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Revue | La Revue de l'IRES |
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Numéro | no 61, 2009/2 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les syndicalismes référentiels dans la mondialisation : une étude comparée des dynamiques locales au Canada et en France - Christian Dufour, Adelheid Hege, Christian Levesque et Gregor Murray p. 3 Affectées par des changements nombreux, les équipes syndicales doivent elles-mêmes se transformer. Comment comprendre leurs cheminements divers dans ces péripéties ? Une comparaison entre des établissements canadiens et européens permet de fonder empiriquement et théoriquement une analyse de ces phénomènes. Les auteurs formulent le concept de « syndicalismes référentiels ». Il articule les principales dimensions à travers lesquelles se dessinent les transformations des acteurs : répertoires d'action, identités collectives, ressources, capacité représentative, capacité stratégique. En retenant les cas de deux établissements, canadien et français, l'article illustre la place respective et les interactions de ces dimensions. Leur hiérarchisation au sein de l'action collective permet de comprendre pourquoi des situations institutionnelles inégales peuvent donner lieu à des évolutions analogues. L'incertitude, les pertes de repère caractérisent une phase paradoxale où les acteurs collectifs ne peuvent échapper aux risques d'une redéfinition.Referential unions and globalisation: a comparative study of local dynamics in Canada and in France
Buffeted by multiple changes, local union leaderships are faced with a process of self-transformation. How are we to understand their different trajectories? This comparative study of workplace unions in Europe and Canada provides the empirical and theoretical basis for a better understanding of these processes. In this article, we formulate the concept of “referential unionisms”. This concept is based on five dimensions of union action: collective identities, repertoires of action, resources, representative capacity and strategic capacity. In considering the case of two particular workplaces, one in Canada and the other in France, this article explores the nature of each of these dimensions and their interactions. In so doing, it helps us to understand why different institutional contexts can give rise to relatively similar trajectories on the part of local union leaderships. In the two cases investigated, uncertainty and a loss of bearing with regard to the traditional dynamics of collective action characterize a paradoxical situation in which these workplace union leaderships must confront the need to redefine themselves. - La fusion comme processus et moyen de réforme syndicale : l'exemple de Ver.di - Marcus Kahmann p. 39 Depuis la fin des années 1980, le système syndical allemand a considérablement évolué. Promettant d'augmenter l'efficacité organisationnelle et représentative des syndicats, la fusion a été un moteur principal de ces changements. En prenant l'exemple de la fusion la plus importante, celle du syndicat des services, Ver.di, l'article analyse le processus menant à sa création et esquisse ses effets principaux, à la fois sur sa nouvelle organisation et sur son environnement. Constatant qu'il existe un fossé considérable entre les ambitions initiales du projet et la réalité d'après-fusion, il s'interrogera sur les raisons d'un tel résultat. Les problèmes de Ver.di, qui vont bien au-delà de ceux d'autres fusions, résultent en partie de deux conditions de départ particulières du projet : sa taille exceptionnelle et le nombre élevé de partenaires impliqués. Les pertes prononcées d'adhérents, la tendance au cloisonnement interne ainsi que les difficultés à s'accorder sur son programme de travail posent la question des limites sa croissance et de son hétérogénéité interne.Merger as a process and a means to reform unions: the example of Ver.di
Since the end of the 1980s, the German unions' system has evolved significantly. Promising to enhance the efficiency of union organisation and worker representation, trade union mergers have played a major role in this evolution. Based on the example of the most important merger, Ver.di (United Services Union), this article offers to analyse its creation process and to bring to light its main organisational and environmental effects. It will then question the great gap between the initial goals of the project and its postmerger reality. It argues that the problems Ver.di meets, which exceed those in other trade union mergers, arise in part from two particular characteristics inherent to the foundation of the project: first, its exceptional size, and second, the great number of partners involved. The union's important loss of members, its tendency towards internal compartmentalisation, as well as its difficulties to define its future directions, all question the limits of its growth and of its internal heterogeneity. - Entreprises multinationales et réagencement des territoires de l'action syndicale : bilan d'une expérience - Marc-Antonin Hennebert p. 75 Comme en témoignent des études récentes dans des domaines aussi variés que la géographie, le droit ou encore les relations professionnelles et internationales, nous assistons aujourd'hui à une diversification des lieux de la régulation sociale impliquant une nouvelle juxtaposition des espaces locaux, nationaux et transnationaux. Si ces différents espaces de régulation ont longtemps été considérés comme s'opposant les uns aux autres, les récents travaux sur la gouvernance multi-niveaux reflètent une réalité plus complexe qui se caractérise plutôt par des interactions diverses et un enchevêtrement de ces espaces.Reportée au monde syndical, cette réalité confronte les organisations de représentation des travailleurs à des défis importants, dont celui d'apprendre à concilier ces nouveaux agencements et d'en faire émerger les complémentarités potentielles, comme en témoigne la formation nouvelle de « réseaux syndicaux transnationaux » ou d'« alliances syndicales internationales » au sein des entreprises multinationales. Leur objectif est généralement d'assurer et de consolider les droits syndicaux dans ces différents pays, de coordonner les activités syndicales des affiliés grâce notamment aux échanges réguliers d'informations ainsi qu'à ouvrir un espace de dialogue et de négociation au plan international avec les directions de ces entreprises.Partant de ce contexte, cet article vise d'abord à offrir une analyse théorique de l'enjeu de la diversification et de l'enchevêtrement des lieux de la régulation pour l'acteur syndical, puis, à partir d'une perspective plus empirique, de mettre en exergue la pertinence des alliances syndicales internationales face à ce nouveau phénomène en relatant l'expérience particulière des syndicats d'une multinationale canadienne dans la mise en place d'une telle alliance baptisée le « Réseau UNI@Quebecor World ».Appraising multinational companies and the reshaping of the territories of unions' actions
The internationalization of systems for the production of goods and services has led to a multiplication of sites where social regulation of these activities is taking place. Whether it be recent work in geography or law or international relations, there is an emerging consensus about the increasing juxtaposition and hybridization of these local, national and transnational spaces, which has a compounding effect on the strategies and behaviours of the social actors. This is an important development because these different sites of regulation have generally been perceived to be opposed to each other. Recent works on multi-level governance point to a more complex process in which these different sites are cross-cutting and even tangled up in each other. This has very important consequences for unions where representatives must learn to make the links between these different sites and levels and seek new complementarities as the basis for renewing their action. One of the more interesting responses in this respect can be seen in the emergence of transnational networks of cooperation between unions within a multinational firm and through which unions are able to act at different levels (national, local, transnational). Their goal is usually to ensure and secure union rights in these various countries, to coordinate the activities of union's members notably thanks to their regular exchange of information, as well as to build a ground on which discussions and negotiations with the directions of these firms can be led at an international level. Based on this background, this article aims first to offer a theoretical analysis of what is at stake in the diversification and the intertwining of the sites of unions' regulation. Second, from a more empirical perspective, it aims to underline the relevance of the experiences of international unions in a Canadian multinational company during the constitution of such an alliance, named the “UNI network@QuebecorWorld” (le « Réseau UNI@ QuebecorWorld »). - Les CEE et la négociation collective transnationale : accords européens et mondiaux dans l'automobile - Isabel da Costa, Udo Rehfeldt p. 99 La négociation collective transnationale s'est développée dans la dernière décennie au sein d'un nombre croissant d'entreprises multinationales. Plus de soixante-dix accords-cadres ont été signés au niveau mondial et autant au niveau européen. Le secteur de l'automobile est à l'origine de deux innovations majeures dans le domaine de la négociation transnationale : l'évolution du rôle des CEE du droit d'information et de consultation vers la négociation d'accords de sauvegarde d'emploi et la création de comités mondiaux dans certaines firmes. Après avoir retracé l'évolution des stratégies syndicales aux niveaux mondial et européen, l'article analyse l'action des syndicats et des CEE dans cinq firmes de l'automobile et met en lumière l'importance de la coordination transnationale de l'action syndicale.Transnational Collective Bargaining and EWCs: European and Worldwide Agreements in the Automobile Sector. Transnational collective bargaining emerged in the last decade within a growing number of multinationals. More than seventy framework agreements were signed at the worldwide level and as many at the European level. The automobile sector is at the origin of two major innovations in the field of the transnational negotiations: the evolution of the role of EWCs from the right of information and consultation towards the negotiation of agreements to protect jobs and the setting up of world works councils in certain firms. After having recalled the evolution of the trade-union strategies at the international and European levels, the article analyzes the action of the trade unions and the EWCs in five auto firms and stresses the importance of the transnational coordination of trade union action.
- Le « modèle social français » (est à bout de souffle) : genèse d'une doxa – 2005-2007 - Frédéric Lebaron, Florence Gallemand, Carole Waldvogel p. 129 La cristallisation d'un discours sur le « déclin » du modèle social français en 2005-2007 exprime l'inflexion du débat public national dans le sens d'une forme d'autocritique. Le « constat » de la « crise » du modèle français réunit des commentateurs divers, qui s'opposent plus sur les causes et les conséquences de celle-ci que sur son existence, voire sur celle d'un « modèle social » facilement définissable. Cet article a pour but de reconstituer les principaux traits et la dynamique des usages socio-politiques de cette notion durant la période 2005-2007, en s'appuyant sur un corpus de textes d'opinion et sur une série d'entretiens avec plusieurs acteurs de ce débat.Dans un premier temps sont présentées les racines historiques et idéologiques du discours consistant à « mettre en crise » le « modèle social » français. Les principaux traits lexicaux et rhétorico-argumentatifs de ce discours sont ensuite analysés à partir d'un corpus strictement délimité de textes d'opinion. Enfin, la dynamique du débat ou de la controverse est restituée à partir de ces textes et d'un ensemble d'entretiens réalisés auprès de ses protagonistes.The « French social model » (is running out of breath): genesis of a doxa – 2005-2007The crystallisation of the discourse about the “decline” of the French social model in 2005-2007 reflects the inclination of the French public debate towards a sort of self-criticism. The “acknowledgement” of the “crisis” the French model is going through brings various analysts together, who rather discuss its causes and consequences than its existence, or even the existence of an easily definable “French model”. This article aims at defining the main characteristics and the dynamics of the socio-political uses of the notion over the period 2005-2007, based on a body of opinion writings, as well as on a series of interviews of several actors of this debate.We will first present the historical and ideological backgrounds of the discourse, which puts the French social model “in crisis”. We will then analyse its main lexical and rhetorico-argumentative characteristics, on the basis of a strictly delimited body of opinion writings. Last, we will reconstruct the dynamics of the debate – the controversy? – from these writings and a set of interviews of the main protagonists.
- Résumés des articles - English Abstracts