Contenu du sommaire
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
---|---|
Numéro | Vol. 17, 2, 1986 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Article
Réformes et politique économique en Hongrie : 1980-1985
- Présentation - Xavier Richet p. 5-6
- Le processus de réforme hongrois et son évolution possible en 1985-1987 - László Csaba p. 7-23 Après un court historique de la réforme économique hongroise, de ses résultats et de ses points d'achoppement depuis 1968, l'auteur dresse un tableau complet et très détaillé des réformes à venir et précise le cadre dans lequel elles doivent s'insérer. Les nouvelles étapes de la réforme privilégient les changements institutionnels et organisationnels de même que des modifications profondes du système de planification et de régulation financière, mais selon une approche graduelle. Le programme de réforme comprend deux étapes : 1984-1987 et 1988-1990, dont l'auteur nous précise la teneur dans les divers domaines considérés.The Hungarian reform process and prospects 1985-1987. After a brief historical survey of the Hungarian economic reform, its results and the obstacles it has encountered since 1968, the author offers a complete and very detailed picture of the reforms projected for the future, and describes the framework into which they must fit. The reform in its latest stages favours institutional and organizational changes, and also radical modifications in the system of planning and financial regulation, but at a more gradual pace. The reform programme is in two stages : 1984-1987, and 1988-1990, the course of which the author describes for us in the various sectors under consideration.
- Commentaire - Xavier Richet p. 23-25
- Analyse macro-économique de la structure des prix, de l'accumulation et du revenu - László Halpern p. 27-37 La contribution proposée par l'auteur a pour thème la comparaison des structures sectorielles de l'investissement (l'« accumulation ») et du profit (« revenu »), ou si l'on préfère, la différenciation sectorielle des taux d'autofinancement. Le constat, malgré les difficultés méthodologiques, est clair : les services matériels s'autofinancent approximativement, mais il y a un gigantesque transfert de fonds (portant sur 40 % environ des investissements), entre l'industrie bénéficiaire (secteur « apporteur ») et l'agriculture et les services non matériels déficitaires (secteurs « receveurs »). Cette situation, dont il recense les causes, est jugée inopportune par l'auteur qui propose pour échapper au cercle vicieux de baisser les prix de l'industrie lourde et, symétriquement, de relever ceux de l'agriculture et des services non matériels, de façon à rééquilibrer l'autofinancement dans tous les secteurs de l'économie.Macro-economic analysis of price structure, investment and income. The author takes as his theme a comparison of the sectoral structures of investment (« accumulation ») and profit (« income ») or, if prefered, the sectoral differentiation in rates of self-financing. His results are clear, despite methodological difficulties : material services finance themselves more or less, but there is an enormous transfer of funds (covering about 40 % of investment) between profitable industry (the « providing » sector), and agriculture and the insufficiently available non-material services (the « receiving » sectors). The author considers this situation an unhealthy one ; he analyses its underlying causes and suggests, as a way out of the vicious circle, a simultaneous lowering of prices in heavy industry balanced by a rise in prices in agriculture and services, so as to restore equilibrium in self-financing in all sectors of the economy.
- Commentaire - Gérard Duchêne p. 37-39
- Réforme économique et démocratie industrielle en Hongrie - Jenö Koltay p. 41-52 Le dérapage des réformes en Chine depuis la fin 1984 a entraîné leur freinage mais non leur annulation à partir de l'été 1985. L'auteur considère cette crise : 1) comme révélatrice de l'épuisement des marges de manoeuvre utilisées par le processus réformiste chinois depuis 1978 (par exemple, le fait d'avoir réformé les campagnes, où les réformes sont faciles et solides, avant d'attaquer les villes, où elles sont difficiles et fragiles) ; 2) comme la crise de croissance d'une stratégie spécifiquement modernisa- trice utilisant la fenêtre réformiste, mais dont les exigences, rappelées à travers l'exemple japonais (cadre étatique et psycho-culturel), sont loin d'être remplies par la Chine même réformée de Deng Xiaoping. Aux limites d'ordre économique (épuisement de l'effet NEP dans les campagnes, dérapages urbains) et organisationnel (développement de la corruption, « pourrissement » du Parti et atonie de l'État) s'ajoute le carcan du système communiste, qui ne peut tolérer la reconstitution d'élites économiques autonomes. L'auteur montre néanmoins que ce même cadre peut tolérer d'une manière durable la « détotalisation » que sanctionnent les réformes. Le VIIe quinquennat (1986-90) s'ouvre donc sur la fin des illusions, (notamment l'illusion que la Chine s'orientait vers une mutation capitaliste), mais cette fin n'est pas nécessairement celle des réformes.Economie reforms in China : the growth pains of modernization. The fact that central authorities in China failed to master the economic reform process since the end of 1984 led them to reassert central controls since the summer of 1985, but not to give up the reformist orientation started in 1978. It is argued that this crisis : 1) shows the shrinking of the margins used by the reform process since 1978 (for instance, the fact that reforms were implemented in rural areas, where they are relatively easy and safe, before reaching urban areas, where they are difficult and vulnerable ; 2) is the crisis of a specific modernization strategy which took advantage of the reforms, but whose requirements (recalled through the Japanese example : a strong State and socio-cultural basis) are far from being met by Deng Xiaoping's China. Economic and social limits (diminishing returns of the rural NEP, inflation of prices and imports, etc.), and negative organisation side-effects (the spreading of corruption and local solidarity at the expense of Party unity and identity), are compounded by intrinsic limitations in the communist system (for instance, the fact that the development of autonomous economic elites cannot be tolerated to the level where they would become a positive factor for state renovation and economic modernization). It is argued nonetheless that the same system can absorb a more modest amount of reforms. Thus, the era of the end of illusions has started (notably the illusion that China was sailing a capitalist course), but this return to a more sober approach does not necessarily mean the end of the reforms.
- Commentaire - Dominique Redor p. 52-53
- Ouverture, coopération et monétarisation du commerce extérieur suivi d'un commentaire - István Salgó p. 55-64 Malgré les progrès considérables accomplis depuis 1968 dans le domaine de la structure et de la politique des prix comme dans celui du taux de change, le fonctionnement du système économique hongrois n'a pas pu être relié organiquement aux flux internationaux des relations économiques. Comme le souligne l'auteur, la responsabilité majeure en incombe à un cadre institutionnel non remis en cause par les mesures réformistes. Ce cadre est suffisamment rigide pour que la tendance des entreprises à l'inertie y trouve un refuge. Sous l'égide de l'administration, les manœuvres ne manqueront pas de la part des entreprises pour contourner les effets contraignants des nouveaux régulateurs. Sous l'impact des tensions économiques transmises de l'extérieur et du conflit interne latent, le système d'organisation du commerce extérieur devient lui-même contraignant, voire restrictif. Des aménagements nouveaux s'imposent, que l'auteur nous détaille, pour que la libéralisation des activités commerciales implique l'utilisation de nouveaux modes de financement.The opening of foreign trade, and questions of competition and monetarization. Despite the considerable progress made since 1968 in the area of price policy and structure, as also that of exchange rates, it has not been possible to integrate the functionning of the Hungarian economic system within the flows of international trade and payments. As the authors stresses, the main responsibility lies in an institutional structure which has remained untouched by the reform measures. This structure is sufficiently rigid to provide shelter for enterprises with a tendency to inertia. Under the protection of the administration, enterprises may employ a variety of evasive tactics to circumvent the constraints laid upon them by new regulatory forces. Under the impact of external economic pressures and latent internal tensions, the organizational system of foreign trade becomes itself a constraint, even restrictive in its effect. New measures are necessary, if the liberalization of trade is to be coupled with the application of new modes of financing, and these the author sets out in detail.
- Commentaire: Libéralisme ou protectionnisme à la hongroise ? - Agota Gueullette p. 65-69
- Politiques de stabilisation et croissance économique - Károly Attila Sóos p. 71-80 L'auteur établit un diagnostic lucide des raisons des difficultés que traverse depuis le début des années quatre-vingts la Hongrie. Contrairement à ce qui se fait le plus souvent, il n'omet pas en effet de signaler que la sphère des relations économiques avec les pays occidentaux n'est pas la source unique de ces difficultés. Certes le ralentissement de la demande à l'Ouest, la montée des taux d'intérêt et la nécessité de limiter l'endettement sont une des causes de la crise. Mais c'est avec raison que K.A. Sôos souligne le rôle important des évolutions enregistrées dans la sphère des relations entre pays socialistes d'une part ainsi que celui des décisions de politique interne d'autre part. Tout au plus peut-on discuter de la pondération qui doit être donnée à chacun de ces facteurs dans l'explication générale.Policies for stabilisation and economic growth. The author provides a lucid analysis of the causes underlying the difficulties which have beset Hungary since the beginning of the 1980's. His approach, unlike the more usual one, is in fact to emphasise that difficulties in the sphere of economic relations with the West are not solely to blame. Assuredly, the slackening of demand in the West, the rise in interest rates, and the need to limit indebtedness, are among the causes of the crisis. But K.A. Sôos is right to stress, in addition, the important part played by developments in relations among the socialist countries, on the one hand, and by internal policy decisions on the other. At most, one might question the relative weight to be assigned to each of these factors.
- Commentaire - Gérard Wild p. 80-81
- En guise de conclusion : à la recherche de parallélismes - Erik Izraelewicz p. 83-87
- Réformes économiques en Chine : crise de croissance ou blocage de la modernisation ? - Yves Chevrier p. 89-105
- Développement du droit et modernisation en Chine populaire - Jean-Pierre Cabestan p. 107-120 Depuis 1979, le développement économique est l'objectif prioritaire de la direction du PC chinois. Parallèlement, la nouvelle équipe au pouvoir a rétabli les institutions judiciaires et de contrôle, a favorisé le développement des professions et de la formation juridiques et a promulgué une importante législation notamment en matière économique. En dépit des importants progrès enregistrés dans l'application des règles juridiques, l'inachèvement du système légal, la justice d'« hommes supérieurs » dont bénéficient les fonctionnaires communistes et l'existence d'une opposition non négligeable au sein du PC à l'évolution actuelle rendent le processus en cours à la fois inégal et fragile. C'est pourquoi, le sous-développement de l'économie, la tradition juridique chinoise et surtout la nature du régime politique limiteront durablement l'instauration d'un État de droit en Chine populaire.Development of the law and modernization in People's China. Since 1979, economic development has been the top priority of the leadership of the Chinese Communist Party. Alongside this aim, the new administration have restored legal and supervisory institutions, have given priority to the development of legal professions and legal training, and have introduced a significant amount of legislation, particularly in the economic domain. Although a lot of progress has been made in applying legal norms, the incompleteness of the legal system, the privileged status before the law enjoyed, as « superior persons », by communist functionaries, and the existence, within the Communist party, of a considerable body of opposition to present developments, all combine to render the attempts at reform both partial and insecure. For these reasons, the under-development of the economy, the Chinese legal tradition and, above all, the nature of the political régime will inhibit the establishment of a State of law in People's China in the foreseeable future.
- La crédibilité des statistiques officielles du Produit National Net en Union Soviétique : 1971-1983 - Henri Dunajewski p. 121-145 L'objectif de l'article est double : analyser la correspondance logique entre les principales notions de comptabilités nationales soviétique et américaine et identifier pour l'Union soviétique les « Flux invisibles » afférant à la période 1971-1983. Afin de pouvoir le réaliser, l'auteur s'est vu contraint de procéder à un large inventaire des observations et des résultats chiffrés, publiés dans une série des annuaires statistiques de l'U.R.S.S. A cette occasion il a mis en lumière de nombreuses modifications et correctifs (voir les tableaux présentés en annexe), introduits furtivement par l'Office des statistiques soviétique. La plupart d'entre eux sont modérés et résultent sans doute des erreurs et imperfections quotidiennes. Cela ne peut en aucun cas concerner les années 1973 (guerre de Kippour) et 1981 (loi martiale en Pologne). Derrière les correctifs officiels apportés à ces deux années, l'auteur décèle quelques traces statistiques de mini mobilisations militaires. Il essaie également de démontrer que les « Flux invisibles », qu'il évalue pour I'U.R.S.S. à 16,3 % de son PNB (1983), sont strictement liés aux frais dits « impériaux » internes et externes de cette grande puissance. Sur le plan purement comptable, ces flux paraissent correspondre à la notion américaine de « Invisibles purchases of the Government ».The credibility of the official Net National Product statistics in the Soviet Union : 1971-1983. This article has a dual purpose : 1) to examine the logical relationship between basic principles of national accounting in the Soviet Union and the USA, and 2) in the case of the USSR, to identify the « Invisible Purchases » relating to the period 1971-1983. In order to carry out this task, the author has had to make a comprehensive list of the facts and figures appearing in a series of Soviet statistical handbooks. In so doing, he has uncovered a number of changes and corrections (see the tables contained in the Appendix) surreptitiously inserted by the Soviet Statistical Office. Most of these are inocuous and probably the result of routine errors and imperfections. However, this can in no way be the case with year 1973 (The Yom Kippur war) and 1981 (martial law in Poland). Behind the official corrections relating to these two years, the author discerns some statistical evidence for small-scale military mobilisation. He also endeavours to show that the « Invisible Purchases », which he estimates for the USSR at 16,3 % of GNP (1983) relate strictly to the so-called internal and external « imperial » expenditures of this great power. From a purely accounting point of view, these payments would seem to correspond to the American idea of « Invisible purchases of the Government ».
Revue des livres
- Morris Bornstein, Le transfert de technologie occidentale à l'U.R.S.S - Patrick Gutman p. 149-152
- Anne de Tinguy, USA-URSS La détente - Georges Mond p. 153-155
- Françoise Lemoine, L'économie chinoise - Gianni Salvini p. 156-157
- Résumés des articles - p. 159-165