Contenu du sommaire : L'Algérie face aux crises
Revue | Maghreb-Machrek |
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Numéro | no 200, été 2009 |
Titre du numéro | L'Algérie face aux crises |
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- Editorial - Jean-François Daguzan p. 5
Dossier : l'Algérie face aux crises
- sous la direction de Yahia H. Zoubir p. 9- L'Algérie face aux crises - Jean-François Daguzan p. 11
- L'Algérie dans l'ombre de la récession mondiale - Arslan Chikhaoui p. 15 L'économie mondiale sera en récession dès 2010. Pourtant, la croissance économique de l'Algérie augmente depuis 1999, et s'élèvera même à 4,5 % en 2009. L'Algérie reste en effet relativement à l'abri de la crise, notamment en raison du sous-développement de son secteur bancaire et de son exposition limitée aux marchés financiers internationaux. Autre facteur en faveur de sa stabilité macroéconomique, les prix élevés du pétrole depuis l'année 2001. À moyen terme, le ralentissement mondial aura toutefois une incidence sur son économie, à cause de la baisse des prix du pétrole et des produits de base non-pétroliers d'une part, et d'une augmentation des recettes fiscales d'autre part, suite à l'imposition d'une taxe sur les profits exceptionnels des compagnies pétrolières. Par ailleurs, la société algérienne doit encore résoudre d'importants problèmes (chômage important, niveau de vie faible), et pour ce faire investir dans la production agricole, les PME, les services publics, etc. Son défi d'ici 2013, en attendant la relance économique : résoudre la faiblesse structurelle de son économie, sans mettre en péril à court et à moyen terme la croissance. Libéralisation et investissements directs étrangers en sont les domaines clés, mais que l'Algérie tarde encore à exploiter pleinement.Algeria in the worldwide recessies
The world Economy will be in recession from 2010. Nonetheless, the Algeria's development grows since 1999, and will even increase to 4,5 % in 2009. In fact, Algeria stays relatively away from the crises, in particular because of its bank sector underdevelopment and its limitated fair to international financial markets. The other factor in favor of Algeria's macroeconomics stability is the oil high prices since 2001. Nevertheless, in a mid-term period, the world slackening will have an impact on its Economy due, on one hand to the slump of oil prices and non-oiled basic products, and on the other hand to taxes increase, referring to taxation on exceptional profits for oil companies. In addition, the Algerian society still has to resolve important problems (strong unemployment, low-level of standard of living) through investment in agricultural production, small and medium-sized enterprises, and public services. A challenge is fixed for 2013, waiting for the revival of Economy, without disturbing the growth at short and mid-term. Globalization and foreign direct investments are part of this development. But Algeria seems to delay to fully take advantages of them. - Femmes et politique en Algérie - Rachid Tlemçani p. 21 La participation de la femme à la révolution armée est en effet au centre des discours officiels sur l'émancipation de la femme algérienne. Plus de six décennies après le déclenchement de cette lutte, la femme fait l'objet d'une discrimination sans commune mesure dans l'accès aux mandats électoraux, aux fonctions politiques et à la gestion de la cité. Le conservatisme religieux véhiculé par l'école, une institution qui l'a pourtant libérée d'une certaine manière, s'est répandu rapidement à l'ensemble des institutions politiques et publiques pour devenir un fait social. Nous tenterons d'examiner empiriquement cette brûlante question qui reste aujourd'hui au cœur de la transition démocratique.Women and politics in Algeria
The woman's participation in the armed revolution is at the center of official discussions regarding the emancipation of Algerian women. More than six decades after the start of the reform movement, women have experienced discrimination in trying to access electoral mandates, political functions, and city governance. The religious conservatism taught throughout school, which is an institution that has nonetheless free it in a certain way, spread quickly over all political and public institutions to become a social phenomenon. We will try to consider empirically this sensitive question that remains today at the center of the democratic transition. - Régime et islamistes en Algérie : un échange politique asymétrique ? - Louisa Dris-Aït Hamadouche p. 29 L'histoire politique récente de l'Algérie met en évidence une double réalité : le pouvoir en place se maintient malgré de multiples crises et un conflit fratricide, d'une part, et le phénomène islamiste aux multiples facettes (réseau associatif, confréries traditionalistes, groupes armés, partis politiques réformateurs, dogmatiques, radicaux) reste influent, d'autre part. Ces deux protagonistes sont au cœur d'un échange politique dans lequel chacun renforce sa position en puisant dans les ressources de l'autre. Le pouvoir comble son déficit de légitimité et endigue la contestation – islamiste ou non – en recourant aux confréries traditionalistes et en amnistiant les « terroristes ». De leur côté, les islamistes font de l'entrisme à tous les niveaux des institutions de l'État espérant changer le système de l'intérieur. Il en ressort un rapport de force asymétrique.Regime and Islamists in Algeria: An Asymmetric Political exchange?
The recent political history of Algeria reveals a double reality: on one hand, the same elite has remained in power since independence in 1962, containing several crises and a bloody conflict, on another one, islamists constitute very influent political actors despite their huge diversity (political parties/associations, “radicals/moderates”, etc). These two parties practice a political exchange in which every one use the resources of his challenger in order to reinforce his own influence. The regime needs to reduce the lack of legitimacy and contain the opposition, by using the traditional Islamic networks and integrating the islamist surrenders. As for the islamists, they choose the participation strategy from the bottom to the top in order to change the regime from the inside. The result is an asymmetrical balance of power. - L'Algérie face à l'Europe : quelle place dans les dispositifs de coopération en Méditerranée ? - Aomar Baghzouz p. 45 L'Algérie a toujours eu un rapport ambigu à la Méditerranée et des relations difficiles avec l'Europe. Du processus de Barcelone à l'Union pour la Méditerranée (UPM), une prudence parfois excessive a marqué sa position vis-à-vis de toute initiative européenne se rapportant à cet espace régional, notamment lorsque celle-ci émane de l'ancien colonisateur. L'objet de cet article est de voir comment les dispositifs de coopération conçus et mis en œuvre par les Européens en Méditerranée sont perçus depuis l'Algérie. Il s'agit en particulier de mettre l'accent sur la valeur ajoutée de l'UPM par rapport aux initiatives antérieures et surtout aux attentes algériennes sur des thèmes aussi importants que les conflits, la circulation des personnes et la question de la mémoire avec la France.Algeria faced with Europe: which posities in the mecanisms of cooperation in the mediterranean?
Algeria has always had an ambiguous relation to the Mediterranean and with Europe. From the Barcelona process to the Union for the Mediterranean (UFM), a carefulness, sometimes excessive, has characterized its position towards any European initiative related to this regional area, especially when it comes from the former colonizer. The aim of this article is to see how the mechanisms of cooperation conceived and put into practice by the Europeans in the Mediterranean are perceived from Algeria. In particular, the accent will be put on the added value of the UFM in comparison with the formal initiatives and especially the Algerian expectations over important themes as conflicts, circulation of persons and the question of memory with France. - L'Algérie et le Sahel : de la fin de l'isolement à la régionalisation contraignante - Chérif Dris p. 57 Si la campagne mondiale contre le terrorisme offre à l'Algérie l'opportunité de s'affirmer comme un acteur majeur et par la même occasion reconnaître son rôle international, l'insertion du Sahel dans cette stratégie globale est, néanmoins, porteuse de nouvelles contraintes. Ainsi s'achemine-t-on vers une régionalisation de la lutte antiterroriste, prolongement d'une campagne mondiale aux contours définis par les États-Unis, mais imposant à l'Algérie un effort d'adaptation dont l'un des enjeux est d'imposer son rôle dans une région où les luttes d'influence vont en s'intensifiant.Algeria and the Sahel: from the end of isolation to a campelling regionalization
The global campaign against terrorism gave to Algeria the opportunity to be recognized as major actor playing an important role in the world stage. However, the insertion of the Sahlean region in this global campaign is not without risk considering the new constraints it imposes. Regionalizing the antiterrorist fighting as an extension of this global campaign compels Algeria to adapt her strategy with imposing his role in an area where the fights of influence are intensifying is one of the major stakes. - Les États-Unis et l'Algérie : antagonisme, pragmatisme et coopération - Yahia H.Zoubir p. 71 Le rapprochement entre l'Algérie et les États-Unis a été remarquable, en particulier depuis les événements du 11 septembre. Nul n'aurait pu imaginer dans les années 1990 que de telles relations de coopération entre les deux pays se développent en un laps de temps aussi court. La coopération dans le domaine de la sécurité et du militaire a été significative : l'Algérie aujourd'hui participe à un grand nombre d'exercices communs et fait partie intégrante du système de sécurité que les États-Unis ont mis en place dans les pays du Maghreb-Sahel. Le commerce entre les deux nations, en particulier dans le secteur des hydrocarbures, a également augmenté de façon exponentielle et il ne fait aucun doute que la tendance va se poursuivre. Toutefois, malgré les nouveaux liens, les deux pays ont encore des points de vue diamétralement opposés sur des questions importantes telles que le conflit au Moyen-Orient, la définition du terrorisme, ainsi que le conflit au Sahara occidental. En outre, l'Algérie s'oppose implacablement à la création d'AFRICOM sur le continent. À cause des fondements qui sous-tendent sa politique étrangère, l'Algérie est peu encline à devenir un proche allié de Washington – sous les conditions de ce dernier – ce qui explique pourquoi le Maroc demeure le pilier des États-Unis au Maghreb.The United States and Algeria: antagonism, pragmatism and cooperation
The rapprochement between Algeria and the United States has been remarkable, especially since the events of 9/11. Few could have imagined in the 1990s that such cooperative relations would be established between the two countries in such short period. Their cooperation in the military-security domain has been outstanding; Algeria today partakes in a variety of joint exercises and is an integral part of the security arrangement the United States set up in the Maghreb-Sahel. Trade between the two nations, especially in the hydrocarbons sector, has also grown exponentially and there is no doubt that the trend will continue. However, despite the new ties, the two countries still have divergent views on important issues like the Middle East conflict, the definition of terrorism, and the conflict in Western Sahara. Furthermore, Algeria remains opposed to the eventual establishment of AFRICOM in the continent. Due to the foundations that underlie its foreign policy, Algeria is reluctant to become a close ally of Washington—under the latter's terms—a situation which has allowed Morocco to remain the United States' pillar in the Maghreb. - Les relations franco-algériennes ou la perpétuelle leçon de tango - Jean-François Daguzan p. 91 Depuis l'indépendance, les relations entre la France et l'Algérie poursuivent leur histoire compliquée. Fait d'attraction et de répulsion, de crise et de progrès, de passion et d'agacement, le lien franco-algérien se maintient vaille que vaille, et peut-être même, s'approfondit-il. Cet article montre que des dossiers sensibles comme celui de l'islam de France, du « qui tue qui ? » ou la question de la repentance affectent les rapports bilatéraux de crises récurrentes. Il montre aussi que le président Sarkozy a voulu placer son mandat sous le signe de rapports dépassionnés et plus réalistes ; il n'est pas sûr qu'il y ait réussi. On fait apparaître aussi cette farouche volonté française, qui dure depuis 1962, de ne jamais renoncer à cette coopération si spéciale en dépit des avanies, voire des humiliations que la partie algérienne sait lui faire subir à date régulière et que les contrats économiques n'expliquent pas seulement. En effet, l'existence d'une très forte communauté algérienne ou d'origine algérienne en France est le pivot de cette relation spéciale. Elle peut aussi en être le moteur pour un avenir commun.The relationship between France and Algeria
From the independence, the relationship between France and Algeria follow its complex story. Mix of attraction and repulsion, crisis and progresses, passion and hate, the franco-algerian link is resilient and more or less is becoming stronger. This paper aims to show that some dossiers as the question of Islam of France, of the “who kill who?” and of the repentance one's disturb the bilateral relationship with regular crisis. Too it put the hinge on the fact that President Sarkozy tried to settle his mandate on the basis of more quiet and realistic relations —his success is not insured until now. The paper insists on the French willingness from 1962 never to give up this special co-operation despite the numerous Algerian snubs or humiliations beyond any economic interest. One explanation could be the presence in France of a huge Algerian or originated from Algeria Community which is singularly the pivot of the special relationship. These Community could be the dynamic of a common future.
Varia
- p. 101- Le nucléaire civil en Afrique du Nord et au Moyen-Orient - Samir Battiss p. 103 Dans un contexte international énergétique incertain, les États arabes comme de nombreux pays émergents doivent faire face à d'importants enjeux de développement humain et économique avec des ressources naturelles limitées. Dépourvus de pétrole pour les uns, volonté de mettre davantage de matières fossiles sur le marché pour les autres, les pays en question ont manifesté leur intérêt pour l'acquisition d'installations et de savoir-faire dans le domaine du nucléaire civil pour assurer une production électrique suffisante et bon marché. Dès lors, bien que des progrès en matière d'énergies renouvelables aient été effectués, l'énergie électronucléaire apparaît comme une alternative intéressante devant l'instabilité relative du marché des énergies fossiles. Pour mener à bien leur projet de développement nucléaire, ces États doivent, cependant, poursuivre les efforts déjà entrepris en matière de formation, de coopération industrielle avec les puissances nucléaires et de collaboration avec les institutions internationales spécialisées. Cette coopération donne lieu, de la part des puissances nucléaires majeures (États-Unis, France, Russie et Chine), à la mise en œuvre d'une « diplomatie atomique » en vue de conquérir ces marchés émergents, diplomatie allant au-delà des amitiés traditionnelles.Civil nuclear energy in North Africa and in the Middle East
In an uncertain energy international context, the Arab States as of many emergent countries have to face human and economic development critical challenges with limited natural resources. Because of lacks of oil and gas resources, or—for others—demonstrating their will to put more oil on the market, these countries officially stated that they are interested in acquiring nuclear power plants and know-how to ensure a sufficient and quite cheap electricity production. Therefore, although progress as regards renewable energies was carried out, nuclear energy appears to be an interesting alternative in this relative instable energy market framework. To handle successfully their nuclear development project, these States must, however, carry on their current efforts regarding training, industrial co-operation with the major nuclear powers, and collaboration with the specialized international institutions. This cooperation gives to these major actors (the United States, France, Russia and China), a room for implementation of a “nuclear diplomacy” as means to capture these emerging markets, and so beyond the traditional friendships.
- Le nucléaire civil en Afrique du Nord et au Moyen-Orient - Samir Battiss p. 103
Lectures
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