Contenu du sommaire : Réformes et régulation des systèmes de santé en Europe

Revue Revue française des Affaires sociales Mir@bel
Numéro no 2-3, 2006
Titre du numéro Réformes et régulation des systèmes de santé en Europe
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation du numéro - Leclerc Françoise p. 7-15 accès libre
  • La régulation des systèmes de santé : concilier qualité et coût ?

    • Évolution des dépenses de santé dans les pays de l'OCDE - Colombo Francesca, Morgan David p. 19-42 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les pays de l'OCDE, les dépenses de santé continuent d'augmenter et représentent désormais, en moyenne, près de 9 % du PIB. Le coût élevé des systèmes de santé et le poids qu'ils représentent pour les finances publiques ont placé leur soutenabilité financière au cœur des priorités des pouvoirs publics. Les progrès des techniques médicales, le vieillissement de la population et l'accroissement de ses exigences vis-à-vis du système de santé sont autant de facteurs qui ont entraîné la hausse des dépenses observée ces dernières années.S'appuyant sur des données relatives aux trente pays membres de l'OCDE, les auteurs examinent les grandes caractéristiques de l'évolution des dépenses de ces dernières décennies, en effectuant une comparaison entre les pays de l'OCDE. Ils analysent d'abord la croissance des dépenses par rapport à celle de l'activité économique avant de s'intéresser aux différents mécanismes de financement en place au sein de la zone OCDE. Ils comparent ensuite la ventilation des dépenses par biens et services dans les différents pays, en accordant une attention particulière à la France.
      Evolution of Health Expenditure in OECD Countries. Spending on health in OECD countries continues to rise and now accounts for around 9 % of GDP, on average. The high cost of health systems and the strain on the public purse means that the financial sustainability is high on the policy-makers'agenda. Paramount among the key factors pushing up health expenditures over recent years have been the advances in medical technology, population ageing and the increasing public expectations towards their health systems.Drawing on data for the 30 OECD member countries, the authors examine the main trends in health spending over recent decades and present variations across countries. Firstly, they examine the growth in health spending in relation to the economy as a whole, before looking at the various funding mechanisms in place across the OECD. They then go on to look at the differences in where the money is spent, regarding the different types of goods and services, with a particular focus on the situation in France.
    • La question de la régulation des systèmes de santé. Éléments d'analyse économique - Grignon Michel p. 43-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article passe en revue les principaux modes de régulation des systèmes de santé en Europe et dans les pays riches. Cette régulation vise à concilier quatre objectifs contradictoires : obtenir la meilleure qualité possible pour une dépense contenue, en assurant une distribution équitable et en encourageant l'innovation. L'équité est souvent considérée comme hors champ ; seuls les pays à allocation descendante de ressources en font un problème de régulation à part entière. Mais l'essentiel de la régulation s'intéresse à la conciliation qualité-coût total. Deux approches peuvent être distinguées : l'une traite les producteurs comme des facteurs de production sous la conduite du régulateur, l'autre traite au contraire les producteurs comme des offreurs sur un marché et incite ceux-ci à se conduire de façon optimale pour soigner au mieux sans dépenser trop. Le marché peut être soit stimulé par un planificateur central soit réellement instauré en laissant les acheteurs – les patients (qui ne sont pas toujours bien placés pour cela) – choisir les producteurs offrant la meilleure qualité au meilleur prix. La régulation par le marché doit donc inventer des acteurs intermédiaires entre consommateurs finals et producteurs. Les arguments (contradictoires) justifiant les différents types d'intervention du régulateur en matière d'innovation sont enfin listés.
      The Question of Regulating Health Systems. This article reviews the main modes of regulating health systems in Europe and industrialised countries. Regulation aims to reconcile four contradictory objectives : securing the best possible quality at reasonable expense, whilst ensuring fair distribution and encouraging innovation. Equity is frequently taken to be beyond consideration; only countries with a decreasing allocation of resources consider it a full-blown problem. But regulation is mainly interested in reconciling quality and overall cost; two approaches may be distinguished: the first treats producers as factors of production accompanied by the regulator whereas the second on the contrary treats providers as suppliers operating in a market and encourages them to behave in an optimal manner to provide effective care without spending too much. The market may either be stimulated by a central planner or genuinely established by letting – buyers – patients (who are not always best placed to do so) – select producers offering the best quality at the best price. Regulation via the market has to invent intermediary actors between final consumers and producers. The (contradictory) arguments justifying the different types of intervention of the regulator in terms of innovation are finally listed.
    • Description des paniers de soins dans neuf pays de l'Union européenne - Velasco-Garrido Marcial, Schreyögg Jonas, Stargardt Tom, Busse Reinhard p. 63-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article décrit les paniers et catalogues de soins définis dans neuf États membres de l'Union européenne (Danemark, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne et Angleterre). Bien que tous les pays étudiés disposent d'un panier de soins relativement exhaustif, le degré de précision des catalogues varie d'un pays à l'autre et, au sein d'un même pays, d'un domaine de soins à l'autre. Actuellement, différents catalogues ou substituts de catalogues – systèmes de rémunération, recommandations de pratique clinique, conventions médicales – sont en place et une harmonisation européenne des paniers de soins ne semble pas envisageable à court ou moyen terme. Toutefois, il serait bon d'ouvrir un débat public sur la nécessité de définir un panier européen minimum. Enfin, il est indispensable de s'entendre le plus rapidement possible sur une classification commune pour décrire les différences existant entre les paniers de soins.
      Identification of Health Baskets in Nine EU Countries. In this paper we provide an overview of the health baskets and benefit catalogues in nine EU member states (Denmark, France, Germany, Hungary, Italy, the Netherlands, Poland, Spain and England). The health basket can be considered as rather comprehensive in all studied countries. However, the degree of explicitness of the benefit catalogues varies among countries and within the same country among health care sectors. A number of different catalogues and substitutes are in place, such as remuneration schemes, guidelines or contracts. At the moment an EU-wide harmonisation of benefit baskets does not seem realistic in the short or the medium term. However, the need of a minimum European common core health basket should be openly debated and a common taxonomy to describe the existing differences is urgently needed.
    • Régulation de la demande de soins non programmés en Europe. Comparaison des modes d'organisation de la permanence des soins en Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni et Suède - Hartmann Laurence, Ulmann Philippe, Rochaix Lise p. 91-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La régulation de la demande de soins non programmés suscite actuellement, dans la plupart des pays d'Europe, des réflexions, voire des réformes d'ampleur qui visent à prendre en compte les évolutions des modes d'exercice des médecins et à atténuer certains des dysfonctionnements des systèmes actuels de permanence des soins. L'objet de cette contribution est de s'interroger sur une éventuelle convergence des modèles alternatifs de régulation de la demande dans quelques-uns des pays retenus. L'article présente, d'une part, les caractéristiques et les limites des modèles traditionnels d'organisation de la permanence des soins et, d'autre part, les nouvelles formes de régulation de la demande de soins non programmés. Un modèle commun semble ainsi se dessiner, sous la forme d'un centre unique d'appels ; l'émergence de ce modèle est non seulement soutenue par les nouvelles technologies de l'information et de la communication, mais aussi par la capacité des systèmes de santé à concevoir de nouveaux rôles professionnels, à responsabiliser la demande de soins et à confronter régulièrement son fonctionnement à une évaluation économique.
      GPs and Access to out of Hours services in six European Countries (Germany, Spain, France, Italy, the United Kingdom and Sweden). Regulating the demand for out-of-hours (OOH) services is, in most European countries, the subject of some consideration and even sizeable reforms, to address new developments in medical practice and to reduce inefficiencies in the current delivery of OOH services. The purpose of this contribution is to inquire into the possible convergence of alternative models of demand regulation in some of the countries listed: Germany, Spain, France, Italy, the United Kingdom and Sweden. The article outlines, on the one hand, the characteristics and limitations of the traditional models of organising OOH services delivery and, on the other, the new forms of demand regulation for OOH services. A common model seems to be emerging in the form of a single call centre; the emergence of this model is supported not only by the new information and communication technologies but also by the ability of health systems to define new professional roles, empower healthcare demand and subject its operation to regular economic assessment.
    • L'accès aux soins de premier recours en Europe. Éléments de présentation - Hartmann Laurence, Ulmann Philippe, Rochaix Lise p. 121-139 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans tous les pays européens, la préoccupation au cœur des réformes des soins de premier recours est celle d'une meilleure adéquation entre offre et demande afin de rationaliser, voire d'améliorer l'accès. La densité médicale, sa répartition géographique et la productivité des médecins généralistes, qui voient leur rôle en qualité d'orienteurs des soins renforcé, constituent des critères clés pour orienter les politiques de régulation de l'offre.Cet article dresse un état des lieux de l'organisation actuelle de l'offre de soins des médecins généralistes dans quelques pays d'Europe, à savoir l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie, le Royaume-Uni et la Suède. Trois principaux aspects de l'organisation des systèmes d'accès aux soins de premier recours sont présentés successivement : la répartition géographique des médecins, les règles d'accès aux soins et les règles de paiement des médecins généralistes.
      Access to Regular Health Care in Europe : a Review. In all countries in Europe, the underlying concern in the reform of primary care is the achievement of a better match between supply and demand with a view to rationalising, if not improving, access. The proportion of doctors in the community, their geographical distribution and the productivity of general practitioners, whose role as gatekeepers is being developed, constitute key criteria in determining supply regulation policies.This article provides an overview of the current organisation of health care provision by general practitioners in several European countries, i. e. Germany, Spain, France, Italy, the United Kingdom and Sweden. Three main aspects of the system giving access to primary care are considered: the geographical distribution of doctors, the rules governing access to health care and those governing payment of general practitioners.
    • Regard sur l'assurance maladie privée dans l'Union européenne - Lewalle Henri p. 141-166 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les systèmes de santé qui se sont développés dans l'UE partagent des valeurs et des principes communs qui fondent le « modèle social européen ». Ils sont structurés sur une logique de solidarité bismarckienne ou bévéridgienne et couvre l'ensemble de la population. Depuis deux décennies, ils sont confrontés à une forte croissance des dépenses de santé, compte tenu de l'évolution des pratiques médicales, de plus en plus onéreuses, de l'accroissement de la demande de soins et du vieillissement démographique. En adoptant des mesures de maîtrise des dépenses, les États ont alourdi la participation aux frais des patients, accroissant, en conséquence, la nécessité de recourir aux assurances complémentaires, soit pour couvrir « les restes à charges », soit pour accéder à des soins privés. Nonobstant, l'assurance maladie privée ne remplit qu'une fonction secondaire. L'étendue de la protection obligatoire et la façon dont elle est organisée déterminent fondamentalement la demande et les formes de protection privée. Généralement, celle-ci se développe principalement sur les espaces lacunaires de la couverture sociale. Les acteurs commerciaux et non marchands ont traditionnellement opéré sur des segments de marché différents. Cependant, l'élargissement du champ et le processus d'intégration européenne ont modifié leurs stratégies. Des tensions ont vu le jour et des conflits se sont développés. Un besoin de régulation se fait ressentir. Le niveau communautaire semble le seul apte à entreprendre cette tâche à l'heure où s'échafaude, dans plusieurs États membres, le scénario d'une protection à trois étages dans un contexte de fragmentation de la protection sociale.
      A Look at Private Healthcare Insurance in the European Union. The health care systems that have been developed in the EU share common values and principles that constitute the « European social model ». They are structured upon the logic of Bismarckian or Beveridgian solidarity and cover the entire population. For two decades, they have been confronted with a strong growth in health care expenditures, considering the evolution of medical practices, which are more and more costly, the growth in demand for care and demographic ageing. By adopting measures to control expenditures, the States have increased the patients'participation in costs, consequently increasing the necessity to have recourse to complementary insurance, either to cover the « remaining costs » or for accessing private care. Notwithstanding, private health care insurance only fulfils a secondary function. The scope of compulsory protection and the manner in which it is organised fundamentally determines the demand for and forms of private protection. Generally, this is principally developed upon the lacking spaces in social coverage. Commercial and non-commercial players have traditionally operated in different segments of the market. However, the increasing field and the European integration process have modified their strategies. Tension has surfaced and conflicts have developed. The need for regulation has been felt. It appears that only the European Union is apt to undertake this task at a time when many Member States are devising scenarios for three-tier protection within a context of fragmentation of social protection.
  • La mise en oeuvre des réformes dans quelques pays européens

    • La mise en oeuvre des réformes des systèmes de santé bismarckiens : des capacités inégales - Catrice-Lorey Antoinette, Steffen Monika p. 171-189 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La mise en œuvre est souvent négligée dans les analyses comparatives de la régulation des dépenses de santé. La prise en compte de cette dimension réintroduit la diversité nationale des trajectoires de réformes, alors que les approches centrées sur les modèles institutionnels et les données financières en estompent les différences, mettant l'accent sur les transferts internationaux d'idées et les contraintes économiques communes. La comparaison présentée ici, de la mise en œuvre de la régulation des dépenses de santé dans les pays d'inspiration bismarckienne (Allemagne, France, Pays-Bas, Espagne), montre une capacité inégale à réaliser le changement, variant en fonction du système d'acteurs et notamment des rapports entre l'État et l'assurance maladie. L'analyse s'attache également aux réformes de structures, visant à modifier l'architecture d'origine au profit de nouveaux opérateurs, qui diffèrent des réformes de gestion, cherchant à s'affranchir d'une administration opaque et à promouvoir une approche médico-économique liant rigueur managériale et qualité médicale. Enfin, trois niveaux sont distingués dans la conduite des réformes requérant, chacun, des conditions spécifiques de mise en œuvre : le niveau de l'arbitrage politique entre l'économique et le social, celui du retrait de l'État au profit d'une régionalisation ou d'une privatisation de la gestion des systèmes, celui enfin de l'introduction de nouveaux schémas de management médico-économique.
      Implementation of Healthcare Reforms in the Bismarckian Systems: Unequal Capacities. Implementation is often neglected in comparative analyses of the regulation of healthcare systems and expenditures. Taking this aspect into account reintroduces the national diversity of the reform paths, whereas approaches focused on the institutional models and financial data soften the differences and highlight the international transfer of ideas and the common economic constraints. The comparison set forth herein of the implementation of reforms aiming at the regulation of healthcare expenditure in the countries with Bismarckian systems (France, Germany, The Netherlands) reveals unequal capacities to implement change, depending on the players and, in particular, the relationship between the State and the healthcare insurance providers. The study distinguishes structural reforms, aimed at modifying the original architecture to benefit new actors, from management reforms, which try to depart from the previous opaque management style and promote a medico-economic approach that blends managerial rigor with medical quality. Finally, there are three levels to be distinguished in the carrying out of reforms, each requiring specific conditions for their implementation: the political arbitration between the financial and the social, the withdrawal of the State in favour of a regionalisation or privatisation of the systems'management and, finally, the introduction of new models of medico-economic management.
    • Financement solidaire et gouvernance concurrentielle. Le modèle allemand d'organisation de la santé en débat - Bode Ingo p. 191-216 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Allemagne, la fourniture des soins est assurée grâce à la coopération (régulée par la puissance publique) d'une multitude de caisses d'assurance maladie à but non lucratif et de divers offreurs, avec lesquels les caisses entretiennent des relations contractuelles. Le système allemand, d'inspiration bismarckienne, est financé selon le principe de la répartition par des cotisations sociales payées par les employeurs et les salariés – ce mode d'organisation institutionnelle a toutefois récemment été mis en question. Par ailleurs, l'organisation administrative du système de santé allemand se caractérise par l'introduction (récente) de la gouvernance concurrentielle. Cet article examine l'évolution du financement de la santé et des structures de gouvernance. Il avance que le système de financement a changé de manière parcellaire, tandis que les structures de gouvernance ont subi une transformation plus radicale. Le débat actuel sur la réforme de santé confirme cette tendance : malgré d'ambitieuses propositions de réforme du mode de financement de la santé, le système traditionnel tend à perdurer, tandis que les structures de gouvernance évoluent, intrinsèquement, vers un accroissement de la concurrence entre les différents organismes d'assurance. Le système de santé suit donc une évolution contradictoire, faite de stabilité institutionnelle et d'un début de libéralisation – qui s'accompagne d'un processus rampant de différenciation de l'offre de soins et, probablement, d'une aggravation des inégalités sociales.
      Fair Funding and Competitive Governance. In Germany, health care is provided via the (publicly regulated) interplay of a multitude of non profit sickness funds and a pluralistic set of providers with which these funds maintain contractual relations. With its Bismarckian tradition, the system relies on pay-as-you-go contributions shared by employers and employees – an institutional design that has recently been challenged, though. Moreover, a particular (novel) characteristic of the German health care system is competitive governance in its administrative setting(s). This article explores both the evolution of the funding regime and developments in the governance structures of the system. It argues that there have been incremental changes in the former and more radical shifts concerning the latter. The current debate on health care reform tends to confirm this configuration; in spite of far-reaching proposals to modify medical financing, the old funding regime basically tends to persist while the governance structures present an in-built tendency towards ever more inter-agency competition. The result is a contradictory evolution exhibiting both institutional stability and path-breaking liberalisation – with a creeping differentiation of medical service provision and (some) more social inequality as a likely outcome.
    • Pays-Bas, une réforme du système de santé fondée sur la concurrence et la privatisation - Cohu Sylvie, Lequet-Slama Diane, Volovitch Pierre p. 217-238 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La réforme du système de santé néerlandais, mise en œuvre en 2006, se fonde sur l'introduction de mécanismes concurrentiels au sein du compartiment soins courants. Depuis le 1er janvier, la distinction entre caisses maladie publiques et assurances privées a été supprimée et l'assurance privatisée. Les Néerlandais choisissent librement leur assureur santé et paient une prime qui n'est plus corrélée au revenu, mais varie selon les assureurs et la police choisie. Conscients des problèmes posés par un dispositif qui pourrait permettre aux assureurs santé de pratiquer une sélection des risques, les pouvoirs publics ont mis en place diverses mesures destinées à équilibrer les rapports entre les différents acteurs : système de péréquation du risque, panier de biens standard assuré, obligation d'assurance pour tous, interdiction de différencier les primes en fonction du risque.De nombreuses questions demeurent toutefois : l'efficacité des mesures fiscales prises pour compenser les effets anti-redistributifs d'une prime forfaitaire qui pèse davantage sur les plus pauvres, la qualité de l'information à destination des assurés pour leur permettre de faire un choix éclairé, l'effectivité de la transformation des assureurs en opérateurs de soins capables de négocier avec les professionnels non seulement sur les tarifs, mais aussi sur la qualité.
      The Netherlands, Reform of the Health System Based on Competition and Privatisation. Reform of the Dutch health system, which began in 2006, is based on the introduction of competitive mechanisms within the general curative care compartment. On 1 January 2006, the distinction between public health funds and private insurance funds ended and health insurance became privatised. The Dutch freely chose their health insurer and pay a premium which is no longer income-based, but varies according to the insurers and the policy chosen. The public authorities, who are aware of the problems posed by a mechanism which could allow health insurers to practise risk selection, have implemented various measures intended to balance relationships between the different players: a risk equalisation system, a standard health basket, mandatory insurance for all and prohibition of the differentiation of premiums in relation to risk.Several issues remain, nonetheless: the effectiveness of tax measures taken to compensate the non-redistributive effects of a flat-rate premium that bears down even more on the poorest, the quality of information for the insured in order to allow them to make a clear choice and the effectiveness of turning insurers into health care operators capable of negotiating with professionals not only regarding rates, but also regarding quality.
    • Le rôle de l'assurance maladie dans la régulation du système de santé en Suisse - Bolgiani Iva, Crivelli Luca, Domenighetti Gianfranco p. 239-262 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le système suisse d'assurance maladie se situe à mi-chemin entre une assurance sociale et une assurance privée. L'assurance est obligatoire et gérée par une pluralité de caisses maladies privées sans but lucratif, qui sont formellement en concurrence et offrent un panier identique de prestations.La prime de l'assurance est indépendante du revenu et varie en fonction du canton de résidence de l'assuré et du risque moyen de la clientèle de l'assureur (community rating). Le modèle offre au citoyen-assuré une totale liberté de choix du fournisseur de prestations et de l'assureur à l'intérieur du canton de résidence. Les assureurs peuvent offrir des produits qui limitent la liberté de choix du fournisseur de soins moyennant un rabais sur le prix de l'assurance.Un bilan sur le rôle régulateur de ce modèle complexe d'assurance, qui représente un compromis entre mécanismes de marché et régulation étatique et soumis à un système de financement dégressif par rapport au revenu, montre que l'objectif de l'équité d'accès aux soins a été largement atteint contrairement à l'objectif de maîtrise de la croissance des coûts. Des réformes majeures du système sont en discussion au Parlement, mais leur succès risque d'être remis en question par les clivages entre les objectifs des principales parties prenantes (stakeholders) et par le fédéralisme et la démocratie directe qui caractérisent le paysage constitutionnel de la Suisse.
      The Role of Health Insurance in Regulating the Swiss Health Care System. The Swiss health insurance system is a halfway-house between a social insurance and a private health insurance system. Insurance is compulsory and managed by a range of non-profit private health insurance companies (sickness funds) which officially compete with each other and cover an identical benefit package.Insurance premiums do not depend on income and vary according to the canton in which the insured person lives and the average risk of the client base for the insurer (community rating). The model provides the citizen with total freedom in choosing the service provider and health insurer in the canton within which they live. Insurers may offer products with limited freedom of choice in return for a reduction in the insurance premium.An appraisal of the regulatory role of this complex insurance model which represents a compromise between market mechanisms and state regulation and which is subject to a regressive financing, has shown that the objective of equity of access to health care has been broadly achieved whereas that of bringing cost increases under control has not. Major reforms of the system are being discussed in the Parliament, but their successful outcome may well be called into question by the differences in the objectives of the main stakeholders and by the federalism and direct democracy which characterise the Swiss constitutional landscape.
    • Le système de santé anglais : régulation et rapports entre les différents acteurs - Mason Anne, Smith Peter C. p. 265-284 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article porte sur la régulation financière du système de santé en Angleterre. Après un rapide historique, il présente la structure institutionnelle actuelle avant de s'intéresser aux instruments de régulation et à l'organisation financière du système. Pour conclure, il propose une analyse critique de certaines des réformes en cours, en soulignant que l'Angleterre peut être une source d'inspiration pour d'autres pays cherchant à réformer leur système de santé. Toutefois, le système de santé anglais traverse actuellement une période de fortes turbulences, de nombreux éléments de son mode de financement étant en cours de redéfinition. Ces transformations rendant l'évaluation de l'impact des réformes difficile, nombre des conclusions présentées ont inévitablement un caractère hypothétique.
      Regulation and Relations Between the Different Participants in the English Health Care System. This paper describes the financial regulation of health care in England. It starts with a historical overview, and then summarizes the current institutional structure. The main instruments of regulation in the system are then outlined, and the elements of the finance system described. The paper ends with some views on current reforms, suggesting that England offers a fertile source of ideas for other countries interested in options for restructuring their health care systems. However, the English health system is going through a very turbulent period of redesign with many of the arrangements in the process of being changed. As this makes evaluation of the impact of reform problematic, many of the authors, conclusions are necessarily very tentative.
    • Le système de santé italien : évolution de la répartition des compétences et du mode de financement - Fargion Valeria p. 285-311 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article décrit l'évolution récente du service national de santé italien, en s'attachant en particulier aux changements introduits par les réformes adoptées à la fin des années quatre-vingt-dix. En renforçant le rôle des gouvernements régionaux, elles ont en effet profondément modifié la répartition des pouvoirs entre les niveaux central et régional de gouvernement. L'auteur met en évidence la différence entre l'approche coopérative des gouvernements de centre-gauche qui sont à l'origine de la législation sur la décentralisation et l'approche conflictuelle qui caractérise la majorité de centre-droite arrivée au pouvoir par la suite. Compte tenu du rôle majeur qu'a joué le financement de la santé dans les différends entre le gouvernement national et les régions, elle présente la logique qui sous-tend la législation sur le fédéralisme fiscal et sa mise en œuvre, et compare l'ampleur et la qualité de l'offre de soins dans les différentes parties de l'Italie. Ainsi, elle montre que les régions du Nord et du Centre continuent d'offrir un niveau de soins plus élevé que celles du Sud, ce qui a pour effet d'inciter de nombreux patients vivant dans les régions sous-équipées du Sud à se faire hospitaliser dans le Nord. La dernière partie de l'article est précisément consacrée à cet aspect : des conflits pourraient surgir entre les régions et venir compliquer encore la situation, notamment à la suite de la réforme constitutionnelle approuvée par la majorité de centre-droite juste avant la fin de la législature.
      Changes in the Responsibilities and Financing of the Health System in Italy. The article attempts to shed light on recent developments in the Italian National Health Service, particularly the changes introduced by the reforms of the late 1990s. By strenghtening the role of Regional governments, these measures deeply affected the previous centre-regional balance of powers. The article contrasts the co-operative approach by the centre-left governments which originally introduced the relevant legislation with the confrontational style typical of the following centre-right majority. Considering health funding played a crucial role in the controversy between the national government and the Regions, the article discusses the rationale of legislation on fiscal federalism and its implementation, but also the quantity and quality of health care services provided in the different parts of the country. As the article illustrates, Northern and Central Regions continue to have a higher level of services compared to the South, thereby attracting a considerable number of hospital patients from ill equipped Southern areas. The last part of the article addresses this topical issue and the possibility that inter-regional conflicts might surface, and complicate the situation further, especially in the light of the constitutional reform which the centre-right majority approved just before the end of the legislature.
    • Soixante années de réformes du système de santé portugais : la décentralisation dans le domaine de la santé. Point de vue - Ferrinho Paulo, Conceição Cláudia, Biscaia André Rosa, Fronteira Inês, Antunes Ana Rita p. 313-329 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article passe en revue soixante années de réformes du système de santé portugais. Les principales réformes ont été engagées après la Révolution de 1974. Jusqu'à la fin des années quatre-vingt, le Service national de santé est resté très centralisé. Puis, à partir des années quatre-vingt-dix, un certain nombre de mesures témoignent de l'intérêt porté à la décentralisation : instauration des autorités sanitaires régionales, création de marchés internes de la santé et d'agences de contractualisation, séparation entre les fonctions d'acheteur et d'offreur, tentatives d'introduction de méthodes de gestion issues du monde de l'entreprise, mise en place de services de proximité, intégration verticale (locale) et création de réseaux régionaux d'établissements. Dans le cadre de ce processus de décentralisation, la politique de santé a continué de relever de l'État – y compris sur le plan fiscal et financier –, tandis que la fourniture des soins a été de plus en plus décentralisée. Cette décentralisation de l'offre de soins a obéi essentiellement à deux logiques : la dévolution et la déconcentration. Des tentatives de privatisation ont également eu lieu, mais ont entraîné une recentralisation.Au Portugal, la recherche d'un modèle de décentralisation s'est donc traduite par une redéfinition continuelle de la place qu'occupent respectivement les niveaux central et sub-national dans le processus décisionnel. Il est peu vraisemblable que l'on assiste à un ample mouvement de décentralisation au Portugal dans un avenir proche.
      Sixty Years of Reform in the Portuguese Health System: What is the Situation with Regard to Decentralisation? The authors review sixty years of health care reform in Portugal. The major reforms emerged after the 1974 revolution. The initial period, up to the 1ate 1980s was a period of development of a very centralized NHS. From the 1990s onwards, the concerns with decentralization were reflected in a number of initiatives: the emergence of regional health authorities; internal health markets and contracting agencies; purchaser-providers split; entrepreneurial management experiences; proximity services; vertical (local) integration; and regionalized networks of facilities. These efforts have ensured that policy, including fiscal matters, remain centrally controlled while service delivery has been increasingly decentralized and were mostly of two types: devolution and deconcentration. Privatisation was also experimented with but leading to recentralization.Therefore, in Portugal the search for a decentralized model has involved an ongoing re-balancing of national and sub-national decision-making roles. It is not expected that in the near future Portugal will see a major decentralization drive.
    • Remèdes, financement public et insatisfaction politique. La réforme de la politique de santé en Europe vue par un chercheur américain - Brown Lawrence D. p. 333-351 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les pays occidentaux, la réforme du système de santé est devenue une quête incessante qui met en concurrence une multitude de stratégies visant à ce que le système fonctionne mieux. Bien que chercheurs et analystes spécialistes de la politique de santé concentrent leur attention sur les solutions destinées à améliorer le fonctionnement des systèmes de soins (médecine basée sur des faits-EBM–, technologies de l'information par exemple) ou à le transformer (définition de priorités, concurrence régulée), dans la pratique, les réformes qui continuent d'occuper le devant de la scène sont celles qui ont vocation à assurer la viabilité financière du système de santé en trouvant des recettes supplémentaires. C'est finalement à une discipline traditionnelle, en l'occurrence la finance publique, qu'il faut redonner une place dans les débats sur la réforme de la santé.
      Policy Fixes, Public Funds, and Political Frustration, An American Researcher Looks at European Health Reform. In Western nations health reform has become a ceaseless quest in which myriad ameliorative strategies compete for policy prominence. Although health policy researchers and analysts mainly focus on measures to improve the workings of the health care system (for example, evidencebased medicine and information technology) or to transform it (for instance, priority setting and managed competition,) in practice, the reforms at center stage are those that sustain the system by pumping additional resources into it. The quaint discipline of public finance deserves fresh attention in debates about health reform.
  • Note de lecture