Contenu du sommaire : Quand le document fait société
Revue | Communication & Langages |
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Numéro | no 199, mars 2019 |
Titre du numéro | Quand le document fait société |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Dominique Cotte - Emmanuël Souchier, Gustavo Gomez-Mejia p. 3-4
Patrimoine scientifique
- De quelques impensés de la patrimonialisation des sciences à travers les attributions de noms de chercheurs - Robert Boure p. 5-20 Mettre en patrimoine des figures de chercheurs à travers l'attribution de leurs noms à des « lieux » (institutions, bâtiments, locaux), c'est tenter de les faire échapper à l'usure du temps et de les faire circuler dans le temps. Or toute circulation est un déplacement qui entraîne des transformations, notamment dans les représentations de ces dernières. À moyen et à long terme, les traces (plaques mémorielles, stèles…) non réactivées peuvent s'effacer, disparaître ou plus simplement ne plus faire sens pour les publics qui fréquentent ces lieux. D'autant que les figures des chercheurs peuvent être instrumentalisées, notamment au service de la signalétique et/ou de la communication institutionnelle.To put in heritage figures of researchers through the attribution of their names to “places” (institutions, buildings, premises) is to try to make them escape the wear and tear of time and to make them circulate in time. However, any circulation is a movement that leads to transformations, especially in the representations of the latter. In the medium and long term, traces (memory plaques, stelae…) that have not been reactivated may disappear, disappear or simply no longer make sense to the audiences that frequent these places. Especially since the figures of researchers can be used as tools, particularly for signage and/or institutional communication.
- De quelques impensés de la patrimonialisation des sciences à travers les attributions de noms de chercheurs - Robert Boure p. 5-20
Quand le document fait société
- Quand le document fait société - Anne Cordier p. 21-35
- Le design de l'information : textualisation, documentarisation, auctorialisation - Manuel Zacklad p. 37-64 Dans cet article consacré au design de l'information, l'auteur propose une définition de l'information ancrée dans une vision anthropologique de la communication et présente l'approche ternaire de l'information de M. Buckland qui est en phase avec sa typologie. Dans un deuxième temps, un retour sur la notion de dispositif permet d'introduire les dispositifs d'information et de communication et d'en donner quelques exemples. Cette articulation permet, dans une troisième partie, d'aborder le design de l'information consignée dans toute sa richesse et sa complexité, combinant les problématiques de la textualisation, de l'auctorialisation et de la documentarisation.In this article on information design, we will begin by recalling our definition of information anchored in an anthropological vision of communication, and then present Buckland's ternary approach to information that is in tune with our typology. In a second step, we will return to the notion of device (dispositif) to introduce the information and communication devices of which we will give examples. This will allow us, in a third part, to present the design of recorded information in all its richness and complexity, combining the issues of textualization, authorialization and documentarization.
- Ontologie(s) et matérialité(s) de la musique : de quoi l'œuvre est‑elle le nom ? - Marie Després-Lonnet, Béatrice Micheau p. 65-89 Le projet DOREMUS, sur lequel se basent les réflexions présentées dans cet article, ambitionne de modéliser, convertir et publier les données issues des catalogues musicaux de trois grandes institutions françaises, afin qu'elles puissent être partagées au‑delà des sphères professionnelles auxquelles elles étaient destinées jusqu'ici. La modélisation repose sur une ontologie documentaire qui associe au sein d'un réseau sémantique divers éléments et moments de nos pratiques musicales. Ce projet de formalisation nous a amenés à aborder des questions plus générales sur notre rapport documenté au monde, et plus précisément sur l'articulation entre les moments où les choses nous arrivent, ceux où nous nous en emparons conceptuellement, ceux où nous les envisageons matériellement en lien avec nos pratiques, et ceux enfin où, dans des dispositifs documentaires, nous les désignons, les décrivons et les mettons en réseau. En somme, comment mettons-nous nos pratiques et les choses qui les rendent ou qu'elles rendent possibles, en documents ?The DOREMUS project, on which this paper is based, aims at modelling, converting and publishing data from the musical archives of three major French institutions, so as to share them beyond the professional spheres to which they were first dedicated. The model relies on a documentary ontology that associates descriptions of various musical moments and musical elements within a semantic network. This formalization project leads us to address wider issues regarding our documented relationship to the world, that is the articulations between the moments where things append, those when we materially seize them in connection with our practices et finally those when we name, describe and link them within documentary devices. In short, how do we put our practices and the things that make them or that they make possible, into documents?
- L'agir documentaire, une politique du détail. À partir du cas de #SoyonsHumains - Julia Bonaccorsi p. 91-113 Le document est‑il une pratique politique et à quelles conditions peut‑il servir une critique sociale ? Cet article croise deux entrées sur le projet documentaire, comme processus et comme poétique. L'exploration sémio-discursive de la campagne de documentation photographique des « mobiliers urbains anti-SDF » initiée en décembre 2017 par la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs Solidarité à partir du hashtag #SoyonsHumains permet de nourrir empiriquement la réflexion et de rendre compte du sens social du document dans la mise en discours et en visibilité de la « cause de l'autre ».Is the document a political act and under what conditions can it serve a social criticism? Two entries on the documentary project, as process and as poetic. With a semiotic analysis, we observe the photographical campaign realized about “anti-homeless urban devices” and initiated in December 2017 by the Abbé Pierre and Emmaus Solidarité Foundation from the hashtag #SoyonsHumains. This case study offers an empirical contribution to the knowledge of documentary processes and their social uses.
- Le document dans une pragmatique sociale de l'information - Anne Lehmans, Vincent Liquète p. 115-129 En quoi l'analyse des pratiques sociales et professionnelles d'information peut‑elle enrichir les définitions du document telles qu'elles sont posées par les sciences de l'information et de la communication et renouveler leur approche ? À partir de plusieurs contextes d'observation dans le cadre de projets de recherche, la classe, des espaces professionnels, l'atelier, on constate que les attentes sociales et l'activité font du document un espace co-construit, structurant l'organisation de l'information et sa gestion. Le document, en tant qu'espace dialogique, devient alors un moyen de formalisation des activités en jeu au regard des positionnements, des représentations et des finalités projetées. Sur la base de ces recherches, il est permis d'envisager un complément aux définitions actuelles du document, qui ne se focalise pas seulement sur son contenu mais sur les modalités de son élaboration et sur son rôle dans la construction des apprentissages.Could the analysis of social and professional information practices enrich the definitions of the document in information and communication sciences? Is it possible to suggest that this analysis may constitute a legitimate point of view on the document? Looking at several research fields, corporate projects, school, workshops, we assume that social expectations and activity make the document a co-constructed space. The document, as a dialogical space, then becomes a means of formalizing the activities with regard to positions, representations and projected goals. On the basis of this research, we can consider a complement to the current definitions of the document, which focuses not only on its content but on the modalities of its development and its role in cognitive construction.
- Du bureau au chantier : communiquer (par) le document ou quand le document soutient la socialisation professionnelle - Angèle Stalder p. 131-146 Le document technique est une énonciation éditoriale du fait technique stabilisée depuis les premiers traités d'architecture. Sa mobilisation sur le chantier par les professionnels génère des pratiques informationnelles qui s'approchent ou s'éloignent des règles de l'art. Ces écarts rendent visible une appropriation collective du document propre au chantier et témoignent d'une pratique sociale du document ou littéracie. Constituant une mémoire organisationnelle, elle contribue à un processus de socialisation professionnelle des acteurs. Avec le BIM, Building Information Modeling ou Modélisation des Données du Bâtiment, nouveau régime de production et d'accès au document, ce processus de socialisation semble remis en question du fait de l'historicité desdites pratiques liées à une énonciation éditoriale héritée d'un ancien régime du document technique, naturalisée par les acteurs.The technical document is an editorial enunciation of the technical fact stabilized since the first architectural treatises. Its mobilization on the construction site by the professionals generates informational practices which approach or move away from the standards. These gaps make visible a collective appropriation of the document specific to the building site and testify of a social practice which one qualifies as literacy. Constituting an organizational memory, it contributes to a process of professional socialization of the actors. With the BIM, Building Information Modeling, a new regime of production and access to the document, this process of socialization seems questioned because of the historicity of these practices linked to an editorial enunciation inherited from an old regime of the technical document, naturalized by the actors.
Sémiologie de l'image
- Vieillir, cette affreuse chose. Les autoportraits de Roman Opalka et Maria Lassnig - Anne Beyaert-Geslin p. 147-161 Comme l'a indiqué naguère Locke, les signes et les images nous sont indispensables pour mémoriser et partager les expériences. En mettant en discours ce qui resterait sans eux, insaisissables, ils accomplissent la part positive d'une médiation. C'est ainsi qu'ils saisissent le temps au passage et le mettent en discours. L'article compare les autoportraits photographiques de Roman Opalka et les autoportraits peints par Maria Lassnig avec une méthodologie sémiotique pour comprendre comment, en faisant signifier des traces, ils relèvent à la fois le défi de la représentation du vieillissement et le partage de son expérience. Ceci permet de préciser les contributions du médium à cet « effet de temps » et de définir deux formes de vie contraires.As Locke once said, signs and images are essential for memorizing and sharing experiences. By putting into words what could without them, not be understood, they accomplish the positive part of a mediation. This is how they grasp time and put it into speech. The article compares the photographic self-portraits of Roman Opalka and the self-portraits painted by Maria Lassnig with a semiotic methodology to understand how, by making traces significant, they meet both the challenge of representing aging and sharing this experience of aging. This makes it possible to specify the contributions of the medium to this «effect of time» and to define two opposite forms of life.
- Vieillir, cette affreuse chose. Les autoportraits de Roman Opalka et Maria Lassnig - Anne Beyaert-Geslin p. 147-161
- Lectures - p. 163-170