Contenu du sommaire : La bande dessinée : art reconnu, média méconnu
Revue | Hermès (Cognition, Communication, Politique) |
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Numéro | no 54, 2009 |
Titre du numéro | La bande dessinée : art reconnu, média méconnu |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La bande dessinée : art reconnu, média méconnu
- Numéro coordonné par Eric Dacheux avec la collaboration de Jérôme Dutel et Sandrine Le Pontois- Introduction générale - Eric Dacheux p. 11
I. Il était une fois la BD
- Introduction - p. 21
- Si la BD n'existait pas, il faudrait l'inventer (entretien) - Dominique Wolton p. 23
- Penser " le combat ordinaire " ou Comment plonger dans la chair sociologique du monde - Bruno Frère p. 27 Il s'agit, dans ce texte, de montrer comment la complexité de la bande dessinée peut se laisser décanter par la philosophie. En effet, elle donne à voir le mouvement d'une pensée tant pratique (les dessins) que théorique (les textes), qui s'interroge à la fois sur le monde social, sur le phénomène politique et sur le phénomène artistique. C'est donc en fin de compte bel et bien à son rôle originaire de techné (« technique » selon Aristote), d'outil, que sera renvoyée la philosophie dans ce court article consacré à la série d'albums de Manu Larcenet : Le Combat ordinaireReflections on “Ordinary Victories”, or Getting Under the World's (sociological) Skin
This text sets out to show how philosophy can decant the complexity of comic strips. Comics show the movement of ways of thinking – literally in the drawings and theoretically in the texts – as they question, all at once, the social world, the phenomenon of politics and the phenomenon of art. This short article on a series of comic strips by Manu Larcenet entitled “Le Combat ordinaire” (Ordinary Victories) ultimately takes philosophy back into its original role, that of a “techné” (technique, according to Aristotle) or tool. - BD, mangas et comics : différences et influences - Jean-Paul Gabilliet p. 35 Bien que, dans notre pays, la BD ait longtemps été perçue, y compris par ses « spécialistes », comme une production culturelle quasi-exclusivement franco-belge et américaine, l'offre de bandes dessinées se structure aujourd'hui en France essentiellement autour de trois traditions nationales : franco-belge, américaine (comics) et japonaise (manga). Mais la place énorme occupée par les mangas chez les lecteurs actuels ne doit pas faire oublier que la bande dessinée a connu une évolution historique distincte dans les trois aires culturelles concernées, notamment en termes de modèles économiques d'édition et de types de lectorat recherchés. Une mise en perspective de ces spécificités permet de comprendre comment, en vingt ans, les mangas sont devenus des concurrents irrésistibles des bandes dessinées franco-belges et américaines.Comic Strips, Manga and Comics: Differences and Influences
In France, comic strips have long been perceived – including by “specialists” – as an almost exclusively Franco-Belgian and American form of cultural output. Today, however, the comic strip market essentially revolves around traditions of three different origins: Franco-Belgian comic strips, American comics and Japanese manga. But the enormous popularity of manga among today's readers should not obscure the fact that historically, comics have evolved very differently in the three cultural areas in question, especially in terms of economic publishing models and target readerships. Bringing a fresh perspective to bear on these specificities, this article shows how manga, in just twenty years, have come to compete irresistibly with Franco-Belgian and American comics. - Les histoires possibles de la BD (encadré) - Eric Dacheux p. 41
- La BD : plus qu'un média (encadré) - Alain Chante et Bernard Tabuce p. 43
- L'illégitimité de la bande dessinée et son institutionnalisation : le rôle de la loi du 16 juillet 1949 - Jean-Matthieu Méon p. 45 L'illégitimité de la bande dessinée a une histoire. Elle est le fruit de processus historiques mêlant critiques de la bande dessinée et efforts de réhabilitation. L'après-guerre a été une période-clé dans la disqualification de la bande dessinée, alors principalement publiée dans les journaux pour enfants, d'importantes mobilisations en affirmant le caractère criminogène et démoralisateur. Ces discours ont trouvé une validation et une consécration institutionnelles à travers l'adoption de la loi du 16 juillet 1949, qui a organisé, jusqu'à nos jours, un contrôle (entre autres) des publications de bande dessinée. A maxima, ce contrôle a opéré une disqualification en pratique de cette forme d'expression. A minima, il a en tout cas entretenu l'image de la bande dessinée comme une forme potentiellement dangereuse, certainement peu éducative, de toute façon faiblement légitime. C'est en ce sens que la loi de 1949 a contribué à l'institutionnalisation, et donc à la relative pérennité, de l'illégitimité de la bande dessinée.Institutionalising the Illegitimacy of the Comic Strip: the Role of the Act of 16 July 1949 in France
The illegitimacy of the comic strip has its own history. It is the result of historical processes that have combined criticism of comic strips with efforts to rehabilitate them. The post-war years were a pivotal time in the process of disqualifying comic strips (then mainly published in children's magazines) as considerable efforts were made to assert their criminalising and demoralising nature. This type of discourse was institutionalised and enshrined in France by the Act of 16 July 1949, which – until today – has organised (among other measures) controls over the publication of comic strips. At the very least, these controls have sustained the view of comic strips as a potentially dangerous, definitely non-educational and scarcely legitimate form, and have even gone so far as to disqualify them entirely in practice. Thus did the Act of 1949 help to institutionalise, on a relatively enduring basis, the illegitimate nature of the comic strip. - Hergé dans le panthéon de la culture (encadré) - Marc Lits p. 51
- Proust en bande dessinée - Anne-Marie Chartier p. 53 Sur la couverture des albums parus aux éditions Delcourt, on peut lire « Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, adaptation et illustrations de Stéphane Heuet ». En affichant ainsi son rôle avec modestie, l'adaptateur-illustrateur réussit à faire endosser à Proust la paternité littéraire d'une BD (5 volumes parus chez Delcourt), ce qui n'est pas rien. Comble d'ironie ou de provocation, la Recherche illustrée par Heuet, c'est Tintin au pays des Guermantes. Dans les cases rectangulaires d'un strip standard au graphisme résolument « ligne claire », ceux qui aiment la phrase proustienne en ses méandres, avec sa lecture au lent cours, découvrent une ligne TGV : Un amour de Swann en deux albums de 517 dessins, au lieu des 200 pages en Pléiade. Cette alliance contre-nature est dénoncée par certains défenseurs de la littérature qui y voient une dénaturation de l'œuvre et par des amoureux de la BD d'auteur qui déplorent une BD sans audace graphique. L'objet de cet article est de répondre à ces deux objections.Reading Proust as a Comic Strip
On the cover of an album series published by Delcourt is written “Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, adaptation and illustrations by Stéphane Heuet”. With such an unassuming announcement of his role, the adaptor-illustrator manages to ascribe the literary paternity of a comic strip (5 volumes published by Delcourt) to Proust himself, which is no mean feat. And as a final irony or provocation, the “Recherche du temps perdu” illustrated by Heuet becomes “Tintin in the Land of the Guermantes”. As they peruse the rectangular frames of a classic comic strip with their “clear line” graphic style, those who enjoy a leisurely ramble through Proust's meandering paragraphs may well find themselves aboard a high-speed train at full throttle: “Un amour de Swann” in two albums and 517 drawings, instead of 200 pages from the publisher Pléiade. This unnatural alliance has been denounced by advocates of literature as a travesty of Proust's work, and by devotees of authored comic strips as a work devoid of graphic boldness. This article sets out to answer both of these objections. - Dans le monde de la BD, la frontière entre les genres est peut-être moins étanche qu'ailleurs (entretien) - Franck Giroud p. 59
- "L'Association", ou l'hydre de l'indépendance (encadré) - Jérôme Dutel p. 63
- Brouiller les sens et le sens s'embrouille : de l'incommunication dans "QRN sur Bretzelburg" - Pascal Robert p. 65 L'album de Franquin et Greg, QRN sur Bretzelburg, explore avec bonheur trois sens singulièrement difficiles à rendre en BD : l'ouïe, le goût et l'odorat. Ou plutôt il nous invite à réfléchir sur ce qu'il advient lorsque nos sens sont brouillés. Alors le sens lui-même s'embrouille. Et l'incommunication fait retour, à travers les médias et la communication interpersonnelle. Une incommunication aux effets politiques déliquescents. Ce sera la tâche de Spirou et Fantasio de lutter contre cette incommunication, de renverser les effets délétères du son notamment au bénéfice du bon goût. Où la BD, dans sa richesse narrative et expressive, nourrit un dialogue serré avec la théorie de l'incommunication, qui n'avait pas jusque-là intégré la question des sens, et participe ainsi à son enrichissement.Confuse the Senses and You Get Muddled Sense: on Uncommunication in “QRN sur Bretzelburg”The Franquin & Greg album entitled “QRN sur Bretzelburg” is a delightful exploration of three senses that are exceedingly difficult to work into a comic strip: hearing, taste and smell. Or rather, the album prompts us to ponder on what happens when our senses get confused. The subject of uncommunication – through the media and through interpersonal communication – rides again. And this is uncommunication with a deliquescent political effect. Spirou and Fantasio have a mission: a mission to fight uncommunication, to overthrow the pernicious effects of noise so that good taste can win out. The comic strip, through its peculiarly expressive narrative richness, thus contributes to a close-knit dialogue with the theory of uncommunication, which until now had not dealt with the question of the senses, and so helps to enrich it.
II. La BD sort de sa bulle
- Introduction - p. 75
- Au fil de l'histoire, l'envie d'en découdre - Morvandiau p. 77
- La BD de reportage : le cas Davodeau - Aurélien Le Foulgoc p. 83 Depuis le succès mondial de Palestine de Joe Sacco, la bande dessinée dite « de reportage » est un genre qui se développe. Essentiellement consacré à l'information internationale, ce courant réaliste s'impose en France, notamment à travers le travail d'Etienne Davodeau. Partant des œuvres Rural ! et Les Mauvaises Gens, cette contribution s'intéresse aux codes de la bande dessinée de reportage, appropriés et mis en œuvre par cet auteur qui ancre ses récits dans des terroirs.Étienne Davodeau and Comics Journalism
Since Joe Sacco's “Palestine” became a global success, comics journalism has been developing into a new genre. Focusing on current affairs, this new, realistic trend is steadily gaining popularity in France, especially through the work of Étienne Davodeau. Starting from “Rural !” and “Les Mauvaises Gens”, this article looks into comics journalism codes as they are appropriated and put to use by an author whose narratives are rooted in provincial life. - Reportage et bande dessinée - Christophe Dabitch p. 91 Apparu avant l'image photographique et audiovisuelle, le reportage dessiné connaît depuis une vingtaine d'années un développement sous la forme de bandes dessinées. En revues ou bien en livres, ce travail sur la réalité apparaît en réaction ou en décalage avec le traitement des mass media. Subjectivité annoncée, vision non-conformiste et approche artistique vont de pair avec une posture, un point de vue et des codes qui lui sont propres. C'est un renouvellement du reportage qui est en jeu, en dehors des représentations standardisantes.Comic Strips in Journalism
Journalism in drawings emerged well before photographic and audiovisual images, and has re-emerged in the last twenty years in the form of comic strips. In magazines or books, these investigations of reality appear to be reacting against or offering a different take on the way current affairs are treated in the mass media. Deliberate subjectivity, a non-conformist vision and an artistic approach go hand in hand with the author's own standpoint, viewpoints and codes. What is emerging is a new approach to journalism, outside the bounds of standardising representations. - Quand la bande dessinée devient dessin animé : "Persepolis" - Pauline Escande Gauquié p. 99 L'adaptation d'une bande dessinée en un film redéfinit l'œuvre initiale qui se métamorphose et se place en perspective pour parler à un spectateur et non plus à un lecteur. L'étude comparée d'une séquence de la bande dessinée Persepolis de Marjane Satrapi adaptée en 2007 au cinéma par son auteur lui-même et Vincent Paronnaud a pour objectif de montrer comment l'expérience technique et médiologique du film transforme la puissance créatrice de la bande dessinée.La bande dessinée comme le film sont de véritables embrayeurs d'imaginaires, mais leur structure de communication convoque différemment le spectaculaire. En effet, la transformation à l'œuvre sera exposée en montrant dans quelle mesure les deux médias interpellent une mise en sens des signes et de la langue, faisant émerger deux œuvres caractérisées par deux stylistiques qui se mêlent et s'anaphorisent. La question de la sémiotisation élaborée dans l'opération technique et narrative du transfert d'un support à un autre reste au cœur de notre réflexion. Ainsi, cet article explore la traduction du travail graphique de la bande dessinée sur l'écran, sa mise en mouvement, la sonorisation des voix et la mise en bruitage du texte et autres procédés qui suggèrent une magie de la transformation.“Persepolis”: Transforming a Comic Strip into Animation
Adapting a comic strip to film redefines the initial work, which metamorphoses into a new perspective to reach spectators rather than readers. A comparative study of a sequence in Marjane Satrapi's comic strip “Persepolis”, which was adapted to film in 2007 by the author herself and Vincent Paronnaud, aimed to show how the technical and mediological experience of filming transforms the creative power of the comic strip. Both comic strip and film are powerful triggers for the imagination, but their communication structure calls on the spectacular in different ways. The transformation of the work is exposed, showing how far the two media require us to make sense of signs and language to give shape to two works characterised by two different stylistic approaches that merge together in anaphoric interplay. The semiotisation that develops during the technical and narrative transfer from one medium to another is the crux of our study. We investigate how the graphics of the comic strip are translated onto a cinema screen, how they are given movement, how voices are given sound, how texts are reflected in sound effects, and other processes that all suggest the magic of metamorphosis. - Quand le cinéma inspire la bande dessinée : "Pinocchio" (encadré) - Bruno Julia p. 105
- BD, dessins animés et jeux vidéo, même combat ! - Yves Chevaldonné et Jean-Paul Lafrance p. 107 L'essence de la BD réside dans l'espace qui existe entre deux cases, ce qui demande un travail de reconstruction (notamment temporelle) au lecteur. Il s'agit d'un « art séquentiel ». Or le dessin animé et le jeu vidéo sont aussi des arts séquentiels. Il s'agit donc, dans cet article, de comparer la culture de la bande dessinée avec les autres formes de culture et de technique que l'on trouve dans des médias développés plus tard, comme le dessin animé ou le jeu vidéo. La BD est-elle un média précurseur des autres formes de culture de l'image séquentielle ou y a-t-il des interactions économiques et culturelles entre ces nouvelles formes d'art apparues au XXe siècle ?Comic Strips, Animations and Video Games Unite!
The essence of a comic strip is in the spaces between the frames, which demand reconstruction (of time, especially) on the part of the reader. Comic strips are a “sequential” art form, but this is also true of animations and video games. This article therefore sets out to compare the comic strip culture with other cultural and technical forms found in the media which developed later, like film animation and video games. Was the comic strip medium a precursor of other cultural forms based on sequential images, or is there a circular process at work between these new art forms that appeared in the 20th century? - L'hybridation BD/jeu vidéo : émulsion impossible ? (encadré) - Pierre Fastrez et Baptiste Campion p. 117
- Les blogs BD, entre blog et bande dessinée - Sébastien Rouquette p. 119 L'intérêt des blogs BD tient-il d'abord aux nouvelles expérimentations graphiques (facette BD) ou à la particularité des relations avec les lecteurs (facette blog) que cette pratique autorise ? Certes, les blogs permettent à leurs auteurs d'auto-publier leurs histoires sans contrainte, qu'elles soient éditoriales, économiques ou de mise en page. Pour autant, la pratique des blogs de BD représente avant tout une pratique de blog graphique. Ainsi, les auteurs interrogés insistent sur la possibilité de pouvoir tester en direct leurs histoires (l'interactivité des blogs), de pouvoir construire un réseau de liens d'abord virtuels puis réels avec d'autres dessinateurs blogueurs (les réseaux de la blogosphère), de toucher un nouveau public en raison de l'accès gratuit à ces histoires (la culture de la gratuité), en tout lieux (y compris sur les lieux de travail), mais aussi parce que ces blogs de BD répondent à nouvelles attentes de lectures. Interactifs, ouverts sur l'extérieur, accessibles à un plus grand public, centrés sur la quotidienneté, les blogs de BD sont avant tout révélateurs d'un rapport plus étroit avec le public, plutôt que de nouvelles tendances graphiques.Comic Blogs: Between Blogs and Comic Strips
Are comic blogs primarily of interest as a new experiment in graphics (the comic strip aspect) or because of the specific type of relationship with readers (the blog aspect) they allow? Blogs are obviously one way for authors to self-publish their work without any constraints, whether editorial, economic or in page lay-out. But comic blogs are first and foremost a graphic blogging practice. When questioned, their authors emphasise the possibilities for testing their stories live (thanks to blogging interactiveness), for building up a network of initially virtual and subsequently real links with other cartoonists working through blogs (blogosphere networks), for reaching new readers thanks to free access to their stories (free-access culture), anywhere and at any time (including in the workplace), but also the fact that these comic blogs meet new reading expectations. Comic blogs are interactive, wide open to the world, accessible to a wide audience and focused on daily life, and as such they reflect above all a closer relationship with the public, rather than new trends in graphics. - La bande dessinée en ligne, entre idéaux de rupture et de continuité (encadré) - Etienne Candel p. 125
- Le site Webcomics, un exemple d'interactivité - Khaled Zouari p. 127 À travers une approche communicationnelle, cette contribution s'oriente et se focalise autour de liens entre bande dessinée et technologies de l'information et de la communication. Nous essayerons d'examiner comment Internet peut influer sur les pratiques des auteurs et des lecteurs de bande dessinée, ainsi que sur les schémas relationnels qui lient ces derniers. À travers l'analyse du site Webcomics, nous nous intéresserons à l'interactivité et à la place de l'usager dans le dispositif technique.The Webcomics Site as an Example of Interactivity
Using a communicational approach, this study focuses on the links between comic strips and information and communication technologies. We set out to examine ways in which the Internet can influence the practices of comic strip authors and readers, and also how they relate to each other. Through this analysis of the Webcomics site, we investigate the question of interactivity and the user's place within the technical systems involved. - Des bulles pour le développement durable - Béatrice Jalenques-Vigouroux et Céline Pascual Espuny p. 133 La BD a investi depuis une vingtaine d'années la communication des organisations en France. La BD d'organisation devient un média aux multiples usages, de mieux en mieux décliné par les organisations, en particulier lorsqu'il s'agit de transmettre des messages complexes, comme l'explication des changements stratégiques des organisations ou l'accompagnement de changements de comportement. C'est particulièrement le cas pour les opérations de communication qui se mettent en place autour du développement durable. Les exemples envisagés nous permettent de compléter un panorama de la BD d'organisation riche et polymorphe.Talk Bubbles for Sustainable Development
In the last twenty years, comic strips have made considerable inroads into corporate communication from French organisations. Corporate comic strips have become a multi-purpose medium that organisations have become adept at using to increasing effect, especially when they need to put across complex messages, for example to explain strategic changes or to accompany changes in behaviour. This is particularly true in the case of the communications operations appearing today on sustainable development. The examples studied here highlight the rich and multi-form world of corporate comic strips. - De la bande dessinée en entreprise de communication : "Une bulle en plus" (entretien) - Xavier Fauche p. 141
III. Dessiner, c'est relier
- Introduction - p. 145
- La bande dessinée en Afrique francophone - Hilaire Mbiye Lumbala p. 147 La BD africaine est une réalité elle se lit, se vend et existe sous différents formats : vignettes dans un quotidien, planches dans un magazine, album complet, album de compilation, album collectif, etc. Elle est publiée en français, en anglais, en portugais, en arabe et dans les langues locales. Elle couvre différents genres, à savoir les contes et récits oraux, la BD biographique, éducative (didactique), comique, historique, religieuse (biblique, biographique et hagiographique). Ce texte traite d'une manière schématique de l'existence de la BD africaine en précisant ses principaux acteurs (première partie) et en décrivant son appareil de production (deuxième partie).Comics in French-Speaking Africa
African comic strips are here to stay, and are read, sold and available in many different formats: vignettes in daily papers, full-page comic strips in magazines, albums, compilations, joint albums and so on. They are published in French, English, Portuguese, Arabic and local languages. They cover a variety of genres, from storytelling and oral narratives to biography, educational material, comedy, history and religion (stories from the Bible, biography and hagiography). This article looks schematically into the presence of African comic strips in the French-speaking African countries, introducing the main players (Part 1) and describing the processes involved in their production (Part 2). - Bande dessinée et témoignage : la mise en récit de la Shoah - Jonathan Haudot p. 155 En France, jusqu'en 2007, au moins trois albums de bandes dessinées avaient été consacrés à la diffusion du témoignage d'un survivant de la Shoah. Il s'agit des diptyques Maus et Au nom de tous les miens respectivement signés par Art Spiegelman et par le duo Philippe Cothias / Paul Gillon, et de Seules contre tous réalisé par Miriam Katin. Si la mécanique énonciative de Maus a plus d'une fois été mise en relief par les sciences sociales, il n'en est, semble-t-il, rien pour les deux autres œuvres. En conséquence, la présente contribution expose les caractéristiques de l'énonciation des récits testimoniaux composant celles-ci. Puis, compte tenu de l'inévitable disparition des derniers rescapés du génocide, en s'appuyant sur d'autres albums, cette étude s'interroge aussi sur l'avenir de l'expression du témoignage relatif à la Shoah dans et par la bande dessinée.Comics and Personal Accounts: Recounting the Holocaust
Up to 2007 in France, at least three comic strip albums had been published to give voice to the personal accounts of survivors of the Holocaust. These were the “Maus” and “Au nom de tous les miens” diptychs by Art Spiegelman and the Philippe Cothias / Paul Gillon duo, and “Seules contre tous” by Miriam Katin. While the enunciative mechanics of “Maus” have been highlighted more than once by the social sciences, this does not seem to be the case for the other two works. Consequently, this contribution describes the enunciative characteristics of the testimonial narratives that compose them. Given that the survivors of the Holocaust will inevitably disappear, we then move on to other albums to seek insights into the future of personal accounts of the Holocaust in and through the comic strip medium. - La BD, porte ouverte sur l'inconscient (encadré) - Céline Bénéjean p. 161
- La BD, porte ouverte sur l'inconscient (encadré) - Céline Bénéjean p. 161
- Bande dessinée et finance solidaire, destins croisés - Amélie Artis p. 163 La finance solidaire a accru sa visibilité ces dernières années grâce à des sommets mondiaux et de nombreuses publications (Muhammad Yunus, Maria Nowak, etc.). Néanmoins elle demeure un concept complexe tant pour les experts que pour les citoyens. Afin d'élargir ses horizons et de tendre vers son projet politique, la finance solidaire construit son histoire grâce à la bande dessinée. Quels sont les premiers résultats de cette rencontre entre ces deux catégories en quête de reconnaissance ? Comment la nourrit-elle et permet-elle sa diffusion ? Comment la bande dessinée participe-t-elle à la construction de cette représentation utopique ? Par la mobilisation des symboles de l'Utopie et le récit légendaire des fondateurs, la bande dessinée tente d'élargir l'influence de la finance solidaire, mais au détriment de son projet politique et en amoindrissant ses risques.When the Comic Strip Meets Solidarity Finance
The concept of solidarity finance has increasingly come into the public eye in the last few years, in the wake of world summit meetings and numerous publications (Muhammad Yunus, Maria Nowak, etc.). It is still a complex concept, however, for experts and the general public alike. To help broaden its horizons and work towards a political future, solidarity finance has been building up its own history in comic strips. What are the initial outcomes of this meeting between two different categories in search of recognition? How do they feed into each other and help with dissemination? How do comic strips contribute to the building of a Utopian representation? By calling on the symbols of Utopia and the legend of its founders, comic strips attempt to broaden the influence of solidarity finance, but in doing so they weaken its political future and minimise the risks. - La BD, outil de sensibilisation à la solidarité Nord-Sud (entretien) - Christophe Vadon p. 169
- Du pèze sur la planche : les représentations de l'argent dans la bande dessinée - Jérôme Blanc p. 171 Comment la bande dessinée rend-elle compte de l'argent ? Comment sont pensés les liens entre argent et lien social ? Ce texte essaie de répondre à ces questions en examinant principalement trois récits grand public dans lesquels utopie de l'absence de monnaie et contre-utopie de l'introduction de la monnaie sont âprement discutées : Obélix et Compagnie (1976), Le Schtroumpf financier (1992) et Achille Talon et l'Archipel de Sanzunron (1985). Si les deux premiers décrivent un univers perturbé par l'introduction de la monnaie et les valeurs nouvelles qu'elle véhicule, le troisième dénonce comme utopique l'idée de s'extraire des rapports d'argent. La représentation commune de l'argent que véhicule la bande dessinée apparaît généralement fortement négative.Handling the Dosh: Representations of Money in Comics
How do comics handle the idea of money? How do they reflect on the relationships between money and social ties? This paper attempts to answer these questions, mainly through an examination of three stories aimed at a general readership and involving a fierce contest between a Utopian absence of money and a counter-Utopian advent of money: “Obélix et Compagnie” (1976), “Le Schtroumpf financier” (1992) and “Achille Talon et l'Archipel de Sanzunron” (1985). While the first two describe a world disrupted by the introduction of money and the new values it conveys, the third denounces the idea of withdrawing from monetary relationships as Utopian. In general, representations of money conveyed by comics are highly negative. - Quand l'entreprenariat se façonne par la BD : "Lucy et Valentin" (entretien) - G. Bertholet, L. Rérolle et S. Tillon p. 179
- La réception de la BD "Espace protégé" visant à la prévention des abus sexuels en milieu scolaire - Eric Dacheux p. 181 Aujourd'hui, des dizaines de BD couvrent tous les domaines médicaux : du handicap au don du sang en passant par les maladies sexuellement transmissibles. Ces BD sont souvent réalisées à l'initiative d'associations nationales ou locales. C'est le cas de l'Association interprofessionnelle spécialisée dans la prévention des abus sexuels (AISPAS). Cette association a fait réaliser une BD intitulée Espace protégé qu'elle diffuse auprès des élèves de CE2 à la fin de ses séances de prévention. C'est cette BD que nous nous proposons d'étudier. D'un point de vue théorique, cette enquête s'inscrit dans un renouvellement des problématiques de la réception. En effet, pendant longtemps, on a réduit la question de la réception des médias populaires à celle de la résistance des classes dominées. Or, cette insistance sur la création de sens non voulu par l'émetteur risque de conduire à masquer le phénomène d'appropriation esthétique du message (Allard, 1994). L'un des moyens de dépasser cette question de la « résistance » du récepteur pour comprendre les phénomènes simultanés de compréhension créative et d'appropriation sensible du message est d'étudier la réception des BD de prévention.Comic Strips as a “Protected Area” for the Prevention of Sexual Abuse in Primary School
Today, every field of medicine is covered by dozens of comic strips: from handicaps to donating blood to venereal diseases. These comic strips are often produced as initiatives from national or local associations. This was the case with the AISPAS, an interprofessional body specialising in the prevention of sexual abuse. This association commissioned a comic strip entitled “Espace protégé” (Protected Area), which is distributed to pupils in their third year of primary school at the end of prevention sessions, and which we decided to study. From the theoretical point of view, this investigation relates to new perspectives on the question of reception. For many years, investigations of popular media reception were limited to the question of resistance on the part of the underclasses. But the emphasis on the creation of unintended meaning is liable to obscure the phenomenon of aesthetic appropriation of the message (Allard, 1994). One way of reaching beyond the question of “resistance” from the receiver in order to understand the simultaneous phenomena of creative understanding and actual appropriation of the message is to study the reception of comic strips aimed at prevention. - Comment la bande dessinée tisse du lien social en Afrique (encadré) - Hilaire Mbiye Lumbala p. 189
- Mouvements de jeunesse et bandes dessinées (encadré) - Eric Carton p. 191
- Obélix ou la valeur travail dans la bande dessinée - Renaud Müller p. 193 Média a priori étranger à l'univers d'un cours universitaire en gestion des ressources humaines, la bande dessinée peut pourtant constituer un outil précieux permettant une distanciation et un décalage des représentations habituelles des étudiants. L'objectif de cet article est de décrire l'utilisation de l'album Obélix et Compagnie comme métaphore de la place du travail dans la société, et d'en discuter les apports et les limites.Obelix: How Work is Valued in Comics
Although comic strips are, on the face of it, alien to the world of university classes in human resources management, they can become a valuable tool in helping students to achieve the necessary distance from their usual representations. This article describes the use of the album “Obélix et Compagnie” as a metaphor of the workplace in society, and to discuss its contributions and limitations. - BD et communication politique (encadré) - Eric Dacheux p. 199
- Web et bande dessinée : panorama critique - Franck Guigue p. 201
- Bibliographie indicative - Jérôme Dutel p. 207
Varia
- Les campagnes électorales sur Internet : une comparaison entre France et Québec - Frédérick Bastien et Fabienne Greffet p. 211
- Les TIC dans les organisations : des partenaires difficiles à contrôler - Michel Durampart p. 221
Lectures
- Claude Chabrol et Miruna Radu, Psychologie de la communication et persuasion : théories et applications, Bruxelles, De Boeck, coll. "Ouvertures psychologiques ", 2008 - (par Marie-Pierre Fourquet-Courbet) p. 229
- Cyrille Ferraton, Associations et coopératives : une autre histoire économique, Toulouse, Erès, 2007 - (par Eric Dacheux) p. 231