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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 12, 3, 1981 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Edward Lipinski, président de l'Association Internationale de Sciences Économiques - Henri Wronski p. 5-14 Le Professeur E. Lipinski a été élu, en 1980, Président honoraire de l'Association internationale des Sciences économiques. Membre de l'Académie des Sciences polonaise, E. Lipinski a toujours ?uvré pour le rapprochement des milieux scientifiques de son pays avec ceux des pays occidentaux. Né en 1888 et enseignant depuis 1923, il a fondé l'Institut de la Conjoncture et des Prix en 1928. Président de la Banque de l'Economie nationale en 1946, il est limogé pendant la période sombre du culte de la personnalité. Il se plonge alors dans l'histoire économique et il participe, avec ses élèves, à la libération du système politique polonais qui se matérialise par le retour au pouvoir de W. Gomulka (octobre polonais de 1956). Inscrit à un cercle d'études socialistes lorsqu'il était encore lycéen, E. Lipinski est probablement un des plus anciens socialistes actuellement en vie. Il a lutté sans relâche contre les gaspillages de la gestion étatique centralisée, contre l'imitation aveugle du modèle soviétique et pour la liberté. C'est autour de lui que s'est organisée l'action de défense des ouvriers polonais après les événements de Radom, en 1976, point de départ du mouvement actuel de libération et de recherche d'une nouvelle voie en Pologne.Edward Lipinski. In 1980, Edward Lipinski was elected honorary President of the International Economics Association. As a member of the Polish Academy of Sciences, E. Lipinski has always worked for a closer understanding between scientific circles in his own country and those of the West. Born in 1888, and a teacher since 1923, he founded the Institute of Market Studies and Prices in 1928. Becoming President of the National Economic Bank in 1946, he was relieved of his duties during the dark days of the personality cult. He then turned to the study of economic history and, with his students, contributed towards the liberalisation of the Polish political system which ended with the return to power of W. Gomulka (the Polish October of 1956). While still at high school, E. Lipinski was already a member of a socialist study group, and is probably one of the oldest surviving socialists. He has fought unremittingly against the wastefulness of a centralised economic administration, and slavish imitation of the Soviet model, and for freedom. He was the rallying point for the Polish workers' defensive action after the events at Radom in 1976, which started the present freedom movement, and the search for a new way in Poland.
Articles
- La dynamique des revenus paysans en Pologne et en Hongrie depuis 1956 - Jean-Charles Asselain p. 15-40 La revalorisation relative des revenus paysans apparaît comme le changement le plus saillant intervenu dans la répartition des revenus en Hongrie et en Pologne depuis une quinzaine d'années. La tendance à la réduction de l'écart de revenu moyen entre les paysans et le reste de la population est conforme à la tendance générale, dans les pays industrialisés, à un resserrement progressif des écarts intersectoriels de productivité. Mais elle doit être reliée aussi à une autre tendance de fond, caractéristique de l'évolution post-stalinienne à travers toute l'Europe de l'Est : le relèvement de la place de l'agriculture dans la hiérarchie des priorités à la suite d'une longue série d'échecs agricoles. Le présent article a pour objet de préciser l'interaction entre la politique agricole, les échecs ou les succès de l'agriculture et le sort des paysans en Hongrie et en Pologne depuis 1956.The Growth of Peasant Incomes in Poland and Hungary since 1956. The relative rise in peasant incomes emerges as the most outstanding feature of the redistribution of income in Hungary and Poland in the last fifteen years. The trend towards a reduction of the gap in average earnings between the peasants and the rest of the population matches the general trend, in industrial countries, towards a progressive reduction in income differentiation between the various sectors of production. This should also be linked, however, with another basic trend which is characteristic of development in the post-Stalin era throughout the whole of Eastern Europe, namely the increasing priority given to agriculture following on a long series of failures in the agricultural sector. The aim of the present article is to describe the interaction between agricultural policy, the successes or failures of agriculture, and the lot of the peasants in Poland and Hungary since 1956.
- Pologne: La crédibilité et la réforme de l'information statistique et leurs liens avec la politique économique - Claude Simon p. 41-60 La valeur des statistiques des pays de l'Est a été bien souvent mise en doute à la lumière des contradictions qu'elles recelaient, mais rarement et limitativement par des responsables ou des économistes de ces pays. Il a fallu les bouleversements que l'on sait en Pologne pour qu'un flot de révélations et de critiques permette de se rendre compte de l'ampleur des manipulations des données, du moins dans ce pays. On suivra ci-après l'évolution de l'information économique en Pologne, dont la crédibilité est allée en se dégradant, particulièrement depuis le début des années 1970 ; elle a conduit finalement à la refonte des travaux de l'Office statistique (GUS). Cependant, on manque encore de bien de données fiables, ce qui pèse sur les décisions des autorités.Poland: Credibility and Reform of Statistical Information and their Links with Economic Policy. Because of the contradictions contained in them, the reliability of statistics from Eastern Europe has often been questioned, though seldom, and to a limited extent only, by the authorities or economists of the countries concerned. It was only after the recent upheavals in Poland that there emerged a mass of disclosures and criticism which finally revealed the extent to which, in this country at any rate, statistical information was being manipulated. Hereafter we shall be noting the development of economic information in Poland along a line worsening credibility, particularly from the - beginning of the 70's, until it led in the end to a reorganization of the work of the Statistical Office (GUS). However, the lack of reliable data is still considerable, and this in turn weighs heavily on the decisions of the planners.
- L'application de la Réforme en U.R.S.S., perspectives et problèmes : le cas du logement - Henry W. Morton p. 61-79 On apprécie trois réformes dans la construction, la planification et l'entretien du fonds socialisé de logement dans les villes soviétiques. Dans le cadre du système de Zlobin, une organisation de construction, relevant d'un soviel local ou d'un soviet de niveau supérieur, signe un contrat avec une brigade pour qu'elle édifie un immeuble du début à la fin. La brigade n'est payée que lorsque l'immeuble est prêt à être occupé et à été agréé par les autorités compétentes. Si le projet est terminé dans les délais prévus, ou à l'avance, la brigade a droit à une prime proportionelle aux économies réalisées. La méthode Zlobin a plus ou moins sombré, essentiellement parce que les matériaux et la main-d'œuvre ne pouvaient être rassemblés dans les délais nécessaires et de manière à ce que la brigade puisse obtenir des primes. Le système d'Orel cherche à systématiser une planification urbaine intégrée sous le contrôle des autorités locales et non plus des ministères et des établissements. La réforme exige que les autorités municipales deviennent le promoteur unique de l'ensemble de l'habitat et que la planification de la construction de logements soit élaborée sur une période de deux ans afin d'éliminer la pratique pernicieuse consistant à terminer dans la plus grande hâte 50 % de la totalité de la construction de logements au cours du dernier trimestre de l'année. La méthode d'Orel a amélioré la planification là où elle a été appliquée, encore que de manière inégale. Un obstacle majeur s'oppose à ce qu'elle progresse : dans beaucoup de villes, le promoteur unique n'existe que sur le papier. En 1971, le parti et le gouvernement ont décrété que le fonds étatique de logement urbain appartenant aux entreprises et établissements (60 % dans les villes) devait être transféré aux soviets locaux qui assureraient mieux l'entretien et les réparations d'un fonds locatif qui s'était rapidement agrandi et avait vieilli. Si le transfert est lent, c'est parce que ni les entreprises, ni les municipalités ne sont véritablement intéressées à ce qu'il ait lieu. Le problème majeur n'est pas celui de la propriété mais celui de l'insuffisance des ressources gouvernementales consacrées aux réparations du fonds d'habitation.Implementing Reform in the USSR, Prospects and Problems : the Case of Housing. Three reforms in the construction, planning and maintenance of Soviet urban public housing are evaluated. Under the Zlobin system a construction organization belonging to a local or higher Soviet contracts a brigade to build a multi- dwelling structure from start to finish. Payment to the brigade is made only when the project is accepted for occupancy. If the project is completed on time or ahead of schedule the brigade qualifies for a bonus according to savings achieved. The Zlobin method foundered primarily because supplies équipement and laborers could not be assemblied within the required period of time so that brigades could qualify for receipt of bonuses. The Orel system aims at systematizing integrate urban planning under the supervision of city governments instead of enterprises or ministries. The reform requires that the city government becomes the single-developer of all housing and that planning for construction be projected over a two-year period to eliminate the harmful practice of hastily completing 50 percent of all housing construction in the fourth quarter of the year. The Orel method improved planning where applied, although unevenly. A chief obstacle to progress was that in many cities the single-developers exist in name only. In 1971 the party and government decreed that public urban housing belonging to enterprises and departments of ministries, amounting to 60 percent in cities, should be transferred to local soviets which will provide better repair and maintenance services of a housing stock that has rapidly grown larger and older. The reason why transfer of housing to local soviets is slow is that neither cities or enterprises are very interested in making the switch. A chief problem is not ownership but lack of government funding for housing repairs.
- La politique régionale en U.R.S.S. : conceptions et expériences - Roberta Benini p. 81-115 La problématique de l'espace en Union Soviétique est saisie, dans le cadre de cet article, à travers quatre aspects dominants tant sur le plan conceptuel que sur le plan de la pratique soviétique en matière de politique régionale : ? l'importance du rôle de l'Etat ; ? la prédominance du principe sectoriel ; ? le rapport étroit entre le politique et l'économique ainsi que l'incompatibilité qui apparaît entre le découpage administratif et le découpage économique, impriment à la politique régionale soviétique des caractères particuliers. Cependant, l'importance et l'impact croissant des aspects territoriaux sur le développement économique ont incité, de plus en plus, les autorités soviétiques à prendre en considération la nécessité d'une politique régionale plus efficace, apte à faire face à la complexité des problèmes qui se posent à l'époque actuelle : les profonds déséquilibres territoriaux (entre zones occidentales et zones asiatiques) qui reflètent les différents niveaux de développement des régions, nécessitent une politique attentive et diversifiée selon les caractéristiques historiques, économiques et socio-culturelles de chaque région. Par rapport à la globalité de cette problématique, les expériences successives, à partir de la période krouchtchevienne, mettent en évidence les écarts entre les buts à atteindre et les moyens mis en œuvre pour les réaliser. La plus grande marge de manœuvre acquise par les autorités républicaines et régionales, pendant ces deux dernières décennies, en matière d'aménagement du territoire, reste limitée soit par rapport à l'efficacité des mesures prises, soit par rapport aux difficultés rencontrées dues souvent à des entraves provenant du centre. Parallèlement, l'élaboration des instruments mis au point par les centres de recherche dans ce domaine, restent le plus souvent au niveau théorique, sans pouvoir pour autant être appliqués au niveau de la pratique économique. Ces différentes limites, à la fois techniques et opérationnelles, sont l'expression d'une^ contradiction qui trouve ses racines à l'intérieur du système soviétique lui-même. La domination du principe sectoriel sur le principe territorial ne fait qu'exprimer la logique du centralisme étatique, érigé en véritable pouvoir de contrôle économique et politique. C'est donc la façon d'opérer et de se reproduire, du système soviétique qui est à l'origine des faiblesses et des contradictions qui apparaissent en surface. Les effets globaux de ces profondes limites résultent de façon plus objective de l'incapacité des autorités centrales à gérer la croissance économique à long terme et à en déterminer les dimensions et les formes.Regional Policy in the USSR: Theory and Practice. This article examines spatial problems in the Soviet Union in terms of four main aspects which dominate both the theory and the practice of Soviet regional policy: ? The importance of the role of the state; ? The predominance of the sectoral principle; ? The close relationship between politics and economics, and the contradictions which arise between administrative and economic boundary lines, all combine to lend Soviet iegional policy its particular characteristics. At the same time, the size and growing impact of territorial considerations on economic development have compelled the Soviet authorities to give increasing attention to the need for a more efficient regional policy which will take account of the complexity of the problems now arising. The grave regional imbalances (between the west and the Asian areas) which reflect different levels of regional development, require a considered economic policy designed to make allowance for the diverse historical, economic and socio-cultural patterns of each region. Set against the totality of the problem, succeeding attempts, from the period of Khrushchev onwards, reveal the disparity between aims and the measures taken to implement them. As regards regional development, the greater scope acquired by republican and regional authorities over the last two decades is still offset, either by lack of success of the plans themselves, or by difficulties often arising as a result of obstacles created by the central authorities. At the same time, the models elaborated by various centres in this area of research remain for the most part, theoretical and ill-adapted to implementation at the practical economic level. These various limiting factors, which are both technical and operational, reflect a contradiction which is rooted in the Soviet system itself. The predominance of sectoral planning over regional planning is simply an expression of the logic of state centralization which culminates in complete economic and political control. Thus the surface weaknesses and contradictions which manifest themselves, are inherent in the nature and operation of the Soviet system itself. More objectively, the overall effects of these weaknesses arise from the inability of the central planning authorities to plan a long-term policy of economic growth, and to determine its form and scope.
- Le VIe Congrès du Parti du travail de Corée : une première analyse - Alain Brillouet p. 117-134 Le VIe Congrès du Parti du travail de Corée s'est tenu à P'yongyang du 10 au 14 octobre 1980. Une première analyse des travaux de ce congrès permet de souligner deux points : En premier lieu, le Congrès du PTC fut un congrès traditionnel mais comporta également un bon nombre d'innovations. En second lieu, deux ambitions furent révélées : sur le plan politique, Kim Chong-il est maintenant officiellement le successeur de son père Kim Il-song. Sur le plan économique : présentation des objectifs économiques pour 1990. Aux chants officiels de victoire, d'aucuns opposent des difficultés d'ordre économique et des incertitudes quant à l'avenir politique du pays. Un fait semble certain : l'arrivée au pouvoir de Kim Chong-il pose une nouvelle série de questions alors que les analystes peinent encore à trouver quelques éléments de réponse à d'autres plus anciennes.The 6th Congress of the Korean Workers Party: a First Analysis. In North Korea, the most important event of the year 1980 was the Sixth Congress of the Korean Workers Party held in P'yongyang on October 10-14. On the one hand, this congress was a traditional one but a lot of innovations must be underlined. On the other hand, two main ambitions were then revealed: (1) a political ambition: Kim Chong-il is now officially the sole successor of his father Kim Il-song. (2) an economic ambition: ten longrange goals to be reached in 1990 were disclosed. Some analysts do not share the official euphoria and point out that the continuous claims of economic success are overstated and/or the way the transmission of power was settled in D.P.R.K. will give additional weapons to the disparagers of the country. The emergence of a new leader in D.P.R.K. raises a set of unanswered questions.
- La dynamique des revenus paysans en Pologne et en Hongrie depuis 1956 - Jean-Charles Asselain p. 15-40
Revue des livres
- Eugène Zaleski, Stalinist Planning for Economie Growth, 1933-1952 - Marie Lavigne p. 137-145
- Ljubo Sirc, The Yugoslav Economy under Self-management - Veselin Djurdjevac p. 146-149
- Francis Conte, Un révolutionnaire-diplomate : Christian Rakovski, l'Union Soviétique et l'Europe - Georges Mond p. 150
- Arthur F. McGovern, Marxism : an American Christian Perspective - Alexander Matejko p. 151-156
- Résumé des articles - p. 157-164