Contenu du sommaire : Sociabilité et action collective

Traditionnellement, les amicales et le syndicalisme des cadres formaient dans l'entreprise deux modes de socialisation bien distincts. Les premières s'appuyaient plutôt sur l'appartenance au groupe restreint, l'entreprise comme communauté de base, sur des valeurs parmi lesquelles l'individualisme, sur des pratiques conviviales et des modes informels de représentation. Les pratiques du second restaient surtout revendicatives ; elles s'inscrivaient au sein d'institutions formelles et tendaient à se définir par rapport au champ plus général des rapports sociaux. Dans les années 70-80, la restructuration industrielle et la croissance du groupe font que nombre d'amicales se reconnaissent dans des pratiques revendicatives ou visent à une institutionnalisation plus poussée, tout en gardant leur statut propre. En retour, contredits par les nouvelles formes de gestion sociale et le recul de l'engagement syndical, les syndicats de cadres tendent à emprunter aux amicales certains de leurs modes de fonctionnement, certaines de leurs valeurs fondées sur le groupe restreint et l'appartenance d'entreprise. C'est ce procès d'emprunts réciproques de pratiques sociales, défini indépendamment de toute collusion idéologique (explicite), qu'aborde l'article en s'appuyant sur des études de cas d'amicales et l'analyse des pratiques les plus récentes du syndicalisme concerné.

La perspective de la mobilisation des ressources doit être considérée comme une tentative d'élaboration théorique à part entière. Dans le cadre d'une conception générale de la démocratie participative, elle est un essai d'analyser l'action politique et les mouvements sociaux sans référence au système social en tant qu'ensemble intégré de valeurs. Les mouvements sociaux sont définis comme des activités stratégiques ayant pour objet l'entrée dans le système politique et comme des activités instrumentales de mobilisation d'ensembles sociaux ou d'individus. Cependant, la liaison trop exclusive établie entre les niveaux de participation et les mouvements sociaux n'a pas permis la construction d'une perspective théorique unifiée, celle-ci ne pouvant rendre compatible le présupposé rationaliste et instrumental avec les analyses des processus de mobilisation et d'engagements.

L'étude des sociabilités est ici envisagée au croisement de champs en général explorés séparément par les sciences sociales, en l'occurrence le travail et le quartier d'habitat. L'enquête auprès de travailleurs de deux entreprises des quartiers Nord de Marseille sur leurs relations interpersonnelles ou de groupe, au travail et dans leur quartier, et sur les représentations qu'ils en ont a permis de repérer des « groupes porteurs » et des espaces de sociabilité spécifiques. En identifiant ces groupes et ces espaces, on découvre que les variables pertinentes sont entrecroisées, relatives et liées au contexte, et qu'elles ne sauraient se limiter aux variables sociographiques « classiques ». On ouvre ainsi la question de « nouveaux » types de variables.

Depuis le Rapport Coleman, relativement peu de travaux, particulièrement en France, se sont attachés à l'étude de ces « effets contextuels » qui semblaient pourtant « faire des différences » quant à la carrière scolaire des élèves et avoir des incidences en termes d'inégalités sociales. Concrètement, il s'agit de prendre en compte des variables comme la composition sociale du collège fréquenté, la structure de son corps enseignant, ses pratiques en matière de groupements d'élèves, l'offre de places, etc. Dans ce texte, l'interrogation porte à la fois sur les problèmes méthodologiques, qui se posent quand on entend analyser spécifiquement l'impact du contexte, et sur le poids de ces variables contextuelles, par rapport aux variables individuelles, dans la genèse des scolarités au collège. L'analyse, fondée sur une enquête longitudinale auprès de 2 500 élèves, fait clairement apparaître l'importance du contexte (et notamment de certaines de ses caractéristiques) pour le déroulement des scolarités des élèves moyens, et particulièrement pour les élèves de milieu populaire.