Contenu du sommaire : Photographie et film : antidotes à la domination politique ?
Revue | Participations |
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Numéro | no 7, septembre 2013 |
Titre du numéro | Photographie et film : antidotes à la domination politique ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Photographie et film : antidotes à la domination politique ?
- La photographie et le film : des instruments de pouvoir ambivalents - Cécile Cuny, Héloïse Nez p. 7-46 Cet article interroge le rôle de la photographie et du film dans la redistribution du pouvoir, à laquelle aspirent tant les dispositifs participatifs que les mouvements sociaux. Il montre que ces deux types d'images sont des instruments de pouvoir ambivalents : aux mains des élites, elles consacrent leur pouvoir ; appropriées par les groupes sociaux dominés, elles peuvent contribuer à subvertir les hiérarchies. À partir d'un état des lieux de la littérature, l'article repère deux catégories d'usages de la photographie et du film dans la participation : ils servent à rendre visible l'invisible ou sont mobilisés comme supports d'identification. Ces considérations permettent de réfléchir à leurs usages analytiques dans un contexte scientifique.Photography and film : ambivalent power instruments
This article tackles the role of photography and film as mechanisms of redistribution of power, an important stake for experiences of institutionalized participation and social movements. It shows that these images can be used as power instruments but are ambivalent : in the hands of elites, they enhance their power ; when used by dominated social groups, they contribute to subvert social or political hierarchies. The article starts with a review of the literature, emphasizing two ways of using photography and film in participation processes : making the invisible visible and serving as means of identification. This allows discussing the use of these images in a scientific context. - Soutenir la mobilisation politique par l'image. Photographie contestataire au Yémen - Anahi Alviso?Marino p. 47-71 En revenant sur la première phase des mobilisations initiées en 2011 au Yémen, cette contribution reconstitue le récit visuel d'un processus de changement politique « révolutionnaire » à travers le travail de photographes engagés. Analyser la contestation politique à travers la production de photographes qui campent dans un espace occupé pour protester permet de souligner l'usage de ressources visuelles contre la domination. En étudiant l'intersection entre l'espace, la photographie et la contestation, cet article interroge l'usage de la photographie en tant que support protestataire et moyen de sensibilisation politique.Supporting political mobilization through images. Contentious photography in Yemen
Revisiting the initial period of the contentious mobilizations initiated in 2011 in Yemen, this contribution undertakes a visual narrative reconstruction of a « revolutionary » process of political change through the work of politically committed photographers. Analyzing contentious politics through the production of photographers who camp in an occupied space to protest, allows stressing the use of visual resources against domination. Studying the intersection between space, photography and contentious politics, this article questions the uses of photography as a support to the protest and as a device of political awareness. - Quand les manifestants s'emparent de la vidéo à Moscou : communiquer ou faire participer ? - Perrine Poupin p. 73-96 La multiplication de caméras vidéo, d'appareils photo et d'autres dispositifs numériques a permis aux manifestants, en Russie comme ailleurs, de filmer leurs actions protestataires et de rendre compte de ces événements sur Internet, alors que les médias traditionnels les couvrent peu ou mal. En partant de la production, de la grammaire filmique et de l'usage des images réalisées par des activistes impliqués dans la lutte contre le chantier autoroutier traversant la forêt de Khimki, au nord de Moscou, cet article analyse les attraits et limites de cette prise de parole visuelle pour l'action politique et les collectifs protestataires en Russie.When activists mobilize images in Moscow : communication or participation ?
Nowadays video cameras and other digital devices are widely used in Russia as it is elsewhere. Activists can shoot their actions and report the events on the Internet, although mainstream media don't provide any coverage or only a bad one. Analysing the production, the film grammar and the use of images produced by activists who campaigned against the project of a freeway passing through the nearby Khimki forest, in the Moscow outskirts, this article explores the advantages and limits of this digital visual voice for political action and protest groups in Russia. - Gauchir le cinéma : un cinéma militant pour les dominés du champ social (1967?1980) - Romain Lecler p. 97-125 Les années 1970 ont vu l'institutionnalisation d'un véritable genre du cinéma militant. Dominé dans le champ du cinéma, il a pourtant accompagné toutes les luttes de la décennie. Il a montré ceux que le cinéma et la télévision « invisibilisaient », les dominés du champ social : ouvriers, paysans, employés, femmes, homosexuels, immigrés, etc. Il leur a donné des visages, une parole, a soutenu, accompagné et promu leurs combats. Contredisant le cliché d'un cinéma spontané et inabouti, il a mis en place une véritable esthétique, fondée sur des motifs récurrents, sur un style radical, et a traduit jusque dans sa forme l'impératif de la mobilisation.Radical movies for the dominated of the social field in the post Mai‑68 era (1967‑1980)
A specific genre of activist movies was established after Mai‑68 in France. Dominated within the field of cinema, it focused on a wide range of struggles during the decade. It displayed those that TV and movies were keeping out of sight, those who were dominated within the social field : workers, peasants, women, homosexuals, migrants, etc. It gave them a face and the right to speak up, it supported and promoted their causes. Although it was deemed spontaneous and unachieved, it entailed a real esthetic based upon specific patterns, a radical style, and expressed in its very form the necessity of mobilization. - Faire entendre la parole des citoyens par le recours au film. Analyse d'un panel de citoyens dans la gestion de l'eau - Laura Seguin p. 127-149 Cet article propose une analyse de l'utilisation de l'outil audiovisuel comme instrument de traduction original d'une expérience participative. Il explore l'utilisation de deux films réalisés à l'issue d'un panel de citoyens sur la gestion de l'eau : un film « institutionnel » et un film de recherche. L'attention est portée sur ce que la « mise en film » fait à la parole citoyenne, mais il sera aussi question du film comme support de réflexivité des acteurs vis‑à‑vis de leurs pratiques. L'analyse s'inscrit dans une réflexion globale sur le rôle de cet outil dans la (re)définition des rapports de pouvoir à l'œuvre dans les processus de démocratie participative.Making citizens' voice heard. An analysis based on two films about a citizen's panel on water management. This article investigates how an audiovisual tool can be used as an original feedback instrument for a participatory experience. It explores the use of two films during a citizens' panel on water management : an “institutional” film and a research film. Attention is drawn to what the process of “putting into film” does to the citizens' voice. The article also explores the use of film as a support for actors' reflexivity on their own practices. This analysis takes place in a broader reflection on the role of films in the (re)definition of the power relationships at work in participatory processes.
- Photographie et film dans les projets urbains participatifs : mont(r)er l'image d'un habitant actif ? - Khedidja Mamou p. 151-172 Le projet urbain s'accompagne d'un foisonnement de supports de représentation visuelle pour (faire) participer. Si les habitants sont majoritairement « attendus » pour/sur leur savoir d'usage, photo et vidéo ouvrent à la mobilisation d'autres savoirs et concourent à produire et à montrer une image habitante différente. Ces supports semblent servir des prises de parole « équitables », car mieux distribuées, et donnent à voir la part individuelle et collective de la participation. Seulement, si l'habitant participe de cette « part individuelle », il n'est que très rarement invité à participer au montage des représentations collectives (visuelle et sociale) produites par la photo et la vidéo.Photography and Film in urban participatory projects : editing and showing the image of an active resident ?Urban projects deal with a profusion of visual media representation to make people participate. If residents are firstly “expected” for and reckoned with their local knowledge, photo and video convey much more forms of knowledge. They therefore contribute to produce and show a different image of the residents. Both media aim at fostering the fairness of debates and contributing to an equal access to public speech. They show both the individual and collective nature of participatory processes. While residents are engaged as individuals, they are however rarely invited to share the “editing” of the collective (visual and social) representations produced by photo and video.
- La photographie et le film : des instruments de pouvoir ambivalents - Cécile Cuny, Héloïse Nez p. 7-46
Varia
- Procédure « mini-public » et eau potable, un couple imbuvable ? La délibération entre spontanéité, concession, glissement et discussion - Clémence Bedu p. 175-198 Les procédures de type « mini‑public » florissantes aujourd'hui débouchent souvent sur un « avis citoyen » censé éclairer la décision publique. Quelle est la fabrication d'un tel avis ? La délibération y est‑elle vraiment au rendez‑vous ? Fondée sur l'étude d'un « atelier citoyen » portant sur la gouvernance d'un service d'eau potable, notre enquête ethnographique met à l'épreuve le socle normatif de la délibération. Elle décrit la trajectoire multicontingente des recommandations inscrites dans l'avis final pour esquisser les contours d'une critériologie opératoire de la production collective dans ces démarches.“Mini‑public” procedures and water: an undrinkable couple? Deliberation between spontaneity, concession, sliding and discussion“Mini‑public” procedures often result in the production of a “citizen recommendation”, supposed to enlighten public decisions. What is the manufacturing of such a recommendation ? Is deliberation really happening in such initiatives ? Based on the study of a mini‑public dealing with the governance of a drinking water administration, our ethnographic study questions the normative bases of deliberation. It describes the uncertain trajectory of recommendations registered in the final report in order to sketch the outlines of an operating criteriology of collective productions in such procedures.
- Procédure « mini-public » et eau potable, un couple imbuvable ? La délibération entre spontanéité, concession, glissement et discussion - Clémence Bedu p. 175-198
Lecture critique
- Inclusion des publics et matérialité des dispositifs participatifs - Clément Mabi p. 201-213