Contenu du sommaire
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 8, 4, 1977 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
L'asie socialiste
- Présentation - Georges Mond p. 9-10
Articles
- Les constitutions socialistes asiatiques - Patrice Gélard p. 11-34 Les pays socialistes asiatiques (Chine, Corée du Nord, Cambodge, Laos, Mongolie extérieure et Vietnam) se sont tous récemment dotés de constitutions qui sont toutes à la fois conformes aux principes généraux du droit constitutionnel des Etats socialistes, tels qu'ils découlent de la constitution soviétique de 1936 et spécifiques. Cette spécificité se manifeste ouvertement dans une certaine originalité des institutions et aussi dans une conception plus affirmée du rôle du parti voir même souvent de l'armée. C'est pourquoi ces constitutions apparaissent plus comme un cadre souple que comme la description des règles précises déterminées de fonctionnement des institutions. Elles ne définissent pas bien les mécanismes réels du pouvoir et sont sans doute beaucoup plus des moyens idéologiques de lutte contre le sous-développement et de défense de l'identité nationale qu'une constitution au sens classique, voire même soviétique du terme.The Constitutions of the Socialist Countries of Asia. The socialist countries of Asia (China, North Korea, Cambodgia, Laos, Outer Mongolia and Vietnam) have recently adopted constitutions all of which conform to the general principles of the constitutional right of socialist states, as set forth in the Soviet Constitution of 1936, and all have the same specific character. This specificity is clearly evidenced by a certain originality in the conception of the institutions and in the marked role played by the communist party and in many cases by the army as well. For this reason, these constitutions appear to be more like a flexible framework than the description of precise statutes determining the workings of the institutions. They do not clearly define the true mechanisms of power. Without a doubt they more precisely comprise an ideological means of combating under-development and of defending the national identity than a constitution in the accepted sense of the term, or even in the Soviet interpretation of it.
La Chine
- Les trois révolutions de la Chine : bilan de 28 ans d'édification socialiste - Tsien Tche-hao p. 35-73 Lorsque Mao Tse-toung proclama la République populaire de Chine en octobre 1949, la situation politique et économique de la Chine était lamentable. Le parti communiste chinois s'attacha à résoudre les divers et imposants problèmes qui se posaient au pays au moyen de trois révolutions à la fois successives et simultanées, temporaires et permanentes : la révolution politique, essentiellement constitutée par la prise de pouvoir, la révolution économique qui consiste à transformer les rapports de production, la révolution culturelle qui, en changeant les mentalités, est à la fois la conséquence des deux premières et la garantie de leur succès. La révolution politique s'effectua sur les principes de la doctrine marxiste- léniniste dont la pensée de Mao Tse-toung constitue le prolongement et le développement. Elle a abouti à la formation d'un Etat de dictature du prolétariat pratiquant le centralisme démocratique, où le pouvoir appartient au peuple qui l'exerce à travers des assemblées populaires élues et par l'intermédiaire du parti communiste chinois. Cet Etat repose sur la démocratie la plus large, c'est-à-dire un grand nombre de droits et libertés et de très larges possibilités d'expression pour le peuple, à l'exclusion des ennemis du peuple, la minorité des contre- révolutionnaires, qui sont privés de tout droit d'expression. Les minorités ethniques jouissent de droits particuliers leur permettant de protéger l'originalité de leur culture nationale, tandis que la femme bénéficie de mesures juridiques et économiques lui permettant d'accéder à l'égalité. La révolution économique s'est traduite par la socialisation progressive et par étape de tous les moyens de production. L'économie planifiée se développe en suivant un certain nombre de « recettes » telles que « par ses propres moyens », « marcher sur deux jambes », etc. qui s'attachent d'une part à lutter contre le gaspillage, d'autre part à favoriser l'esprit d'initiative et d'invention des masses populaires. Des résultats très positifs ont été enregistrés dans le domaine agricole aussi bien que dans le domaine industriel. Bien qu'elle ait de tout temps accompagné les révolutions politique et économique, la révolution culturelle s'est signalée par le grand mouvement déclenché dans les années 1966-1969. Les principaux changements ont porté sur le domaine de l'enseignement, la science et la technique, la santé, Part et la littérature. Dans tous ces domaines, les Chinois se sont efforcés de sortir des sentiers battus et d'élaborer une culture prolétarienne qui soit à la fois nationale (tenant compte de la richesse de la civilisation chinoise), scientifique (expurgeant l'héritage culturel de tout son fratras négatif), et de masse (c'est-à-dire conçue par et pour le peuple, et non pour une élite privilégiée). En conclusion, il apparaît que, bien que des problèmes demeurent, spécialement en ce qui concerne la désignation des dirigeants au sommet, mais le bilan est largement positif : la Chine est sortie de la misère et a conquis son indépendance dans le domaine économique aussi bien que politique. Elle a en outre éliminé un certain nombre de plaies sociales qui continuent de ronger des pays plus riches et plus développés qu'elle.The Three Revolutions of China: a 28 years Review of Socialist Edification. When Mao Tse-tung proclaimed the Republic of China in October 1949, the nation was in a deplorable economic end political situation. The communist party aimed to reorganize the country by way of a revolution that has taken place on three fronts: the political front, party efforts directed at taking over power; the economic front, directed at transforming production; the cultural front, bringing about a change in the mentality to reinforce the action taken on the political and economic fronts. The political revolution, based on the principles of Marxism-Leninism, developed and extended through the doctrine of Mao Tse-tung. This brought about dictatorship of the proletariat and the formation of a state based on democratic centralism, in which power is exercised by elected popular assemblies and the communist party. This state is founded on the principle of democratic rights, such as freedom for all people, excepting enemies such as counter-revolutionaries, who are deprived of all rights of expression. For ethnic minorities special provisions are made to safeguard the originality of their culture, while for women judicial and economic measures have been taken to enable them to a accede to a condition of equality. On the economic front, action constitutes progressive socialization of the means of production. Planned economy based on the concept of "stand on your own two feet" and "accomplish the task yourself" is geared to prevent waste and encourage a mass spirit of initiative and invention. Very satisfying results have been recorded in agriculture and industry. Although revolution on the cultural front accompanies the two other movements, it became apparent in 1966-69, when great changes were made in education, science, technology, art and literature. An effort was made to abandon previous forms and forge a culture of the proletariat which would be at once: national, taking into account the rich heritage of Chinese civilization; scientific, ridding the culture of negative elements; and created by and for the masses, and not a privileged minority. In conclusion, despite continuing difficulties, in particular regarding the choice of leaders for top authority, the net results appear to be positive: China has come out of dire poverty and become independent both politically and economically, having done away with a certain number of social evils which continue to plague richer, more developed societies.
- L'économie de la République populaire de Chine : bilan de 25 années - Jan S. Prybyla p. 75-116 L'article analyse les principales caractéristiques et l'évolution de l'économie de la République populaire de Chine au cours des 25 dernières années. Il comprend quatre chapitres : I. L'environnement de l'économie (cadre politique interne, externe, culturel) ; II. Les ressources (naturelles, humaines, produites) ; III. Les institutions économiques (types, fonctions) ; et IV. Les objectifs (croissance, équité, sécurité, stabilité, indépendance). I. La politique intérieure chinoise ? notamment l'apparition de factions opposées parmi les dirigeants ? a influé sur l'économie en provoquant des fluctuations périodiques de l'activité économique et de la discipline du travail. Les deux événements majeurs sur le plan de l'environnement international ont été l'embargo à rencontre de la Chine en raison de son attitude dans la guerre de Corée (années cinquante) et le conflit sino-soviétique (années soixante). Les deux événements ont eu un effet important sur la politique économique chinoise. Malgré les transformations profondes apportées par le nouveau régime, l'héritage culturel chinois continue à exercer une grande influence sur l'économie de la République populaire. Pour comprendre les « nouvelles choses socialistes » qui sont en train de naître, il faut d'abord saisir la subtilité de la continuité culturelle chinoise. II. On recense les ressources naturelles sous les rubriques : terres, minéraux et métaux et sources d'énergie primaire (charbon, pétrole). Les tentatives de la Chine de fournir suffisamment de produits alimentaires à sa population en expansion et de matières premières à son industrie en pleine croissance sont analysées sur divers plans, y compris la gestion des eaux, la bonification des terres (amélioration des techniques agricoles, utilisation d'engrais chimiques et de pesticides, mécanisation des travaux agricoles). Les récoltes ont fortement augmenté et la production de céréales avoisine aujourd'hui les 290 millions de tonnes (195 millions en 1957). Il semble que la Chine a réussi à sortir des méthodes traditionnelles de culture et d'irrigation. Mais ses gains doivent encore être consolidés, l'équilibre entre produits alimentaires et population étant toujours fragile. La démographie n'est pas encore totalement sous contrôle même si le taux d'accroissement naturel de la population a été amené à moins de 2 % par an. Les normes de nutrition sont satisfaisantes et la santé publique a fait de grands progrès, en partie grâce à l'instauration du service médical rural coopératif où travaillent des millions de para-médicaux. On tente de décongestionner les régions côtières orientales en redistribuant la population et en tâchant de peupler les régions occidentales. La part de la population active des plus élevée du monde. 80 % en gros de la main-d'œuvre est encore employée dans l'agriculture. Les biens capitaux manquent encore mais d'importants progrès ont été réalisés dans plusieurs domaines, y compris la mécanisation de l'agriculture (notamment la mécanisation de l'irrigation et du drainage) et la construction de routes et de voies ferrées. Bien que la Chine importe d'Occident de la technologie de pointe, elle insiste sur ses propres efforts et préconise l'introduction d'une technologie intermédiaire inventée sur place. III. Les relations macro-économiques sont de nature essentiellement administrative en Chine. Bien que les décisions majeures soient centralisées, les autorités provinciales et locales jouissent d'une grande latitude pour leur mise en œuvre et la prise de décisions moins fondamentales. Après la Révolution culturelle, on a élargi la participation des ouvriers au processus de décision au niveau de l'entreprise grâce à l'établissement de comités révolutionnaires d'entreprise et un assouplissement général de la discipline du travail. Cette amélioration de la participation ? qui n'a jamais été très importante ? subit actuellement les pressions de la nouvelle équipe au pouvoir. Les prix sont fixés administrativement en fonction d'une série de principes qui ont eu pour effet de rendre la répartition du revenu réel moins inégale que celle du revenu monétaire. Les salaires n'ont pas changé pendant vingt ans dans l'industrie. Mais il semble que les salaires et les revenus réels ont augmenté dans l'agriculture au cours de cette période. Les écarts de revenu, notamment entre la ville et la campagne, se sont amenuisés. L'écart entre l'ouvrier le moins payé et le technicien le mieux payé d'une entreprise est de 1 contre 5. La commune populaire et ses subdivisions administratives sont la forme d'organisation fondamentale du monde rural. La commune paraît une institution souple, bien adaptée aux besoins en eau de l'économie rurale chinoise. IV. La croissance a été satisfaisante mais pas exceptionnellement rapide. Malgré la haute priorité donnée à l'agriculture depuis le début des années soixante, la croissance la plus rapide s'est manifestée dans l'industrie lourde, particulièrement dans le secteur des constructions mécaniques et de l'extraction du pétrole. La production agricole a toujours été légèrement supérieure à la croissance de la population (elle a augmenté de 2,5 % par an environ au cours de la période 1953-1974). Un schéma plus égalitaire de répartition des revenus a été établi mais la tendance à Pégalitarisme est régulièrement attaquée car elle semble avoir un effet négatif sur la productivité du travail. Les différences de pouvoir sont grandes mais, jusqu'à la mort de Mao, les détenteurs de ce pouvoir ont dû en jouer avec prudence. La sécurité de l'emploi a été atteinte, peut-être aux dépens de l'efficacité. Il existe des preuves d'un fort sous-emploi. Officiellement, les prix sont stables mais l'inflation latente s'est manifestée à diverses époques, y compris l'époque actuelle. Le pays n'a pas de dettes extérieures à long terme mais dépend tout de même de l'Occident pour la fourniture des techniques de pointe et de biens capitaux. Au total, pendant les 25 années concernées, la Chine a posé des bases solides pour la croissance et le développement futurs.The Economy of the People's Republic of China : a 25 Year Review. The article examines the main characteristics and evolution of the economy of the People's Republic of China over the last quarter century. The examination is made four general headings: I. The economy's environment (internal political, international, cultural); II. Resources (natural, human, produced); III. Economic institutions (types, functions); and IV. Objectives (growth, equity, security, stability, indépendance). I. China's internal politics ? especially leadership factionalization ? has affected the economy through periodic fluctuations in economic activity and labor discipline, which leadership quarrels generated. The two most significant events in the international environment were the Korean War embargo placed on China in the 1950's and the Sino-Soviet dispute of the 1960's. Both importantly affected China's economic policies. Despite farreaching transformations brought about by the new communist dynasty, the cultural heritage of China continues to exercise deep influence on the economy of the People's Republic. To comprehend the emerging "new socialist things" one must first understand the subtlety of China's cultural continuity. II. Natural resources are surveyed under the headings of land, minerals and metals, and sources of primary energy (coal, petroleum). China's attempt to supply its growing population with enough food and its expanding industry with raw materials is examined in its various aspects including water management, land melioration (through improved farming techniques, use of chemical fertilizers and pesticides, farm mechanization) and search for new energy sources, metals and minerals. Agricultural yields have shown significant improvement and grain output is today in the neighborhood of 290 million tons (195 million tons in 1957). It would appear that China has broken through the output barrier erected by traditional methods of farming and water management. But the gains remain to be Consolidated and the food-people balance is still precarious. The demographic situation is not yet under satisfactory control even though the rate of natural population increase has been brought down to below 2 per cent per annum. Nutritional standards are satisfactory, and public health has made great strides, in part through the establishment of a rural cooperative medical service staffed by millions of paramedics. Attempts are being made to decongest the eastern coastal areas by a policy of redistributing population and westward settlement. The labor participation ratio is among the highest in the world; roughly 80 per cent of the labor force continues to be employed in agriculture. China is still poor in capital goods but important progress has been made in many fields including the mechanization of agriculture (especially mechanization of irrigation and drainage) and the construction of roads and railroads. Although China imports advanced technology from the West, the emphasis is on self-reliance and the introduction of domestically-generated intermediate technology. III. Macro-economic relations in the People's Republic of China are primarily administrative in nature. Although key decisions are highly centralized, considerable latitude is left to provincial and lower-level authorities in executing these and in formulating less strategic decisions. After the Cultural Revolution worker participation in decision-making at the enterprise level was enlarged through the establishment of enterprise revolutionary committees and through a general loosening-up of labor discipline. Such gains in participation as were made ? and they were never very great ? are currently under pressure from the bureaucratic establishment now in power. Prices are set administratively according to a set of principles the net effect of which has been to make real income distribution less unequal than the distribution of money income. Industrial money wages have not changed in twenty years. However, rural money and real incomes appear to have risen during the period. Income differences, especially those between city and countryside, have been narrowed. The typical wage spread between the lowest paid production worker and the highest paid technician in a factory is 1:5. The most important organizational form in the countryside is the people's commune and its subdivisions. The commune appears to be a flexible institution, welle-suited to the hydraulic needs of China's rural economy. IV. Growth has been satisfactory but not exceptionally rapid. Despite the top priority given to agriculture since the early 1960's, the fastest growth has been in heavy industry, particularly in the machine-building sector and petroleum extraction. Agricultural output has kept slightly ahead of population growth, that is, it grew during the period 1953-1974 at about 2 1/2 per cent per year. A more egalitarian scheme of income distribution has been established, but the egalitarian trend is currently under attack because it seems to have a disincentive effect on labor productivity. Differences in power are significant, but until Mao's death had to be used circumspectly by the power-holders. Security of employment has been achieved but perhaps at the expense of efficiency. There is evidence of widespread underemployment. Overt price stability has been attained. However, suppressed inflation manifested itself at various times, including the present time. The country has no long-term external debts but is quite heavily dependent on the West for the supply of advanced technology and capital goods. On the whole, over the last twenty-five years, a solid foundation for future growth and development had been laid in China.
- Les trois révolutions de la Chine : bilan de 28 ans d'édification socialiste - Tsien Tche-hao p. 35-73
- Le contenu éthique du socialisme chinois - Philippe J. Bernard p. 117-141 Tout voyageur observant un pays « socialiste » est frappé par l'impression de force et de solidité que donne son régime. Dans la Chine socialiste, l'emprise paraît plus forte encore qu'ailleurs. Peuvent être invoqués à ce sujet l'identification à la cause de l'indépendance nationale ; l'étendue des contrôles physiques (quoique manifestes, ceux-ci ne semblent pas ici particulièrement pesants) ; enfin le contenu éthique. L'expérience chinoise fait apparaître beaucoup plus nettement que les expériences européennes le contenu fondamentalement éthique du socialisme. Le contenu proposé est intériorisé dans la mesure où il est effectivement ressenti que son application doit rendre la société meilleure. Les points critiques sont les efforts d'égalisation des rémunérations et de suppression des distinctions entre travailleurs manuels et intellectuels. Quelques traits de la voie chinoise du développement sont ensuite présentés. L'utilisation de l'espace en Chine est une utilisation de la rareté ; il s'agit toutefois toujours d'une utilisation en commun. La planification chinoise apparaît constituer un ensemble relativement léger. La décentralisation est très forte au niveau de chaque province. La dépendance d'une entreprise directement de Pékin est rare. Cependant, dans les communes populaires ou ailleurs, les investissements importants doivent être approuvés par l'échelon supérieur. Les objectifs quantitatifs nationaux de production doivent d'autre part être respectés. L'accent est mis moins qu'ailleurs sur l'avance technique et scientifique. Cette réserve peut être une marque de prudence, mais aussi le témoignage d'un choix lié à l'observation des conséquences de la trop grande attention accordée au progrès scientifique et technique. La Chine offre un modèle pour les pays en situation délicate (compter sur ses propres forces, etc.), mais il n'est pas sûr que celui-ci puisse commodément s'appliquer aux pays les moins développés (difficulté de la généralisation des solutions communautaires). Paradoxalement, il se pourrait que l'expérience chinoise apporte davantage aux pays développés. La leçon est que, dans un monde où la technicité, les échanges, le degré de formation et d'information vont partout croissant, il n'est pas possible de ne pas lutter parallèlement contre les tendances à l'inégalité des rémunérations, des conditions de vie, de la responsabilité et de l'estime attachées aux diverses occupations et positions.The Ethical Content of Chinese Socialism. The foreign observer in a "socialist" country is struck by the impression of solidity and force emanating from the regime. In socialist China the hold appears even stronger than elsewhere. In this context, the following factors are noteworthy: the identification with the cause of national independence, the extent of physical controls (although evident, they do not appear to be particularly heavy), and finally the ethical content. In the Chinese experiment the fundamental ethic of socialism appears much more clearly than it does in the European ones. The proposed content is interiorized to such a degree that it is effectively felt, that its application must render society better. The critical points are how to equalize remunerations and eliminate the distinction between manual and intellectual workers. Certain traits of the Chinese approach to development are to be remarked. Utilization of space in China is utilization of a raiety, moreover it is always a case of utilization in common. The Chinese planning apparatus seems to be relatively simple. Decentralization is very strong at the level of each province. It is rare for a firm to depend directly on Peking for directives. However, in the communes or elsewhere, important investments must be approved upstream. In addition, quantitative national production goals must be respected. Here less accent is placed on technical and scientific advances than elsewhere. This reserve may be a sign of prudence but it is also evidence of a choice stemming from observation of the consequences of devoting too much attention to technical and scientific progress. China offers a model for countries in a tenuous situation (count on your own strength, etc.) but it is uncertain wether these precepts can be easily applied in less developed countries because of the difficulty in generalizing communal solutions. Paradoxically, the Chinese experiment may be useful to developed countries. The lesson is that, in a world where technical skill, exchanges, media and the degree of training are increasing everywhere, it is impossible not to struggle against the tendencies toward inequality of remunerations, living conditions and the esteem and responsability attached to different occupations and positions.
Le Cambodge
- Cambodge : deux ans après la libération - François Ponchaud p. 143-156 La proclamation d'une nouvelle constitution et l'installation d'un nouveau gouvernement durant les premiers mois de l'année 1976 permettent de connaître quelque peu les personnalités dirigeant le Kampuchea, ainsi que les organes directeurs du pays. Si les liens avec la Chine demeurent très étroits, le Kampuchea s'est efforcé, durant toute l'année 1976 de tisser de nombreux liens avec l'extérieur, tant avec les pays du monde socialiste que ceux du monde capitaliste. Cependant les rapports avec ses voisins vietnamiens et thaïlandais demeurent très tendus. A l'ouverture diplomatique a correspondu une ouverture économique et le début d'échanges commerciaux. Mais c'est avant tout du travail forcené de toute la population mobilisée comme une armée en bataille que les leaders du Kampuchea espèrent établir « l'indépendance-souveraineté » du pays. Animée d'une volonté purificatrice intransigeante, la révolution khmère a versé un prix humain exorbitant, mettant en danger son avenir tant politique qu'économique.Cambodgia : Two Years After Liberation. The proclamation of a new constitution and the installation of a new government during the first part of 1976, have made it possible to know who are the personnalises directing the Kampuchea and the country's principal organs. Although it is still closely linked with China, the Kampuchea made an effort in the course of 1976 to engage in relations with the outside world, with both socialist and capitalist countries. However, relations with neighboring Vietnam and Thailand remain tense. The diplomatic overture was accompanied by the opening up of economic and commercial exchanges. But it is mainly through frenzied labour on the part of the entire population, mobilized like an army at war, that the leaders of Kampuchea hope to establish the "independent sovereignty" of the country. Animated by an intransigent purifying will, the Khmer revolution paid an exhorbitant human price placing its political and economic future in danger.
- Cambodge : deux ans après la libération - François Ponchaud p. 143-156
La Corée du Nord
- Le bilan coréen : Idéologie, politique. Economie et développement. Réunification et relations extérieures - Chung Sung-beh p. 157-189 Engagée dans un processus de révolution sociale, la Corée du Nord a choisi la voie socialiste pour atteindre simultanément deux objectifs : l'intégration politique et le développement économique. Dans cette entreprise historique, elle a créé une idéologie d'organisation appelée « chuch'e » (attitude de maître de son destin) qui sert à la fois à la destruction des structures mentales traditionnelles du peuple et à l'encadrement, autour du parti omnipotent, des masses populaires sur la base de nouvelles valeurs. Au terme d'une trentaine d'années d'existence, le régime a réussi son projet politique : la Corée du Nord apparaît aujourd'hui comme une des entités politiques les plus rigoureusement organisées du globe. Le régime s'efforce maintenant d'institutionaliser cette organisation comme en témoigne le nouvel ordre constitutionnel adopté en décembre 1972. Cependant, la personnalisation du pouvoir est si poussée qu'il est du moins prématuré de dire que l'organisation a d'ores et déjà accompli une transition décisive à l'institution. Le développement économique a provoqué une transformation profonde de la société : la réforme agraire et l'industrialisation ont abouti au remplacement de l'élite rurale traditionnelle par la classe ouvrière tandis que la collectivisation de l'économie a changé l'organisation du travail. Sur ce dernier point, en particulier, il est à noter que la Corée du Nord a, au cours de son expérience, développé des méthodes de gestion (mouvement de Ch'ollima, méthode de Ch'ongsanri et système de Taean) qui peuvent être considérées comme originales même si elles comportent des affinités avec les méthodes chinoises dues à l'émulation ou à des circonstances historico-culturelles. Le bilan global du développement économique est positif dans la mesure où il s'est effectué dans un court laps de temps sans aliéner l'indépendance nationale. Toutefois, l'économie nord-coréenne se trouve aujourd'hui affrontée à de multiples contradictions qui sont apparues soit dans la structure industrielle, soit dans les échanges extérieurs. En dépit d'un certain succès obtenu sur le plan de l'intégration politique et du développement économique, la Corée du Nord, faute de pouvoir s'imposer vis-à-vis de la population du Sud comme l'incarnation de la légitimité nationale, n'a pas réussi à ouvrir des horizons nouveaux en matière de réunification du pays, tâche suprême du régime. Toutefois, elle s'efforce depuis quelques années de débloquer la situation notamment en tentant une ouverture à l'Ouest et en s'appuyant sur la solidarité du tiers monde.North Korea : Ideology, Politics, Economy and Growth. Reunification and Foreign Relations. Engaged hi a process of social revolution, North Korea has chosen the path of socialism to attain two goals simultaneously: political integration and economic development. In this undertaking, a system of ideological organization called "mastering your own destiny" ("chuch'e") serves both to destroy the traditional mental attitudes of the people and to group the masses around the party, which is omnipotent, on the basis of new values. Over a period of about thirty years the regime has succeeded in injecting its policies; North Korea today is one of the worlds most rigorously organized entities. At the present time the regime is institutionalizing this process, as is evidenced by the new constitutional order adopted in December 1972. However, power is personalized to such a degree that it would be premature to affirm that organization has been decisively transformed into an institution. Economic development has brought about a profound transformation in the society: The agricultural and industrial reforms have suscitated the remplacement of the traditional rural elite by the working class while the collectivization of the latter in particular, North Korea has evolved in the course of its experience, methods of management which may be considered original, even if there are certain similarities with Chinese methods due to historical and cultural circumstances. A general evaluation of economic development can be considered positive in the sense that it has taken place in a short lapse of time without alienating national independence. However, North Korean economy is confronted today with multiple difficulties appearing in its industrial structure and foreign trade. Despite certain success in achieving political integration and economic development, North Korea's failure to impose itself on the population of South Korea as the incarnation of nation legitimacy, has made it impossible to open new horizons toward the re-unification of the country as a whole, which is the regime's supreme objective. However over the past few years an attempt has been made to unblock the situation namely by making overtures to the West and by advocating solidarity of the Third World.
- Corée du Nord : les événements de l'année 1976 - Alain Brillouet p. 191-196 Dans cette note, l'auteur examine l'évolution de l'économie et des relations extérieures de la Corée du nord en 1976. La première partie est consacrée aux problèmes internes (crise politique, la vie du parti, l'économie, etc.) et la seconde aux questions internationales (relations avec TU.R.S.S. et la République populaire de Chine, entre les deux Corées, etc.).North Korea : The Events of 1976. The note examines the evolution of the economy and foreign relations of North Korea in 1976. The first part is devoted to internal problems (political crisis, events in the communist party's life, economy, etc.) and the second one to foreign relations (with the U.S.S.R. and the People's Republic of China, inter- Korean relations, etc.).
- Le bilan coréen : Idéologie, politique. Economie et développement. Réunification et relations extérieures - Chung Sung-beh p. 157-189
- Les constitutions socialistes asiatiques - Patrice Gélard p. 11-34
Revue des livres
La Chine
- Tsien Tche-hao, La Chine - Georges H. Mond p. 199-204
Notes de lecture - Alain Bouc, La Chine à la mort de Mao - p. 204-206
- Steve S.K. Chin, Mao Zedong sixiang neirong yu xingshi (The Thought of Mao Tse-toung. Form and Content) - p. 206-210
- Monnaie, salaire, commerce extérieur, dans la société capitaliste, dans la société socialiste, Traduit du chinois par Monique Arnaud - p. 210-212
- Cesare Donati, Franco Marrone, Francesco Misiani, Stato e Costituzione in Cina - p. 212-213
- Paolo Biscaretti Di Ruffia, La Republica populare cinese - p. 213-214
- Patrick Tissier, La Chine, transformations rurales et développement socialiste et Les communes populaires chinoises - p. 214-215
- La Chine, le Vietnam, la Yougoslavie, Cuba - Alexandra Kwiatkowski p. 215-216
Le Vietnam
- Jean et Simone Lacouture, Vietnam, voyage à travers une victoire - Georges H. Mond p. 216-220
Le Cambodge
- François Ponchaud. ? Cambodge année zéro - Jean Lacouture p. 220
Notes bibliographiques - Jérôme et Jocelyne Steinbach, Phnom Penh Libéré - p. 221
- François Debré, Cambodge : La révolution de la forêt - p. 221
- Bernard Hamel, De sang et de larmes - p. 221-222
- Bernard Hamel, Témoignages sur le génocide du Cambodge - p. 222
- William Shawcross, Cambodia, The Verdict is Guilty on Nixon and Kissinger - p. 222
- John Barron et Anthony Paul, Murder of a Gentle Land - p. 222
- Piero Gheddo, Cambodgia, Rivoluzione sensu amore - p. 222
- Résumés des articles - p. 223-232
- Sommaire général pour l'année 1977 - p. 233-234