Contenu du sommaire : L'argent des médias
Revue | Le Temps des Médias |
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Numéro | no 6, printemps 2006 |
Titre du numéro | L'argent des médias |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
L'argent des médias
- Présentation - Patrick Eveno et Nathalie Sonnac p. 6
- Le coût de la presse quotidienne parisienne (1800-1844) - Gilles Feyel p. 9 Pour connaître les coûts de la presse quotidienne en France dans la première moitié du XIXe siècle, il était nécessaire de réexaminer les calculs trop simples de Girardin dans son prospectus du quotidien La Presse, en 1836, en réinterprétant les sources disponibles (frais du Journal de Paris en 1811 et du Journal des débats en 1814, calculs du comte Roederer en 1817-1818, frais du Constitutionnel en 1826, bilans financiers du Siècle en 1839 et 1841). Ce que l'on connaît désormais de l'énorme travail de bureau provoqué par la gestion des abonnés et de l'imprimerie de presse, en un temps où le tirage se mécanise, alors que la composition reste manuelle, sans le secours de la stéréotypie, tout cela conduit à proposer une modélisation nouvelle des frais annuels de rédaction, d'administration et de fabrication des quotidiens parisiens entre 1800 et 1844.The calculations made by Girardin in the prospectus for his daily, La Presse in 1836 merit further study in the light of other available sources - the accounts of Le Journal du Paris in 1811, of Le Journal des débats in 1814, the calculations made by count Roederer in 1817-18, the balance-sheets of Le Siècle in 1839 and 1841. Given the findings now available, and the results of the work of clerks that managed the accounts of the subscription department, and data about press-runs, during a period when the mechanisation of printing came on-stream, whereas typesetting was still done by hand, it is possible to propose a new model of the annual news/editorial, administrative and manufacturing costs of Parisian daily newspapers between 1880 and 1844.
- Retour sur "l'abominable vénalité de la presse française" - Marc Martin p. 22 Depuis le scandale de Panama et les emprunts russes, « l'abominable vénalité de la presse française » sous la IIIe République est communément admise, tant par les journalistes que par de nombreux historiens. Or, la vénalité est une vision réductrice des rapports entre la presse et le monde des affaires. De nombreux journaux ne perçoivent pas de subsides cachés, tandis que la promotion des emprunts russes correspond également à une volonté politique et à une stratégie internationale. L'article propose de traiter les relations entre la presse et la finance en termes de degrés de dépendances ou de solidarités.Following the Panama scandal and the « Russian loans » affair, the despicable venality of he French press during the IIIrd Republic, is generally taken as read by journalists and many historians. Many newspapers, however, were not the beneficiaries of disguise subsidies; more ever the promotion on investment in Russia was a policy decision and an international strategy. It is preferable to consider the relations between the press and finance in terms of degrees of dependence and solidarity.
- Publicité et information avec Lord Northcliffe - Michael Palmer p. 34 Contrôle de qualité, directives et surveillance de « la copie » par les directeurs de grands journaux, Royaume-Uni/ États-Unis vers 1900 : Harmsworth/Northcliffe et « la promotion » d'un « groupe de presse », aux ambitions nationales et internationales. Cet article porte sur les réactions et instructions, au jour le jour, du dirigeant d'un groupe de presse, lord Northcliffe, qui commente les pressions commerciales et publicitaires s'exerçant sur la copie rédactionnelle des titres de son groupe (dont le Daily Mail et le Times).Quality control, Memos from ‘the Chief': advertising and news/editorial copy, U.
K./USA, circa 1900: Harmsworth/Northcliffe on newspapers as ‘big business'… At the turn of the 19th/20th century, big newspapers in various major media-capitals in Britain and the USA, were run by news-men who were, in varying degrees business-men. This article centres on the daily communiqués issued by Alfred Hamsworth, lord Northcliffe, who, during his travels between London, New York and Paris sought to oversee the competing pressures from news-editorial, advertising and sales departments in the running of newspapers as « big business » (from The Daily Mail to The Times…) - Médias et publicité ou les conséquences d'une interaction entre deux marchés - Nathalie Sonnac p. 49 Les médias ont fait appel à la publicité, dès 1836 pour les journaux, dans le but de couvrir des coûts de production extrêmement élevés et de permettre aux lecteurs de s'informer à un prix rendu accessible au plus grand nombre. Cependant, le rôle de la publicité ne s'arrête pas là. Il peut conférer à la fois un certain pouvoir aux annonceurs sur le contenu intrinsèque des journaux et créer aussi une interaction entre les deux industries. Les externalités positives et négatives générées par cette structure de marché (marché biface) conduit à des spécificités particulières d'un point de vue économique au niveau de la formation des prix, de la structure de prix et du ratio publicité / contenu. De plus, cette structure typique de marché a des implications majeures sur la nature de la concurrence que les entreprise médiatiques se livrent, en termes de diversité des titres et de pluralisme d'opinion.The media developed advertising as a revenue source - as of 1836 insofar as newspapers are concerned - so as to help cover ever-increasing production costs and so as to inform readers for a cost-price and a subscription-fee accessible to the greatest possible number of readers/buyers. The role of advertising extends further : it provides advertisers with an influence over newspaper content and creates and interaction between the two industries. The positive and negative externalities generated by this market structure has specific economic consequences in relation to price structure, level and the advertising/content ratio. Furthermore, this market structure has distinctive consequences for the competition between media companies, and in terms of the diversity of newspaper titles and pluralism.
- La régulation de la presse entre les corporations et l'Etat - Patrick Le Floch p. 59 Le secteur de la presse connaît aujourd'hui des mutations profondes qui tiennent principalement à l'apparition de nouveaux concurrents et au changement de comportement des consommateurs. C'est la raison pour laquelle il convient de se demander si les régulations qui avaient été mises en œuvre en 1945 s'avèrent aujourd'hui toujours adaptées. La régulation de la presse a été profondément marquée par l'intervention de l'État et des corporations. L'objectif de cet article est d'apporter des éléments permettant de comprendre l'origine de la régulation et ses conséquences sur le secteur de la presse et de donner des pistes de réflexion pour faire évoluer le système.The press industry is undergoing major change, largely due to the emergence of new competitors and the change of reader consumption habits. This is why it is advisable to examine whether the regulatory arrangements of 1945 are still relevant. These owed much to State intervention and to that of various industry players. This paper re-examines how the press regulatory system was set up and how it might be improved.
- Les marchés de la presse quotidienne en Europe - Henri Pigeat, avec Jean-Charles Paracuellos p. 72 Dans l'histoire déjà longue de la presse écrite, les trente dernières années ont vu s'installer une régression structurelle profonde du quotidien. Alors que les magazines et la presse spécialisée ont su trouver de nouvelles formules et renouveler leurs marchés, la presse quotidienne d'information générale a subi de plein fouet les concurrences nouvelles nées de la multiplication des moyens techniques de communication. Face aux nouvelles conditions de marché nées de l'apparition de nouveaux médias et de la transformation profonde et toujours en cours des modes de consommation de l'information, l'offre de la presse écrite peine à s'adapter à la demande. Dans cette indéniable régression, la presse écrite a néanmoins présenté de vraies résistances, preuve qu'elle répond encore à certaines attentes. Le défi principal du journal est aujourd'hui de trouver un nouveau modèle économique un nouveau modèle éditorial qui lui assurent les moyens de ses missions et garantissent sa place dans le nouveau paysage médiatique.In the long history of the newspaper and periodical press, the last thirty years have witnessed a fundamental structural decline of the daily. While magazines and specialized titles have discovered new formulae and renewed their markets, the daily general-interest newspaper press has suffered from the brutal competition engendered by new and diverse communication techniques. Given these new market conditions, the appearance of new media and the deep ongoing transformation of news-consumption practices, the daily press is struggling to adapt to the new context. Nevertheless, the daily newspaper press has shown considerable vigour, demonstrating that it is still meeting some market-expectations. The main challenge facing it now is how is to find a new business model and a new editorial model so that it can fulfil its mission and secure its place in the new media landscape.
- L'évolution des salaires des journalistes professionnels (1975-2000) - Valérie Devillard p. 87 Il est d'usage de présenter les journalistes stratifiés en trois grands groupes : l'élite, le grand bataillon des salariés de l'information, et enfin les pigistes-précaires. Ils sont liés certes par des représentations identitaires communes mais séparés par les statuts (permanent ou précaire), la position hiérarchique occupée et les perspectives de carrière. Afin de montrer le fossé grandissant entre « l'oligarchie » et les pigistes précaires, l'analyse de l'écart entre les revenus de ces deux groupes, à partir des enquêtes statistiques commanditées par la CCIJP, a été privilégiée. L'écart de niveau de revenus des journalistes entre le sommet et la base de la profession tend à croître de manière significative dans les années 1980-1990. L'avènement d'un journalisme de « marché » caractérisé par la recherche d'une rentabilité maximale des entreprises médiatiques vient affecter, entre autres, les conditions de travail des journalistes.Outre les facteurs essentiels tels ceux de la différenciation entre les femmes et les hommes et du média d'exercice, le clivage générationnel pèse vraisemblablement davantage dans la trajectoire professionnelle. Entrer sur le marché de l'emploi en 1993 implique un début de « carrière » en pleine récession économique dont on peut porter les stigmates pendant longtemps. À l'autre extrême, être né durant la décade des années 1940 semble favoriser l'accession à des positions hautes, à une élite « économique » en fin de carrière journalistique.Usually, journalists are presented as falling into one of three groups : the elite, the bulk of the salaried work-force, and stringers or part-timers. All share perceptions as to their professional identity but three factors separate them : their status as employees (permanent or short-term contract), their position in the staff hierarchy, and career prospects. Based on statistical surveys conducted to the CCIJP, we show the growing disparity between the earnings of the « oligarchy » and part-time stringers. This gap increased significantly in the 1980/90s. « Market-oriented » journalism, driven by media company strategies to maximise profits affected, inter alia, the working conditions of journalists. Salary differences reflected the gender divide, the type of media employer, and, above all, a generational factor. Those who entered the profession in 1993 began their career at a time of economic crisis ; this had lasting career consequences. By contrast, those who were born in the 1940s had a better chance to reach top positions, and be part of a « journalistic elite » as their career neared its end.
- La télévision entre politique et marché - Patrick Eveno p. 101 Longtemps considérée comme un instrument de propagande gouvernementale, la télévision française a connu une déréglementation accélérée au milieu des années 1980. La création de nouvelles chaînes, la privatisation de TF1, puis l'émergence des chaînes thématiques et de la diffusion par câble et satellites a bouleversé le paysage audiovisuel. D'outil politique, la télévision est devenue un marché, gouverné par l'audimat, la publicité et le business. Les programmes ont été modifiés pour satisfaire le marché, tandis que les entreprises recherchent la rentabilité. En moins de vingt ans, la télévision française est passée du tout politique à la domination des affaires.French television was long held to be a tool of government propaganda ; following the deregulation that gained space in the 1980s, new channels appeared, TFI was privatised and the emergence of new thematic channels and cable and satellite TV transformed the audiovisual landscape. Television moved from being the tool of politicians to that a market, governed by audience ratings, advertising and business. Programmes are determined by market considerations, and channel operators are geared to profits. In less than twenty years, the masters of French TV are no longer politicians but businessmen.
- Cinéma et télévision en France : idiosyncrasies, convergences et recompositions - Laurent Creton p. 118 Depuis le milieu des années quatre-vingt, les chaînes de télévision sont devenues les principaux acteurs de l'économie du cinéma, en devenant prépondérantes par les revenus comme pour les financements, ce qui explique l‘ambivalence structurelle de la relation entre ces deux pôles. Les films de cinéma ont constitué un programme de choix, largement offert par la plupart des chaînes de télévision qui en tiraient une audience satisfaisante et un transfert de valeur symbolique. Mais progressivement cette audience s'est effritée et les chaînes de télévision ont été amenées à modifier leur politique de programmation et de financement des films de cinéma. Cet article analyse les transformations qui en résultent pour le système cinéma-télévisuel et cherche à évaluer les principales implications pour ses deux composantes.Since the mid eighties, television channels have become the main actors of the movie economy, both as a source of funding and of revenue ; this helps explain the ambivalent relationship between the two poles. Cinema movies provide attractive programming, offered extensively by most television channels and thus obtain satisfactory audience ratings and symbolic value appeal. But these audience figures are gradually declining and the television channels have had to modify their programming policies as well as the funding of cinema movies. This article analyses the consequences for the French cinema-television system.
- L'argent d'Hollywood - Yannick Dehéé p. 129 Qui finance le cinéma hollywoodien et avec quel retour sur investissement ? Alors que dans ses débuts le cinéma américain est l'œuvre de pionniers, il est rattrapé par la finance après la Grande Guerre. Des années 1930 aux années 1950 se met en place le « système hollywoodien » des studios qui contrôlent également les circuits de distribution. Dans les années 1950-1960, sous le coup de poursuite anti-trust, ils doivent se séparer des circuits, ce qui conduit au déclin du système puis à l'entrée de grandes compagnies multinationales. Ces dernières mènent leurs opérations dans le but de rentabiliser leurs investissements, en faisant du marketing la clé du cinéma.Who funds Hollywood movies ? What is the rate of return on investment ? In the beginning, pioneers blazed the trail of the US cinema. After the Great War, Finance took over. From the 1930s to the 1950s, a « Hollywood system », in which studios controlled the distribution circuit, took shape. In the 1950s and ‘60s, anti-trust legislation forced the studios to cede control of the circuits ; the « system » declined accordingly and major multinational companies, concerned with maximising rate of return on investment, with marketing as the key strategy, took over the industry.
- Quel modèle économique pour la presse sur Internet ? - Danielle Attias p. 143 La presse traditionnelle repose essentiellement sur deux types de ressources : la vente au numéro et la publicité. Avec Internet, plusieurs phénomènes ont chahuté ce modèle économique : la concurrence des portails généralistes diffusant gratuitement des dépêches d'agence, la remise en question de la valeur de l'information pour le consommateur final, la confrontation directe des éditeurs avec leur audience en ligne et l'émergence des blogs, de nouveaux supports d'informations produits à titre individuel et bénévole pour commenter l'actualité. Les réponses des acteurs sont très disparates et elles n'ont pas toujours été uniquement motivées par des raisons économiques. Si le modèle payant est surtout le fait de publications semi-professionnelles, le choix du modèle publicitaire est le plus répandu, notamment pour les sites grand public d'informations générales ou thématiques. Toutefois, les difficultés du marché publicitaire sur Internet ont poussé certains éditeurs à opter pour un modèle mixte, où le lecteur est mis à contribution via un abonnement, pour financer les développements du site. Enfin, si les portails généralistes viabilisent leur modèle en attirant une audience de masse, les médias traditionnels ont tout intérêt à la différenciation, en faisant vivre leur marque en ligne et en garantissant une qualité de contenus toute aussi irréprochable que dans leur métier d'origine.Two main resources finance the traditional press : the sale of copies to final customers and advertising. With Internet, this economic model is heavily questioned by several phenomena : the new competition of general portals diffusing news wire, the value of information challenged by consumers, the direct confrontation of editors with their online audience and the emergence of blogs, new information sites produced on a purely individual and voluntary basis to comment on news. The editors'answers are contrasted and cannot be exclusively justified on economic grounds. If the subscription model is preferred for semi-professional publications, the advertising model is the most widespread, in particular for general information sites or thematic sites. However, the difficulties on the Internet advertising market motivated some editors to choose a mixed model, where readers subscribe to exclusive information services and contribute to the site's developments. Finally, if general portals build up their model by attracting a mass audience, the traditional media might stress on differentiation, brand and content quality.
- A propos des mouvements récents (2004-2005) de concentration capitalistique dans les industries culturelles et médiatiques - Philippe Bouquillion, Bernard Miège et Claire Morizet p. 151 Les auteurs ont choisi d'analyser les « opérations financières » effectuées en 2004 et 2005 en France, ou dans des groupes considérés comme français, avec l'objectif d'en tirer des conclusions sur l'évolution des industries de contenu, les modifications des stratégies éditoriales ne pouvant se déduire directement des stratégies financières. Ils font le constat d'une accélération de la concentration, surtout dans la filière de l'imprimé, et pas seulement avec les initiatives prises par Lagardère et le groupe Dassault. Moins spectaculaires mais tout aussi décisives sont les actions de diversification multimédias, ainsi que la réorganisation des bouquets satellitaires face aux opérateurs de télécommunications. Ils s'attachent ensuite à préciser les enjeux industriels des opérations financières. Paradoxalement, ils montrent qu'il est parfois difficile de les identifier, notamment lorsqu'on a affaire à des coups financiers. D'une façon générale, plusieurs orientations transparaissent, certaines en relation avec des préoccupations directement politiques : d'abord se positionner face à la montée des TICs (pour un terme peu décelable) ; et surtout prendre rang en vue de la constitution (ou du renforcement) de puissants groupes de communication, ce qui est aujourd'hui l'horizon stratégique de plusieurs conglomérats ou groupes financiers.The authors highlight how « financial transactions » conducted in 2004-5 in France, or in groups considered to be French, testify to broader trends concerning the evolution of content industries and changes in publishing strategies ; the financial strategies of the companies concerned are not the sole factor involved. The pace of concentration has accelerated, especially in the print sector, and not only in the companies managed by Lagardère and the Dassault group. Less attention-grabbing, but no less significant are the multimedia diversification strategies and the reorganisation of satellite bouquets undertaken to counteract telecom operators. The authors then analyse the industrial stakes that lie behind these financial manœuvres, and show that it is often difficult to pinpoint what is involved, especially in a context of corporate raiders. Policy factors involved may relate to the reinforcement of major communication groups or to a preventive policy of occupying a strategic slot, given the development of the (often unmentioned per se) new information and communication technologies.
- Les médias au risque du management et du marketing - Robert G. Picard p. 165 Les médias européens et ceux de tous les pays développés sont l'objet de transformations significatives et d'ajustements de leurs méthodes traditionnelles de fonctionnement. Les entreprises adoptent de plus en plus des techniques de marketing afin de répondre à la concurrence et aux exigences de rentabilité. Cette domination de la culturelle commerciale a des effets sur l'information et le divertissement, d'autant plus que les médias sont toujours plus dépendants des recettes publicitaires. Ainsi les médias sont de plus en plus assimilés à n'importe quelle activité commerciale.The traditional modus operandi of the media in Europe and the developed world is undergoing major change. Media companies have increasing recourse to marketing techniques to get a competitive edge and to maximise profits. This commercial logic affects news and entertainment programme-content, especially as media are more and more dependent on advertising revenue. This increasingly means that the media are considered as a commercial activity like any other.
Territoires d'Etudes
- Carpentras, 10-15 mai 1990, polysémie d'une profanation - Floriane Schneider p. 175 En mai 1990, dans le cimetière juif de Carpentras, des tombes ont été profanées, un corps exhumé et son empalement simulé. Dès son annonce publique, le 10 mai, les médias français ont proposé une lecture politique de l'événement et l'ont investi d'une forte charge symbolique. L'acte antisémite était à la fois violation des principes républicains et mise en acte du discours frontiste. Dans un pays baigné par les ressacs de la mémoire de Vichy et de la Shoah, les médias et la classe politique ont livré cette interprétation ultime : la profanation comme perpétuation du génocide nazi.In May 1990, tombs were desecrated, and a disinterred body was violated. As soon as the affair became public, the French media proposed a political interpretation of the event ; this anti-Semitic act was presented as a violation of the very principles of the republic and the reflection of the discourse of the National Front party. In a country haunted by the memory of Vichy and the Holocaust, the media and politicians depicted this profanation as tantamount to the continuation of the Nazi genocide.
- Quand la télévision argentine convoque les disparus. Modalités et enjeux de la représentation médiatique d'une expérience extrême - Claudia Feld p. 188 De 1976 à 1983, l'Argentine a été gouvernée par une dictature militaire exerçant une répression féroce à l'égard des opposants politiques. On estime que plus de 10 000 personnes, enlevées et torturées sont portées disparues. Comment, depuis 1984, la télévision argentine représente-t-elle ces disparus ? La télévision argentine participe notamment à la construction de récits visant à rendre visibles les violations des droits de l'homme. La mise en scène des émotions est un des moments clés de cette révélation par le petit écran.From 1976 to 1983, Argentina was governed by a military dictatorship that ferociously repressed all political opposition. It is reckoned that over 10 000 people were kidnapped, tortured and subsequently disappeared. Since 1984, Argentina TV has covered this issue in several ways. It helps reconstruct accounts aimed at depicting the violation of the rights of man. A highlight of this process is the way in which emotional scenes are portrayed.
- Carpentras, 10-15 mai 1990, polysémie d'une profanation - Floriane Schneider p. 175
Entretiens
- Entretiens avec Pierre-Jean Bozo : L'économie des gratuits et la crise de la presse quotidienne - Propos recueillis par Patrick Eveno et Nathalie Sonnac p. 203
- Entretien avec Jean-Clément Texier : Les fonds d'investissements dans les médias - Propos recueillis par Patrick Eveno et Nathalie Sonnac p. 210
Recherche-Actualités
Médianet
- Dossier : "L'argent des médias" - p. 255
- Sélection :" quels seront les médias du futurs ?" - p. 255
- "Les Blogs" - p. 256
- Archives en ligne - p. 256
- Le projet de bibliothèque numérique européenne - p. 256
- Paroles brutes : des reportages sur Internet - p. 257
- Presse écrite - p. 257
Le point sur...
- Histoire politique de la télévision en Grèce - Ioanna Vovou p. 259
Chronique passé-présent
- Journalisme contre McCarthysme. Good Night and Good Luck, film de George Clooney - Géraldine Muhlmann p. 271