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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 19, 1, 1988 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le logement à l'Est et à l'Ouest (quelques aspects)
- La répartition des logements en U.R.S.S.et les facteurs qui l'influencent - Michael Alexeev p. 5-36 L'auteur analyse les principaux facteurs qui influencent la consommation de logements des ménages soviétiques résidant dans les régions urbaines. Se servant aussi bien des chiffres soviétiques officiels que des données tirées de l'enquête Berkeley-Duke sur les budgets des ménages, il montre que le revenu total, toutes sources confondues, est une variable indépendante qui détermine fortement la consommation de logement d'un ménage. Cette conclusion, qui vaut pour les trois types majeurs de propriété du logement en Union soviétique, y compris la propriété étatique, implique que le rationnement autoritaire des locaux d'habitation peut se voir circonscrit par les forces du marché agissant généralement dans le cadre de la seconde économie. Les deux autres facteurs importants, qui entrent enjeu dans la consommation de logement, sont le statut social (officiel) et la taille du ménage. Des coefficients de régression à variables multiples ont été calculés pour les parcs de logements étatique, coopératif et privé.Factors influencing distribution of housing in the USSR The paper analyzes the main factors which influence consumption of residential housing by Soviet urban households. Using both the published Soviet data and the results of the Berkeley-Duke family budget survey the paper shows that income from all sources is an important independent determinant of a household's housing consumption. This conclusion, which holds for all major types of housing in the USSR including state-owned, suggests that administrative rationing of housing can be obviated by market forces usually acting through the second economy. Other important factors determining housing consumption are the (official) social status of a household and its size. Multivariate regression coefficients are estimated for state-owned, cooperative, and private housing consumption.
- Le logement en Hongrie : de l'après-guerre aux années quatre-vingt - Ivan Major p. 37-50 Si l'on compare la situation récente du logement à celle de l'après-guerre, les progrès ont été spectaculaires tant sur le plan quantitatif que qualitatif (multiplication des éléments de confort). Mais le problème du logement reste néanmoins l'une des principales préoccupations aussi bien de la population que des autorités centrales. L'auteur commence par esquisser l'évolution de la situation du logement au cours des dernières décennies et détermine les tournants décisifs de l'histoire économique qui sont à l'origine des changements survenus. Ensuite, il tente de décrire les caractéristiques essentielles du fonctionnement du marché du logement en Hongrie dont il présente les acteurs et les motivations qui les animent. Il espère parvenir ainsi à mieux faire comprendre les causes qui mènent à la reproduction permanente des tensions sur le marché du logement.Housing in Hungary : the situation during the 1980's In a comparison of the recent housing situation with that of the postwar period, it is evident that there has been spectacular progress, not only in quantitative but also in qualitative terms (marked increase in amenity factors). Nevertheless, the housing problem still represents one of the major preoccupations of both the population and the central authorities. The author begins with an outline of the development of the housing situation over the past decades, and indentifies the decisive turning-points in the country's economic history which underlie the changes that have taken place. He then attempts a description of the essential features of the housing-market in Hungary, the way it operates, the people involved and their motivation. By so doing, he hopes to convey a better understanding of the factors which engender permanent tensions on the housing market.
- Le secteur du logement en France et en Pologne - Maria Lissowska, Michel Mouillart p. 51-69 La comparaison que s'efforce de présenter cet article se fonde sur une mise en perspective directe des secteurs du logement en France et en Pologne. Elle souligne les différences et les similitudes entre les situations observées pour chacun des secteurs : il y a crise en France et en Pologne, mais il s'agit d'une crise d'ampleur et de nature différente, à l'image des systèmes économiques des deux pays. L'analyse comparative de la situation du parc de logements (structure par âge, niveau d'équipement et de confort...) et de l'évolution de la construction depuis une dizaine d'années a permis de mettre en évidence le poids du rôle de l'État dans le secteur du logement. Les perspectives d'évolution du secteur, aussi bien en France qu'en Pologne, montrent l'importance des conditions du financement de la construction : même si les instruments de financement diffèrent entre les deux pays, c'est bien leur évolution qui déterminera, dans les prochaines années, le niveau de la construction. L'article est complété par une annexe illustrant les différences du financement du logement en France et en Pologne à partir de l'exemple d'un jeune ménage accédant à la propriété.The housing sector in France and Poland The comparison this article is trying to present is built upon a direct parallel between the housing sectors in France and in Poland. The differences and similarities between the situations encountered in both countries are underlined : the crisis exists in France and in Poland, but this is a different crisis by its deepness and its nature, according to the particularities of the economic system in each of the two countries. The comparative analysis of the housing situation (age structure, amenity factors and equipment...) and of the evolution of building for the last decade gave an opportunity to show the role of the State in the housing sector. The perspectives of the evolution of the sector, both in France and in Poland, display the importance of the financial conditions for the development of the sector. Even if the financial instruments are different in each of the two countries, their evolution will undoubtedly determine the level of the construction in the forthcoming years. The article is completed by an annex displaying the differences of the financing, in France and in Poland, based on an example of a young household buying its own appartment.
- Le financement du logement social en France - Caroline Isart p. 71-99 Dans l'historique du financement du logement social depuis 1945, quatre périodes se distinguent : - 1945-1965, qui voit des interventions massives de l'État ; - 1965-1975, est caractérisée par un désengagement de l'État et par la relève du secteur privé ; - en 1977, une loi portant modification des aides personnelles est votée ; - en 1985, les procédures ont été modifiées et allégées pour pallier les défauts issus des rigidités constatées lors de la période précédante. L'avenir du logement social dépend de la collecte du livret A et en 1988, les financements du secteur aidé seront rendus fongibles. Mais une banalisation totale conduirait à une hausse du coût des ressources peu compatible avec les besoins du logement social. Entre 1945 et 1965, l'État met en place un outil de production, en créant un secteur public (HLM) et aide le secteur privé en accordant primes et bonifications d'intérêt grâce au Crédit foncier de France. Entre 1965 et 1975, le secteur aidé est débudgétisé avec la création de la Caisse de prêts aux HLM ; le financement monétaire stricto sensu est supprimé. En 1975, le bilan établi par le rapport BARRE est négatif sur le plan social. C'est pourquoi en 1977 est créée l'aide personnalisée au logement, ainsi qu'un compromis entre les aides à la pierre (PLA, PAP, PC) et cette dernière. Mais la cohabitation de différentes aides personnelles induit des effets pervers coûteux pour les finances publiques, alors que le nombre d'allocataires est limité. Cette réforme n'a pas enrayé la chute de la construction neuve. En 1986, la Caisse des dépôts et consignations devient prêteur direct du logement social (PLA) ; le système de garantie est modifié et une analyse du risque est mise en place. Une diversification du financement est recherchée : notamment par un recours accru au marché obligataire.The funding of public-sector housing in France The history of the financing of public-sector housing since 1945 falls into four periods: - 1945-1965, characterized by massive State intervention ; - 1965-1975, which featured the whithdrawal of State commitment and a growing emphasis on the private sector ; - 1977, which saw the passing of a law embodying changes in personnal assistance ; - 1985, which saw changes and some relaxation in procedures, intended to mitigate defects arising from rigidities in the system which had developed in the preceding period. The future of the public-sector housing depends upon collection of booklet A, and in 1988 the funds for public-sector housing will be treated as moveable assets. But a total « publicization » could lead to a rise in the cost of resources, which is scarcely compatible with the needs of the public-sector housing programme. Between 1945 and 1965, the State introduced an instrument of production by creating a public sector (HLM) and assisted the private sector by granting bonuses and interest rebates through the French Land Bank (Crédit foncier de France). Between 1965 and 1975, the assisted sector was removed from the budget with the creation of the Loan Bank for the HLM ; monetary funding in the strict sense was discontinued. In 1975, the Barre report produced a negative assessment on the social aspect. This is why, in 1977, a system of personnal assistance for housing was introduced, as well as a compromise arrangement between the various forms of assistance on building (PLA, PAP, PC) and the latter. But the co-existence of different forms of personnal assistance has costly adverse effects which are a drain on public funds, while the number of persons qualifying is limited. This reform did nothing to check the downward trend in new building. In 1986, the Caisse des dépôts et consignations became a direct lender for public-sector housing (PLA) ; the guarantee system was changed and a risk analysis was undertaken. A greater diversification in funding is being sought, particularly by increased recourse to the debenture market.
- Les mécanismes incitatifs dans une économie centralement planifiée - Michel Mougeot p. 101-129 Dans une économie à planification centralisée, la décentralisation de l'information constitue un obstacle à la réalisation d'une allocation optimale. Les entreprises périphériques ont en effet intérêt à sous-estimer leur capacité de production dans les messages transmis au bureau central de façon à se voir assigner des objectifs réalisables avec un effort faible. Cet article étudie les mécanismes qui permettent au bureau central d'inciter les entreprises à annoncer la vérité et à réaliser le plan sélectionné avec l'effort maximal. Les différentes procédures de bonus/pénalité (Fan, Bonin, Ellman, Weitzman) sont analysées et comparées dans le cas d'une relation bilatérale Centre-entreprise. Lorsque des équipements sont à répartir entre n entreprises, on montre que le mécanisme optimal appartient à la classe des mécanismes de Groves. Dans les deux hypothèses, le double problème du choix de l'objectif et de la réalisation de cet objectif sont étudiés à la lumière des résultats récents de la théorie des incitations. Il apparaît ainsi que si certains mécanismes de prime utilisés en U.R.S.S. à partir de la fin des années 60 sont de nature à régler le problème de la manipulation de l'information lorsqu'une entreprise est en cause, les mécanismes optimaux concernant la répartition de dotations entre n figures périphériques sont fort éloignés des pratiques réelles.The mechanisms of stimulation in a centrally-planned economy In a centrally-planned economy, the decentralization of information is an obstacle to achieving optimal allocation of resources. Indeed enterprises on the periphery have an interest in underestimating their production capacity, in relaying information to the Centre, so as to be assigned low targets, which can be fulfilled with little effort. This article is a study of the mechanisms which the central authorities employ in order to encourage enterprises to tell the truth, and to carry out their given plan with the maximum effort. The various bonus/penalty procedures (Fan, Bonin, Ellman, Weitzman) are analysed and compared in the context of a bilateral Centre-enterprise relationship. When machinery and equipment are to be allocated among n enterprises, it is shown that the optimal procedure belongs to the Groves category of mechanisms. In the two hypotheses, the dual problem of choice of objective, and fulfilment of the objective, is studied in the light of recent results in incentive theory. Thus, it appears that while certain bonus mechanisms, in use in the USSR since the end of the 1960's, are such as to solve the problem of the manipulation of information where an enterprise is concerned, the optimal mechanisms for resource allocation among n peripheral figures are very far removed from actual practice.
- L'économie politique des réformes chinoises - Bernard Chavance p. 131-146 Toute réforme d'une économie socialiste, surtout globale ou radicale, doit être conçue comme un processus de changement systémique se déroulant sur une assez longue période, et comme un processus de changement social où se joue une redistribution générale des places et des pouvoirs dans l'économie et la société. Ce dernier aspect relève d'une économie politique des réformes. L'expérience chinoise des années 1980 est abordée de ce point de vue, à travers quatre domaines révélateurs : 1) le changement du rôle des cadres ruraux avec la décollectivisation, et l'évolution du clientélisme dans les campagnes ; 2) les effets imprévus de la réforme salariale, liés à la structure des intérêts dans l'entreprise industrielle ; 3) le renforcement du pouvoir des autorités locales dans la gestion de l'industrie ; 4) les conflits entre grandes administrations économiques, et entre régions. Les réformes produisent un effet révélateur sur la complexité des réalités systémiques et sociales de la Chine, qui invite à dépasser le caractère réducteur des visions trop exclusivement « verticales » de la société, et à recourir à des modèles pluridimensionnels d'interprétation.The political economy of Chinese reforms The reform of a socialist economy, especially if it is comprehensive or radical, should be understood as a long process of systemic change, as well as a process of social change with a potential redistribution of most places and powers in the economy and the society. The latter dimension is that of a political economy of reforms. The Chinese experience in the 1980s is analysed in this respect, through four revealing examples : 1) the change which occured in rural cadres'role, through décollectivisation, and the evolution of clientelism in the countryside ; 2) the unexpected outcome of wages're- form, depending on the structure of interests within the industrial enterprise ; 3) the increased power of local authorities in the management of industry ; 4) the conflicts between large economic bureaucracies, and between regions. Reforms have a revealing effect on the genuine complexity of systemic and social realities in China, which is an invitation to overcome the one-sided « vertical » vision of the society, and to rely more on pluridimensional models of interpretation.
- La répartition des logements en U.R.S.S.et les facteurs qui l'influencent - Michael Alexeev p. 5-36
Revue des livres
- Cari H. McMillan, Multinationals from the Second World - Growth of Foreign Investment by Soviet and East European State Enterprises - Patrick Gutman p. 149-156
- Bernard Chavance (sous la direction de), Régulation, cycles et crises dans les économies socialistes - Dominique Redor p. 157-158
- Jens Hacker, Der Ostblock. Entstehung, Entwicklung und Struktur 1939-1980 - Francis Kessler p. 159
- Nguyen Duc Nhuan (textes rassemblés par), Le Vietnam postrévolutionnaire. Population. Économie. Société. 1975 1985 - Georges Boudarel p. 160-162
- Resumes des articles - p. 163-169