Contenu du sommaire : Administration et société à la lumière des pratiques planificatrices
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 23e année, n°2, 1973 |
Titre du numéro | Administration et société à la lumière des pratiques planificatrices |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Administration et société à la lumière des pratiques planificatrices
- Administration et société : planification et régulations bureaucratiques - Lucien Nizard p. 199-229 Administration et société : planification et régulations démocratiques, par Lucien Nizard A la complexité des relations qui s'établissent entre administration et société correspond la multiplicité des modèles qui ambitionnent d'en rendre compte. L'analyse doit retenir cette complexité et en révéler le mode d'organisation. Seule l'approche saisissant l'administration comme à la fois close et ouverte, autonome et dépendante, moyen d'action sur les rapports sociaux et lieu de réfraction de ces rapports, instrument de transmission et détentrice de pouvoir, paraît appropriée à la richesse des relations constatables. Par ailleurs, l'administration, comme sous-système des systèmes politique, économique et social assure des rôles qui peuvent être contradictoires ; la planification constitue historiquement un projet de résolution de ces incohérences. On peut faire l'hypothèse que le relatif éclatement de l'appareil étatique, que la planification entend réduire, jouait une fonction essentielle de cohésion sociale en permettant pragmatiquement des alliances diverses, qui élargissaient le soutien social et politique dont la classe dominante disposait. L'éventuelle prévalence d'une régulation globale à dominante économique, en imposant la remise en cause de la diversité des régulations spécifiques et des alliances politiques à travers une "rationalisation" de l'allocation des ressources, pourrait compromettre le maintien de cette cohésion sociale. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 199-229.]Administration and society: democratic planning and controls, by Lucine Nizard The complexity of the relationships existing between administration and society is matched by the number and variety of models which set out to describe them. The aim of analysis should be to note this complexity and reveal its organisational structure. The only approach which appears capable of incorporating this wealth of established relationships is one which sees administrations as being at the same time closed and open, autonomous and dependent, a means of intervention in social relations and an area through which these relations are refracted, a transmission channel and a source of authority. Apart from this, as a sub-system of the political, economic and social systems, the administration fulfills roles which are sometimes contradictory; historically speaking, planning represents a possible means of solving these inconsistencies. It may be postulated that the relative breakdown of the state machinery, which it is the aim of planning to reduce, was essential to social cohesion in that it made pragmatically possible various alliances which broadened the social and political support at the disposal of the dominant class. If a predominantly economic overall management were to prevail, calling into question the variety of specific controls and political alliances by "rationalizing" the allocation of resources, the continued existence of this social cohesion could be endangered. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 199-229.]
- Aperçus sur la pratique de la planification - Yves Ullmo p. 230-249 Aperçus sur la pratique de planification, par Yves Ullmo Le praticien de la planification s'interroge sur sa propre pratique. Il convient de la pertinence du schéma d'analyse qui saisit la planification, comme institution et comme fonction, à deux niveaux : dans le système social d'une part, dans le sous-système administratif et gouvernemental d'autre part. Mais il lui semble que ce schéma laisse échapper la spécificité de l'activité planificatrice : une rationalité propre, quasi autonome. Ce troisième niveau n'est-il cependant qu'une auto-justification, impropre de surcroît à rendre compte du jeu effectif de la planification comme interface du système social et du sous-système administratif et gouvernemental ? Il est possible que cette mise en évidence d'une rationalité spécifique de la planification ne soit qu'une manière pour le planificateur de donner un "sens" à sa pratique. Il reste que l'on peut déceler en France, depuis la guerre, les étapes d'un processus spécifique du développement de cette rationalité. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 230-249.]An insight into planning practice, by Yves Ullmo Planning practitioners are asking themselves questions about their own practice. They agree with the pertinency of the form of analysis which deals with planning, as an institution and a function, at two levels: in the social system on the one hand, and in the administrative and governmental sub-system on the other. They feel, however, that this outline neglects the specific nature of planning: its own, almost autonomous rationality. Is not this third level no more than a form of self-justification though, incapable moreover of representing the real effect of planning as an interface between the social system and the administrative and governmental sub-system? It may be that this emphasis on the specific rationality of planning is no more than a way for the planner to attribute a "meaning" to his practice; the fact remains, however, that it is possible to detect the various stages in the specific development of this rationality in France since the war. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 230-249.]
- La ville en plan - Henri Coing p. 250-267 La ville en plan, par Henri Coing La planification urbaine n'est scientifiquement compréhensible que sous la condition préalable d'un renversement complet de perspective par rapport à l'appréhension commune, "naturelle", immédiate. La planification urbaine n'a rien à voir avec une science des bonnes formes urbaines, rien à voir avec l'organisation technique de la cohérence entre décisions de longue portée, rien à voir avec le résultat hasardeux du vaste jeu sociométrique des négociations entre acteurs. Il s'agit de la gestion politique des rapports sociaux au sein d'un système urbain, où les interventions planificatrices sont déclenchées par des contradictions (non par des problèmes), prises en charge par des instances (non par des institutions), par l'intermédiaire d'acteurs définis par les positions objectives qu'ils occupent dans le système de la production, de la propriété, de l'organisation sociale (non par le "pouvoir" qu'ils manifestent dans la négociation). Les rapports sociaux qui s'y développent n'ont pas leur base dans des modèles culturels, des systèmes de comportements mais dans un ensemble de rapports objectifs, étrangers en eux-mêmes aux représentations idéologiques dont ils sont le support. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 250-267.] TOWN PLANNING HENRI COING From the scientific standpoint town planning can only be understood once complete reversal of perspective compared with the common natural and immediate conception has taken place Town planning has nothing to do with science of correct urban forms nothing to do with the technical organisation of consistency between long-range decisions nothing to do with the uncertain outcome of the vast sociometrie game of négociations between the various actors What is involved is the political management of social relations inside an urban system where planning is triggered off by contradictions not problems) and undertaken by entities not institutions through the medium of actors defined in respect of the objective positions they hold in the systems of produc tion of property and of the social organisation not through the power they possess in négociations The social relations formed in this context do not have their basis in cultural models and behavioural systems but in set of objective relations in themselves foreign to the ideological representations of which they are the foundation Revue fran aise de science politique XXIII 2) avril 1973 pp 250-267.Town planning, by Henri Coing From the scientific standpoint, town planning can only be understood once a complete reversal of perspective compared with the common, "natural" and immediate conception has taken place. Town planning has nothing to do with a science of correct urban forms, nothing to do with the technical organisation of consistency between long-range decisions, nothing to do with the uncertain outcome of the vast sociometric game of negociations between the various actors. What is involved is the political management of social relations inside an urban system, where planning is triggered off by contradictions (not problems), and undertaken by entities (not institutions) through the medium of actors defined in respect of the objective positions they hold in the systems of production, of property and of the social organisation (not through the "power" they possess in negociations). The social relations formed in this context do not have their basis in cultural models and behavioural systems, but in a set of objective relations in themselves foreign to the ideological representations of which they are the foundation. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 250-267.]
- Techniques de projections macro-économiques et stratégies des acteurs dans la planification - Claude Seibel p. 268-304 Techniques de projections macro-économiques et stratégies des acteurs dans la planification, par Claude Seibel Le recours à des modèles de simulation économique, dans les débats du Plan ne modifie pas fondamentalement les conditions du dialogue qui précèdent les choix par les pouvoirs publics des orientations du Plan. Chaque fois que le seuil de "compréhension" de l'outil technique est franchi, l'information qu'il fournit est incorporée positivement ou négativement dans les prises de position stratégiques des acteurs. Mais ce processus de critiques a, entre autres, pour effet d'amener les acteurs sociaux à théoriser partiellement leurs pratiques. Quels que soient les développements des outils techniques de programmation économique, leur caractère partiel conduit à relativiser leur apport et leur utilisation. En tout état de cause il convient de déjouer la fascination qu'exercent la modélisation et les moyens de calcul puissants qui s'y attachent. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 268-304.]Macro-economic projection techniques and the strategies of those involved in planning, by Claude Seibel The use of economic simulation models in debates on the Plan do not basically alter the terms of the dialogue which precede the public authorities' decisions as to the orientations of the Plan. Whenever the "comprehension" threshold of the technical instrument is crossed, the information it provides is incorporated, either positively or negatively, in the strategic positions adopted by those involved. However, one effect of this critical process is that the social actors are to some extent induced to establish theories for their activities. However the technical instruments of economic programming may develop, the fact that they are incomplete makes their contribution and use relative. It is, in any event, worthwhile frustrating the fascination exerted by model-building and the powerful means of calculation that go with it. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 268-304.]
- La théorie de l'apprentissage institutionnel et la régionalisation du Cinquième Plan - Pierre Grémion p. 305-320 La théorie de l'apprentissage institutionnel et la régionalisation du cinquième plan, par Pierre Grémion Est-il possible à partir de la mise en oeuvre de la régionalisation du Cinquième Plan, de vérifier empiriquement la théorie sociologique de la planification comme apprentissage institutionnel élaborée par Michel Crozier ? Le problème central est celui de la mesure des effets réels d'une action administrative fondée sur l'influence. L'observation des attitudes et des comportements des fonctionnaires, des élus locaux et des représentants socio-professionnels montre notamment que le modèle d'organisation bureaucratique n'est pas caractérisé par l'absence de relations entre les administrations publiques et leur environnement mais par une certaine structure de ces relations. L'une des dimensions de cette structure de relations est la relation de tutelle dont l'examen montre que la bureaucratie publique, loin être coupée de la société est en réalité un canal d'expression des intérêts corporatistes dans le système politique, intérêts qui ne peuvent pas s'exprimer par le canal représentatif. Il n'y a pas d'apprentissage institutionnel et un nouveau mode de pouvoir et de rationalité ne passe pas à travers la planification ; deux modes de pouvoir et de rationalité continuent à coexister. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 305-320.]The theory of institutional apprenticeship and the regionalisation in the fifth plan, by Pierre Gremion Is it possible, on the basis of the implementation of the regionalisation contained in the Fifth Plan, to empirically check the sociological theory of planning as an institutional apprenticeship built up by Michel Crozier? The central problem is how to measure the real impact of administrative action based on influence. By observing the attitudes and behaviour of civil servants, local officials and socio-professional representatives, it is in particular clear that bureaucratic organisational models are typified not by the absence of relations between government and its environment, but by the structure of these relations. One dimension of this structure is the dominant relationship from which it can be seen that far from being cut off from society, official bureaucracy is in fact the means of expression of corporatist interests in the political system - interests that cannot be expressed through representative channels. There is no institutional apprenticeship, and planning is not a vehicle for a new form of power and rationality; two forms of power and rationality continue to exist. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 305-320.]
- Le Ministère de l'industrie et la cohérence de la politique industrielle - Bruno Jobert p. 321-329 Le Ministère de l'industrie et la cohérence de la politique industrielle, par Bruno Jobert Les travaux de E. Friedberg remettent en cause l'idée selon laquelle la politique industrielle de l'Etat est l'expression de la volonté politique rationnelle d'une puissance publique, une et omnisciente. Etudiant le Ministère du développement industriel et scientifique, E. Friedberg montre que les taches d'expertise sont limitées par les types de relations qu'il entretient avec son environnement : facilitées par les liens de corps (ingénieurs des Mines) elles sont surtout dépendantes des organisations professionnelles interlocutrices. La fonction d'expertise est au fond défaillante car l'importance du Service d'intervention du Trésor dans la phase finale des dossiers incite les industriels à éviter les étapes intermédiaires et à tenter d'obtenir une confrontation directe avec l'administration financière. On peut se demander si ces tensions à l'intérieur de l'appareil administratif ne traduisent pas en fait la soumission des interventions étatiques aux exigences multiformes du milieu que l'Etat prétend contrôler. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 321-329.]The Ministry for Industry and the consistency of industrial policy, by Bruno Jobert Mr Friedberg's work challenges the idea that the industrial policy of the State reflects the rational political will of a single, omniscient public authority. Examining the Ministry for Industrial and Scientific Development, Mr Friedberg shows that its survey work is restricted by the types of relation it has with its environment: though facilitated by links between members of the same "corps" (engineers from the "Ecole des Mines"), these relations depend above all on the professional associations with which it must negociate. Surveys and appraisal are deficient basically because the extent of Treasury intervention in the final stages of a file prompts industrialists to avoid the intermediate stages and try to negotiate directly with the financial authorities. It would seem possible that this stress inside the administrative machine may in fact indicate that state intervention is subject to the manifold requirements of the milieu that the State claims to control. [Revue française de science politique XXIII (2), avril 1973, pp. 321-329.]
- Administration et société : planification et régulations bureaucratiques - Lucien Nizard p. 199-229
Notes Bibliographiques
- Gombin (Richard) - Les origines du gauchisme. - Yves Tavernier p. 330-334
- Miles (Michael W.) - The radical probe, The logic of student rebellion. - Rlchard Gombin p. 334-335
- Dirscherl (Denis) S.J. ed. - The new Russia Communism in evolution. - Hélène Carrère D'encausse p. 335-336
- Kothari (Rajni) éd. - Caste in Indian politics.. Kothari (Rajni) - Politics in India. - Christiane Tirimagni-Hurtig p. 336-338
- Tricot (Bernard) - Les sentiers de la paix, Algérie 1958-1962. - Édouard Méric p. 338-339
- informations bibliographiques - p. 340-379
- Ouvrages reçus - p. 380-389
Cours et travaux inédits de science politique
- Liminaire - p. 390-391
I. Cours polycopiés
- I. Généralités, méthodologie - p. 391
- II. Institutions politiques - p. 391-392
- III. Relations internationales - p. 392
- IV. Études nationales et régionales - p. 392-393
II. Travaux universitaires
- I. Méthodologie - p. 393
- II. Pensée politique - p. 393-397
- III. Biographies - p. 397
- IV. Institutions françaises - p. 397-398
- V. Études administratives - p. 399-400
- VI. Opinion et information - p. 400-404
- VII. Forces politiques en France - p. 404-406
- VIII. Forces politiques à l'étranger - p. 407-408
- IX. Études électorales françaises et étrangères - p. 408-409
- X. Études locales - p. 409-410
- XI. Relations internationales - p. 410-413
- XII. Attitudes et opinions nationales devant les problèmes étrangers - p. 414-415
- XIII. Pays africains - p. 415-417
- XIV. Pays étrangers (autres que les pays africains) - p. 417-419
- Index - p. 420-426
- Résumés des articles/ Abstracts - p. 427-431