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Revue | Gérer et comprendre (Annales des mines) |
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Numéro | N° 99, mars 2010 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Témoignage
- L'ultralibéralisme ennemi du management moderne ? - Entretien avec Henri Vacquin, mené par Bernard Colasse et Francis Pavé p. 4 Du Parti communiste au conseil en entreprises : un parcours hors du commun, une expérience exceptionnelle des relations sociales dans l'entrepriseUltraliberalism, the enemy of modern management?
From the French Communist Party to management consultancy: an uncommon itinerary, an exceptional experience with social relations in firms...
- L'ultralibéralisme ennemi du management moderne ? - Entretien avec Henri Vacquin, mené par Bernard Colasse et Francis Pavé p. 4
Réalités méconnues
- Comment concilier Morale protestante et finance ? - Christophe Inard, Fanny Verrax et Grégory Schneider-Maunoury p. 16 Nous nous proposons d'analyser dans cet article les pratiques de gestion des fonds d'investissement socialement responsables (ISR) créés par des communautés protestantes. Après une mise en perspective historique et sociologique, nous observerons les pratiques actuelles de quatre fonds ISR et nous ferons le constat qu'au-delà des éventuelles ambiguïtés (portant sur leurs justifications théologiques) de ces fonds, le pragmatisme qui les caractérise est fort éloigné du dogmatisme qui leur est prêté. Ces fonds, dont les pratiques transcendent leurs origines religieuses, posent des questions pertinentes sur le renouveau de la finance et sur l'avenir du concept de responsabilité sociale de l'entreprise.How to reconcile the protestant ethic and finance?
The practices for managing the responsible social investment funds created by Protestant groups are placed in a historical and sociological perspective. Those of the four funds described, beyond the possible ambiguities stemming from their theological justifications, are characterized by a pragmatism that is a far cry from their supposed dogmatism. These practices transcend their religious origins. These funds raise relevant questions about the rehabilitation of finance and the conception of corporate social responsibility. - Solidarité et rivalité dans l'entreprise - Jérôme Saulière p. 26 Les stages permettent aux jeunes de découvrir le monde de l'entreprise en ayant un statut intermédiaire entre celui d'observateur et celui d'acteur. Lorsque leur stage dure plusieurs mois, comme c'est le cas pour les ingénieurs-élèves des Écoles des Mines, ceux-ci s'efforcent de s'intégrer et d'exercer les mêmes missions que les jeunes recrutés. Ils ont alors de l'entreprise une vision originale, « vue d'en bas », pourrait-on dire. Pour reprendre un récent article de Gérer et Comprendre1, ils se sentent invités à s'identifier à des images idéales de leur rôle. Mais cette identification est aliénante et ne peut être surmontée qu'après l'accès à une position leur permettant de comprendre que les images auxquelles ils s'étaient identifiés n'étaient que des apparences. La dimension imaginaire est particulièrement forte dans le conseil en stratégie, où l'apparence et le relationnel, très codifiés, jouent un rôle essentiel.Leur témoignage sur leur itinéraire montre ce que le regard ingénu qui est le leur peut donner à penser de la marche des affaires. C'est dans cet esprit que nous publions ce texte, rédigé par Jérôme Saulière au cours d'un stage qu'il effectuait dans le cadre de sa première année de formation au Corps des Mines.Solidarity and rivalry in firms
In-firm training periods are an opportunity for young people to discover the world of work from a position somewhere between that of observer and player. When the internship lasts several months, as in the case of engineering students from the Écoles des Mines, students try to fill the same assignments as young recruits. They thus gain an original view of the firm “from underneath”, we might say. With reference to a recent article in Gérer & comprendre, they feel invited to identify with ideal role models. But this identification is alienating. The only way to overcome it is for students to obtain a position that enables them to understand that the images with which they have identified are mere appearances. Identification is especially strong when the internship is in consultancy on corporate strategy, where appearances and very codified relations are key factors. These students' naive view, as seen through their accounts of this training experience, provides us with thoughts about how business is conducted. For this reason, we are publishing a text written during an internship that was part of the author's first year of training for the French Corps des Mines.
- Comment concilier Morale protestante et finance ? - Christophe Inard, Fanny Verrax et Grégory Schneider-Maunoury p. 16
L'épreuve des faits
- Territorialité et bureaux virtuels : un oxymore ? - Emmanuelle Léon p. 32 Les changements dans l'organisation du travail et la volonté de réduire les budgets dédiés à l'immobilier conduisent de nombreuses entreprises à réinventer, voire à supprimer, leurs bureaux, à l'aide des technologies mises à leur disposition. Le développement des espaces de travail partagés s'inscrit dans cette logique. Cependant, l'espace de travail n'est pas uniquement un lieu fonctionnel : il est également l'un des symboles qui relie le salarié à son organisation ; aussi celui-ci aura-t-il spontanément tendance à vouloir le faire sien. Une étude de cas, menée au sein des bureaux virtuels d'Accenture, démontre que la territorialité s'inscrit dans tout espace... fût-il virtuel.Territoriality and virtual offices, an oxymoron?
Changes in the organization of work and the determination to reduce the budget allotted to office space have led many firms to reinvent, or even eliminate, offices thanks to modern technology. Evidence of this is the development of “shared workplaces”. The workplace is not just a functional space however. It is also one of the symbols linking wage-earners to their company. Wage-earners spontaneously try to make the workplace their own. A case study conducted in the virtual offices of Accenture shows how a sense of territory arises and marks every space, even virtual spaces. - La responsabilité sociale de l'entreprise à l'heure de la flexibilité des ressources humaines : l'employabilité est-elle un argument viable ? - Moez Ben Yedder et Lofti Slimane p. 42 Plaçant l'intérêt des parties prenantes non sociétaires (comme les employés) au même degré d'importance que ceux des actionnaires, la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE), en tant que concrétisation du développement durable par les entreprises, s'est imposée à ces dernières. Sur un autre plan, la flexibilité devient un aspect qui, bien que relativement ancien, est de plus en plus admis comme une voie possible d'un accroissement de la compétitivité de l'entreprise, voire d'une réorientation indispensable à sa viabilité. Cependant, la flexibilité (plus particulièrement dans sa dimension quantitative) est souvent décriée en raison des conséquences sociales qui peuvent découler de son adoption. Précarisation des salariés, compétition sur les coûts de main-d'œuvre entre sous-traitants, rupture du lien entre entreprise et travailleurs... : la flexibilité semble, par certains aspects, faire partie des pratiques « antisociales ». À partir de là, on voit mal comment une firme soucieuse d'adhérer à la logique sociale prônée par la RSE pourrait aussi se prévaloir d'une certaine flexibilité. Pourtant, dans la pratique, les logiques de la flexibilité et de la RSE semblent cohabiter.Corporate social responsibility and flexible human resources: is “employability” a valid argument? By placing the interests of other stakeholders (for instance, employees) on a par with those of stockholders, corporate social responsibility has compelled recognition in recent years as a concrete form of sustainable development. Though relatively old, flexibility has become an increasingly accepted possibility for improving a firm's competitiveness or even reorienting its activities in a new direction indispensable for its survival. Given its quantitative dimension however, flexibility often comes under criticism for its social consequences. Precarious employment conditions for wageearners, competition over labor costs among subcontractors, the broken bond between a firm and its workers... flexibility turns out to be an “antisocial” practice. We thus fail to see how a firm that scrupulously adheres to the ideas underlying corporate social responsibility could implement flexibility in its human resources. In practice however, flexibility and corporate social responsibility seem to be able to live under the same roof.
- L'incarnation locale d'un outil global de gestion des compétences - Sophie Bretesché et Michel Devigne p. 53 Dans cet article, nous mettrons en perspective la capacité d'ajustement d'un site de production local face au déploiement d'un outil global de gestion des compétences dans le secteur agroalimentaire. Si l'outil présente un caractère conformatoire, il suscite également des appropriations différenciées liées aux contextes d'exercice des activités et des milieux professionnels sur lesquels il s'exerce.The local application of a global tool for managing employee qualifications
This article describes how an agribusiness plant adjusted to the deployment of a global tool for managing employee qualifications. Although this tool required conformity, it was appropriated variously, depending on the occupational environment and the context of the activities actually exercised.
- Territorialité et bureaux virtuels : un oxymore ? - Emmanuelle Léon p. 32
En quête de théories
- La réputation : un outil pour gérer des carrières - Sébastien Dubois p. 64 La réputation a été avancée comme un critère majeur dans le déroulement des carrières, sans qu'elle soit explicitement définie. Cet article propose une définition opérationnelle de la réputation, étiquette ou image sociale qui se construit dans les relations entre les acteurs. Les artistes fournissent un exemple privilégié pour décrypter ces mécanismes, et le cas des poètes contemporains offre ensuite une illustration marquante de la gestion de la réputation tant par les individus que par les organisations, dans le cas considéré les éditeurs. La réputation est, en effet, à la fois un outil de décision et un enjeu au cœur des stratégies des acteurs.Reputation in career management
Reputation is brought forward as a major criterion for managing careers but without being clearly defined. An operational definition is proposed of this social label or image, which is constructed through human relations. The case of artists is especially useful for interpreting the processes at work; and contemporary poets provide a striking illustration of how individuals and, too, organizations (in this case, publishers) manage reputations. Reputation is both a decisionmaking tool and a key element in strategies. - La Haute couture aujourd'hui : comment concilier le luxe et la mode ? - Marine Agogué et Guillaume Nainville p. 74 La maturité de nombreux secteurs industriels a remis en cause leur business model. Les maisons de haute couture, contrairement aux apparences, ne se réduisent pas à l'exubérance de leurs grands couturiers : elles ont dû faire évoluer l'approche purement artisanale de leur activité pour pouvoir s'adapter aux changements de leur clientèle historique et ce, grâce au co-développement de deux différenciations « produits » : celle du luxe et celle de la mode.Cette transition a profondément impacté l'organisation de ces sociétés : les maisons de haute couture ont trouvé des solutions originales leur permettant de dépasser l'opposition entre mode et luxe et de figurer, aujourd'hui encore, parmi les entreprises les plus rentables. Ainsi, derrière le strass et les paillettes, on découvre un monde atypique dans sa structure et son organisation, qui pourrait bien fasciner au moins autant par la finesse des stratégies qu'il met en œuvre que par ses créations elles-mêmes...Haute couture nowadays: how to reconcile luxury and fashion?
An industry's maturation often brings its business model under review. Contrary to appearances, haute couture should be seen not just through the exube-rance of top designers. These fashion houses have had to adapt a purely craftsman's approach to changes in their historical customer base. They have done this thanks to two “product differentiations”: luxury goods and designer fashionware. This has deeply affected how they are organized. Fashion houses have found original solutions for moving beyond the fashion/luxury opposition and remaining, even yet, among the best profitmaking companies. Behind the glamor and glitter, we discover a world with an atypical structure and organization that exercises fascination owing as much to the fine strategies pursued as to the goods produced.
- La réputation : un outil pour gérer des carrières - Sébastien Dubois p. 64
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