Contenu du sommaire : L'interprétation : entre élucidation et création
Revue | Etudes de Communication |
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Numéro | no 24, 2001 |
Titre du numéro | L'interprétation : entre élucidation et création |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : L'interprétation : entre élucidation et création
- PréfaceÉlucidation et création : Sortir de l'hermétisme herméneutique - de La Broise Patrice p. -
- Des signes en publicité - Péninou Georges p. - À la jonction des productions et des marchés, la publicité doit sa spécificité, de forme et de contenu, aux multiples réglages auxquelles elle soumet l'information pour la mettre en condition publicitaire. La mise en publicité est cette conformation au code d'expression de l'objet marchand, qui est son code de reconnaissance. Ainsi assurée de son identification, elle organise, en deux puissantes fondations, de préoccupation constante, la mise en vue (où s'originent les systèmes de l'exposition et de la présentation) et la mise en mémoire (grâce à laquelle le Nom de Marque devient mémoire de marque incluse dans un Nom). En autant de campagnes qui sont ses « saisons », elle propose des représentations, associant mise en scène, mise en spectacle, mise en récit : théâtre des objets, plié à la double exigence de la narration brève et de la séduction brève. Le « dit » de la pièce, son propos, renvoie au rapport singulier entretenu à l'égard du produit, que le métier dit « d'évocation » et dont on dira ce qu'il faut en penser. Il convie à se pencher sur les sources du sens en publicité, sur l'évolution d'une pratique à visée signifiante en ses moments forts (moments de la qualité, de l'intériorité, de la différence), et sur l'interprétation à laquelle peut conduire le « devisement » de l'objet, face à « l'envisagement » de l'objet et au « dévisagement » respectifs qu'en font les protagonistes de la communication.At the crossroads between productions and markets, advertising owes its specificity, in shape and content, to the numerous adjustments which it submits information to in order to place it in an advertising position. The « mise en publicité » (the positioning in terms of advertising) is this confrontation with the code of expression of the object to be sold, which is its identification code. Thus sure of being identified, it organises, according to two powerful foundations, which are a constant preoccupation, the « mise en vue » (the positioning in terms of visibility, where the systems of exhibition and presentation originate) and the « mise en mémoire » (the positioning in terms of memorizing, thanks to which the Brand Name becomes brand memory included in a Name). In as many campaigns which are its « seasons », it proposes « représentations » (preformances), bringing together « mise en scène » (staging), « mise en spectacle » (showing), « mise en récit » (narrating) : a theatre of objects, bound by the twofold demand of short narration and short seduction. What is « said » in the play, what it means, sends you back to the strange relation towards the product which the trade calls a relation of « evocation » and of which we shall later say what is to be thought. It brings you to reflect upon the origins of meaning in advertising, upon the evolution of a practice aiming at sense in its strong moments (moments of qualitity, of interiority, of difference), and upon the interpretation to which the « devisement » (conversing about) the object can lead, as opposed to the « envisagement » (figuring out) and the « dévisagement » (deciphering) which communication protagonists devise.
- De l'interprétation au cirque - Hotier Hugues p. 3 Les promoteurs du Cirque éducatif n'ont jamais fait mystère de leur militantisme et ne cachent pas que le cirque est un excellent vecteur de valeurs humaines et sociales. Bref, le Cirque éducatif délivre un message dans la mesure où il montre aux enfants qu'il est possible de vivre et de travailler ensemble sans se soucier de la couleur de la peau ou de la religion (le cosmopolitisme est un des fondements du cirque) et où il affiche les notions de sincérité (pas de play-back au cirque), d'effort, de courage, etc... Le paradoxe est que le cirque est avant tout perçu comme une distraction. Effectivement, les animateurs du Cirque éducatif considèrent que le cirque est un lieu d'émotion plus que de réflexions, émotions largement supportées par la puissance du non-verbal. Il faut donc faire passer le message par induction sans nuire à la réception du spectacle.The promoters of educational circus have never been mysterious about their being militants and do not conceal the fact that the circus is an excellent driving force for human and social values. In short, educational circus delivers a message in so far as it shows to children that it is possible to live and work together without taking care of skin colour or of religion (cosmopolitanism is one of the foundations of the circus), and it defends notions such as sincerity (no play-back in the circus), effort, courage, etc... paradoxally enough, the circus is perceived as entertainment before everything. As a matter of fact, activity leaders in educational circus feel that the circus is a place for emotions more than reflexions, emotions which are largely brought about by the power of the non-verbal. It is then necessary to carry the message across thanks to induction without harming the way the show is received.
- Figures de cirque versus figures de science - Raichvag Daniel, Valmer Michel p. 4 Cet article envisage le spectacle vivant de sciences comme un genre artistique. Comme tout genre littéraire ou artistique, il pose à la fois des questions relatives à la création des œuvres reconnues comme en faisant partie et des questions relatives à l'élucidation des mondes que ces œuvres croisent – celui des créateurs, des récepteurs, des analyseurs, des praticiens et des théoriciens. Par ailleurs, ce genre prenant en charge un autre monde, celui des sciences, les questions abordées feront aussi retour sur cet autre monde. Le spectacle vivant de sciences permettra non seulement de s'interroger sur la pluralité des référents servant de base à la création – interrogation classique semblant prendre des valeurs particulières quand il s'agit des sciences –, mais aussi sur la manière dont un public peut devenir acteur d'un spectacle vivant – qui plus est spectacle vivant de sciences. Finalement, ce genre interrogera le modèle classique des analyses de la vulgarisation des sciences : le modèle émetteur-récepteur centré sur le transfert des connaissances scientifiques.This paper views the living shows of sciences (cabarets, floor-shows, songs, stand-up comedies, performances...) as a true artistic genre. As any other litterary or artistic genre, it therefore puts forward questions relating, first, to the way these productions are created and, secondly, to the various processes of interpretation in which they could be involved. Moreover, as this genre takes over another world, that of sciences, those questions will interestingly look back upon that other world. Living shows of sciences push us to examine the multiplicity of sources making these productions able to exist – a classical questioning but which might appear somewhat peculiar when dealing with sciences. But they push us too to analyse the way the audience might turn into a true actor in these events. Finally, this genre will question the classical model of popularization of sciences, the « top-down and dissemination-oriented model ».
- Pratiques interprétatives en muséologie - Delarge Alexandre p. 5 Nous abordons dans cet article les divers aspects du travail de conservateur de musée, qui vont de la collecte à la médiation, en y portant un éclairage nouveau dans lequel la part de subjectivité est importante. C'est cette subjectivité qui génère des démarches d'interprétation que l'on peut classer selon quatre acceptions principales ; traduire au sens linguistique, dévoiler ce qu'il y a d'obscur dans un texte, prendre en bonne ou mauvaise part, et exécuter au sens musical ou théâtral. La conclusion donne lieu à une discussion portant sur les devoirs du conservateur eu égard au fait qu'il est à la fois représentant d'une institution et interprète autant que protecteur du patrimoine, mais aussi qu'il doit assurer un équilibre entre souci d'objectivité et contrainte de subjectivité.We shall here deal with every part of a curator's work, from acquisition to exhibition, pointing out the fact that subjectivity takes a prominent part in them. Interpretations get out of this subjective approach, interpretation meaning four different things : translation in a linguistic terms, revealing the hidden part of a text, reading or misreading a sign, rendering in a musical acceptation. As a conclusion we discuss the curator's duty considering that he is the representative of an establishment, the interpreter and protector of heritage, but that he must at the same time, manage a balance between a necessary objectivity and an unescapable subjectivity.
- Interprétation du statut d'un audioguide - Deshayes Sophie p. 6 Participant d'une palette d'outils de médiation mis à disposition des publics de musée, l'audioguide, qui assure traditionnellement la traduction en langues étrangères, a désormais vocation d'aide à la visite et à l'interprétation des œuvres. Comment les visiteurs s'approprient-ils cet outil ? Quels usages en font-ils ? Comment interprètent-ils la situation de visite proposée et l'activité de contemplation elle-même ? La démarche d'évaluation mise en œuvre est, elle-même, interprétative des discours et des comportements de visiteurs sollicités sur leurs pratiques de visite avec audioguide. Elle révèle le sens que ceux-ci lui confèrent, en écho à d'autres interprétations de professionnels des musées ou d'avis experts. À l'usage, l'audioguide est ainsi porteur de liberté et d'autonomie pour les visiteurs qui interprètent la proposition dans ce sens et non pas comme une contrainte. La logique d'accompagnement l'emporte sur le sentiment d'être assisté, ou « enfermé » dans une logique de parcours dirigiste. L'activité de sélection et d'interprétation des œuvres devient un modèle pour « apprendre des choses » au musée : apprendre à voir et accéder aux savoirs, aux « façons de faire » qui fondent le regard éclairé, à fortiori quand « les objets ne parlent pas d'eux-mêmes ».The audioguide, which is one of the tools used by museum visitors, and which was traditionally devoted to translation, is now supposed to help public to visit the museum and understand the exhibits. How do visitors use the audioguide ? How do they interpret this new way of visiting museums and of contemplating works of art ? The following article is based on surveys : we try to collect visitors' points of view and experiences about the audioguide. It highlights what they think about it, which differs from interpretations of museum people and experts' advice. It appears that the audioguide brings visitors freedom and autonomy in the way they visit museums. They feel more like being accompanied rather than being forced to follow a pre determined visit. They choose what they want to hear about, and by this way, they try to learn how to watch things.
- Hypothèse pour une réalité fugace et multiple - Hilaire Philippe p. 7 Le réel ne semble pas continu, il est plutôt fait d'instants, de ruptures et de suspensions. Pour advenir, le réel doit être perçu, formulé, afin que l'échange soit possible. L'interprétation devient alors la seule modalité du monde puisque dans l'échange, toujours un peu de moi subsiste. Plusieurs activités parallèles aident-elles à trouver une cohérence en faisant varier les points de vue ?Architecte-paysagiste, j'interprète à la fois la commande et l'espace pour prendre une position (intellectuelle mais aussi physique) qui permette de le transformer. Peintre, il me faut interpréter cette sensation que le monde est appréhendable dans sa totalité, immédiatement, à chaque lieu de l'espace, à chaque instant, à partir d'une posture physique que j'adopte, pour en proposer un fragment qui dise la totalité. Chercheur, la connaissance accumulée doit être interprétée pour construire un nouveau point de vue ou interroger des travaux antérieurs pour les amener dans un champ parallèle.Le jeu des influences entre ces trois positions vis-à-vis du réel les transforme chacune tour à tour, mais l'interprétation n'est-elle pas alors le seul moteur de l'activité humaine : ce qui motive ; et ma connaissance du monde est-elle liée à la connaissance que j'ai de moi ? Seule l'interprétation permet-elle de trouver les porosités et les impuretés qui nous permettent l'échange ; et de fait, le monde n'existe-t-il que parce que nous l'interprétons ?Real seems to be a discontinuity, it's made of moments, breaks, hangings of time. To exist, the real must be perceived, set out, so that exchange becomes possible. Then, the interpretation becomes the only modality of the world because, in the exchange, always a little part of me subsists. Do several parallel activities help to find a coherence by the variation of different points of view ? Being a landscape architect, I interpret both the order and the space to take a stand (intellectually and physically) to allow the modification of the space. Being a painter, I love to interpret this sensation that we can catch the world, immediately, at each point of the space, at each moment, from a physical posture I adopt, to propose a fragment which say the totality. Being a researcher worker, the knowledge must be interpreted to built a new point of view, or interrogate precedent works to bring them in a parallel field. The game of influences between those three positions in front of the real transforms it, and the interpretation is perhaps the only mainspring of the human activity : what motive us. So, is my knowledge of the world linked to the knowledge I have of myself ? Does the interpretation allow to find the porosities and the impurities which authorize the exchange, and, de facto, does the world exist just because we interpret it ?
- Impression d'originalité. « Les hommes ressemblent plus à leur temps qu'à leur père » - Da Lage-Py Émilie, Vandiedonck David p. 8 A partir de l'interview d'un musicien arabo-andalou, Habib Guerroumi et de sa femme Assina, percussionniste, nous portons nos regards croisés sur la relation musicale, intime et complexe, qui se noue dans l'interprétation. C'est depuis nos terrains de recherche spécifiques : les musiques classiques et les musiques traditionnelles que nous « interprétons » les discours d'Habib et d'Assina. Ce double regard, méta-interprétatif, permet de révéler les limites et les contradictions du concept d'interprétation dans son acception « moderne ».We cross our looks over the interview of Habib Guerroumi and his wife Assina, both traditional musicians. We interpret their words from our specific fields of research : classical and traditional musics. These different perspectives reveal the intimacy and the complexity of the musical relation created by and in the interpretation. They also underline the limits and contradictions of the concept of interpretation in its modern sense.
- En guise d'épiloguePratiques interprétatives : entre méthodes et sens commun - Le Marec Joëlle p. 9
Notes de lecture
- Claude Jamet - Noyer Jacques p. 10
- Isabelle Garcin-Marrou : Terrorisme, Médias et Démocratie. Presses Universitaires de Lyon coll. « Passerelles », 2001. - Tavernier Aurélie p. 11