de la crise

    • Comparer deux « démocraties hors normes » - Jean-Marie Bouissou, Marc Lazar p. 531-543 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les auteurs retracent l'origine de ce numéro issu de journées d'études réunissant des cher­cheurs italiens, japonais et français désireux de procéder à une comparaison entre l'Italie et le Japon. La science politique s'est déjà intéressée à ce type d'approche mais en insistant toujours sur les spécificités de ces deux pay s et les particularités de leurs systèmes politiques qui démon­treraient leur profonde anormalité. A rencontre de cette démarche qui leur semble insatisfai­sante, les auteurs se sont fixé trois objectifs : tenter une histoire parallèle des deux pays, mettre en lumière certains aspects de leurs systèmes politiques, analyser leurs évolutions les plus récentes. Les auteurs en viennent ainsi à porter un autre regard sur des réalités politiques fon­damentales, la corruption, le clientélisme, la partitocratie, et questionnent la pertinence d'un concept qu'ils ont forgé, celui de « partitocratie redistributive régulée ».
      Comparing two « special democracies » This tematic issue is the outcome of a conference attended by Italian, Japanese and French researchers interested in comparing Italy and Japan. Political scientists have already used that approach, but always focusing on the specificities of the two countries and the features of their political systems which are considered illustrative of their deep abnormalities. As against this process which they deem unsatisfactory, the authors set themselves three objectives : to outline a parallel history of the two countries, to highlight certain aspects of their political systems, to analyze the latest developments. This leads them to a different approach to the fundamental political realities - corruption, clientelism, and party government ?, and to challenge the rele­vance of a new concept, that of « regulated redistributive partitocracy ».
    • Grandeur et décadence de la « partitocratie redistributive régulée ». L'évolution du système politique au Japon et en Italie depuis la guerre - Jean-Marie Bouissou, Paolo Pombeni p. 545-567 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      sources disponibles pour la redistribution via les partis. Elle pose la question de la transforma­tion de deux pay s qui apparaissent encore, à certains égards, comme des « empires » formés de « réserves indiennes » mal intégrées, en véritables communautés politiques.
      Greatness and decline of the «regulated redistrffiutive partitocracy ». the development of the political system in postwar japan and italy In both Italy and Japan, the representative regimes derived from the late 19th c. reforms were unable to establish their legitimacy. In 1945, the fall of the strong regimes which succeeded them gave birth in both countries to a rigid constitutional order which established de facto the parties ' domination over the executive. In both cases, after a phase of confrontation, there appeared a « regulated re distributive partitocracy » in which all the established parties agreed to cohabit and share benefits on behalf of their particular clienteles. Although this institutiona­lized collusion undermined the legitimacy of the regime, as observed in both countries during the 1970s, that system ensured a strong social cohesion and a satisfactory redistribution during three decades of modernization. Its present questioning - much more radical in Italy than in Japan ? appears to be linked less to the end of the Cold War, as often claimed, than to the reduc­tion of resources available for redistribution via the parties. This begs the question of the trans­formation of countries which still, in some ways, appear to be « empires » made up of poorly integrated « Indian reservations », into genuine political communities.
    • Heurs et malheurs du clientélisme. Étude comparée de l'Italie et du Japon - Mario Caciagli, Kawata Jun' Ichi p. 569-586 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'Italie et le Japon sont considérés comme deux exemples parmi les plus classiques du clienté­lisme. Ces deux pays, devenus désormais des démocraties et des puissances économiques, abri­tent néanmoins des formes de clientélisme traditionnelles et d'autres plus modernes. Les auteurs les analysent de manière comparée en montrant leurs particularités et leurs points com­muns. Ils s'interrogent aussi sur les effets « vertueux » qu 'un certain clientélisme a pu avoir sur le développement de l'Italie et du Japon. Ils examinent enfin les modifications récentes du clien­télisme, ses liens avec la corruption et se penchent sur son avenir alors que les systèmes poli­tiques italien et japonais connaissent d'importantes modifications.
      Achievements and mishaps of clientelism. a comparative study of italy and japan Italy and Japan are considered two classic examples of clientelism. The two countries, now democracies and major economic powers, display both traditional and more modern forms of clientelism. The authors'comparative analysis emphasizes both distinctive features and shared points. They question the « virtuous » impact that a certain brand of clientelism may have had on Italian and Japanese development. Lastly, they examine recent changes in clientelism and its links with corruption, and reflect on its future at a time when both the Italian and Japanese political systems are undergoing major transformations.
    • Factionalisme, coalitions et fragmentation politique. Qu'est-ce qui a vraiment changé dans le système partisan au Japon et en Italie dans la décennie 1990 ? - Aldo Di Virgilio, Junko Katô p. 587-619 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'Italie et le Japon ont longtemps été caractérisés par la domination d'un seul parti, la Démo­cratie chrétienne et le Parti libéral démocrate. Cette domination s'est traduite par l'essor et l'institutionnalisation d'unfactionalisme interne à chacun de ces deux partis. Les auteurs rap­pellent d'abord les facteurs qui ont contribué à son développement. Ils insistent ensuite sur les effets des modes de scrutin, les processus de désignation des dirigeants des partis, la mainmise du parti dominant sur les ressources de l'appareil étatique et du secteur public. Ils analysent enfin les effets contradictoires du factionalisme, à la fois stimulants pour les partis concernés puisqu'ils permettaient le renforcement de leur puissance, et nuisibles car ils entraînaient des luttes de clans préjudiciables à l'autorité de ces formations, menaçaient leur unité, compli­quaient la prise de décision et finalement concouraient à les affaiblir au point de contribuer à les mettre en crise et à éroder les assises de leurs dominations.
      Factionalism, coalitions and political fragmentation. did something really change in japan's and italy's party systems in the 1990s ? Italy and Japan have long been dominated by a single party, Christian Democracy and the Liberal Democratic Party respectively. This domination resulted in each of the two parties in the rise and institutionalization of factionalism. The authors single out the factors which con­tributed to its development. They then focus on the impact of the electoral system, party leader selection procedures, and the ruling party's control over the resources of the state apparatus and the public sector. They finally analyze the contradictory effects of factionalism, both stimu­lating since they led to the reinforcement of each party's power, and harmful, as they led to clan struggle which jeopardized their authority, threatened their unity, complicated decision-making and then contributed to their weakening, to the point of crisis and of erosion of the foundations of their domination.
    • Italie : quand la politique invente la société civile - Alfio Mastropaolo p. 621-636 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      À la fin du deuxième millénaire, entre 1992 et 1994, l'Italie a été frappée par une crise, en vérité, peu dramatique, mais sans doute bouleversante et qui a radicalement transformé la phy­sionomie de son système politique. Normalement, on considère que la cause fondamentale de cette crise a été la corruption de la vie publique dans les décennies précédentes et la faillite des finances publiques provoquée par un clientélisme omniprésent. Cet article se demande si ces deux phénomènes constituaient des raisons suffisantes pour provoquer une crise assez unique dans l'histoire des régimes démocratiques. L'auteur avance une autre hypothèse : l'une des causes principales de la crise à laquelle la démocratie italienne a dû faire face provient des dis­cours que les principaux acteurs politiques officiels ont construit à son égard et de la floraison d'autres discours formulés par de nouveaux acteurs non conventionnels : des discours « antipolitiques », fondés sur une dénonciation impitoyable, instrumentale et injuste, de l'état de cette démocratie. Ce faisant, ces mêmes acteurs, officiels ou non, ont tenté de se relégitimer ou de se légitimer. En présentant sous ces couleurs la démocratie italienne, et en proposant comme unique recette valable un mythique passage de la « Première » à la « Deuxième » Répu­blique, on a obtenu uniquement l'effet d'intoxiquer le sens commun et de pousser la démocratie vers une crise ? de légitimité ? dont on ne voit pas encore la conclusion.
      Italy : when politics invents civil society At the end of the second millennium, between 1992 and 1994, Italy was hit by a crisis, not really a very dramatic one, but obviously an upheaval that radically transformed the physiognomy of its political system. The basic cause of this crisis is usually considered to lie in the corruption of public life in the previous decades and the financial collapse caused by omnipresent cliente-lism. This article asks if these two phenomena can sufficiently account for a crisis that seems unique in the history of democratic regimes. The author puts forward a different hypothesis : that one of the main causes of the crisis which Italian democracy had to confront is to be found in the discourses which the major political actors constructed about it and the flowering of other discourses presented by new, unconventional actors : « antipolitical » discourses, based on a ruthless, instrumental and unfair denunciation of the state of Italian democracy. By so doing these actors, whether official or unofficial, sought to relegitimize or to legitimize them­selves. By presenting Italian democracy under these colors, and by proposing as the only valid prescription a mythical change from the « First » to the « Second » Republic, they managed only to poison common sense and to push democracy into a legitimacy crisis which is not yet
    • Le mouvement référendaire au Japon après la Guerre froide. Une analyse comparative inspirée de Rokkan - Shiratori Hiroshi p. 637-651 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article examine le système des partis au Japon et la multiplication des référendums locaux au Japon depuis 1996 dans une perspective inspirée de Rokkan et de la problématique des sub­cultures politiques. L'auteur part d'une analyse des clivages que reflétait le « système de 1955 » et de la nature particulière de la relation entre le centre et la périphérie qui a prévalu pendant cette période. Il analyse ensuite la forme nouvelle de participation politique qui émerge dans l'archipel avec les référendums locaux lancés par des initiatives citoyennes comme un effet de la restructuration de cette relation, liée à la recomposition générale du sys­tème des partis. Il insiste, à travers le cas d'Okinawa, sur l'importance des subcultures dont ces consultations remettent l'existence en lumière, et suggère que l'examen de ce phénomène peut déboucher sur un nouveau concept de la démocratie qui ferait une plus juste place aux minorités.
      linked to the general recomposition of the party system. He emphasizes, through a case study of Okinawa, the importance of subcultures whose existence is brought to light by these referenda, and suggests that the analyses of this phenomenon can lead to a new concept of democracy which would be fairer to minorities.
  • Comptes rendus

  • Revue des revues - p. 659-663 accès libre
  • Informations bibliographiques - p. 665-677 accès libre