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L'auteur de ce pamphlet se distingue de ses contemporains détracteurs du régime populaire par des outils d'analyse originaux : tous les phénomènessociaux, culturels et politiques sont déterminés par les intérêts de la populace qui maintient et renforce sa domination par des institutions parfaitement adaptées. Cette puissance que la démocratie tire de sa parfaite cohérence interne rend illusoire toute tentative de réforme et ne laisse d'autre choix aux « meilleurs » que l'utilisation de la violence et l'appel à l'aide étrangère pour s'emparer du pouvoir.

Loup de Ferrières puise dans la Bible le principe que nul conseil ne peut être donné contre le Seigneur. Recommandant au roi Charles le Chauve de veiller au respect de sa fidélité à Dieu, avant toute autre considération politique, Loup tente de limiter l'influence des grands laïcs dont certains n'hésitent pas à usurper les biens monastiques. Dès lors, l'abbé intègre le devoir de prendre conseil au ministère royal et développe une théorie originale des rapports de pouvoir. Ses positions l'amènent à proposer une reconfiguration de l'entourage royal qui puise tant dans l'héritage scripturaire que dans le témoignage laissé par les sources romaines.

Par l'expression « régime représentatif », Kant entend une distinction entre la volonté à l'oeuvre dans la législation, qui doit être universelle, et la volonté exécutive, qui peut être particulière. Il s'agit pour les gouvernants, dans l'acte même de la législation, de se représenter, et de représenter par là-même le peuple sous l'espèce d'une volonté une. De sorte que l'on pourrait croire que le « régime représentatif » ne désigne pas un gouvernement représentatif proprement dit. Cet article se propose au contraire de mettre en lumière le lien entre Repräsentation et Volksvertretung : c'est l'impératif de représentation du peuple sous l'espèce de l'unité qui rend nécessairela représentation politique.

La politique extérieure de la seconde République a entraîné de profondes discordes intérieures, annonciatrices du coup d'État de 1851. L'affaire de Rome est peut-être l'épisode le plus tragique de l'opposition entre les républicains et le parti de l'ordre : tandis que le gouvernement de février avait proclamé son soutien aux patriotes italiens, Louis-Napoléon prit la décision d'écraser l'insurrection romaine. Ledru-Rollin a vu là une violation manifeste de la légalité républicaine appelant une condamnation politico-juridique, pourtant impossible à mettre en oeuvre dans le cadre d'institutions dominées par le parti de l'ordre. Dès lors, il va remettre en cause l'idée même de représentation et plaider pour le droit d'insurrection et le gouvernement direct.

George Scelle peut apparaître comme le paradigme du juriste de gauche sous la IIIe République. Son engagement, exprimé aussi bien dans sa collaboration avec le gouvernement du « Cartel des Gauches » que dans la défense du pacifisme, lui a valu d'ailleurs quelques désagréments dans sa carrière de professeur de droit. Mais c'est dans son oeuvre juridique, dans les domaines du droit du travail et du droit international, que se déploie le plus clairement la portée politique de son projet.