Contenu du sommaire : Bicentenaires latino-américains : politiques officielles et nouvelles voix dans l'arène festive

Revue Cahiers des Amériques Latines Mir@bel
Numéro no 102, 2023
Titre du numéro Bicentenaires latino-américains : politiques officielles et nouvelles voix dans l'arène festive
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Chronique

  • Dossier bicentenaires latino-américains : politiques officielles et nouvelles voix dans l'arène festive

    • Introducción. Centenarios y bicentenarios latinoamericanos: las lógicas de inclusión y exclusión en las conmemoraciones - Pablo Ortemberg accès libre
    • La incorporación de los pueblos originarios a las conmemoraciones del 2021 mexicano: peticiones de perdón y reconciliación nacional - Inmaculada Verdú Sánchez accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'année 2021 a été célébrée au Mexique comme “l'année de l'indépendance et de la grandeur du pays”. Son président, Andrés Manuel López Obrador, a perçu cette célébration comme l'occasion idéale pour amener les Mexicains à se réconcilier autour de la nation. Pour ce faire, l'État mexicain devrait demander pardon public pour les affronts historiques commis à l'encontre des peuples autochtones, et reconnaître leur inestimable contribution à l'histoire du pays. Dans ce but, le gouvernement fédéral a prévu deux cérémonies de pardon dans le cadre du programme de commémoration de 2021. Cependant, tous les membres des communautés autochtones du pays n'ont pas réagi positivement à l'initiative du gouvernement, certains jugeant les excuses du président López Obrador trop insuffisantes.
      The year 2021 was commemorated as “The Year of Independence and Greatness of Mexico”. The President of the Mexican Federal Republic, Andrés Manuel López Obrador, saw the commemoration as the ideal occasion to bring Mexicans to reconcile around the nation. A necessary step towards this was for the Mexican state to apologise for the historical wrongs committed against the native peoples, as well as to recognise the valuable contribution they have made to Mexican history. To this end, the federal government scheduled two reparation ceremonies as part of the 2021 commemorative programme. However, not all members of the country's native communities responded positively to the government's initiative, with some considering the president's apology insufficient.
    • El pasado como capital político. Usos y disputas de la historia, grupos subalternos y conmemoraciones nacionales en Colombia (2019) y México (2021) - Sebastián Vargas Álvarez accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 2019, la Colombie a commémoré le bicentenaire de la bataille de Boyacá, un événement décisif dans le processus d'indépendance du pays, tandis qu'au Mexique, en 2021, une triple commémoration a eu lieu : le 200e anniversaire de l'aboutissement de l'indépendance, le 500e anniversaire de la prise de Tenochtitlán par les conquistadors espagnols, et le 700e anniversaire de la fondation de cette ville, capitale de l'empire Mexica. Cet article décrit et analyse de manière critique les principaux discours et actions commémoratives que les gouvernements colombien et mexicain ont déployés dans la sphère publique à l'occasion de ces anniversaires. Plus précisément, son objectif est d'expliquer comment (et dans quel but) les groupes historiquement invisibles ou marginalisés dans les récits nationaux, tels que les communautés indigènes et afrodescendantes, les femmes et d'autres groupes subalternes, ont été représentés dans le mécanisme commémoratif officiel, ainsi que la manière dont ces groupes et d'autres acteurs sociaux ont participé (ou non) aux débats sur la signification du passé au cours des commémorations. Les deux cas sont étudiés dans une perspective comparative et globale, qui prend en compte les particularités de chaque pays, mais les transcende afin de saisir les dimensions géopolitiques des célébrations et certaines tendances générales.
      In 2019, Colombia commemorated the bicentennial of the Battle of Boyacá, a decisive event in the country's Independence .process, while in Mexico, in 2021, a triple commemoration took place: the 200th anniversary of the Consummation of Independence, the 500th anniversary of the capture of Tenochtitlán by the Spanish conquistadors, and the 700th anniversary of the founding of that city, capital of the Mexica empire. This paper describes and analyzes the main discourses and commemorative actions that the Colombian and Mexican governments deployed in the public sphere on the occasion of the aforementioned anniversaries. Specifically, the aim is to explain how (and for what purpose) groups historically invisible or marginalized from national narratives, such as indigenous and Afro-descendant communities, women and other subaltern groups, were represented in the official commemorative device, as well as the ways in which these groups and other social actors participated (or not) in the debates on the meaning of the past during the commemorations. Both cases are studied from a comparative and global perspective, which takes into account the particularities of each country, but transcends them in order to apprehend the geopolitical dimensions of the celebrations and some general trends.
    • Conmemorar sin festejar: exclusión y polarización en las fiestas del bicentenario de Honduras en 2021 - Miguel Gomis accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le 15 septembre 2021, le Honduras a célébré un bicentenaire divisé dans un contexte pessimiste. D'une part, la pandémie a aggravé la pauvreté en encourageant l'alternance présidentielle. D´autre part, les célébrations ont été supervisées par le gouvernement de Juan Orlando Hernández, accusé de fraude électorale, de répression, de corruption et de liens avec le trafic de drogue. Bien qu'il existe des ouvrages sur les bicentenaires latino-américains, rares sont ceux qui traitent le cas catracho. Les commémorations du bicentenaire de l'indépendance du Honduras ont-elles généré des processus et des récits plus inclusifs ? Ce texte analyse les événements, les discours et le contenu du bicentenaire du Honduras pour comprendre l'exclusion de certains acteurs. Le texte montre que la vision patriarcale de l'État-nation s'est perpétuée et que le bicentenaire a fonctionné comme une marque politique contestée (le statu quo soutenait le récit hégémonique et l'opposition faisait appel à l'avenir). La conclusion est que le bicentenaire hondurien, polarisé, a rendu impossible une révision intégrative du récit national.
      On September 15, 2021, Honduras celebrated a divided bicentennial in a pessimistic context. On the one hand, the pandemic had aggravated poverty by encouraging presidential alternation. On the other hand, the celebrations were supervised by the government of Juan Orlando Hernández, accused of electoral fraud, repression, corruption and links to drug trafficking. Although there are works on Latin American bicentennials, few have addressed the catracho case. Have the commemorations of the bicentennial of independence in Honduras generated more inclusive processes and stories? This text analyzes the events, speeches and content of the bicentennial of Honduras to understand the exclusion of certain actors. The work shows that a patriarchal vision of the Nation-State was perpetuated and the bicentennial functioned as a contested political brand (the status quo supported the hegemonic narrative and the opposition appealed to the future). The conclusion is that the polarized Honduran bicentennial made impossible the review of the national narrative under a more integrative view.
    • Projetos políticos, autoritarismo e exclusão nas comemorações da Independência do Brasil: Centenário (1922), Sesquicentenário (1972) e Bicentenário (2022) - João Paulo Pimenta, Janaina Martins Cordeiro accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse l'histoire des commémorations collectives du principal événement de la tradition civique brésilienne: l'Indépendance politique de 1822, en essayant notamment de comparer les trois moments les plus significatifs de ces célébrations: le Centenaire, en 1922, le Cent-cinquantenaire en 1972, et le Bicentenaire, en 2022. Cette comparaison aboutit sur le fait que malgré les singularités morphologiques, contextuelles et conceptuelles, ces commémorations expriment des liens communs profondément significatifs de la politique, de la société et de la culture brésilennes au cours de ces cent dernières années.
      This article analyses aspects of Brazilian collective memory related to civic rituals. More specifically, those concerned to the history of Brazilian Independence. Three moments are focused here: the Centenary (1922), the Sesquicentennial (1972) and the Bicentenary (2022). Despite significant differences among them, these three national festivals share common basis as expression of Brazilian traditional politics, society, and culture.
    • El Perú celebrado y las narrativas críticas: tensiones en la conmemoración del bicentenario de la independencia (2016-2023) - Omar Coronel, Félix Lossio accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article vise à analyser la commémoration du bicentenaire de l'indépendance du Pérou à travers la tension entre différents récits sur la nation. D'une part, le récit d'un Pérou célébré, qui raconte l'histoire d'un Pérou entrepreneurial, prospère, inclusif et global; et d'autre part, les récits critiques, avec des comptes rendus de la persistance des tensions de classe et ethniques, couplées au manque de représentation politique. Le contexte des crises politiques, sociales et sanitaires de ces dernières années a renforcé les récits critiques et érodé les récits de célébration. Ces récits ont exprimé différents discours, allant du multiculturalisme néolibéral au rejet de la nation créole. Pour aborder cette question, des sources secondaires et mixtes seront examinées: documents officiels du projet spécial du bicentenaire, photos de marches, caricatures politiques et témoignages liés aux récits qui sont apparus entre 2016 et 2023.
      This article aims to analyze the commemoration of the bicentenary of Peru's independence through the tension between different narratives of the nation. On the one hand, the narrative of the celebrated Peru, which tells the story of an entrepreneurial, successful, inclusive and global Peru; and on the other hand, the critical narratives, with accounts of the persistence of class and ethnic tensions, coupled with the lack of political representation. The context of the political, social and health crises of recent years has strengthened the critical narratives and eroded the celebratory narrative. These narratives have expressed different discourses, ranging from neoliberal multiculturalism to the rejection of the creole nation. To address this issue, secondary and mixed sources will be reviewed: official documents of the Special Bicentennial Project, photos of demonstrations, political cartoons, and testimonies related to the narratives that emerged between 2016 and 2023.
    • ¿En los márgenes de las conmemoraciones? Grupos sociales subalternizados en las celebraciones de los bicentenarios patrios en Argentina y Uruguay - Laura Aylén Enrique accès libre avec résumé en anglais
      The commemorations of the Rio de la Plata patriotic bicentennials at the beginning of the second decade of the 21st century inaugurated a stage of celebrations around the independence processes in the American South Cone. Argentina and Uruguay celebrated these anniversaries in 2010 and 2011, respectively, with large-scale public events, which have not been repeated in other national bicentennials. We analyze, in a comparative key, the ways in which indigenous and Afro groups, marginalized in the national foundational narratives, were spatially inscribed in official celebrations, understanding that these commemorative junctures reproduce certain meanings, but can also contribute to contesting them.
  • Études

    • Les rapports fluctuants entre la Nouvelle Gauche française et la Révolution cubaine : le Comité de liaison franco-cubain face à l'affaire Padilla (1971) - Rafael Pedemonte accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Durant les années 1960, Cuba alimente les illusions de nombreux militants de la « gauche révolutionnaire » française qui avaient pris leur distance avec le marxisme soviétique et étaient en quête d'un projet révolutionnaire radical et tiers-mondiste. Les membres du Comité de liaison scientifique et universitaire franco-cubain (CFC) fondé à la suite du Congrès culturel de La Havane (1968) incarnent cette sensibilité politique et la création de cette association témoigne de la bonne entente entre la « Nouvelle Gauche » et le castrisme. Le CFC milite en faveur de la collaboration entre intellectuels français et cubains, ce qui s'exprime notamment par l'organisation d'écoles d'été. Mais la détention d'Heberto Padilla en 1971 annonce la soviétisation croissante de Cuba au grand dam de nombreux adhérents du CFC qui craignent une dérive stalinienne de la Révolution cubaine. Les archives inédites du CFC permettent d'étudier les débats suscités par le cas Padilla, épisode qui brise l'unité de l'organisation et ébranle la solidarité vis-à-vis du projet castriste.
      During the 1960s, Cuba attracted many activists of the French “revolutionary left” who had broken with Soviet Marxism and sought a more radical and “Third-Worldist” revolutionary project. The members of the Comité de liaison scientifique et universitaire franco-cubain (CFC) founded after the Cultural Congress of Havana (1968) embody this political orientation and the emergence of this association attests to the rapprochement between the “New Left” and Castroism. The CFC advocated growing collaboration between French and Cuban intellectuals, for instance through the organization of summer schools. But the imprisonment of Heberto Padilla in 1971 announced Cuba's sovietization, which worried many CFC members who feared a Stalinist drift of the Cuban Revolution. The CFC un-consulted archives allow us to explore the debates triggered by the Padilla affairs, which broke the unity of the organization and undermined solidarity with the Castro project.
    • Les trottoirs comme ordre local hybride. Les pratiques et les interactions sociales des femmes de deux quartiers de Mexico - Guénola Capron, Silvia Carbone accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En vue de participer au débat qui interroge la dichotomie entre espace public et espace privé héritée du xixe siècle, cet article propose le concept d'ordre urbain hybride. La façon dont les femmes habitent les trottoirs des quartiers, espace public local, et hybrident les différentes sphères de la vie sociale urbaine, privée, communautaire et publique, mises en avant par Lofland, sert à interroger cette dichotomie. À Mexico, les pratiques sociales des femmes qui se déroulent sur les trottoirs des quartiers où elles vivent sont de fait inscrites dans la division sexuelle du travail. Mais les femmes jouent un rôle de vecteur de l'hybridation des différents ordres et de la création d'un ordre local. Cependant, la légitimité de leur présence sur l'espace des trottoirs n'est pas la même qu'il s'agisse d'un quartier populaire ou d'un quartier de classe moyenne gentrifié.
      To participate in the debate which questions the dichotomy between public space and private space inherited from the 19th century, the concept of hybrid urban order is proposed. The way in which women inhabit the sidewalks of neighborhoods, a local public space, and hybridize the different spheres of urban, private, “parochial” and public social life, put forward by Lofland, serves to question this dichotomy. In Mexico City, the social practices of women that take place on the sidewalks of the neighborhoods where they live are in fact inscribed in the sexual division of labor. But women play a role in the hybridization of the different orders and in the creation of a local order. However, the legitimacy of their presence on the sidewalk space is not the same depending on whether it is a working-class neighborhood or a gentrified middle-class neighborhood.
    • Georges Friedmann et les voyages en Amérique latine dans la construction de la sociologie du travail - Ricardo Festi accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse le rôle politique et intellectuel du sociologue Georges Friedmann dans la construction de la sociologie du travail en Amérique latine, en particulier au Brésil, entre 1954 et 1961. Nous nous sommes appuyés sur une série d'échanges avec des sociologues latino-américains, en qualité de délégué de diverses organisations internationales chargés de promouvoir le développement de cette discipline dans la région – Unesco, Flacso, ISA – pour reconstruire quelques-uns des principaux projets d'ordre institutionnel et intellectuel qui en résulteront, notamment la création du Centre de Sociologie Industrielle et du Travail (Cesit) au sein de l'université de Sao Paulo et les recherches sur l'impact de l'industrialisation. Pour rédiger cet article, nous avons également exploité des archives à la fois en France et au Brésil et sur les analyses des deux livres de Friedmann intitulés Problèmes d'Amérique latine (1959, 1961).
      The article analyzes the political and intellectual role played by the sociologist Georges Friedmann in constructing the sociology of work in Latin America, especially in Brazil, from 1954 to 1961. Through the analysis of a series of exchanges between Friedmann and Latin American social scientists as a representative of some international organizations that were in charge of promoting the development of the discipline in the region (UNESCO, Flacso, ISA), the article reconstructs some of the leading institutional and intellectual projects that resulted from these relations, especially the creation of the Centre of Industrial Sociology and of Work (CESIT) at the University of São Paulo and research on the industrialization impacts. This article is supported by research carried out in archives in France and Brazil and the analysis of Friedmann's two books, Problèmes d'Amérique latine (1959, 1961).
  • Passages

    • Présentation - Denis Merklen, Ana Doldán, Julia Donley, Harol Gonzalez Duque, Maïwenn Raoul accès libre
    • Espace. La maison, la rue et l'autre monde : le cas du Brésil - Roberto DaMatta accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Roberto DaMatta propose dans cet article une analyse de la société brésilienne basée sur trois espaces : « la casa », « la rue » et « l'autre monde ». La mobilisation de références sur différents groupes sociaux et d'archives sur la société brésilienne du xixe siècle permet d'aborder la relation de contraste et d'opposition entre la construction sociale du temps et de l'espace. L'analyse des différences et des porosités entre ces espaces n'implique pas seulement des discours, des éthiques et des pratiques sociales spécifiques, mais compose également un réseau complexe de complémentarités qui, grâce aux rituels sociaux, peuvent constituer une nouvelle éthique sur laquelle les différents espaces pourraient s'articuler et s'inclure.
      In this article, Roberto DaMatta proposes an analysis of Brazilian society based on three spaces: “the house”, “the street” and “the other world”. The mobilization of references on different social groups and archives on Brazilian society of the 19th century allows us to approach the relation of contrast and opposition between the social construction of time and space. The analysis of the differences and porosities between these spaces does not only involve specific discourses, ethical and social practices, but also composes a complex network of complementarities that, through social rituals, create a new ethic on which the different spaces could articulate and include each other.
  • Lectures