Contenu du sommaire : Nouvelles recherches 2011
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 146, été 2011 |
Titre du numéro | Nouvelles recherches 2011 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Antoine Marès p. 3-5
- Un petit prince à la sdn : la lutte du roi Hussein du Hedjaz pour l'indépendance des provinces arabes de l'Empire ottoman - Hussein D. Alkhazragi p. 7-23 La naissance de la Société des Nations permet l'émergence d'acteurs restés jusqu'ici en marge de la scène internationale. Le règlement de la « Question d'Orient » connaît ainsi une résonance nouvelle à travers l'entrée en scène du Shérif Hussein, leader de la Révolte arabe de 1916. Ce dernier entreprend de solliciter l'organisation pour résoudre le conflit qui l'oppose à la Grande-Bretagne et à la France au sujet de la question des mandats. Hussein commence alors un véritable lobbying diplomatique auprès du secrétariat de la sdn qui se retrouve rapidement pris dans un dilemme. En effet, le conseil de la sdn manœuvre habilement pour éviter d'impliquer l'organisation dans une affaire que les grandes puissances entendent traiter au mépris total du Pacte de la Société. Le Secrétariat est ainsi forcé de s'aligner sur les intérêts des grandes puissances et ce malgré les objections de nombreux fonctionnaires internationaux partisans d'une justice fondée sur un droit universel.A little prince at the League of Nations: the struggle of King Hussein of Hedjaz for the independence of the Arab provinces of the Ottoman Empire. The birth of the League of Nations enabled the emergence of actors who had so far remained on the fringes of the international arena. The settlement of the "Eastern Question" witnessed new developments through the arrival on the scene of Sharif Hussein, the leader of the Great Arab Revolt of 1916. The latter undertook to call upon the organization to solve the conflict which opposed him to Great Britain and France regarding the mandate question. Hussein then began intense diplomatic lobbying of the League's Secretariat, which soon found itself caught in a dilemma. Indeed, the Council of the League skillfully managed to avoid the implication of the organization in a matter which the Great Powers wanted to resolve in complete disregard of the Covenant of the League. The Secretariat was thus forced to align itself with the interests of the Great Powers, despite the objections of many international civil servants who were proponents of justice based on universal law.
- De l'économie de guerre au secours philanthropique : care et les enjeux de l'aide américaine dans l'Europe de l'après-guerre - Sébastien Farré p. 25-41 Fondé en novembre 1945, le Committee for Assistance and Remittance for Europe (care) est exemplaire des enjeux et des problèmes des actions de secours de l'immédiat après-guerre. Cette agence issue de la tradition philanthropique américaine a comme principal objet l'envoi de colis alimentaires financés par des donateurs étasuniens en faveur de particuliers européens. Produit de la guerre totale, care réélabore des techniques de production et de mobilisation issue de l'économie de guerre. Le modèle care s'inscrit dans une économie de l'humanitaire pour s'imposer rapidement comme un instrument très apprécié d'une diplomatie de la compassion et du secours. D'une certaine manière, les colis estampillés care-usa privatisent des pratiques développées par l'armée en modifiant le rapport entre le donateur et les « victimes ».From war economy to philanthropic assistance: care and the implications of American aid in post-war EuropeFounded in November 1945, the Committee for Assistance and Remittance for Europe (care) is a model of the challenges and problems faced by relief action during the immediate post-war period. Originating from the American philanthropic tradition, the main purpose of this agency was to send food packages financed by American donors to individual Europeans. A product of total war, care reworked techniques of production and mobilization developed by war economy. The care model was part of a humanitarian economy, and it quickly became a popular instrument of compassion and relief diplomacy. In a certain way, the care-usa-stamped packages privatized practices developed by the army by changing the links between donors and "victims".
- Berliet, un constructeur automobile français face au marché chinois (années 1950-1960) - Thierry Robin p. 43-58 Le cas du constructeur lyonnais Automobiles Marius Berliet (amb) illustre les difficultés des entreprises à commercer avec la Chine populaire pendant la Guerre froide. Mais amb apparaît aussi original, voire pionnier, dans son approche du marché chinois. Ses tentatives sont infructueuses jusqu'au milieu des années 1950 : l'absence de représentation commerciale, de relations diplomatiques franco-chinoises et surtout l'existence d'un dispositif multilatéral de restrictions aux échanges commerciaux constituent des handicaps trop importants. En revanche, par la suite, Berliet peut exporter des camions à partir des filiales marocaine et algérienne du groupe jusqu'au début des années 1960. Après l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine communiste, en 1964, Automobiles Marius Berliet signe l'accord dit « licence Chine » (1965), premier transfert de technologie français avec la rpc.The Berliet campaign in China
The case of the Lyon-based automotive manufacturer Marius Berliet (amb) illustrates the difficulties for companies to trade with the People's Republic of China during the Cold War. But amb also seems original, even a pioneer, in its approach to the Chinese market. Its attempts were unsuccessful until the mid-1950s: the absence of commercial representation, of Franco-Chinese diplomatic relations, and especially of the existence of a multilateral system of restrictions in international trade, constituted major handicaps. On the other hand, Berliet was later able to export trucks from the Moroccan and Algerian subsidiaries of the group, until the early 1960s. After the establishment of diplomatic relations between France and communist China in 1964, amb signed the "China licence" agreement (1965), the first transfer of French technology to the prc. - La politique indochinoise de Pierre Mendès France après les accords de Genève - Pierre Grosser p. 59-75 La plupart des historiens laissent entendre que la présence française a pris fin en Indochine avec la fin de la guerre. Pierre Mendès France, qui fut applaudi lors de la signature des accords de Genève, est-il coupable de s'être débarrassé de l'Indochine au profit des Américains ? A-t-il trahi les espoirs des hommes qui voulaient qu'une France nouvelle devienne, en Asie, le trait d'union entre Nord et Sud et entre Est et Ouest ? Mendès France s'est efforcé d'élaborer une politique indochinoise après Genève, et dans l'ensemble s'y est tenu durant ses six derniers mois à la présidence du conseil. Mais il devait tenir compte des dures réalités de la relation avec les États-Unis, et du début de la guerre en Algérie. De nombreux groupes et individus ont essayé d'orienter cette politique. Surtout, les réalités sur place ne permettaient pas, ni au Nord ni au Sud du Vietnam, un dernier sursaut du colonialisme français en Indochine.How to leave the Indo-China conflict in 1954?
Most historians state that the French presence in Indo-China ended as the war ended. But nobody, in 1954, could foresee a quick withdrawal. Was Pierre Mendes France, who was lauded for the Geneva peace treaty, guilty of having passed the buck to the Americans? Did he betray the hopes of those who wanted a new France in Asia to be a bridge between North and South and between East and West? Mendes France tried to shape a policy after Geneva, and he held on to it through his last six months in office. But he had to take account of the harsh realities of the relationship with the United States, and of the beginnings of the Algerian war. Many groups and individuals wanted to have a say in French policy in Indo-China. The realities on the ground were not conducive, neither in South Vietnam nor in North Vietnam, to a "last hurrah" of French colonialism in Indo-China. - Le Maroc entre la France et l'Algérie (1956-1962) - Mounya Essemlali p. 77-93 Le 2 mars 1956, le Maroc obtient son indépendance. Dès lors, une politique de coopération, qui revêt des intérêts économiques essentiels pour la France et le Maroc, se met en place. Cependant, le Maroc se défait progressivement de la tutelle de la France et s'engage dans la défense de l'indépendance algérienne. Ainsi, le 21 octobre 1956, Mohamed V reçoit à Rabat les membres du fln. Cette rencontre va conduire au détournement de l'avion de Ben Bella par l'armée et le gouvernement français. S'en suit une série de conséquences néfastes pour la coopération franco-marocaine tels que les massacres de Meknès ou le rappel des ambassadeurs. En outre, les aides diverses que le Maroc apporte aux fellaghas dans le cadre de leur lutte pour l'indépendance contribuent à la radicalisation des relations franco-marocaines.Morocco between France and Algeria (1956-1962)On 2nd March 1956, Morocco gained its independence. Following this, a policy of cooperation, based on economic interests essential for France and Morocco, was put in place. However, Morocco gradually withdrew from France's guardianship and became involved in the defence of Algerian independence. Thus, on 21st October 1956, Mohamed V received in Rabat members of the fln, the National Liberation Front. This meeting led to the hijacking of Ben Bella's airplane by the French army and government. A series of events with disastrous consequences for Franco-Moroccan cooperation ensued, such as the Meknes massacres and the recall of ambassadors. Moreover, various forms of aid which Morocco was giving to the Fellagha in support of their fight for independence contributed to the radicalisation of Franco-Moroccan relations.
- Revenir sur le mythe fondateur de Médecins sans frontières : les relations entre les médecins français et le cicr pendant la guerre du Biafra (1967-1970) - Marie-Luce Desgrandchamps p. 95-108 Dans la littérature sur l'humanitaire, la guerre du Biafra (1967-1970) est souvent présentée comme un lieu du renouveau de l'action humanitaire, puisque certains des futurs fondateurs de Médecins sans frontières y auraient remis en cause les principes traditionnels des actions de secours établis par le Comité international de la Croix-Rouge (cicr). Ce constat invite à un examen approfondi des relations entre les médecins français et l'institution genevoise lors de ce conflit. Ce faisant, le propos de l'article est de nuancer le caractère particulièrement dissident des activités des médecins français par rapport au cicr pendant la guerre. Ainsi, tout en présentant les tensions existantes entre les différents protagonistes, l'article montre qu'il n'est pas possible d'affirmer l'existence d'une véritable rupture entre le cicr et les médecins français au moment du Biafra.Revisiting the founding myth of Doctors Without Borders: relations between French doctors and the icrc during the war in Biafra (1967-1970)In the literature devoted to humanitarian affairs, the Biafra war (1967-1970) is often portrayed as a place of renewal for humanitarian action. In fact, during this conflict, the future founders of Doctors Without Borders challenged the traditional principles of relief action established by the International Committee of the Red Cross (icrc). By investigating the relationship between French doctors and the Swiss institution during the war, this article demonstrates that the activities of the French doctors were not as innovative as they were often alleged to be. Thus, without underestimating the existing tensions between the different protagonists, the article invalidates the premise of a real rupture between the icrc and French doctors during the Biafra war.
- Diplomatie européenne et relations internationales : la dimension internationale du premier élargissement de l'Union européenne - Katrin Rücker p. 109-124 Le premier élargissement de l'Union européenne a eu lieu en 1973 avec l'entrée du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark dans le Marché commun, augmentant ses États membres de six à neuf. La dimension internationale de ce processus est indéniable et s'articule autour de plusieurs grandes lignes de réflexion. D'une part, il y a des liens intrinsèques entre l'histoire des relations internationales et l'histoire de l'Union européenne en général. En particulier, les questions commerciales européennes sont liées aux questions économiques mondiales. D'autre part, même le fonctionnement interne du Marché commun, qui a reposé en partie sur le leadership d'un cercle restreint comme le triangle Paris-Bonn-Londres, pourrait intéresser l'histoire des organisations internationales, au sens où cette Communauté européenne a fonctionné et fonctionne comme une mini-organisation internationale.Multilateral diplomacy tested by the first enlargement of the Common Market in 1973The first enlargement of the European Union took place in 1973, admitting the United Kingdom, Ireland and Denmark and increasing the Common Market from six to nine members. This enlargement process of the 1960s and 1970s undeniably included an international dimension which can be analyzed in different ways. On the one hand, the history of international relations and European Union history, generally speaking, are closely intertwined. In particular, European trade issues are linked to a global trading order through the gatt. On the other hand, even the internal decision-making process of the Common Market is relevant for the history of international relations and organizations. The leadership of a restricted club of members such as the Paris-Bonn-London triangle, played a paramount role in the decision-making process at Community level. In a sense, the European Community worked and still works as a mini-international organization.
- Notes de lecture - p. 131-137