Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue Internationale des Sciences Administratives |
---|---|
Numéro | volume 77, no 2, juin 2011 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La mise en contexte de la motivation à l'égard du service public. Comment concilier universalisme et particularisme - David Giauque, Adrian Ritz, Frédéric Varone, Simon Anderfuhren-Biget, Christian Waldner p. 223-249 Les recherches sur la motivation à l'égard du service public (PSM, Public Service Motivation) se multiplient à un rythme incroyable depuis vingt ans. À côté des analyses des antécédents de la PSM et de son influence sur les organisations et les individus, il reste encore beaucoup de questions sans réponse au sujet de la nature proprement dite de la PSM. Dans le présent article, nous soutenons que le concept théorique de PSM doit être contextualisé en intégrant les contextes politique et administratif des agents de l'État dans le cadre de l'étude de leurs attitudes à l'égard du fait de travailler dans le secteur public. Nous remettons également en question la validité de la structure quadridimensionnelle classique de la PSM lorsqu'elle s'applique à un contexte particulier. Les résultats obtenus suite à une analyse factorielle confirmatoire portant sur un échantillon comprenant 3754 agents dans 279 municipalités suisses confirment qu'il est opportun de contextualiser certains éléments de la notion de PSM. Ils confirment également le bien-fondé de l'ajout d'une dimension supplémentaire appelée, conformément à une recherche antérieure, gouvernance démocratique suisse. Sur la base de nos résultats, des recherches complémentaires sur la PSM s'imposent afin de définir une mesure précise de la PSM, notamment dans la perspective d'une diffusion internationale des recherches empiriques sur cette question.`np pagenum="224"/bRemarques à l'intention des praticiens. La présente étude révèle que la motivation à l'égard du service public est une notion pertinente pour les praticiens et peut servir à mieux déterminer si les agents de l'État sont motivés par des valeurs ou non. Elle fait cependant également apparaître que la mesure de la PSM doit aussi être adaptée au contexte institutionnel. Les gestionnaires publics qui souhaitent mieux comprendre à quel point leur personnel est motivé par des valeurs publiques doivent savoir que la mesure de cette notion de PSM doit être contextualisée. En d'autres termes, la PSM est également déterminée par l'environnement institutionnel dans lequel les organisations opèrent.Research on Public Service Motivation (PSM) has increased enormously in the last 20 years. Besides the analysis of the antecedents of PSM and its impact on organizations and individuals, many open questions about the nature of PSM itself still remain. This article argues that the theoretical construct of PSM should be contextualized by integrating the political and administrative contexts of public servants when investigating their specific attitudes towards working in a public environment. It also challenges the efficacy of the classic four-dimensional structure of PSM when it is applied to a specific context. The findings of a confirmatory factor analysis from a dataset of 3754 employees of 279 Swiss municipalities support the appropriateness of contextualizing parts of the PSM construct. They also support the addition of an extra dimension called, according to previous research, Swiss democratic governance. With regard to our results, there is a need for further PSM research to set a definite measure of PSM, particularly in regard to the international diffusion of empirical research on PSM.Points for practitioners:This study shows that public service motivation is a relevant construct for practitioners and may be used to better assess whether public agents are motivated by values or not. Nevertheless, it stresses also that the measurement of PSM must be adapted to the institutional context as well. Public managers interested in understanding better the degree to which their employees are motivated by public values must be aware that the measurement of this PSM construct has to be contextualized. In other words, PSM is also a function of the institutional environment in which organizations operate.
- L'influence de la transparence et de la confiance dans la relation entre corruption et satisfaction du citoyen - Heungsik Park, John Blenkinsopp p. 251-273 La réduction de la corruption et l'amélioration de la satisfaction des citoyens sont des objectifs importants pour l'État, mais le lien entre ces deux objectifs stratégiques n'a que rarement été étudié. Le présent article présente une étude sur le rôle joué par la transparence et la confiance dans la relation entre la corruption gouvernementale et la satisfaction des citoyens à l'égard des services publics. Cette étude se fondait sur des données recueillies en Corée du Sud afin d'évaluer une initiative bien précise qui visait à réduire la corruption et à améliorer la satisfaction des citoyens à l'égard des programmes de travaux publics. Ces données indiquaient que la relation entre corruption et satisfaction était modérée par la transparence et partiellement facilitée par la confiance.Remarques à l'intention des praticiens. La présente étude permet de mieux comprendre l'influence de la transparence et de la confiance dans la relation entre corruption et satisfaction des citoyens à l'égard des services publics et donne dès lors une idée des moyens de formuler des politiques visant à réduire la corruption et à améliorer la satisfaction.Reducing corruption and improving citizen satisfaction are important aims of government, yet the link between these two policy aims has rarely been explored. This article reports a study into the roles played by transparency and trust in the relationship between governmental corruption and citizen satisfaction with public services. The study was based on data gathered in South Korea to evaluate a specific initiative that had sought to reduce corruption and increase citizen satisfaction with public works programmes. The data indicated that the relationship between corruption and satisfaction was moderated by transparency and partially mediated by trust.Points for practitioners:The study sheds light on the roles of transparency and trust in the relationship between corruption and citizen satisfaction with public services, and thus provides insights for developing policy aimed at curtailing corruption and improving satisfaction.
- Les innovations dans la gouvernance démocratique ? En quoi la participation citoyenne contribue-t-elle à l'amélioration de la démocratie ? - Ank Michels p. 275-296 Depuis quelques décennies, nombreux sont les pays qui organisent de plus en plus des référendums, des forums citoyens, des jurys citoyens, des modalités de gouvernance collaborative, de budgétisation participative et d'autres modèles dans lesquels les citoyens interviennent directement. La participation citoyenne est généralement considérée comme un élément important de la citoyenneté démocratique et du processus décisionnel démocratique. De nombreux théoriciens soutiennent que la participation citoyenne a une influence positive sur la qualité de la démocratie. Dans le présent article, nous examinons la véracité de ces affirmations pour un grand nombre de cas dans différents pays occidentaux. Nous distinguons quatre types d'innovations démocratiques et les évaluons en fonction de la mesure dans laquelle elles influencent positivement la démocratie. Nos observations indiquent que la participation citoyenne a une série d'effets positifs sur la démocratie : elle permet une meilleure connaissance des dossiers, elle améliore les compétences civiques et la participation publique, et elle contribue à susciter l'adhésion des participants aux décisions. Notre analyse révèle également que la contribution de la participation à la démocratie varie selon le type d'innovations démocratiques ; les forums et enquêtes délibératifs semblent plus efficaces pour promouvoir l'échange d'idées, tandis que les référendums et les projets de formulation participative des politiques sont plus efficaces pour permettre aux citoyens d'influencer la formulation des politiques et pour associer le plus grand nombre au processus. Cependant, comme je tente de le soutenir, dans la mesure où ces effets positifs ne sont perceptibles que par ceux qui participent et où le nombre de participants est souvent limité ou que certains groupes sont sous-représentés, les avantages pour la citoyenneté démocratique individuelle sont nettement plus manifestes que les avantages pour la démocratie dans son ensemble.Remarques à l'intention des praticiens. Dans le présent article, nous distinguons quatre types d'innovations démocratiques et, pour chaque type, nous examinons l'influence de la participation citoyenne sur la qualité de la démocratie. Nous proposons une analyse systématique de l'influence de la participation sur différents éléments de la démocratie, comme le processus décisionnel, l'inclusion, les compétences et les vertus, la délibération et la légitimité. Notre analyse fait ressortir un certain nombre d'effets positifs sur la démocratie, mais nos observations indiquent aussi que l'influence de la participation sur la démocratie varie selon le type d'innovation démocratique concernée.Over recent decades, many countries have gained experience with referendums, citizens' forums, citizens' juries, collaborative governance, participatory budgeting, and other models in which citizens have a more direct say. Citizen participation is usually considered a valuable element of democratic citizenship and democratic decision-making. Many theorists claim that citizen participation has positive effects on the quality of democracy. This article examines the probability of these claims for a large number of cases in different Western countries. Four types of democratic innovation are distinguished and evaluated according to the extent to which they realize positive effects on democracy. The findings show that citizen involvement has a number of positive effects on democracy: it increases issue knowledge, civic skills, and public engagement, and it contributes to the support for decisions among the participants. The analysis also makes it clear that the contribution of participation to democracy differs according to type of democratic innovations; deliberative forums and surveys appear to be better at promoting the exchange of arguments, whereas referendums and participatory policy making projects are better at giving citizens influence on policy making and involving more people. But, as I try to argue, since these positive effects are perceptible only to those taking part and the number of participants is often small or particular groups are underrepresented, the benefits to individual democratic citizenship are far more conclusive than the benefits to democracy as a whole.Points for practitioners:This article distinguishes four types of democratic innovation and, for each type, examines the effects of citizen participation on the quality of democracy. It offers a systematic analysis of the contribution of participation to elements of democracy, such as influence on decision-making, inclusion, skills and virtues, deliberation, and legitimacy. The analysis points to a number of positive effects on democracy, but the findings also show that the contribution of participation to democracy differs according to the type of democratic innovations.
- Combien gagnent-ils ? Étude de la fonction publique en Chine - Hon S. Chan, Jun Ma p. 297-326 Tout le monde s'accorde sur l'importance du salaire pour le développement d'une fonction publique professionnelle, efficace et honnête. La Banque mondiale et l'OCDE s'efforcent constamment d'encourager un grand nombre de pays en développement à mettre en œuvre une réforme des salaires. La présente étude contient des informations intéressantes pour les chercheurs et les praticiens désireux de comparer la réforme des salaires de la fonction publique en Chine et dans d'autres pays en développement. Nous allons évaluer le niveau de salaire de la fonction publique en le comparant avec celui appliqué dans d'autres secteurs en Chine, au moyen de données à jour et crédibles récemment publiées. Nous allons faire la lumière sur plusieurs idées exprimées dans le débat sur le salaire de la fonction publique en Chine et proposer une nouveau point de vue sur la question de savoir si celui-ci est élevé ou faible. L'analyse et les conclusions de notre étude intéresseront les chercheurs et les praticiens à l'étranger aussi, car l'expérience chinoise en matière de réforme des salaires de la fonction publique présente des points communs importants avec des réformes similaires mises en œuvre dans d'autres pays. Par exemple, le phénomène observé dans la fonction publique chinoise, caractérisé par une rémunération non salariale importante, généralement non déclarée et officieuse, ressemble à certaines pratiques observées dans des pays en développement comme le Vietnam, l'Égypte, la Tanzanie, la Zambie et l'Ouganda. Il n'en reste pas moins que dans la mesure où la réforme des salaires est motivée par des circonstances internes, les stratégies et les objectifs sont susceptibles de varier, même si les problèmes fondamentaux (écarts salariaux, lutte contre la corruption et faible performance de la fonction publique) sont similaires. Compte tenu de son importance économique et de ses expériences intéressantes en matière de réforme, la Chine peut constituer un modèle pour des réformes dans d'autres pays. La présente étude constitue également un point de référence pour les recherches futures. Nous conseillons aux chercheurs de tenir compte du fait que les échelles salariales officielles sont parfois bien en deçà de la rémunération réelle.Remarques à l'intention des praticiens. Beaucoup de pays en développement et en transition ont essayé de réformer leurs systèmes de rémunération, avec des résultats mitigés. La présente étude contient des informations intéressantes pour les chercheurs et les praticiens désireux de comparer la réforme des salaires de la fonction publique en Chine et dans d'autres pays. L'expérience chinoise dans la mise en place d'un nouveau système de rémunération pour la fonction publique offre deux enseignements intéressants aux praticiens étrangers. Premièrement, la suppression des revenus non salariaux est essentielle à l'aboutissement de la réforme des salaires. Deuxièmement, la réduction des revenus non salariaux passe par une réforme budgétaire, afin d'intégrer les fonds hors budget qui financent les avantages non salariaux dans le budget officiel et de les soumettre à un contrôle approprié. La Chine peut elle aussi tirer des enseignements des expériences d'autres pays en développement et en transition, notamment en matière de réduction des effectifs dans le secteur public.The importance of pay in developing a professional, effective, and honest civil service is widely recognized. The World Bank and OECD have made uninterrupted efforts to encourage many developing countries to carry out pay reform. This study provides useful information for researchers and practitioners to compare civil service pay reform between China and other developing countries. It assesses the level of civil service pay by comparing it with pay in other sectors in China, using updated and credible data recently made available. It clarifies several points in the debate over civil service pay in China and provides new perspectives on the issue of whether the civil service pay in China is high or low. The analysis and findings in this study will be of interest to researchers and practitioners beyond China because the Chinese experience with civil service pay reform has important points in common with similar reforms elsewhere. For example, the Chinese phenomenon of large, non-wage, largely unreported and unofficial, civil service pay in China resembles practices in developing nations such as Vietnam, Egypt, Tanzania, Zambia, and Uganda. Nonetheless, to the extent that pay reform is driven by internal circumstances, strategies and objectives are likely to differ even though the basic problems of wage disparities, anti-corruption, and low civil service performance are similar. Given its economic importance and valuable reform experiences, China may provide a model for reforms elsewhere. This study also provides a benchmark for future research and cautions researchers to view official pay scales potentially as serious understatements of actual remuneration.Points for practitioners:Many developing and transitional countries have attempted to reform their pay systems, with mixed results. This study provides useful information for researchers and practitioners to compare civil service pay reform between China and other countries. China's experience in establishing a new civil service pay system provides two useful lessons for practitioners elsewhere. First, the elimination of non-wage income is vital to successful pay reform. Second, reining in non-wage income requires budgetary reform, whereby off-budgetary funds that finance non-wage benefits are incorporated into the formal budget and subjected to proper supervision. China can also learn from other developing and transitional countries' experiences, particularly with regard to public sector downsizing.
- Les explications internationales par opposition aux explications nationales des réformes administratives : le cas de la Turquie - Seriye Sezen p. 327-352 Dans cet article, nous examinons les réformes administratives en Turquie et mettons en évidence leurs facteurs et leurs conséquences nationaux et internationaux. Je commencerai par passer brièvement en revue les réformes administratives fondamentales mises en œuvre au début de la période républicaine et durant les périodes ultérieures. J'analyserai ensuite ce que disent certains partisans des réformes et leurs résultats. Nous examinerons ensuite les acteurs nationaux ou internationaux à la tête des réformes en cours et leur influence relative. Nous soutenons dans cet article que les réformes administratives en Turquie sont un bon exemple de transfert de politiques, ses politiques de réforme étant essentiellement encouragées par des acteurs externes, comme l'UE, le FMI et la Banque mondiale. Il ne faut cependant pas négliger le rôle de certains acteurs internes, comme les gouvernements, les cercles d'affaires et les organisations non gouvernementales (ONG). L'on peut par ailleurs affirmer que le processus de réforme est influencé dans une large mesure par les conflits d'intérêts entre les acteurs internes. Même si l'on peut considérer le cas turc comme un bon exemple de transfert du nouveau management public (NMP) en termes de réglementation officielle, une analyse approfondie de ses résultats et autres difficultés montre qu'il est temps de remplacer l'approche universelle par une approche adaptée à chaque cas.Remarques à l'intention des praticiens. Dans la mesure où toute tentative de réforme se fonde avant tout sur des motivations politiques, la réforme administrative ne peut être considérée comme un processus exclusivement technique ou opérationnel. Par conséquent, il influence non seulement, directement ou indirectement, tous les aspects de la vie sociale, mais aussi le passé historique, économique et culturel du pays concerné. Les praticiens doivent en être conscients et prendre en considération un ensemble de facteurs sociétaux à côté des techniques purement administratives s'ils veulent éviter l'échec et réaliser l'efficience.This article examines administrative reforms in Turkey, highlighting its domestic and international explanations and outcomes. First, it briefly reviews the fundamental administrative reforms implemented in the early republican and following periods. Thereafter, some proponents of reforms and their outcomes are analysed with influencing actors. Then, the national or international actors that influenced current reforms and their relative impacts are discussed. The article argues that administrative reforms in Turkey are an appropriate example of policy transfer because reform policies are mainly encouraged by external actors such as the EU, the IMF, and the World Bank. However, the role of internal actors such as governments, business circles and non-governmental organizations (NGOs) should not be ignored. Moreover, it can be asserted that the reform process is significantly affected by conflicts of interest among internal actors. Although the Turkish case could be considered an appropriate transfer practice of new public management (NPM) in terms of formal regulations, a thorough examination of their outcomes and challenges reveals that it is time to substitute the 'one-size-fits-all' approach with 'different sizes for everyone'.Points for practitioners:Because every reform attempt derives mainly from political motives, administrative reform cannot be considered a solely technical or operational process. Hence, it not only directly or indirectly has an impact on all aspects of social life, but it is also affected by the historical, political, economic and cultural past of the relevant country. Practitioners should be aware of this and should take into consideration a set of societal factors apart from the purely administrative techniques, if they want to avoid failure, and to achieve efficiency.
- Une trajectoire inébranlable ? Étude comparative des trajectoires suivies en matière de décentralisation et de développement du gouvernement local au Ghana et en Ouganda - Nicholas Awortwi p. 353-384 La théorie évolutionnaire de l'effet de sentier (« path dependency ») laisse entendre que plus une institution est en place depuis longtemps, plus elle est résistante au changement. Avec le temps et les mécanismes qui se renforcent par eux-mêmes, une trajectoire organisationnelle et institutionnelle se développe et devient résistante au changement, qui a des chances de se maintenir pendant longtemps. Dans la mesure où cette trajectoire profite à ceux qui l'ont créée, il est impossible pour les mêmes acteurs de s'en libérer. Seul un « choc exogène » (un événement en dehors de la trajectoire) peut faire évoluer de façon radicale les incitants ou les contraintes rencontrés par les acteurs et permettre à un pays de se libérer de la trajectoire. Dans le présent article, nous appliquons ces propositions pour expliquer les trajectoires passées, présentes et futures de la décentralisation et du développement institutionnel du gouvernement local (GL) au Ghana et en Ouganda. Nous verrons que l'Ouganda a commencé par des initiatives de décentralisation politique, puis administrative et financière, alors quel le Ghana a commencé par une décentralisation administrative, puis politique et financière. Par conséquent, l'Ouganda a peu progressé, mais plus que le Ghana, dans le renforcement de ses institutions de GL. Cependant, étant donné que ni l'Ouganda, ni le Ghana n'ont procédé dans l'ordre idéal dans leurs initiatives de décentralisation, un ordre qui aurait renforcé les GL face à l'ingérence débridée du gouvernement central, le gouvernement central (GC) dans les deux pays est en train de s'emparer à nouveau d'une grande partie des compétences qui avaient été décentralisées. Nous en conclurons que la recentralisation et l'affaiblissement ultérieur des GL ont des chances de se poursuivre dans les deux pays, car la trajectoire initiale qui avait été mise en place a profité aux politiciens et aux bureaucrates du GCb et ils ont bien l'intention de poursuivre sur cette voie.Remarques à l'intention des praticiens. Beaucoup de pays ont mis au point une politique de décentralisation qui vise à simplifier la relation entre les gouvernements central et locaux. Les professionnels actifs dans le domaine de la gestion publique et de l'administration doivent néanmoins garder à l'esprit que la recentralisation est possible, même dans le cadre d'une politique de décentralisation. En effet, tandis que les responsables du gouvernement central trouvent pratique de donner l'impression de soutenir une politique de décentralisation, ils ne veulent pas assister à l'apparition de puissantes institutions locales, susceptibles de remettre en cause leur monopole sur le pouvoir et les ressources qui sont nécessaires au développement local. Les pressions constantes exercées par les bailleurs de fonds, dans le cadre de leurs conditions d'obtention d'une aide budgétaire, sont un facteur exogène plausible, qui peut obliger les responsables du gouvernement central dans les pays en développement à s'engager en faveur des principes de la décentralisation.The evolutionary theory of path dependency suggests that the longer an institution has been in place, the more resilient it is to change. Given enough time and self-reinforcing mechanisms, an organizational and institutional path develops and becomes highly resistant to change and likely to endure for a long time. Since the path benefits those who created it, the same actors cannot unlock it. Only an 'exogenous shock' (an event outside the path) can radically change the incentives or constraints facing the actors and enable a country to break free of the path. This article applies these propositions to explain the past, present and future trajectories of decentralization and local government (LG) institutional development in Ghana and Uganda. The article shows that Uganda pursued a sequence of political, administrative and fiscal decentralization whereas in Ghana the order was administrative, political and fiscal. As a result, Uganda has made a little progress, more than Ghana, in strengthening LG institutions. However, given that neither Uganda nor Ghana followed an ideal sequence of decentralization reforms that would have strengthened LGs against unbridled central government (CG) interference, currently CGs in both countries are retaking much of what was initially decentralized. The article concludes that recentralization and further weakening of LGs are likely to continue in both countries because the initial path that was created benefited CG politicians and bureaucrats and they are committed to staying on that course.Points for practitioners:Many countries have developed a decentralization policy that aims at streamlining the relationship between central and local governments. However, professionals working in the field of public management and administration need to bear in mind that recentralization is possible even in the midst of a decentralization policy. This is because while central government leadership finds it expedient to appear to support a decentralization policy they do not wish to see the growth of powerful local institutions that might challenge their monopoly over power and resources that are needed for local development. Sustained donor pressure as a condition for budgetary support is a plausible exogenous factor that can force central government leadership in developing countries to commit to the tenets of decentralization.
- Les programmes de doctorat en administration publique en Italie : comparaison entre les différentes approches disciplinaires - Denita Cepiku p. 385-403 Les programmes de doctorat en administration publique (AP), même s'ils contribuent au développement de l'aspect humain du secteur public et s'ils sont responsables de la production de producteurs de connaissances, font l'objet de moins d'études que les autres niveaux d'enseignement. Une récente étude comparative attribue des différences aux cultures administratives des pays. Notre article entend passer en revue la « situation » de l'enseignement doctoral de l'AP en Italie en s'appuyant sur l'hypothèse selon laquelle les différences au niveau de la nature, de l'orientation et de l'intensité du changement sont aussi influencées par les différentes approches disciplinaires. Nous nous sommes essentiellement fondés sur des entretiens semi-structurés, réalisés entre janvier et mai 2010 avec les directeurs de quatorze programmes de doctorat représentant différentes disciplines. Parmi les défis communs, citons le caractère insuffisant et imprévisible des financements, le problème de l'envergure limitée, la pression en faveur de l'internationalisation et l'absence d'interdisciplinarité. Nous soutenons que des différences majeures existent entre les disciplines en termes d'ouverture internationale et de stratégies connexes, d'importance des formations basées sur un programme d'études et de stratégies de collaboration. Notre enquête propose une première évaluation des réformes passées et soulève quelques questions restées ouvertes : les doctorats en AP sont aujourd'hui caractérisés par des programmes davantage structurés, qui dénotent par leur petite taille ; des stratégies de collaboration apparaissent, même si elles sont entravées par des charges administratives et les comportements autocratiques.Remarques à l'intention des praticiens. Nos résultats ont plusieurs implications stratégiques et opérationnelles :1) Ils offrent aux directeurs de doctorat en AP des informations comparatives sur les stratégies les plus avancées adoptées pour faire face aux défis actuels et futurs ; le fait d'avoir adopté une approche disciplinaire plutôt qu'une approche par pays rend nos conclusions potentiellement pertinentes pour d'autres pays également ; 2) Les programmes doctoraux (et les titulaires de doctorats) tiennent de plus en plus compte du marché de l'emploi global ; pour les programmes de doctorat en AP, les besoins du secteur public vont devoir être pris davantage en considération, de même que l'établissement de différentes formes de coopération ; d'autre part, dans le secteur public, il faut s'efforcer de tirer au mieux parti des personnes titulaires d'un doctorat ; 3)En outre, étant donné que « le monde de la pratique s'est insinué dans le cénacle du monde universitaire : la recherche doctorale » (Pollitt, 2006 : 258), les gestionnaires publics participant à des programmes de doctorat (ou disposés à le faire) pourront y trouver des informations intéressantes sur les types d'enseignement doctoral et les évolutions prévues dans ce domaine en fonction des différentes disciplines ; 4) Enfin, notre enquête offre aux décideurs et aux gestionnaires publics associés à la réforme de l'enseignement supérieur des informations intéressantes.D programmes in Italy: comparing different disciplinary approaches`/titrebPhD programmes in public administration (PA), although contributing to the development of the human side of the public sector and being responsible for the production of the producers of knowledge, are less investigated than other levels of education. Recent comparative research ascribes differences to the countries' administrative cultures. The article aims at reviewing the 'state of play' of PA doctoral education in Italy, building on the hypothesis that differences in the nature, direction and intensity of change are also influenced by the different disciplinary approaches. The primary source of evidence is semi-structured interviews with the directors of 14 PhD programmes representing different disciplines, conducted from January to May 2010. Common challenges include the insufficient and unpredictable funding, the small scale problem, the pressure to internationalize and the lack of interdisciplinarity. The article argues that major differences exist among disciplines in terms of international openness and related strategies, relevance of curricula training and collaboration strategies. The survey provides a first evaluation of past reforms and raises some open issues: PhDs in PA are now characterized by more structured programmes that are held back by their small size; collaboration strategies are emerging although they are hindered by administrative burdens and autarchic behaviour.`np pagenum="386"/bPoints for practitioners:The results have several policy and operational implications: they provide benchmark information to PA PhD directors on the state of the art of the strategies adopted to cope with current and future challenges. Having adopted the disciplinary rather than the country focus makes the conclusions potentially relevant also for other countries. Doctoral programmes (and doctorate holders) are increasingly considering the wider job market. For PhD programmes in PA this will require more attention to the public sector needs and the establishment of different forms of cooperation. On the other hand, in the public sector, attempts should be made to make the most of people holding doctoral degrees. Furthermore, as 'the world of practice has crept into the inner sanctum of academia: doctoral research' (Pollitt, 2006: 258), public managers attending PhD programmes (or willing to do so) may find interesting insights on the types and expected developments of doctoral education according to the different disciplines. Finally, the survey offers useful indications to policy-makers and public managers engaged in the reform of the higher education.
- Les différences au niveau de l'intelligence émotionnelle entre les dirigeants efficaces et les moins efficaces dans le secteur public : étude empirique - Martina Kotzé et Ian Venter p. 405-439 Les ouvrages qui considèrent le leadership comme le facteur le plus important pour l'efficacité organisationnelle sont de plus en plus nombreux. Dans une large mesure, cela pourrait expliquer pourquoi tant de recherches s'intéressent aux facteurs qui influencent l'efficacité du leadership. L'un des aspects essentiels du leadership consiste à déterminer pourquoi certains individus obtiennent de bons résultats dans leur fonction de direction, alors que d'autres présentent des niveaux d'efficacité médiocres ou faibles. Une fois les mesures des caractéristiques individuelles validées dans un contexte pertinent, elles deviennent des sources d'information utiles pour sélectionner, placer et promouvoir le personnel à des postes de direction. La présente étude avait pour objet de déterminer s'il existe des différences statistiquement significatives au niveau de l'intelligence émotionnelle entre les dirigeants efficaces et les moins efficaces. L'échantillon comprenait 114 dirigeants au niveau des cadres intermédiaires dans une institution du secteur public en Afrique du Sud. L'efficacité de chaque responsable a été évaluée par eux-mêmes (autoévaluation), ainsi que par quatre subalternes, portant le nombre de participants à 570. Pour mesurer l'intelligence émotionnelle, nous avons utilisé l'EQ-i®, tandis que pour déterminer l'efficacité de la direction, nous avons utilisé le « Leadership Behaviour Inventory » de Spangenberg et Theron. L'analyse multivariable de la variance indiquait que les responsables efficaces obtenaient des résultats nettement meilleurs sur l'échelle totale de l'intelligence émotionnelle. Ils obtenaient aussi des résultats nettement meilleurs sur deux échelles composites de l'intelligence émotionnelle (QE interpersonnel et QE de gestion du stress) et sur six sous-échelles (auto-actualisation, empathie, responsabilité sociale, tolérance au stress, résolution des problèmes et optimisme).Remarques à l'intention des praticiensLa relation entre intelligence émotionnelle et efficacité du leadership semble justifier le fait d'envisager l'inclusion éventuelle de l'intelligence émotionnelle, parmi les compétences requises, en guise de critère de sélection et de promotion pour les futurs responsables. On peut recourir aux analyses des fonctions et à l'identification ultérieure des compétences nécessaires pour déterminer, entre autres, les besoins en intelligence émotionnelle des différentes tâches, obligations et comportements des responsables à différents niveaux d'encadrement de l'organisation. Sur la base de critères prédéterminés de ce type, l'on pourrait inclure des mesures valides de l'intelligence émotionnelle dans le cadre du processus de sélection et de promotion, à côté d'autres attributs individuels souhaitables, comme les compétences verbales et numériques, les traits de personnalité et les différentes compétences managériales et de direction nécessaires pour assurer une direction efficace dans les institutions du secteur public. Les cours de développement du leadership pourraient également comprendre des programmes visant à développer les compétences en intelligence émotionnelle. Les candidats potentiels désignés pour assister à ces cours pourraient ainsi parfaitement comprendre leur propre fonctionnement émotionnel, ainsi que leur influence sur leurs disciples. Le fait d'offrir un feedback, un encadrement et des modèles en permanence est aussi un aspect essentiel dans le développement de l'intelligence émotionnelle.The literature supporting leadership as the most important factor related to organizational success or failure is burgeoning. To a large extent, this may explain why so much research focuses on factors influencing leadership effectiveness. A crucial aspect of leadership research is to determine why some individuals perform effectively in leadership roles while others demonstrate mediocre or low levels of effectiveness. Once measures of individual characteristics have been validated within a relevant context, they become useful sources of information for selecting, placing, and promoting people into leadership positions. The aim of this study was to determine if there are statistically significant differences in emotional intelligence between effective and ineffective leaders. The sample included 114 leaders at the middle management level in a public sector institution in South Africa. Each leader's effectiveness was rated by themselves (self-rating), as well as by four subordinates, thus involving 570 participants. The EQ-i® was used as a measure of emotional intelligence, while Spangenberg and Theron's Leadership Behaviour Inventory was used to determine leadership effectiveness. Multivariate analysis of variance indicated that the effective leaders scored significantly higher on the total emotional intelligence measure. They also scored significantly higher on two emotional intelligence composite scales (Interpersonal EQ and Stress Management EQ) and six sub-scales (Self-actualization, Empathy, Social Responsibility, Stress Tolerance, Problem-solving, and Optimism).Points for practitioners:The relationship between emotional intelligence and leadership effectiveness seems to warrant organizational consideration of the possible inclusion of emotional intelligence, among other competencies, as a selection and promotion criterion for future leaders. Job analyses and the subsequent identification of job competencies can be used in order to determine, among others, the emotional intelligence requirements of specific leadership tasks, duties, and behaviours at different managerial levels within the organization. Based on such predetermined criteria, valid measures of emotional intelligence could be included as part of the selection and promotion process, along with other desirable individual attributes, such as verbal and numerical abilities, personality attributes, and specific managerial and leadership competencies required for effective leadership specifically within public sector institutions. Leadership development courses may also include programmes to develop emotional intelligence competencies. Potential candidates nominated to attend these courses could be equipped with a vital understanding of their own emotional functioning as well as an awareness of their influence on their followers. The continuous provision of feedback, mentoring, and modelling is also a key consideration in the development of emotional intelligence.
- Chronique de l'Institut, ses sections et ses membres - Rolet Loretan p. 441-443