Contenu du sommaire : La communauté et l'Union européenne à la recherche d'une identité depuis 1957
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 140, hiver 2009 |
Titre du numéro | La communauté et l'Union européenne à la recherche d'une identité depuis 1957 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les présidents Charles de Gaulle et Georges Pompidou et les débuts de la coopération politique européenne : du Plan Fouchet au Plan Fouchet light - Soutou Georges-Henri p. 3-17 A deep continuity is in fact notable from de Gaulle to Pompidou, in matters pertaining to European political cooperation among the Six and later the Nine. Both presidents pursued three major objectives : first the creation of a true European identity in the field of foreign policy. Then to allow the member States to regain control over the existing supranational organizations. And lastly, to develop the international influence of France, thanks to a dynamic balancing of its relations with its partners, and thanks to a clever use of both EEC and EPC levers. This process was to continue, and ultimately lead to the Maastricht Treaty of 1992.
- Dialogue avec le Tiers Monde : l'Europe communautaire à la recherche d'une identité postcoloniale - Huber Sophie p. 19-36 Une synchronie presque parfaite existe entre les processus d'intégration européenne et de décolonisation. Comment l'Europe communautaire articula-t-elle les changements intervenus dans le statut international de ses États membres ? Plus précisément, quel fut l'impact de la décolonisation sur l'image de l'Europe et l'articulation de la personnalité de l'Europe communautaire ? Cette problématique, qui n'a fait l'objet que de très rares études, est explorée ici. L'analyse repose sur le postulat d'une construction discursive de l'identité européenne et analyse les discours des hommes politiques européens et l'image et l'identité qu'ils prêtent à l'Europe communautaire. L'identité d'acteur international au service du développement que prêtait à l'Europe nombre de discours signifiait-elle le renouveau d'une identité messianique et missionnaire, porté par une « pensée européenne de l'universel » sortie intacte de la décolonisation ?Dialogue avec le Tiers Monde : l'Europe communautaire à la recherche d'une identité postcolonialeEuropean integration and decolonisation ran almost in parallel. What was the impact of decolonisation on the newly-born European Community ? How did decolonisation and the new international status of its member states impact the image of Europe in the world and shape its new identity ? These questions have hardly been addressed by the literature on European integration. This article assumes that collective identities are artefacts constructed by discourse. It offers an analysis of key speeches and texts by European political actors to unveil the image of Europe they created in the 1960s. At that time, the European Community was presented as an international actor conscious of its responsibilities towards developing countries and adamant at extending a helping aid to them. Was this the renewal of a messianic identity, untouched by decolonisation ?
- L'identité européenne selon Raymond Aron : entre mythe et réalité - de Lapparent Olivier p. 37-51 Throughout his work, Raymond Aron denounces a European identity torn between a construction based on economy and a Europe based on myths. He is not convinced by the functionalist method, and he appeals for the constitution of a political Europe, the only one capable of developing a European sentiment. On the other hand, Aron rejects back to back the project of a federal Europe and the Europe imagined by De Gaulle as two Utopian myths where identity can not be revealed. Europe needs to again become the subject of its own history. Building the Europe of defence, promoting its own identity, and not one which is systematically against the two superpowers, and defending the Europe of freedom : it is about nourishing a community of destinies. Only in this way can European identity transform itself from potential to reality.
- L'émergence de la notion d'« identité » dans la politique de la Communauté européenne. Quelques réflexions autour de la Déclaration du sommet de Copenhague de 1973 - Kreis Georg p. 53-72 En 1973, la Communauté européenne adoptait une déclaration sur l'identité européenne. Cette contribution place la déclaration dans son contexte, tout en distinguant un contexte au sens étroit et un contexte au sens large. L'analyse du contexte étroit montre que le terme identité gagne en importance au début des années 1970, notamment depuis le sommet de Paris en 1972. Ce qui est ressenti comme un défi américain amène la CE à marquer une position semi-indépendante dans le camp occidental, entre autre justement par le biais de cette déclaration. Dans le contexte au sens large, deux lignes s'entrecroisent : celle de l'évolution de la coopération entre les membres de la Communauté et celle de l'évolution politico-sociale de laquelle est sorti pour ainsi dire le concept de l'identité.In 1973, the Heads of State or Government of the Member States of the (then) European Economic Community adopted the Declaration on European Identity. The present paper examines the Declaration in a twofold context. The analysis of the short-term context shows that the notion of identity had already become important at the beginning of the 1970s, and especially after the Paris conference of 1972. The perceived American challenge ( « le défi américain » ) led the governments, through this declaration, to procure for the European Economic Community – among other things – a special, half-independent position in the Western World. In the larger context, the momentum of 1973 can be understood as an intersection of evolutions, namely the development of the common institution as well as the social development from which the concept of collective identity emerged.
- L'identité européenne contre l'identité « républicaine » ? - Bruneteau Bernard p. 73-81 L'euroscepticisme français des années 1990-2000 s'est souvent opposé à la politique de l'UE au nom d'une incompatibilité avec les valeurs « républicaines ». Loin d'être seulement tactique ou circonstanciel, ce discours renvoie à la question d'une contradiction identitaire entre culture politique nationale et culture politique communautaire. Repérable dès la signature des traités de Rome, la résistance théorique à l'Europe se réfère à un idéal-type républicain puisant ses sources dans une longue tradition politico-intellectuelle (mythe de 1789, théorie républicaine de l'État, philosophie sociale du CNR, modèle de politiques publiques des années 1950). Le caractère de plus en plus inédit de la « gouvernance » européenne a pu entretenir alors une critique tout à la fois « nationale » et démocratique « se renforçant mutuellement.Maastricht period often opposed EU policy by declaring it incompatible with « republican » values. Far from being only tactical or occasional, this political discourse refers back to the question of an identity contradiction between national political culture and European political culture. Obvious at the time of the signature of the Rome treaties, theoretical resistance to Europe refers to a republican model drawing its source from a long political and intellectual tradition (the myth of 1789, the republican theory of the state, and the social philosophy of the CNR, public policy model of the 1950s). The increasingly new nature of European « governance » was then able to foster criticism which was both « national » and « democratic », two aspects which strengthened each other.
- La Communauté à la recherche de son identité. De l'Europe des citoyens à la citoyenneté européenne (1957-1992) - Catala Michel p. 83-101 La question de la participation des citoyens, ou même, pour les fédéralistes, d'une nouvelle citoyenneté commune, se pose dès l'origine de la construction européenne. La création des Communautés s'accompagne de l'ouverture de nouveaux droits économiques et civiques, mais dès les années 1970, les États membres s'interrogent sur la création de droits spéciaux, et surtout sur le rapprochement entre un processus devenu trop technique et des citoyens encore peu concernés. Le projet d'Europe des citoyens devient un élément essentiel de la relance des années 1980, autour des travaux du Comité Adonnino, mais il faut attendre l'émergence du projet d'union politique en 1990 pour que les Douze s'accordent sur la naissance d'une citoyenneté européenne. Cette évolution lente et difficile marque la prise de conscience de l'importance des peuples dans la construction européenne, sans pour autant parvenir à renforcer une identité européenne encore fragile.The question of the participation of citizens, or even, for the federalists, of a new common citizenship, came at the very beginning of the European construction process. With the creation of the European communities came the advent of new economic and legal rights, but from the 1970s onwards, member states reflected on the creation of special rights, particularly the rapprochement between a process which had become too technical, and citizens who were still rather unconcerned with the issue. The project of a Europe of citizens became an essential element of the revival of the 1980s, with the work of the Adonnino Committee, but it was not until the emergence of a project of political union in 1990 that the Twelve came to agree on the birth of a European citizenship. This slow and difficult evolution marked an awareness of the importance of the European people in the European construction process, but did not manage to reinforce a European identity, which remains fragile.
- L'identité européenne. Perception et construction - Soufflot de Magny Renaud p. 103-112 Les enquêtes Eurobaromètre réalisées auprès de dizaines de milliers de citoyens de l'Union européenne mesurent régulièrement leurs opinions sur le thème de l'identité européenne. Elles révèlent que le sentiment européen, indissociable de la notion de valeurs, tend à se superposer au sentiment national. La paix, les droits de l'homme, la liberté de circulation et la notion d'économie sociale de marché en sont des composantes essentielles, progressivement rejointes par la dimension environnementale. La Commission européenne, en favorisant l'émergence d'un espace public européen – notamment à travers sa politique de communication, participe à sa manière à la construction d'un sentiment d'appartenance à projet commun.Eurobarometer surveys of tens of thousands of EU citizens regularly investigate people's opinions on the subject of European identity. They show that a feeling of belonging to Europe, inextricably coupled with the notion of values, tends to overlay national identity. Peace, human rights, freedom of movement, the concept of the social market economy and, increasingly, burgeoning environmental concerns, are at the core of this sentiment. This paper considers the extent to which the European Commission's communications policies, among others, encourage the emergence of a European public sphere, and how it contributes in its own way to the construction of a sense of belonging to a common project.
- Conclusions - Frank Robert p. 113-120