Contenu du sommaire : Numéro spécial en hommage à Philippe Mongin

Revue Revue économique Mir@bel
Numéro vol. 73, no 6, novembre 2022
Titre du numéro Numéro spécial en hommage à Philippe Mongin
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Jean Baccelli, Antoine Billot, Mikaël Cozic, Brian Hill, Marcus Pivato p. 881-885 accès libre
  • Philippe Mongin, un épistémologue exigeant de la théorie économique - Bernard Walliser p. 887-896 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les nombreux articles épistémologiques de Philippe Mongin sont commentés en les regroupant en trois grands thèmes. Ils sont respectivement consacrés à la transposition en économie de concepts fondamentaux de l'épistémologie générale, aux études consacrées au problème central de la rationalité économique des agents et aux difficultés concrètes rencontrées par telle ou telle théorie au regard des principes économiques. La conclusion porte sur l'exemplarité pour les jeunes générations des articles de l'auteur, qui conjuguent avec maîtrise les considérations historiques, philosophiques et techniques.
    The numerous epistemological articles written by Philippe Mongin are discussed while grouping them into three main domains. They are respectively devoted to the transfer to economics of fundamental concepts of general epistemology, to studies focused on the central problem of agents' economic rationality and to the difficulties faced by such and such theory with regard to epistemological principles. The conclusion stresses the exemplarity for young generations of the author's articles which master simultaneously historical, philosophical and technical considerations.Classification JEL: B4.
  • Economic Theory: Economics, Methods and Methodology - Itzhak Gilboa, Andrew Postlewaite, Larry Samuelson, David Schmeidler p. 897-919 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La théorie économique comprend trois types d'approche. L'une examine les phénomènes économiques, l'autre développe des outils d'analyse, et la derniére étudie l'effort scientifique en économie en général et en théorie économique en particulier. Nous appelons la première approche « l'économie », la seconde, « le développement de méthodes économiques » et la troisième, « la méthodologie de l'économie ». Le même résultat mathématique peut souvent étre interprété comme contribuant à plusieurs de ces trois catégories. Nous discutons et clarifions les distinctions entre ces différentes catégories, et soutenons qu'établir des distinctions plus nettes peut s'avérer utile pour la recherche économique. JEL Codes: A12, A14, B41.
    Economic theory comprises three types of inquiry. One examines economic phenomena, one develops analytical tools, and one studies the scientific endeavor in economics in general and in economic theory in particular. We refer to the first as economics, the second as the development of economic methods, and the third as the methodology of economics. The same mathematical result can often be interpreted as contributing to more than one of these categories. We discuss and clarify the distinctions between these categories, and argue that drawing the distinctions more sharply can be useful for economic research.
  • Sur une importante conjecture historique de Philippe Mongin : Réexamen de l'apport de Maurice Allais à la théorie de la décision face au risque - Bertrand Munier p. 921-941 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En revisitant les sources de la théorie moderne du risque, Philippe Mongin [2019] a choisi de réexaminer les premiers écrits d'Allais à la lumière des débats du colloque international de Paris de 1952, « Fondements et applications de la théorie du risque en économétrie » (répertorié « Économétrie »). Il a conjecturé que l'ambition d'Allais était d'établir, non pas seulement un contre-exemple à la théorie de l'utilité espérée, mais bel et bien une théorie normative de la décision face au risque, appuyée sur un concept de rationalité en rupture avec celui de la théorie habituelle. L'article revisite la conjecture et les cheminements de la pensée d'Allais et argumente qu'en effet, plusieurs autres arguments peuvent être relevés en soutien de la conjecture de Mongin. Ces arguments ont non seulement l'intérêt d'ouvrir une liaison entre les univers de Maurice Allais et de Herbert Simon, mais ils appellent aussi à rééquilibrer le mérite trop exclusivement attribué à l'article de 1992 de Tversky et Kahneman pour l'élaboration de la théorie moderne de la décision face au risque. Si l'extension du modèle au cas de l'incertain est indiscutablement due à ces derniers auteurs, il apparaît qu'une série d'écrits de Maurice Allais devrait recueillir le mérite de la lente genèse du modèle dans les situations de risque au sens précis du terme, non seulement pour les idées séminales, mais aussi pour les innovations principales. Mention spéciale doit cependant être faite d'un développement « mertonien » conduit indépendamment par John Quiggin et par Maurice Allais lui-même dans les années 1980.
    When revisiting the sources of modern risk theory, Philippe Mongin [2019] chose to reexamine Allais's early writings in light of the discussions held at the Paris 1952 International Conference “Fondements et Applications de la Théorie du Risque en Économétrie” (labeled “Économétrie”). He conjectured that Allais' endeavor was in fact to establish, not only a counterexample to expected utility theory, but indeed a normative theory of decision under risk, based on a concept of rationality clearly departing from standard theory. This paper reviews the conjecture and Allais' lines of thought in risk theory and argues that several other arguments can be found to support Mongin's conjecture. Interestingly, these arguments not only allow to launch a bridge between Maurice Allais' and Herbert Simon's worlds, but they also call for a rebalancing of the credit too exclusively given to Tversky and Kahneman 1992's celebrated article for the elaboration of modern decision theory under risk. While the extension of the model to the uncertainty case is undoubtedly to be credited to the latter authors, it appears that a series of Allais' writings should be credited for the genesis of the modern theory under risk properly defined, for the seminal ideas, but also for the main innovations. Special mention is to be made of a “Mertonian” development independently worked out by John Quiggin and Maurice Allais himself in the 80s.Classification JEL: A12, B21, B31, C7, D81, D84.
  • Prerationality as Avoiding Predictably Regrettable Consequences - Peter J. Hammond p. 943-976 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À la suite de travaux antérieurs sur la théorie conséquentialiste de la décision, on considère un domaine non restreint d'arbres de décision finis, y compris les sous-arbres de continuation, qui peuvent avoir : 1) des nœuds de décision où le décideur doit agir ; 2) des nœuds aléatoires où une « loterie à la roulette » avec des probabilités antérieurement definies et strictement positives est résolue ; 3) des nœuds d'événements où une « course de cheval » est résolue. Une famille complète de relations de base conditionnelles binaires sur les conséquences des loteries d'Anscombe et Aumann est définie comme étant « prérationnelle » si et seulement s'il existe une règle de comportement qui est définie dans tout le domaine des arbres et qui s'explique comme évitant, dans toutes les circonstances prévisibles, des conséquences regrettables. Il est montré ici qu'une famille de relations de base est prérationnelle si et seulement si à la fois : 1) chaque relation est complète et transitive ; 2) chaque relation satisfait l'axiome d'indépendance de la théorie de l'utilité espérée ; 3) la famille entière satisfait une forme stricte de l'extension par Anscombe et Aumann du principe de la chose sûre de Savage. En supposant que les relations de base soient non triviales et qu'elles satisfassent une forme généralisée d'indépendance de l'état même si les domaines de conséquence en dépendent, la prérationalité combinée avec la continuité sur les triangles de Marschak est équivalente à l'existence d'une représentation par une classe de fonctions d'utilité espérée subjective dans lesquelles les probabilités sont toutes positives. JEL Codes: D81.
    Following previous work on consequentialist decision theory, we consider an unrestricted domain of finite decision trees, including continuation subtrees, with: 1) decision nodes where the decision-maker must act; 2) chance nodes where a “roulette lottery” with strictly positive probabilities that are defined a priori is resolved; 3) event nodes where a “horse lottery” is resolved. A complete family of binary conditional base relations over Anscombe-Aumann lottery consequences is defined to be “prerational” just in case there exists a behaviour rule that is defined throughout the tree domain which is explicable as avoiding, under all predictable circumstances, regrettable consequences. It is shown that a family of base relations is prerational if and only if: 1) each relation is complete and transitive; 2) each relation satisfies the independence axiom of expected utility theory; 3) the entire family satisfies a strict form of Anscombe and Aumann's extension of Savage's sure-thing principle. Assuming that the base relations satisfy non-triviality and a generalized form of state independence that holds even when consequence domains are state dependent, prerationality combined with continuity on Marschak triangles is equivalent to representation by a class of refined subjective expected utility functions that excludes zero probabilities.
  • Les décideurs allemands et français et l'entrée en guerre en 1914 : les enseignements d'un modèle - Alain Trannoy p. 977-1012 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Nous construisons un modèle de décision de portée générale permettant de prédire le choix entre l'entrée en guerre et rester en paix d'un décideur rationnel. Ce modèle articule des causes profondes comme le risque de guerre future et d'autres paramètres comme les gains potentiels en cas de victoire, les pertes potentielles en cas de défaite et la probabilité de victoire et les pertes humaines liées au conflit. Nous appliquons et calibrons ce modèle au cas des décideurs allemands et français à la toute fin de juillet 1914, compte tenu des décisions déjà prises par l'Autriche-Hongrie et la Russie et de l'incertitude entourant la décision de la Grande-Bretagne. Nous nous situons dans l'hypothèse d'une guerre courte ne se prolongeant pas au-delà de l'année 1914. Notre modèle prédit l'entrée en guerre de l'Allemagne et de la France, l'argument de la guerre préventive (faire la guerre aujourd'hui plutôt que demain) se révélant déterminant pour les deux pays, avec en plus pour la France les bénéfices non négligeables liés à la récupération potentielle de l'Alsace-Moselle en cas de victoire. La calibration révèle que des deux pays, c'est la France qui semblait avoir le plus intérêt à la guerre, permettant d'expliquer le comportement passif des dirigeants français, Raymond Poincaré en tête, qui, s'ils n'ont pas provoqué la guerre, n'ont pas vraiment non plus cherché à l'éviter.
    We build up a general purpose decision model to predict the choice between going to war and staying at peace for a rational decision-maker. This model articulates root causes such as the risk of future war and parameters such as potential gains in case of victory, potential losses in case of defeat, the probability of victory and the war human losses. We apply and calibrate this model to the case of German and French decision-makers at the very end of July 1914, taking into account the decisions already taken by Austria-Hungary and Russia and the uncertainty surrounding the decision of Great Britain. We assume a short war that does not last beyond 1914. Our model predicts the entry into the war of Germany and France, the argument of preventive war (going to war today rather than tomorrow) proving to be decisive for both countries, with the added benefit for France of the potential recovery of Alsace-Moselle in the event of victory. The computation reveals that of the two countries, it was France that seems to have the most interest in the war, making it possible to explain the passive behavior of the French leaders, Raymond Poincaré in the first place, who, if they did not provoke the war, did not really try to avoid it either.Classification JEL: N44, D74, D81.
  • Rawls and the Economists: The (Im)possible Dialogue - Herrade Igersheim p. 1013-1037 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Bien que relevant de la philosophie politique et morale, il est bien connu que Théorie de la justice a également eu un grand impact sur les économistes. À ce titre, Rawls a beaucoup insisté sur sa volonté de combiner économie et philosophie, en particulier via la théorie du choix rationnel, affirmant notamment que « la théorie de la justice est une partie, peut-être même la plus importante, de la théorie du choix rationnel » (Rawls [1971]). Après la publication de Théorie de la justice, certains aspects de celle-ci ont fait l'objet de critiques – souvent très véhémentes – de la part d'économistes tels que Arrow [1973], Musgrave [1974], Harsanyi [1975] et plus tard Sen [1980]. Les réponses immédiates de Rawls ([1974a], [1974b] en particulier) indiquent qu'il a tout d'abord souhaité maintenir un dialogue avec les économistes, mais les évolutions ultérieures de ses travaux ([1993], [2001]) ont clairement démontré qu'il s'était éloigné de la théorie économique, revenant à la philosophie afin de surmonter les incohérences internes de sa théorie. Dans cet article, en me concentrant principalement sur les échanges épistolaires entre Rawls et les économistes avant et après la publication de Théorie de la justice, je tente de mettre en lumière d'autres éléments (complémentaires) qui peuvent expliquer le retrait de Rawls vis-à-vis de l'économie, et son désenchantement progressif quant à la possibilité d'un dialogue sur un pied d'égalité entre économistes et philosophes. JEL Codes: B21, B31, D63.
    Although falling within the scope of political and moral philosophy, it is well known that A Theory of Justice has also had a great impact on economists. As such, Rawls put great emphasis on his desire to combine economics and philosophy, and particularly to deal with rational choice theory, notably claiming that “the theory of justice is a part, perhaps the most significant part, of the theory of rational choice” (Rawls [1971]). After the publication of A Theory of Justice, aspects of it came in for criticism—often very vehement—by economists such as Arrow [1973], Musgrave [1974], Harsanyi [1975] and later by Sen [1980]. Rawls's immediate answers ([1974a], [1974b] in particular) showed that he first wanted to maintain a dialogue with the economists, but the later evolutions of his works ([1993], [2001]) clearly demonstrated that he had removed himself from the economic realm, returning to his initial philosophical territory in order to overcome the internal inconsistencies of A Theory of Justice. In this paper, by focusing extensively on the letter exchanges between Rawls and the economists before and after the publication of A Theory of Justice, I attempt to shed light on other (complementary) elements which can explain Rawls's retreat from the realm of economics, and his progressive disenchantment regarding the possibility of a dialogue on equal footing between economists and philosophers.
  • Ethics and Technique in Welfare Economics: How Welfarism Evolves in the Making - Antoinette Baujard p. 1039-1053 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le cadre d'étude welfariste, des affirmations telles que « cet état social est meilleur que tel autre état social » ou « cette politique devrait être promulguée » reposent sur l'hypothèse que le bien-être social ne dépend que du bien-être des individus et de rien d'autre. Une analyse normative du welfarisme vise à fournir une description transparente des jugements de valeur impliqués dans ces évaluations et ces recommandations, ce qui revient à s'interroger en particulier sur la notion du bien-être qui a été retenue. Cette enquête normative peut prendre deux formes et cet article défend l'idée qu'il convient de les distinguer : l'analyse éthique du welfarisme concerne le recours à une théorie éthique donnée du bien-être ; et l'analyse technique du welfarisme concerne la mesure de l'utilité individuelle qui est utilisée en pratique pour mesurer ce bien-être social. L'article passe en revue successivement quatre points de vue types portant sur l'articulation de ces deux versions du welfarisme : le point de vue standard, de l'approximation, de la preuve et de la tension. En étudiant l'interprétation normative des affirmations welfaristes, il explore les différences qui émergent entre les approches éthique et technique. JEL Codes: B4, D6, I31.
    Under welfarism, assertions such as “this social state is better than an alternative” or “this policy should be enacted” are based on the assumption that social welfare ultimately depends only on the well-being of individuals. A normative analysis of welfarism seeks to provide a transparent description of the basis upon which welfarism makes its value judgments, which is equivalent to an investigation into its choice of a preferred notion of well-being. Such an investigation, this paper claims, can take two forms, which we should distinguish: the ethical analysis of welfarism is concerned with the appeal to a given ethical theory of well-being; and the technical analysis of welfarism concerns the specific measure of individual utility that in practice is used to measure social welfare. Reviewing a series of claims which bear on how these two versions of welfarism are articulated (the standard, proxy, evidential and tension claims), the paper explores the differences between the ethical and technical approaches in the normative interpretation of welfarist assertions.
  • Simple but Powerful Models of Stereotype Formation - Denis Bouyssou, M. Remzi Sanver p. 1055-1068 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Nous proposons divers modèles dont le but est d'expliquer la formation des stéréotypes. Un stéréotype est interprété comme un jugement émis par un observateur à propos d'un groupe d'individus ou d'objets. Pour chaque membre du groupe, on suppose que l'on observe une caractéristique appartenant à un ensemble dénombrable. La formation des stéréotypes est alors modélisée par une fonction de perception. Dans notre modèle de base, une fonction de perception combine trois étapes : 1) les caractéristiques sont codées numériquement de telle sorte que plus le nombre associé à une caractéristique est élevé, plus cette caractéristique est en accord avec le stéréotype étudié, 2) le vecteur de nombres ainsi obtenu est agrégé de manière cohérente en un nombre unique et enfin 3) ce nombre unique est comparé à un seuil et le stéréotype est accepté dès lors que le seuil est dépassé. Nous donnons une caractérisation des fonctions de perception qui entrent dans le cadre de ce modèle. Nous examinons enfin diverses extensions du modèle de base. JEL Codes: C44, D70.
    We propose simple models aiming at explaining the formation of stereotypes. A stereotype is an overall judgment brought by an observer over a group of individuals or objects. For each member of the group, we suppose that we observe a characteristic that belongs to a denumerable set. The formation of a stereotype about the group is governed by a perception function. Our basic model consists in decomposing a perception function into three steps: 1) characteristics are recoded numerically so that higher numbers mean a higher support for the stereotype, 2) this vector of numbers is consistently aggregated into a single number, and 3) this number is compared to a threshold and the stereotype is accepted if the threshold is exceeded. We characterize perception functions that can be explained using such a model. We then study various extensions of our basic model.
  • Precedent-Based Judgment Aggregation in the US Supreme Court - Sarah E. Friedman, John A. Weymark p. 1069-1091 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Lorsqu'une affaire est devant la Cour suprême des États-Unis, un précédent peut s'appliquer. Dans les affaires dans lesquelles un précédent est envisagé, la Cour doit répondre à trois questions : 1) le précédent est-il une bonne loi ? 2) le précédent s'applique-t-il à ce cas ? 3) la Cour devrait-elle confirmer le précédent ? Dans le cas où la Cour répond oui aux deux premières questions et non à la dernière, il y a ce que David S. Cohen [2010] appelle un paradoxe du vote fondé sur les précédents. Cohen a identifié onze exemples de ce paradoxe dans les décisions de la Cour suprême des États-Unis avant 2010. Nous examinons le paradoxe de Cohen et le relions au paradoxe doctrinal qui a joué un rôle fondamental dans la littérature sur l'agrégation de jugements. Nous identifions également ce qui est sans doute un exemple supplémentaire d'un paradoxe de vote basé sur un précédent depuis que l'article de Cohen a été publié. JEL Codes: D71, K40.
    When a case is before the US Supreme Court, a precedent may apply. In cases in which a precedent is being considered, the Court needs to answer three questions: 1) Is the precedent good law? 2) Does the precedent apply to this case? 3) Should the Court uphold the precedent? In the event that the Court answers yes to the first two questions and no to the last, there is what David S. Cohen [2010] calls a precedent-based voting paradox. Cohen has identified eleven instances of this paradox in US Supreme Court decisions prior to 2010. We review Cohen's paradox and relate it to the doctrinal paradox that has played a foundational role in the judgment aggregation literature. We also identify what is arguably one more instance of a precedent-based voting paradox in the period since Cohen's article was published.
  • Quelle importance empirique pour le paradoxe doctrinal ? Une enquête sur la jurisprudence du Conseil constitutionnel français - Philippe Mongin, Samuel Ferey p. 1093-1118 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La théorie juridique compare depuis longtemps le fonctionnement des tribunaux collectifs avec la justice rendue par un juge unique. Avec le paradoxe doctrinal, Kornhauser et Sager [1993] ont mis en évidence une difficulté inattendue du fonctionnement des tribunaux collectifs : certaines configurations délibératives mettent en contradiction deux méthodes également naturelles de la décision collective, parfois appelées vote par question et vote par résultat, ici nommées méthode des raisons et méthode des conclusions. Les commentateurs américains ont étudié la jurisprudence de la Cour suprême pour vérifier si le paradoxe relevait de la théorie pure ou se présentait en pratique ; cette dernière conclusion ressort nettement. Nous la confirmons ici par une autre recherche de jurisprudence, consacrée au Conseil constitutionnel français qui partage certaines caractéristiques d'une Cour suprême. Au-delà de cet apport empirique, l'article traite du problème théorique soulevé par la comparaison des deux méthodes et suggère une piste de réponse fondée sur l'observation de la pratique effective du Conseil constitutionnel.
    Legal theory has often compared the functioning of collective courts with that of a single-judge court. With the doctrinal paradox, Kornhauser et Sager [1993] have pointed an unexpected difficulty of the workings of the former: in some cases of collective deliberation, two very natural methods of collective decision, sometimes called issue-based voting and outcome-based voting, here labelled as the reason-based and the conclusion-based method, clash with each other. American commentators have investigated the record of the US Supreme Court with a view of finding whether this paradox was a mere theoretical possibility or arose in actual fact; this latter conclusion has prevailed. The present article confirms it after reviewing the record of the French Constitutional Council (Conseil constitutionnel), which shares some features of a supreme court. Besides making this empirical contribution, the paper takes up the comparison of the two methods and suggests a conciliation of the two methods that is partly based on observing how the Council operates in practice.Classification JEL: D71, K40.