Contenu du sommaire : Les Nations Unies d'hier à demain - 1
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 127, juillet-septembre 2006 |
Titre du numéro | Les Nations Unies d'hier à demain - 1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les Nations Unies d'hier à demain - 1
- Introduction. L'ONU d'hier à demain - Pierre du Bois p. 3
- Pour une généalogie de la Charte des Nations Unies : la tradition directoriale - Bruno Arcidiacono p. 5 Pour une généalogie de la Charte des Nations Unies : la tradition directoriale. Le texte de la Charte des Nations Unies signé à San Francisco en juin 1945 n'est pas présenté, ici, dans son contexte historique le plus immédiat, comme le produit des négociations interalliées des mois précédents, mais comme une entreprise intellectuelle relevant de la très ancienne famille des plans de paix perpétuelle, et appartenant à une des branches de cette famille : la tradition « directoriale ». Cette lignée est retracée, dans l'article, à l'aide de quelques jalons, dont le premier remonte au XVIIIe siècle et les plus significatifs au XIXe.Pour une généalogie de la Charte des Nations Unies : la tradition directoriale
The text of the Charter of the United Nations, signed in San Francisco in June 1945, is not presented here in its most immediate historical context as the output of the interallied negotiations of the previous months, but as an intellectual endeavour belonging to the very ancient family of plans for perpetual peace, and relating to one of the branches of this family: the « directorial » school of thought. This lineage is retraced in the article through several milestones, the first of which dates back to the XVIIIth century and the most significant ones to the XIXth. - La France et le règlement onusien de la première guerre israélo-arabe (mai 1948 - juillet 1949) - Frédérique Schillo p. 25 La France et le règlement onusien de la première guerre israélo-arabe (mai 1948 - juillet 1949)Face au conflit palestinien touchant à l'identité même de la Nation (fille aînée de l'Église, puissance musulmane, humaniste et résistante), la France poursuit trois objectifs : promouvoir l'internationalisation de Jérusalem, déjouer une victoire de la Ligue arabe en soutenant Israël mais également éviter une trop grande défaite arabe, et recouvrer un rôle au Levant pour s'imposer dans l'organisation de la sécurité régionale. L'ONU est pour elle un vecteur d'influence. Après plusieurs revers et des victoires en demi-teinte à l'Assemblée générale, la France signe son retour au Moyen-Orient en s'imposant dans la médiation entre Israël, la Syrie et le Liban.La France et le règlement onusien de la première guerre israélo-arabe (mai 1948 - juillet 1949)Faced with the Palestinian conflict, touching the very identity of the nation (elder sister of the Church; a Muslim, humanist and resistant power), France pursued three objectives: to promote the internationalisation of Jerusalem; to thwart a victory of the Arab League by supporting Israel, but also avoiding too great an Arab defeat; and to regain a role in the Levant in order to impose itself in the organisation of regional security. For France, the UNO was a vector of influence. Following several setbacks and half-victories at the General Assembly, France signed its return to the Middle East by asserting itself in the mediation between Israel, Syria and the Lebanon.
- Les Etats-Unis et l'ONU dans les années 1950 - André Urban p. 47 Les États-Unis et l'ONU dans les années 1950Quel est l'état d'esprit des Américains vis-à-vis des Nations Unies dans les années 1950 ? Ils sont majoritairement acquis à l'ONU, parce que l'ONU leur est acquise. Quels sont les moyens d'influence développés afin d'asseoir leur domination sur l'organisation ? Le financement, le Secrétariat, et surtout les votes dans les instances principales. Comment les États-Unis perdent-ils malgré tout en influence du fait de la montée du Tiers Monde ? Les débats sur la décolonisation et le droit au neutralisme politique ont pu y contribuer. Enfin, quel est le legs laissé à l'ONU par les années 1950 ? Les opérations de maintien de la paix ont aujourd'hui encore les mêmes caractéristiques et limites, les institutions économiques n'ont guère changé, et les hommes marqueront durablement les générations suivantes.Les États-Unis et l'ONU dans les années 1950What was the state of mind of the Americans towards the United Nations in the 1950s? They were, for the majority, in favour of the UN, because the UN complied with US interests. In which ways did the US influence the UN ? Through financing, the Secretariat, and particularly the votes in the main bodies. Why, in spite of this, did the Americans lose influence through the Third World gaining it? Debates on decolonization and political neutralism can explain this trend Finally, what is the legacy of the UN during this period? To what extent have the characteristics and limits of peacekeeping, debates on economic institutions, and the nature of the actors involved, remained the same?
- Leçons congolaises. L'ONUC (1960-1964) ou "la plus grande des opérations" : un contre-modèle ? - Pierre-Michel Durand p. 53 Leçons congolaises. L'opération des Nations Unies en 1960 constitue un exemple classique des risques d'intervenir dans un conflit civil. L'ONUC pesa longtemps, en effet, sur l'histoire de l'institution parce qu'elle fut longtemps la plus grande des opérations de maintien de la paix, mobilisant plus de 20 000 hommes. L'opération révéla d'abord que le maintien de la paix ne pouvait être impartial, et établit des précédents pour l'avenir, paralysant l'action des Nations Unies pour des années après coup. L'opération congolaise manquait en effet de tous les éléments dits nécessaires pour le succès de pareille opération – à savoir, le soutien effectif des grandes puissances, le soutien de toutes les parties au conflit localement, un mandat clair, stable, un financement adéquat, et un commandement suffisamment efficace.Leçons congolaises. The 1960 UN Operation in the Congo presents a classic example of the risks of UN intervention in a civil conflict. The UNOC looms large in UN institutional memory because, until recently, it was the largest UN peacekeeping operation ever, involving over 20 000 troops. In fact it revealed that peacekeeping cannot be divorced from politics, and set major precedents for future interventions, paralyzing UN decision-making for years afterwards. The Congo operation lacked indeed every element that history now says is necessary for a successful peacekeeping mission, namely effective support from the Great Powers, consistent support of all local parties, a clear mandate, stable and adequate funding, and sufficiently good command control.
- L'entrée de la Chine aux Nations Unies - Michel Hammer p. 71 L'entrée de la Chine aux Nations Unies. Cette étude repose essentiellement sur des documents de première main, rassemblés lors de plusieurs séjours en Chine. L'auteur analyse les variations exprimées par les dignitaires chinois dans leur perception de l'ONU de 1945 à 1971. Une constante domine cependant toutes les appréciations : il est inadmissible qu'une province chinoise (Taiwan) prétende représenter la Chine dans sa totalité, avec le consentement de la communauté internationale. Après avoir souligné l'absence de tout véritable dialogue entre Pékin et Washington et mis en relief le rôle joué par le lobby pro-Taiwan, l'exposé relève l'impact des événements survenus en Chine même et sur l'échiquier international : il en résulte que la relation sino-onusienne présente un caractère erratique et cyclothymique. Lorsque l'Assemblée générale vote en faveur de Pékin, on observe en pénétrant dans les arcanes de Zhongnanhai que cette admission s'est en quelque sorte banalisée, compte tenu de la succession de refus essuyés par Pékin. Cependant, une fois présente dans l'enceinte de Manhattan, la République populaire entend faire valoir le poids de son influence tout en portant un regard critique sur le fonctionnement et les carences de l'organisation internationale.L'entrée de la Chine aux Nations Unies
The present study is primarily based on first-hand documents collected during several stays in China. The author analyzes the variations expressed by the Chinese dignitaries in their perception of the UN from 1945 to 1971. One constant seems to dominate all other observations: it is inadmissible that a Chinese province (Taiwan) claims to represent China in its totality, with the consent of the international community. After having emphasized the absence of any real dialogue between Beijing and Washington and putting into perspective the role played by the pro-Taiwanese lobby, this paper investigates the impact of the major events that occurred in China and on the international stage. The author deduces that the relations between China and the UN can be characterized as erratic and cyclo-thymic. In the event of General Assembly votes favourable to China, it can be observed, by penetrating the secrets of Zhongnanhai, that admission was to a certain extent trivialized, even though Beijing at first had to endure a series of rebuttals. Nevertheless, once present in Manhattan's forum, the People's Republic strived to use the whole weight of its influence while casting a critical eye on the functioning and deficiencies of the international organisation. - La France et l'entrée des deux Allemagne aux Nations Unies - Georges-Henri Soutou p. 79 La France et l'entrée des deux Allemagne aux Nations Unies. L'entrée des deux Allemagne à l'ONU concernait la France directement : elle souhaitait donner satisfaction à la RFA, son partenaire le plus proche, elle souhaitait favoriser ainsi l'Ostpolitik qui lui convenait (car ; en fait, elle entérinait la division de l'Allemagne). En même temps, il ne fallait pas concéder dans cette affaire un avantage à l'URSS, ni compromettre les « droits réservés des Quatre », pilier du contrôle que la France voulait conserver sur d'éventuels développements de la question allemande, ni affaiblir le rôle de la France à l'ONU. Sur ces différents points, la solution intervenue satisfaisait Paris et consolidait sa position confortable dans la guerre froide.La France et l'entrée des deux Allemagne aux Nations Unies
The admission of the two German States in the UN was an important concern for France: Paris wished to support the FRG, its closest partner, and thus wished to further Ostpolitik (because in fact it enshrined the partition of Germany). At the same time Paris wanted to avoid conceding any advantage to the USSR, not did it wish to endanger the « reserved rights of the Four », the mainstay of the control France wanted to retain over possible developments of the German question, nor did it wish to put France's role at the UN in danger. On these different issues the solution which was adopted suited Paris and reinforced its comfortable position in the Cold War. - Le Saint-Siège, l'ONU et la défense des droits de l'homme sous le pontificat de Jean-Paul II - Yves-Henri Nouailhat p. 95 Le Saint-Siège, l'ONU et la défense des droits de l'homme sous le pontificat de Jean-Paul II. Le Saint-Siège, qui est l'autorité centrale de l'Église catholique, est représenté auprès de l'ONU par un « Observateur permanent ». Le pape Jean-Paul II a abordé lui-même à maintes reprises le thème des droits de l'homme et a souvent soutenu et encouragé les efforts des Nations Unies tendant à garantir « une pleine et juste protection des droits fondamentaux et des libertés des personnes humaines ». Durant son pontificat, les représentants du Saint-Siège ont rappelé inlassablement la nécessité de respecter les droits de l'homme dans toute leur étendue et leur intégrité. L'examen des nombreuses interventions de ses représentants à l'ONU – notamment devant la 3e Commission de l'Assemblée générale ou devant la Commission des droits de l'homme – permet de connaître l'attitude du Saint-Siège sur les principaux problèmes abordés, notamment la liberté religieuse, les droits des femmes, des enfants et des familles, le « droit au développement », la discrimination raciale ou la question des réfugiés. Les observateurs du Saint-Siège regrettent que, trop souvent, il existe une contradiction entre les principes affirmés en matière de défense des droits de l'homme et leur mise en œuvre. Le Saint-Siège observe et dénonce également ce que l'on pourrait appeler une certaine dérive dans la conception même des droits de l'homme tels qu'ils sont défendus ou interprétés à l'ONU par rapport au texte de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Cet éloignement par rapport à l'esprit des origines a été signalé notamment à propos de la question de la défense de la vie ou des droits de la femme.Le Saint-Siège, l'ONU et la défense des droits de l'homme sous le pontificat de Jean-Paul II. The Holy See, which is the central authority in the Catholic Church, is represented at the United Nations by a « Permanent Observer ». Pope John-Paul II himself approached the topic of human rights and supported and encouraged the efforts of the United Nations to guarantee « a fair and complete protection of fundamental rights and freedom for human beings ». During his pontificate, the representatives of the Holy See recalled many times the necessity to respect human rights in all their magnitude and integrity. Studying the numerous speeches of their delegates at the United Nations – in particular at the third Commission of the General Assembly or at the Commission of Human Rights – allows us to establish the position of the Holy See on main current problems such as religious freedom, the rights of women, of children and families, « the right of development », racial discrimination or the question of refugees. The observers of the Holy See regret that, too often, there is a contradiction between the principles proclaimed regarding the defence of human rights and the way they are implemented. The Holy See also points out and denounces what can be called a kind of corruption in the conception of human rights as they are maintained or interpreted at the UN in the light of the Universal Declaration of Human Rights of 1948. This distance from the spirit of the origins was particularly noticeable concerning the question of the defence of life or of the rights of women.
Notes de lecture
- Britain, America and Anti-Communist Propaganda, 1945-53, d'Andrew Defty - Bernard Ludwig p. 117
- Nietzsche et l'Europe de Paolo d'Iorio et Gilbert Merlio (dir.) - Raïssa Mézières p. 119