Contenu du sommaire : Premières dames en Afrique
Revue | Politique africaine |
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Numéro | no 95, octobre 2004 |
Titre du numéro | Premières dames en Afrique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le Dossier : Premières dames en Afrique
- Premières dames en Afrique : entre bonnes œuvres, promotion de la femme et politiques de la compassion - Christine Messiant et Roland Marchal p. 5
- Quelques Premières dames d'Afrique (caricatures) - Damien Glez p. 18
- Des reines mères aux épouses de président - Catherine Coquery-Vidrovitch p. 19 Le rôle des épouses de chef d'État est-il une innovation moderne sous-tendue par l'émancipation de la femme et imitée des métropoles occidentales ? Ou bien se greffe-t-il sur des héritages de chefferies anciennes ? Les femmes qui ont eu dans le passé un rôle très souvent éminent étaient les reines mères et non les épouses des chefs. Ce rôle s'inscrivait dans une tout autre logique des alliances matrimoniales dans lesquelles primaient non les individus mais les clans et lignages. Que reste-il du rôle éminent de la reine mère ? L'épouse d'aujourd'hui s'est-elle emparée du rôle de la mère d'hier ? Comme ailleurs coexistent en Afrique des femmes de président en régime « démocratique » et d'autres qui se servent et abusent de leur pouvoir de Première dame.From Queen Mother to President's wife
Is the role of the president's wife a modern innovation, a mere copy of those found in Western capital cities ? Or does « the president's wife » in Africa result from the graft of a novel form onto the legacy of African chiefdoms ? Historically speaking, women have held an eminent place in the chiefdoms, but they have done so in the role of Queen Mother and not as chiefs' wives. The Queen Mother was implicated in a system of matrimonial alliances in which clans and lineages took precedence over individual personalities. In order to understand the situation today, does the eminent role of the Queen Mother subsists ? Do in fact presidents' wives appropriate this role of the Queen Mother ? The figure of the First Lady seems to be a fact of contemporary politics, having been largely abetted by the women's liberation movement. In Africa, as elsewhere, we find First Ladies in « democratic » regimes, as well as situations in which the powers of the First Lady are exploited and misused. - Côte d'Ivoire : Simone Gbagbo prend le pouvoir - Moussa Touré p. 32 S'il est un pays où une Première dame exerce une influence considérable sur la conduite des affaires publiques, c'est bien la Côte d'Ivoire du régime de la Refondation. Depuis l'élection de son époux à la magistrature suprême et, surtout, depuis le déclenchement de la guerre en 2002, Simone Ehivet-Gbagbo occupe une place centrale dans le processus décisionnel et les arcanes du pouvoir. Pour les observateurs, son intransigeance est largement responsable de la radicalisation du régime. Parmi les figures retenues pour ce dossier, « Simone » était au premier rang. Las, faute d'avoir pu obtenir un texte de facture universitaire, nous publions ici des extraits d'un article paru dans « Le Patriote », journal d'opposition connu pour sa proximité avec le parti d'Alassane Ouattara. Il s'agit donc d'un document à traiter comme tel...The Ivory Coast : Simone takes power
If there is one country where the First Lady exercises considerable influence over public affairs, it's surely the Ivory Coast, regime of the « Refondation ». Since the time of her husband's election to the Supreme Court and especially since the onset of the war in 2002, Simone Ehivet-Gbagbo holds a central place in the decision-making process, as well as in the mysteries of politics. For observers, her intransigence is largely the cause of the regime's extremism. Among those women considered for this special issue, « Simone » was at the top of the list. Alas, not having been able to procure an academic text on this subject, we have chosen to reproduce extracts of an article published in The Patriot, an independent newspaper known for its proximity to Alassane Ouattara's party. This document should be read in light of these considerations. - Deux femmes, de la guérilla à l'institutionnalisation du pouvoir en Ouganda : portraits croisés de Janet Museveni et de Winnie Byanyima - Sandrine Perrot p. 37 Les portraits croisés de Janet Museveni, Première dame, et de Winnie Byanyima, ancienne combattante du National Resistance Movement/Army de Yoweri Museveni et figure charismatique de la nouvelle opposition au régime, jettent un éclairage nouveau sur les évolutions du pouvoir ougandais, de la guérilla à son institutionnalisation. Ils donnent lieu à une lecture de ses mutations, de ses contradictions et de ses limites, soulignant l'actuelle personnalisation du pouvoir et l'informalisation du processus de décision.Two women, from the guerilla movement to the institutionalization of power in Uganda
Comparing the portraits of two women, Janet Museveni, First Lady, and Winnie Byanyima, former combatant with Museveni's National Resistance Movement/Army and charismatic figure of the recent opposition to the regime sheds light on transformations in Ugandan politics, from the guerilla movement to its institutionalization in the political realm. This comparison allows us to examine the details of the changes, contradictions, and limits of the movement, underscoring the personalization of power today and the increasingly informal nature of the decision-making process. - De Wassila à Leïla, Premières dames et pouvoir en Tunisie - Sadri Khiari p. 55 Respectivement épouse de Habib Bourguiba et de Zine el-Abidine Ben Ali, Wassila Ben Ammar et Leïla Trabelsi ont occupé, et pour la seconde occupe toujours une place essentielle au sein de l'appareil d'État tunisien et des processus de légitimation/délégitimation. Alors que Wassila a joué un rôle clé dans la construction et le maintien de certains équilibres sociopolitiques du régime bourguibien, Leïla, quant à elle, est plus impliquée dans les luttes de clans qui, au sommet de l'État, réalisent une sorte d'« accumulation familiale primitive ».From Wassila to Leïla: First Ladies and power in Tunisia
Wassila Ben Ammar and Leïla Trabelsi, the respective wives of Habib Bourguiba and Zine el-Abidine Ben Ali, have occupied, and still occupy in the latter case, a critical place in the heart of the Tunisian state apparatus and within processes of its legitimation/de-legitimation. While Wassila played a key role in the construction and the maintenance of a certain socio-political equilibrium in the Bourguiba regime, Leïla is more implicated in struggles between clans, which serve what might be termed « primitive familial accumulation » at the summit of power. - Rosine Soglo, famille et entreprise politique - Émile A. Tozo p. 71 Pour aider son mari Nicéphore Soglo, élu président de la République du Bénin en 1991, à sortir de son isolement politique, Rosine Vieyra-Soglo, femme sans passé militant, a créé, en 1992, un parti politique, la Renaissance du Bénin. En entrant dans la vie politique avec la double casquette de Première dame et de chef de parti, elle s'est engagée aux côtés de Nicéphore soglo dans un projet d'« entreprise politique » et a imprimé une orientation patrimoniale et népotiste au pouvoir démocratique initial de son mari.Rosine Soglo : family and political enterprise
In order to help her husband, Nicéphore Soglo, elected President of the Republic of Benin in 1991, overcome his political isolation, Rosine Vieyra-Soglo, a woman without any previous activist commitments, created a political party in 1992 : the Renaissance of Benin. With this engagement in political life under the double hat of First Lady and Party Leader, Rosine Soglo proved to be an exceptional political entrepreneur. In the end, she has given patrimonialism and nepotism a pride of place in her husband's democratic regime. - Chantal Biya : « fille du peuple » et égérie internationale - Fred Eboko p. 91 Chantal Biya illustre les ambivalences liées aux nouveaux statuts féminins dans une société camerounaise en profonde mutation sur fond de « désarroi » généralisé. De sa relative discrétion dans les années 1990 à son omniprésence depuis le début des années 2000, « la petite fille du peuple » est devenue la figure emblématique de la lutte contre la pandémie du sida. Qualifiée de « présidente de l'ombre », elle symbolise, par son action dans le champ associatif de la santé et de l'éducation, la face « non gouvernementale » du pouvoir d'un chef qui s'est pérennisé à la tête de l'État de cette manière en reconvertissant ses modes d'exercice du pouvoir.Chantal Biya: « daughter of the people » and international muse
Chantal Biya illustrates the ambivalence linked to the new status of women in Cameroonian society, which is now in the process of profound transformations in a context of general confusion. From her relative discretion during the 1990s to her omnipresence of the early 2000s, « la petite fille du peuple » has become the emblematic figure of the struggle against the AIDS pandemic. Qualified as a « shadow president » Chantal's work in associations devoted to education and health have made her the symbol of the « non-governmental » face of a regime that has left her to act in the public sphere. She symbolises the non-governmental face of power as exercised by the ruler who has therefore been able to keep running the State. By this way, thanks to his ability to transform the way he enforces power, the latter has been able to keep ruling the State. - Lucy Kibaki, débat domestique et autorité politique - Hervé Maupeu p. 107 Sous le régime du président Moi, qui a duré près d'un quart de siècle, le Kenya n'a pas eu de Première dame. Cet article présente les perceptions sociales de cette absence. Après l'alternance de 2002, le débat sur le rôle de la Première dame fut réactivé du fait, cette fois, de l'activisme désordonné de la première épouse du nouveau chef de l'État. L'étude de l'interventionnisme de Lucy Kibaki montre que le président doit négocier les relations entre sa sphère domestique et l'espace public. Or, en Afrique, ces interactions ont des effets directement politiques puisque les valeurs domestiques restent au cœur de l'évaluation des leaders.Lucy Kibaki : domestic debates and political authority
During President Moi's regime, which lasted for almost a quarter of a century, Kenya had no First Lady. This article reviews the various social perceptions of this lack. After the change in regime of 2002, the debate on the role of the First Lady was a strong reaction to the chaotic activism of the new president's first wife. This reflection on Lucy Kibaki's interventionism demonstrates that the president must negotiate relations between his domestic space and the public sphere. In Africa, these interactions have an immediate impact upon political life because domestic values are central to politicians' judgements.
Conjoncture
- Le conflit au Darfour, point aveugle des négociations Nord-Sud au Soudan - Roland Marchal p. 125 La crise au Darfour est plus ancienne que février 2003. Elle s'explique par la montée de contradictions locales exacerbées par la politique sécuritaire de Khartoum, la marginalisation économique de cette région et les effets de l'autoritarisme au Tchad voisin. Le fait qu'elle prenne forme à ce moment illustre les points aveugles de la négociation entre les insurgés du Sud-Soudan et le gouvernement central. La communauté internationale, prolixe en fortes déclarations, a fluctué dans son entendement de la crise jusqu'à aujourd'hui.The Darfur conflict : the blind spot in the North-South negotiations in Sudan
The crisis in the Darfur began before February 2003. It resulted from increasing contradictions in the region, which were exacerbated by the regime's heavy-handed security policies, the economic marginalization of the region, and the effects of authoritarianism in neighboring Chad. The fact that the crisis has emerged at this moment is illustrative of the blind spots of negotiations between the insurgents of Southern Sudan and the central government in Khartoum. The international community, prolix in strong declarations, is still not clear on the way it intends to tackle the crisis today. - Tirailleurs « de brousse » en péril - Pierre Janin p. 147 Après plus de quarante ans de silence et d'immobilisme, grâce à l'activisme juridique de quelques-uns et à l'indignation citoyenne d'un plus grand nombre, qui finissaient par déranger les décideurs politiques, le gouvernement français a consenti à réévaluer le montant moyen des pensions militaires des anciens combattants africains. Cet effort financier paraît cependant bien tardif, et presque dérisoire, pour des « petits soldats de l'Union française » isolés, oubliés et, bien souvent, en fin de vie.« Bush » infantry in peril
After more than forty years of silence and inaction, the French government has consented to revise the average military pension given to former African combatants. This decision was a response to both legal activism and citizen indignation, which had an impact on certain political figures. This financial effort is nonetheless both belated and inadequate for the « petits soldats de l'Union française », who are often isolated, forgotten and most often at the end of their life.
- Le conflit au Darfour, point aveugle des négociations Nord-Sud au Soudan - Roland Marchal p. 125
Magazine
Débat
- Des associations oromophiles interdites en Éthiopie - Thomas Osmond p. 157
- L'Afrique du coton à Cancún : les acteurs d'une négociation - Denis Pesche et Kako Nubukpo p. 158 Fin avril 2003, quatre pays africains déposaient une proposition de négociation à l'OMC intitulée « Réduction de la pauvreté : initiative sectorielle sur le coton ». Quelques mois après, le « dossier coton » défrayait la chronique pendant la conférence de Cancún, illustrant de manière emblématique les contradictions entre pays industrialisés et pays en développement dans le domaine agricole. Cet article analyse la genèse de cet événement et met en évidence les jeux d'acteurs qui y ont conduit.African cotton in Cancún: the negotiators
April 2003: four African countries submit a proposition for negotiation to the World Trade Organization entitled « Réduction de la pauvreté: initiative sectorielle sur le coton » (« Poverty Reduction: Sector Initiative on Cotton). A few months later, the « cotton file » was the talk of the town during the Cancún conference, an emblematic illustration of the contradictions that exist between industrialized countries and developing countries in the agricultural sector. This article analyses the onset of this event and traces the play of actors that led to it.
Terrain
- Quand la crise influe sur les pratiques nominales. Les changements de nom chez les Sénoufo de Côte d'Ivoire - Juliette Carle p. 169 En s'attachant aux motivations qui président aux changements de nom chez de jeunes Sénoufo urbanisés, cet article montre de quelle façon ces pratiques nominales s'articulent aux politiques d'identification du peuple ivoirien et participent d'une dynamique de retour au terroir comme marque d'appartenance à la nation. En soulignant la laxité identitaire qui prévalait avant l'instauration de l'État colonial, il illustre plus largement le processus de fixation nominale à l'œuvre aujourd'hui.When the crisis impacts upon naming
This article examines the motivations behind name changes among young Senufo living in urban areas of the Ivory Coast. It shows how these naming practices articulate with contemporary politics of identity, and how they participate in the return to regional territories as a mark of belonging to the nation. By underscoring the laxity that prevailed with respect to identity issues before the arrival of the colonial state, the author highlights the present-day fixation with naming that is at work in the Ivory Coast today.
- Quand la crise influe sur les pratiques nominales. Les changements de nom chez les Sénoufo de Côte d'Ivoire - Juliette Carle p. 169
Lectures
- Une science impériale pour l'Afrique ? La construction des savoirs africanistes en France, 1878- 1930, d'Emmanuelle Sibeud - Laurent Dartigues, Mamadou Diouf et Jean-Hervé Jézéquel p. 185