Contenu du sommaire : Pratiques du droit et de la justice en Russie (xviiie-xxe siècles)

Revue Cahiers du monde russe Mir@bel
Numéro volume 53, no 1, janvier-mars 2012
Titre du numéro Pratiques du droit et de la justice en Russie (xviiie-xxe siècles)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Pratiques du droit et de la justice en Russie (xviiie-xxe siècles)

    • The practice of law and justice in Russia (Eighteenth-twentieth centuries) : Foreword - Sandra Dahlke, Michel Tissier p. 7-13 accès libre
    • « Daby rozyski i pytki mogli činitca porjadočno, kak ukazy povelevajut » : Ėvoljucija teorii i praktiki « rozysknogo » processa v Rossii pervoj poloviny XVIII v. - Evgenij V. Akel´ev et Galina O. Babkova p. 15-39 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les auteurs analysent les procédures d'enquête criminelle en Russie dans la première moitié du XVIIIe siècle, de trois points de vue différents : celui des projets de législation, celui de la réglementation effective et celui de l'application pratique, en examinant les liens réciproques entre ces trois aspects. En étudiant la procédure criminelle en pratique dans l'activité du Bureau des enquêtes (la principale instance judiciaire de Moscou qui, de 1730 à 1763, avait en charge les enquêtes de droit commun en matière criminelle), les auteurs parviennent à la conclusion que la torture était appliquée dans l'observation stricte de la loi. Les nouvelles dispositions législatives étaient mises en application de façon rapide, et dans certains cas elles étaient initiées à partir de la pratique de terrain. Dans les documents des commissions législatives de la première moitié du XVIIIe siècle, on observe nettement le développement de l'idée qu'il est nécessaire de limiter l'application de la torture, et on constate également des doutes sur la possibilité d'obtenir des preuves fiables en ayant recours à la violence. La pratique quotidienne de la procédure criminelle pour les affaires de droit commun, qui révélait la très faible efficacité de la torture, était prise en compte dans l'élaboration des projets de réforme législative et son rôle ne fut pas le moindre dans l'élimination progressive de la torture.
      The authors analyze the legislation on penal investigation procedures, procedural drafts (worked out by the legislative commissions of 1721-1727 and 1754-1766), and everyday practice in Moscow's investigative institutions between the 1720s and 1750s. They observe that in the 1710s and 1720s, torture was part of the investigation process and was inflicted in strict observance of the law. Procedural laws strongly insisted on proper legal grounds for the infliction of torture. Legislation drafts worked out by legislative commissions between the 1720s and 1750s display a change in the attitude towards torture and its place in the investigation process. The investigative practice of the Office of Criminal Investigation (Sysknoi prikaz), the main investigative institution in the 1730s and 1750s, strictly conformed to the existing legislation: every decision to inflict torture was in accordance with the judges' collective decision and was based on existing legislation. Procedural drafts of the legislative commissions, particularly those of 1754-1766, propose to limit the application of torture and express suspicions as to the reliability of violence in the search for evidence. This attests of the interdependence of investigative laws and practice in Russia.
    • Iz poslushaniia Ego Velichestva ne vykhodim, a ostat'sia nesoglasny : The perceptions of law, justice and a ?just authority? in the petitions of Russian peasants in the second half of the eighteenth century - Aljona Brewer p. 41-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À travers plusieurs exemples, cet article étudie les perceptions et les conceptions de la justice et d'une autorité « juste » dans la Russie du XVIIIe siècle. L'analyse porte sur des révoltes de paysans travaillant dans des manufactures dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Sur la base de pétitions des paysans et d'autres documents, l'étude fait ressortir la façon dont les paysans percevaient une autorité comme injuste, montre quelles étaient leurs pratiques pour (r)établir la justice, et caractérise leurs relations avec les autorités. Dans leurs conceptions et leurs pratiques de la justice, les paysans mêlaient à un utopisme irrationnel et au « monarchisme naïf » une façon très pragmatique de manier le droit et de communiquer avec les autorités. Il en ressort que les paysans russes en quête de justice ne faisaient pas du tout preuve de passivité à l'égard de l'autorité et qu'ils avaient leurs propres idées et leurs propres façons de faire, bien définies, pour aboutir dans cette quête.
      This article presents a case study of the perceptions and ideas of justice and just authority in eighteenth-century Russia. The analysis focuses on factory peasants' uprisings in the second half of the eighteenth century. Drawing on peasant petitions and other documents, it shows how peasants perceived unjust authority and describes the practices they used to (re)establish justice and the nature of their communications with the authorities. In their conceptions and practices of justice, peasants combined irrational utopianism and “naive monarchism” with highly evolved pragmatism in handling the law and communicating with the authorities. This leads to the conclusion that, concerning justice, Russian peasants were not at all passive toward authority and possessed their own well-defined set of ideas and practices.
    • Počemy general-gubernatory 1-j treti XIX v. utverždali prigovory po ugolovnym prestuplenijam - Viktorija V. Efimova p. 65-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans ses règlements de 1775 pour le gouvernement des provinces, Catherine II avait attribué aux gouverneurs généraux le droit de confirmer les sentences prononcées dans les affaires criminelles. Il est traditionnellement admis que ce droit aurait encore aggravé les défauts de la procédure d'enquête pénale, de type inquisitoire, alors en vigueur dans l'Empire russe. L'auteur remet en question cette opinion. Dans ce but, elle analyse d'abord les idées mises en avant par Catherine II pour justifier le droit en question dans la procédure pénale russe. Puis l'auteur suit l'évolution de ce droit dans la législation de la fin du XVIIIe siècle et du premier tiers du XIXe siècle. Enfin, elle montre comment ce droit fut mis effectivement en application par les gouverneurs généraux de l'ensemble septentrional formé par les trois provinces d'Arhangel'sk, Vologda et Olonec, A.F. Klokačev et S.I. Minickij. L'auteur en tire deux conclusions. En premier lieu, à une époque où la procédure pénale et le droit pénal de l'Empire russe étaient marqués par des châtiments cruels et où dominait la théorie des preuves formelles, il était nécessaire de réserver aux gouverneurs généraux le droit de confirmer les peines criminelles lourdes. Il était du devoir des gouverneurs généraux, qui étaient les plus proches compagnons des empereurs, de répandre sur le terrain les idées des Lumières européennes, auxquelles adhéraient Catherine II et son petit-fils Alexandre Ier. En second lieu, l'auteur conclut que, dans la pratique, les gouverneurs généraux des provinces septentrionales faisaient un usage extrêmement rare du droit qui leur était accordé. Sur la base des cas examinés dans l'article, il lui apparaît qu'à l'égard des personnes de condition inférieure fut effectivement mise en application l'intention initialement exprimée dans l'article 82 des règlements de 1775 qui stipulait que « le représentant du souverain n'est pas un juge, mais… l'intercesseur des opprimés », qui doit « faire preuve dans ses actes de bienveillance, d'amour et de compassion pour le peuple ».
      In the 1775 Statute of Provincial Administration, Catherine II vested governors general with the right to confirm criminal sentences. It is commonly held that this right further aggravated the deficiencies of the investigation procedures used at the time. The author's purpose is to refute this opinion. To do this, she analyzes the ideas put forward by Catherine to justify that right in the Russian penal procedure, then traces its evolution in the legislation between the end of the eighteenth and the first third of the nineteenth centuries, and shows how A.F. Klokachev and S.I. Minitskii, governors general of Arkhangel'sk, Vologda and Olonets made use of this right. The author reaches the following conclusions: (1) at a time when criminal law and proceedings were marked by cruel punishments and the theory of formal evidence prevailed, it was necessary to maintain the governors general's right to confirm heavy sentences. As immediate subordinates to the tsars, governors general had a duty to promote the ideas of the Enlightenment embraced by Catherine II and her grandson Alexander I locally; (2) governors general of northern provinces very seldom exercised the right granted to them. The author infers from the cases studied in the article that lawmakers could still abide, vis-à-vis persons of “low standing,” by the prescription established in Article 82 of the Statute of Provincial Administration: “The governor general is not a judge, but […] the advocate of the oppressed,” and must “show goodwill, love and compassion towards the people through his actions.”
    • Old Russia in the dock : The trial against Mother Superior Mitrofaniia before the Moscow district court (1874) - Sandra Dahlke, Bill Templer p. 95-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'un des procès criminels les plus spectaculaires dans l'Empire russe après les grandes réformes eut lieu en 1874 devant le tribunal de première instance du district de Moscou. Il s'agit du procès contre l'abbesse Mitrofanija, mère supérieure du couvent Serpuhovskij-Vladičnyj, à la tête de plusieurs congrégations d'œuvres charitables. Mitrofanija était née Baronne Praskov'ja Grigor'evna Rozen et elle avait été dame d'honneur de l'impératrice Aleksandra Fëdorovna avant de prendre le voile. L'abbesse, accusée d'avoir trompé et fait chanter de riches marchands, fut reconnue coupable par le jury d'assises et condamnée à plusieurs années de bannissement. Il s'agit ici de montrer que le procès fut monté pour l'exemple, sous l'action conjointe de plusieurs institutions et acteurs (la famille impériale, des juristes ambitieux, des journalistes, des bureaucrates éclairés). Ils cherchaient par là-même à établir fermement les principes de la réforme judiciaire de 1864, à disperser les doutes concernant l'efficacité de la justice rendue publiquement par les jurys d'assises nouvellement institués, à promouvoir auprès des contemporains de nouvelles formes juridiques, à supprimer les traditionnels liens informels de clientélisme, à restreindre les privilèges de l'Église et de l'aristocratie et, enfin, à renforcer la capacité de l'État autocratique à gouverner. L'article montre que derrière cette unanimité apparente, il y avait également l'articulation d'intérêts particuliers avec des idées très différentes sur la façon dont un système juridique doit fonctionner et dont la société et l'État doivent être gouvernés. Il met aussi l'accent sur la difficulté de décrire adéquatement, à l'aide des concepts de « tradition » et de « modernité », les actions et les univers mentaux des protagonistes de ce procès.
      In 1874, one of the most spectacular criminal court cases in the postreform Russian Empire took place at the Moscow district court. This was the trial against the abbess Mitrofaniia, mother superior of the Serpukhovskii-Vladichnyi convent, head of several charitable sisterhoods, born Baroness Praskov'ia Grigor'evna Rozen and lady-in-waiting of Empress Aleksandra Fëdorovna before taking the veil. Accused of having deceived and blackmailed wealthy merchants, she was sentenced by the jury and finally convicted to several years of exile. The article argues that this was a show trial, staged through the joint action of different institutions and social actors (the imperial family, ambitious jurists and journalists, enlightened bureaucrats). Through the trial, they were aiming at establishing the principles of the judicial reform of 1864, dispersing doubts about the efficiency of the new public courts with trial by jury, anchoring new forms of generally binding legal norms and proceedings in the consciousness of contemporaries, suppressing traditional informal clientele ties, restricting the privileges of the church and the high nobility, and finally, at strengthening the autocratic state's capacity to rule. The article also shows that behind this unanimity, particularistic interests and very different ideas of how a legal system should function and in which way society and the state should be governed were articulated. It also points at the fragility of the concepts of tradition and modernity to adequately describe the actions and mental worlds of the persons involved in the court proceedings.
    • Shaping Soviet Justice : Popular Responses to the Election of People's Courts, 1948-1954 - Michael Kogan p. 121-139 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article fournit un tableau composite des campagnes de masse organisées pour procéder à l'élection « démocratique » des tribunaux du peuple en 1948, 1951 et 1954. À travers les élections des juges locaux et de leurs assesseurs non professionnels il s'agit d'examiner comment l'État soviétique réagissait aux problèmes affectant le système judiciaire et l'administration locale après la Seconde Guerre mondiale, notamment l'explosion des scandales de corruption et l'inquiétude généralisée de la population à propos de la criminalité. Les campagnes électorales servaient plusieurs objectifs. Avant tout, les élections permettaient à l'État soviétique de contrôler que les responsables régionaux de la justice suivaient la ligne fixée en haut lieu. Les citoyens soviétiques étaient encouragés à dénoncer les insuffisances des tribunaux locaux, ainsi qu'à surveiller et examiner collectivement la nomination des candidats aux élections. En second lieu, les campagnes électorales étaient considérées comme un moyen d'apprendre à la population à se servir du système judiciaire. En inondant la population d'un flot de conférences, de programmes radiodiffusés et de films, et en la faisant participer, l'État tentait de faire comprendre aux citoyens soviétiques la valeur et le sens du droit et de les leur inculquer. En même temps, ces campagnes électorales offraient aux gens un moyen d'adresser à l'État certaines réclamations et de manifester publiquement leur loyauté à l'égard du régime soviétique. Cela semble avoir été particulièrement vrai pour la population des territoires qui avaient été occupés par les Nazis. En conséquence, ces élections concentraient toute l'attention des organes étatiques chargés de rassembler l'information pour enregistrer les réponses de la population aux leçons données sur les idéaux juridiques soviétiques. Ces élections permettaient à l'État de construire, de projeter et de renforcer son idéologie sur une grande échelle, tout en donnant à la population une occasion de se plaindre des tribunaux locaux et de critiquer le fonctionnement du système judiciaire. Bien qu'il soit difficile de déterminer le résultat de ces campagnes électorales, l'article soutient que ces dernières remportaient un certain succès dans la mesure où elles répondaient aux préoccupations de la population au sujet de la délinquance et des crimes définis comme portant atteinte à l'ordre social. L'article montre aussi comment l'État tenta de tirer parti des réponses de la population pour manifester sa détermination à améliorer le système judiciaire au niveau local.
      This article provides a composite picture of the massive campaigns to “democratically” elect people's courts in 1948, 1951, and 1954. It uses the elections of local judges and lay assessors as a lens into the Soviet state's response to the problems inherent in the justice system and the local administration after the Second World War – such as the explosion of corruption scandals and widespread popular concern about crime. The election campaigns served several aims. First of all, the elections provided an opportunity for the Soviet state to get regional legal officials in line with its direction. Soviet citizens were encouraged to denounce the poor performance of local courts and to oversee and discuss the nomination of candidates for the elections. Second, the campaigns were seen as a tool to teach the population how to use the justice system. Utilizing a barrage of lectures, radio programs, films, and popular participation, the state attempted to inculcate an understanding of the value and meaning of law in Soviet citizens. At the same time, these election campaigns provided the people with an opportunity to make demands on the state and publicly show its loyalty to the Soviet polity. This seems especially true for people living in the formerly Nazi-occupied territories. Consequently, these elections focused the full attention of the state's information gathering organs onto its population in order to record its responses to the lessons being taught about Soviet legal ideals. These elections allowed the state to construct, project, and reinforce its ideology on a grand scale, while also giving the population an opportunity to complain about local courts and criticize the way the justice system worked. Although it is difficult to determine the outcome of the election campaigns, the article argues that they were successful in a sense that they responded to people's concern about hooliganism and crimes against social order. It also shows how the state tried to take advantage of the people's responses to show its commitment to improving the justice system at a local level.
  • Articles

    • Vlast´ i sobstvennost´ - Sergej V. Černikov p. 141-245 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article analyse les particularités de la cession de la propriété terrienne dans le centre historique de la Russie, le district de Moscou, dans la première moitié du XVIIIe siècle. L'auteur conclut à un niveau élevé de stabilité du fonds terrien de cette région (notamment au sein de la «vieille» élite des XVIe-XVIIe siècles). Dans le district de Moscou, les phénomènes de division, d'achat et de vente des domaines patrimoniaux étaient relativement rares. L'article examine également la question de l'influence des modifications de l'élite gouvernante de la Russie sur la structure des propriétés terriennes des régions de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Une annexe présente pour la première fois une liste alphabétique des propriétaires des deux régions «capitales» avec mention du nombre des serfs selon les Ier, IIe et IIIe recensements.
      The article analyzes the features of landed property transfer in the historical center of Russia, the district of Moscow, during the first half of the eighteenth century. The author comes to the conclusion that landed property did not change hands much (particularly that of the “old” elite of the sixteenth and seventeenth centuries). Estate division, purchase, and sales were relatively rare in the Moscow district. The article also addresses the question of how changes inside Russia's ruling elite affected the structure of landed property in the regions of Moscow and St. Petersburg. An annex presents an alphabetical list of the landowners of both “capital” regions together with the number of serfs according to the first, second, and third censuses. This is the first time that such a list has been compiled.
    • Rossijskij plen 1914-1917 gg. kak prostranstvo politiko-ideologičeskih manipuljacij - Natal´ja V. Suržikova p. 247-266 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette étude explore le thème historiographique bien connu de la politique nationale sélective menée par la Russie à l'endroit de ses prisonniers de guerre pendant la Première Guerre mondiale. Pointant la continuité évidente de cette politique avec la politique plus générale de gestion de la population, l'auteur n'en exagère pas pour autant sa stabilité et son efficacité. L'article prouve de façon convaincante que les tentatives de recours aux statuts ethniques et confessionnels des prisonniers étrangers se sont toujours heurtées à la résistance des administrateurs locaux pour lesquels la politique gouvernementale d'un traitement différencié des prisonniers de guerre constituait un obstacle sérieux à la maximisation de leur productivité. D'ailleurs, initialement, il ne s'agissait pas tant d'une politique efficace comme de l'apparition d'un certain discours du pouvoir focalisé sur les prisonniers mais aussi sur la société en guerre, celle-ci se voyant ainsi imposer certaines tactiques et pratiques comportementales. L'inclusion de ce débat dans toutes sortes de « simagrées » politico-idéologiques autour des prisonniers étrangers a permis, non sans succès, de maintenir l'illusion de leur activisme politique de masse, occultant le fait que cela ne concernait que quelques dizaines de milliers d'hommes sur les deux millions que comptait l'armée des ennemis.
      This study explores the well-known historiographical theme of Russia's selective national policy towards prisoners of war during World War I. That policy was unquestionably in keeping with the policy towards the population in general, but its strength and efficiency are questionable. The article aims to show that attempts at utilizing the ethnic and denominational status of foreign prisoners of war constantly met with opposition from local managers who considered that the government's policy of differentiation among war captives was a serious obstacle to the maximization of the latter's working efficiency. Beyond the question of the policy's efficiency, there was from the start a discourse on the part of the authorities focused on both the captives and the society at war. The latter was thus compelled to adopt certain behavioral tactics and practices. The inclusion of this discourse in all kinds of political and ideological “gesticulations” around foreign prisoners successfully maintained the illusion of their mass political activism, hiding the fact that only some ten thousand of them – out of two million soldiers – were actually involved in it.