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Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Tome 54, octobre-décembre 2001 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Représentation et réalité en phonologie anglaise - Richard Lilly, Michel Viel p. 387-400 Le présent article défend l'idée que la norme de transcription actuellement en usage dans les dictionnaires de prononciation de l'anglais, norme largement acceptée, est un hybride, non fondé en principe, entre deux formes distinctes de représentation, pourtant définies par les fondateurs de la phonétique moderne. Prenant l'exemple des voyelles de shed, shade et shared, nous donnons des raisons acoustiques et phonologiques selon lesquelles elles devraient, au niveau de précision choisi, être représentées par ?, ?? et ?? plutôt que par e, e? et e?. Nous suggérons que les descriptions articulatoires divergentes que l'on rencontre de ces trois voyelles ne sont pas sans lien avec le problème de leur représentation. Les erreurs d'estimation ou de représentation articulatoires pourraient être attribuées à deux propriétés (indésirables dans ce cas) des systèmes symboliques : la tendance pour une représentation donnée à « filtrer » la réalité correspondante et sa propension à devenir un code purement arbitraire.
- Un cas pendable ? La versification de John Donne - Henri Suhamy p. 401-413 Donne passe encore pour un versificateur rude et désinvolte, cela étant dû à un caractère passionné supportant mal le formalisme. Ces jugements ne sont pas infondés, mais il convient de les nuancer et de les réexaminer, en commençant par établir une distinction claire et technique entre le mètre et le rythme, ces deux notions étant souvent confondues ou comprises de façon trop globale, et en portant quelque attention au dessin des strophes, au jeu des rimes et des enjambements. On découvre alors des compositions ingénieuses, non dénuées de virtuosité. Il est vrai que les vers de Donne sont difficiles à scander selon les grilles préétablies, mais cela vient de leur originalité inventive.
- Le hennissement de Gulliver : oralité et écriture dans Gulliver's Travels - Alexis Tadié p. 414-426 Hugh Kenner a dit que Gulliver's Travels était le seul livre de la littérature anglaise à avoir été écrit par un cheval. La voix de Gulliver, plus précisément, est la plus reconnaissable de l'histoire de la littérature anglaise, puisque c'est la voix d'un cheval. Cet article commence par montrer les métamorphoses de la voix de Gulliver et la façon dont elles contribuent à la définition de son identité : celle-ci repose sur l'oral comme sur l'écrit, sur la voix comme sur la plume. S'établit ainsi un contraste entre le « plain simple style » que le narrateur recherche, et l'hétérogénéité du texte lui-même. L'article s'intéresse ensuite aux apparences de l'écriture, à son apparence physique, à sa mutabilité. L'écrit n'est pas plus stable que l'oral ; il ne peut en venir à bout. Cela permet de souligner enfin les conséquences sur la nature du livre et sur la définition du lecteur. La lecture de Gulliver's Travels s'apparente à une construction : du narrateur, du lecteur, de la fiction, du livre comme objet. Cette étude conclut à l'inscription nécessaire des livres dans l'Histoire.
- L'empreinte du vide dans « Benito Cereno » - Michel Imbert p. 427-441 Les trois volets du récit discontinu cernent en creux un non-dit, l'effondrement de la raison qui prélude à l'effacement de la personne humaine. Les protagonistes perdent la tête au propre comme au figuré, et la mort, érigée en figure de proue, semble être le véritable maître à bord, à moins que par un de ces retournements propres à la théologie apophatique, la négativité à l'?uvre dans l'histoire ne manifeste obliquement le Dieu caché.
- The back of presented appearance : chromatic definition and allotropic states in Women in Love - Stephen Rowley p. 442-452 Avec pour point de mire ce qui, pour l'époque, constituait une véritable révolution dans la conception du genre romanesque, à savoir que les individus n'ont pas un caractère immuable mais subissent au contraire des bouleversements ? positifs ou négatifs ? qui touchent à leur essence même, et qu'il incombe au romancier de représenter leur évolution psychologique, cet article tente de démontrer que chez Lawrence, l'emploi de la couleur dans la caractérisation des personnages n'a rien d'aléatoire : le choix des couleurs obéit à la définition de ce qu'il appelait les « états allotropiques », auxquels il fait allusion dans sa correspondance. Nous nous proposons donc d'étudier, à titre d'exemple, la personnalité contrastée des deux s?urs, Gudrun et Ursula.
- Flaubert's Parrot : le reliquaire mélancolique - Catherine Bernard p. 453-464 Flaubert's Parrot semble constituer un exemple presque archétypal de la veine métafictionnelle du postmodernisme. La manière dont le texte déconstruit la métaphysique de la présence, son intertextualité iconoclaste, ses jeux métaleptiques semblent devoir invalider tout postulat référentiel. L'ironie de Barnes est cependant à double tranchant. La discursivité nous ramène nécessairement vers le monde des objets, des reliques qui peuplent l'imaginaire et la mémoire du narrateur plongé dans un travail de deuil. Ainsi cette esthétique de l'objet en vient-elle à rétablir une forme contradictoire du culte de la présence.
- The Policeman in the American gangster-film, 1931-1953. Portrait of a Cop - Eithne O'Neill p. 465-478 À cette étude d'un aspect cinématographique précis de la civilisation américaine, les deux termes « policeman » et « cop » fournissent des axes ; l'idéal impossible, toujours valable, de la justice, du policier incorruptible, s'opposant à la réalité du quotidien, à la ville comme à l'écran. À travers les étapes de deux décennies haut en couleur, la criminalité entourant la Prohibition, la Dépression, le New Deal, l'entrée dans la Deuxième Guerre mondiale sont analysés du point de vue de leur représentation filmique dans une trentaine d'?uvres. Le flic/policier doit être réhabilité, l'attrait du gangster l'ayant longtemps éclipsé. Pourtant, ainsi que les constantes de l'histoire, du citoyen comme du cinéma, le confirment, policier et criminel, frères ennemis, partagent des caractéristiques, virtuelles, iconographiques, langagières, morales et mythiques. En même temps, la naissance du film noir garantit, grâce au personnage du privé, la longévité filmique du représentant de la loi.
- L'idée de réconciliation dans les sociétés multiculturelles du Commonwealth : une question d'actualité ? - Jean-Claude Redonnet p. 479-496 Objet d'analyse politique et philosophique, la réconciliation correspond, sur le terrain, à une réalité et à des pratiques. La réconciliation, fondée sur le recours à la mémoire et sur la réparation d'injustices passées, nourrit la poursuite d'un débat démocratique dans des sociétés « diverses ». Or, le débat sur la réconciliation est bien loin d'être clos. L'idée et les politiques sont souvent dénoncées tout à la fois par des minorités qui ne se reconnaissent pas en elles, et par les tenants de conceptions de l'État et de la nation plus traditionalistes. Quels que soient les résultats des politiques et des programmes mis en place pour lui donner corps, ces sociétés voient aujourd'hui dans la réconciliation un vecteur possible des transformations démocratiques qu'elles s'imposent, et l'un des moteurs de la reformulation du contrat social. Avant de porter ses fruits, comme tous les grands enjeux de société, la réconciliation connaîtra tous les stades de l'aventure humaine et du débat politique, avec leurs aspects moraux, intellectuels, culturels et sociaux.
- Représentation et réalité en phonologie anglaise - Richard Lilly, Michel Viel p. 387-400
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 497-508
Chronique
- Chronique - p. 509-510
- In Memoriam Anny Sadrin - Sylvère Monod p. 511-512