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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 17, 3, 1986 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Technologie, croissance et crise dans les pays de l'est européen
- Technologie, croissance et crise dans les pays de l'Est européen : Introduction - Wladimir Andreff, Eugène Zaleski p. 5-8
- Échanges scientifiques et transferts de technologie - John H. Moore p. 9-19 Les échanges scientifiques peuvent permettre un transfert de l'information avec d'éventuelles applications techniques. L'Accord sur la Science et la Technologie de 1972 entre les États-Unis et l'Union soviétique constitue un exemple parlant des programmes d'échange scientifique. Son déroulement a montré qu'un tel accord implique des bénéfices nets potentiels pour les États-Unis si l'on prend en considération les possibilités de transfert de technologie. Cependant, l'intérêt de l'accord pour les États-Unis a beaucoup varié d'un domaine à l'autre. En outre l'Accord de 1972 n'a pas amené les avantages politiques que son lancement avait fait espérer. C'est pourquoi, à l'avenir, les accords d'échange avec l'Union soviétique devront être fondés sur une évaluation très précise des gains scientifiques que les États-Unis pourront tirer des possibilités de transfert technologique.Scientific exchange and technology transfer. Scientific exchange has the potential for the transfer of information with technological applicability. The 1972 Science and Technology Agreement between the United States and the Soviet Union represents a leading example of scientific exchange programs. Experience with that agreement shows that there are potential net benefits to the United States in such agreements, taking potential technology transfer into account. However, the value to the United States varied widely from one component of the agreement to another. Moreover, the 1972 Agreement did not produce the political benefits that had been hoped for at the time of its initiation. Accordingly, future exchange agreements with the Soviet Union should be based on a careful evaluation of the scientific benefits that would accrue to the United States along with technological transfer possibilities.
- Contribution de la technologie importée à la croissance soviétique - Alec Nove p. 21-32 La croissance en U.R.S.S., comme dans d'autres pays, étant le résultat de causes multiples, il serait impossible de calculer séparément l'apport de la technologie importée d'Occident. Ceci sans nier l'importance tant de la technologie que du savoir-faire importés. Le résultat des calculs dépend beaucoup de ce qu'on pense des possibilités de substitution (par des machines produites en Union soviétique ou dans les pays du Comecon). Donc on peut arriver à des résultats très différents tels ceux de Green et Levine, de Weitzman et Toda. Signalons que l'économiste soviétique Fal'cman affirme même que les machines importées sont moins efficaces économiquement que les machines soviétiques en raison de leur prix et de leurs conditions d'utilisation. La production et la répartition des machines, et le processus d'investissement en général, souffrent en U.R.S.S. de nombreux défauts que les réformes sont appelées à corrigerThe contribution of imported technology to Soviet growth. Soviet growth, like that of other countries, being the result of multiple causes, it seems impossible to identify the separate contribution of imported Western technology. This is not to deny the importance of imports of technology and of know-how. The results of any calculations dépend greatly on the assumptions made about the possibilities of substitution (by machines of Soviet or Comecon origin). Therefore these results can vary greatly, as for instance these made by Green and Levine, and by Weitzman and Toda. It is noteworthy that the Soviet economist Fal'cman even asserts that imported machinery is less cost-effective than Soviet machinery, by reason of its price and conditions of utilization. The output and allocation of machinery, and the investment process generally, suffer from deficiencies which reforms are supposed to cure.
- Technologie et crise : l'U.R.S.S - Benjamin Bastida, Teresa Virgili p. 33-49 A travers l'analyse des données statistiques soviétiques, on essaie de déterminer s'il existe une prise de conscience officielle de la relation possible entre la situation difficile de l'économie soviétique et la dégradation des niveaux d'efficacité du processus de R.-D. L'analyse des divers indicateurs sélectionnés conduit à la conclusion que la statistique officielle soviétique montre que : (1) si dans la recherche de base (inventions et innovation), les niveaux se maintiennent au fil des ans, (2) dans l'application des inventions et des innovations à l'industrie, les niveaux d'efficacité se détériorent au cours des dernières années. On constate clairement qu'à partir des années soixante-dix, le processus de R.-D. absorbe une quantité supérieure d'inputs pour produire une quantité inférieure d'outputs. Cette difficulté quasi institutionnelle d'assimiler le progrès technique se traduit par un ralentissement des taux de croissance économique de l'U.R.S.S. et une agravation des conditions de production et de consommation.Technology and crisis : the USSR. This is an attempt, by analysis of Soviet statistics, to find out if there exists any official awareness of the possible relation betwen the troubled state of the Soviet economy and declining standards of efficiency in the process of R.-D. Analysis of the various indicators selected leads to the conclusion that official Soviet statistics show (1) that while standards in basic research (inventions and innovations) are maintained (2) in the application of inventions and innovations to industry, standards of efficiency have been falling in recent years. It is clearly shown that, from the 1970's, the process of R.-D. has been absorbing an increasing quantity of inputs in order to produce a decreasing quantity of outputs. This quasi-institutional difficulty in assimilating technical progress is expressed in a slowing-down of rates of economic growth in the USSR, and a determination in the conditions of production and consumption.
- La politique hongroise en matière d'importation technologique d'origine occidentale et son évolution - Agota Dezsenyi-Gueullette p. 51-68 L'article retrace l'évolution du rôle joué par le transfert de technologie dans la stratégie économique hongroise de l'après-guerre jusqu'à nos jours. Il décrit l'acheminement depuis les premiers efforts réformistes jusqu'à l'aboutissement effectif de la réforme de 1968, en mettant l'accent sur l'impact grandissant du transfert de technologie occidentale dans l'accélération de la croissance économique. Il s'avère que ni la reconnaissance même, ni le développement de son efficacité réelle, de l'unité du transfert de technologie n'ont suivi un processus linéaire, mais une périodicité cyclique. Ce constat est valable pour l'ensemble des quarante années d'après guerre. Une telle analyse, au demeurant, s'est heurtée comme l'auteur l'explique à d'importantes difficultés d'appréhension statistique : les méthodes de mesure actuellement disponibles rendent très ardue l'appréciation des corrélations entre l'accroissement du transfert de technologie et l'augmentation de l'efficacité de l'économie nationale.The history and development of Hungarian policy on the importation of Western technology. The article describes the development of the part played in Hungarian economic strategy by the import of technology, from the post-war era to the present day, plotting its course from the first effort at reform to its culmination in the reform of 1968, and underlining the growing effect of western technological imports on the pace of economic development. It would seem that neither recognition of the usefulness of imported technology, nor the development of its real effectiveness, have followed a linear pattern, but have rather proved cyclic in nature, a conclusion that is valid for the entire forty post-war years. This kind of analysis, as the author explains, is impeded by significant problems of statistical interpretation : the methods of measurement at present available make it very hard to establish correlations between the increase in the transfer of technology, and the growth of efficiency in the national economy.
- La situation macro-économique en U.R.S.S. : rétrospective et prospective - Michael Ellman p. 69-84 Cet article examine le rythme actuel du développement macro-économique de l'U.R.S.S. et présente des projections pour 1990. L'auteur estime que les statistiques concernant la croissance soviétique, qu'elles proviennent de l'Office central de la statistique d'Union soviétique (CSU) ou de la Central Intelligence Agency (CIA) ne sont pas pertinentes. Il avance que la période 1979-1982 s'est caractérisée par une stagnation économique et qu'une projection de base raisonnable pour 1985-1990 consiste à prévoir un taux de croissance annuel moyen du PNB de 1 à +2%. Le faible taux d'accroissement de la main-d'oeuvre, le tassement de l'investissement net, les perspectives médiocres de la balance des paiements en devises fortes et le coût du maintien de l'empire sont autant de facteurs qui risquent d'entraver les possibilités de croissance. Parmi les facteurs positifs, relevons les mauvais résultats passés de l'agriculture, la pénurie illusoire de main-d'œuvre, l'accroissement annuel net des effectifs à partir de 1987, l'effet favorable d'un nouveau coup de balai, la rapidité du progrès technique en Occident, l'intensification de l'utilisation de l'énergie et des matières premières dans la production et la possibilité de renforcer l'éthique du travail en réduisant les pénuries et les queues.The macro-economic situation in the USSR retrospect and prospect. This paper assesses the present tempo of macro-economic development in the USSR and makes projections till 1990. It is argued that the growth statistics for the USSR both of the Soviet Central Statistical Administration (TsSU) and of the US Central Intelligence Agency (CIA) are inaccurate. It is argued that the period 1979-82 was a period of economic stagnation and that a reasonable base line projection for 1985-90 is an annual rate of growth of GNP in the range 1 to +2 per cent per annum. Factors depressing the likely growth are the low rate of growth of the labour supply, squeeze on net investment, poor hard currency balance of payments prospects and costs of maintaining the empire. On the positive side are the past underperformance of agriculture, the artificial nature of the labour shortage, the increasing annual increments to the population of working-age from 1987, the favourable effects of a new broom, rapid technical progress in the West, the high energy and raw materials intensity of production and the possibility of raising labour morale by reducing shortages and queues.
- Monnaie et appareil. Quelques suggestions pour un concept de crise dans les Économies de Type Soviétique - Marcel Drach p. 85-96 L'emploi du vocable crise à propos des Économies de Type Soviétique (ETS) se distribue entre trois significations principales : tournant cyclique, déclin à long terme des performances économiques ou crise politique. Notre intention dans cet article est de proposer un concept de crise pertinent pour les ETS, qui permette de choisir entre ces trois significations (ou de les adopter toutes les trois). C'est ainsi, qu'en commençant par nous donner un matériel conceptuel, nous introduirons la notion d'appareil comme homologue de la monnaie. L'appareil constitue le principal instrument de socialisation dans les ETS, ce qui est le cas de la monnaie dans les économies de marché. La crise ne survient dans les ETS que lorsque l'appareil s'effondre. L'analyse se poursuit en montrant que ni les cycles (qui ne sont que des séquences régulatrices), ni le trend déclinant de longue période ne provoquent un effondrement de la sociabilité de l'appareil. Seules les crises politiques (Berlin 1953, Budapest 1956, Prague 1968, etc.) pourraient être, conformément au critère retenu, qualifiées de crises de type soviétique.Money and apparatus. Crisis, when applied to the Soviet Type Economies, may term three types of phenomenons : cyclical turn round, long run decline of economic performances, or political collapses. One attempts in this paper to provide a proper soviet-type concept of crisis, which would allow a choice between these three meanings (or may be to take them alltogether). Therefore, dealing first with conceptual assessments, one introduces the concept of apparatus as surrogate money. The apparatus appears as the fundamental social relationship in the STE, as it is the case for money in the market economies. Crisis occurs in the STE only when apparatus collapses. The analysis goes further showing that neither cycles (which are only regulating sequences), nor long run decline are collapses of apparatus sociability. Only political crisis (Berlin 1953, Budapest 1956, Prague 1968, etc.), could be, according to the suggested critérium, labelled as genuine soviet-type crisis.
- Logique sacrée et logique marchande dans les pays de l'Est - Claude Broudo, Barbara Rogulska p. 97-112 A la suite des travaux de R. Girard, des économistes de plus en plus nombreux opposent Ordre Sacré et Ordre Marchand. Ces deux Ordres reposent sur deux logiques distinctes qui s'efforcent de contrôler la violence sociale née du désir mimétique. Les pays de l'Est en proclamant la rupture avec le capitalisme font-ils référence à une troisième logique ? De notre point de vue, il y a persistance dans ces pays de la logique marchande qui coexiste avec un certain retour à une logique sacrée. Il y existe de ce fait une certaine inefficacité des instruments de régulation marchands. Une crise latente peut être discernée dans le conflit entre ces deux logiques et les instruments de régulation de la violence qui en découlent. Une crise patente a lieu lorsqu'une des deux logiques devient prédominante et rentre elle-même en crise du fait de l'inefficacité croissante de ses propres instruments de régulation.Logic of the Sacred and Logic of the Merchant in Eastern Europe. Following the work of R. Girard, more and more economists contrast the Sacred Order with the Merchant Order. These two Orders are based upon two distinct logics which endeavour to control the social violence created by the desire to imitate. By proclaiming their break with capitalism, are the countries of East Europe seeking to use à third logic ? In our opinion, the logic of the merchant continues to exist in these countries, coexisting with a certain return to a logic of the sacred. For this reason, the regulatory measures of the merchant are rather inefficient. One can perceive a latent crisis in the conflicts between these two logics and the regulatory measures to control the violence which they produce. An open crisis takes place when one of the two logics becomes predominant, and undergoes its own crisis because of the increasing inefficiency of its own regulatory measures.
- Crise de croissance ou crise du système : quelques remarques - Edith Lhomel p. 113-117 L'auteur, rapporteur ici du panel sur « la crise dans les pays de l'Est », n'a pas jugé possible de réaliser une véritable synthèse des quatre communications présentées à ce panel compte tenu de la disparité des sujets traités : alors que les deux premières études sont des travaux empiriques qui portent uniquement sur l'Union soviétique dans une optique non spécifique à « un état de crise », les deux autres communications s'apparentent plus à des essais théoriques ayant pour objet la définition du concept de crise dans les économies planifiées. Il a donc préféré passer en revue chacune des contributions en s'efforçant de dégager, chemin faisant, quelques éléments qui permettent de considérer ces économies capables ou au contraire incapables de s'« adapter » à la crise, voire de la dépasser.Crisis of growth, or crisis of system ? Some observations. The author, as rapporteur from the panel on « Crisis in the countries of Eastern Europe », has not found it practicable to attempt a real synthesis of the four papers presented to the panel, in view of the disparate nature of the subjects discussed : the first two are empirical studies concerned only with the Soviet Union, in a context not specifically related to « a state of crisis », while the other two papers are more in the nature of theoretical essays aimed at defining the concept of crisis in planned economies. The author therefore prefers to review each of the contributions separately and, in so doing, to single out some elements which would support a view of those economies as beeing either capable, or on the contrary incapable, of « adapting » to crisis, or indeed of overcoming it.
- Quelques réflexions sur la crise dans les pays de l'Est - Krystyna Szymkiewicz p. 119-121 Malgré une littérature et des interventions de plus en plus abondantes, le débat sur la « crise à l'Est » est loin d'être clos. De nombreuses controverses subsistent et il est toujours délicat de répondre par l'affirmative aux questions « Crise ou pas crise ? », « Crise actuellement ou crise dans l'avenir ? ». Les textes présentés dans ce numéro et consacrés à la crise proposent deux types différents d'approche : empirique et théorique, et s'ils apportent des résultats très intéressants, ne donnent toujours pas une réponse définitive, admissible par l'ensemble de la communauté scientifique.Some thoughts on the crisis in Eastern Europe. Despite a growing literature, and an increasing amount of comment on the subject, the debate on the « crisis in Eastern Europe » is by no means over. There are continuing controversies, and « Crisis or not ? », « Crisis now or in the future ? » are still vexed questions. The texts in the current number which deal with the crisis suggest two different lines of approach : empirical and theoretical, and although productive of some very interesting results, they do not provide any definitive answer which would be acceptable to the generality of scholarly opinion.
- Les échanges Est-Ouest et la tension internationale entre les deux blocs - Pierre Pascallon p. 123-139 Les échanges commerciaux internationaux, qui se sont développés, on le sait, de façon extraordinaire après la 2e guerre mondiale, sont de très loin dominés par les échanges Ouest-Ouest, qui représentent environ la moitié du commerce mondial de marchandises. Mais souligner cette importance des échanges Ouest-Ouest, c'est par là même distinguer corrélativement la part modeste du commerce Est-Ouest (3 % environ du commerce mondial). On ne peut donc pas ne pas s'interroger sur les raisons de cette faiblesse et la réponse qui vient bien sûr le plus spontanément à l'esprit est la suivante : deux systèmes sont ici en présence, le capitalisme et le socialisme, les économies de marché développées et les économies planifiées, et par la suite, les échanges commerciaux entre l'Est et l'Ouest, qui vont se dérouler dans un contexte réglementé (accords intergouvernementaux bilatéraux, etc.), sont soumis à la tension internationale. Il se trouve pourtant des auteurs pour avancer que le développement de ces échanges commerciaux Est-Ouest se fait de manière autonome, indépendante par rapport à la tension internationale entre les deux blocs. L'auteur de cet article examine successivement les deux hypothèses et parvient à la conclusion que, si les échanges commerciaux Est-Ouest paraissent bien fonction de l'état de la tension politique entre les deux coalitions, il est possible de montrer pourtant que, simultanément, la logique du développement de ces relations économiques Est-Ouest semble dictée par les seuls impératifs économiques.East-West trade and international tension between the two blocs. International trade, which as is known developed spectacularly after the Second World War, consists overwhelmingly of West- West exchanges, which account for approximately half of world trade in goods. The very fact of underlining the scale of West- West exchanges in turn draws attention to the comparative smallness of East- West trade (about 3 % of total world trade). One can hardly avoid speculating on the reasons for this disparity, and the explanation which comes most readily to mind is, of course, the following : we are dealing here with two systems, capitalism and socialism, developed market economies and planned economies, and consequently, trade between East and West, which takes place in a planned context (bilateral agreements between governments, etc.) is affected by international tension. Yet there are authors who hold that East- West trade develops in an autonomous fashion, independently of the international tensions existing between the two blocs. The author of the present article examines these two theories in turn, and comes to the conclusion that, while East- West trade may appear to be a function of the state of political tension existing between the two blocs, the logic of its development would seem to be dictated solely by economic imperatives.
Revue des livres
- Yearbook on international communist affairs 1985, Richard F. Staar (Ed.) - Georges Mond p. 143-145
- Francis Cohen et un collectif de spécialistes, Socialisme(s) - Alec Nove p. 146-149
- Résumés des articles - p. 151-159