Contenu du sommaire : Cinéma et histoire

Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales Mir@bel
Numéro vol. 63, no 6, décembre 2008
Titre du numéro Cinéma et histoire
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Classer, évaluer - Les Annales p. 1-4 accès libre
  • Cinéma et histoire

    • Un cinéma d'après- guerre : le néoréalisme italien et la transition démocratique - Ruth Ben-Ghiat p. 1215-1248 accès libre avec résumé
      Un cinéma d'après-guerre : le néoréalisme italien et la transition démocratique Cet article examine le cinéma italien dans les années de transition du fascisme à la démocratie. Le cinéma offre une source privilégiée pour comprendre les expérience de perte, de crise et de privation qui ne trouvaient pas de place dans les récits traditionnels de la reconstruction de l'Italie. Les films néoréalistes en particulier cherchaient à exprimer la conscience diffuse de vivre un moment de transition. À travers une analyse du film d'Alberto Lattuada, Il bandito (1946), cet article montre que ce film, ainsi que d'autres réalisations du néoréalisme, composent une historiographie alternative de cette transition. Le pouvoir des films néoréalistes réside moins dans la reconstruction d'une réalité historique documentée que dans leur capacité à transmettre des ensemble d'émotions et de perceptions qui témoignent de la difficulté à se débarrasser de l'héritage du fascisme et de la guerre.
    • Les deux scènes du procès Eichmann - Sylvie Lindeperg, Annette Wieviorka p. 1249-1274 accès libre avec résumé
      Les deux scènes du procès Eichmann Le procès Eichmann construit le génocide des Juifs en événement distinct dans la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, l'importance de son enregistrement en vidéo, aux fins de fournir des images aux télévisions du monde entier, avait jusqu'ici largement échappé aux historiens. À partir des archives de l'État d'Israël et de celles du cinéaste Leo Hurwitz, les auteurs éclairent les conditions de la décision inédite de filmer le procès dans son intégralité et les négociations qui s'ensuivirent entre Milton Fruchtman (Capital Cities Broadcasting Corporation), l'État d'Israël et les juges en charge de la procédure. Elles étudient le travail de préparation et la mise en place du dispositif d'enregistrement qui éclairent les intentions du cinéaste et sa vision de l'événement à venir. Elles analysent ensuite les documents filmés permettant de mesurer les principales figures de la mise en scène d'Hurwitz, les écarts éventuels entre ses idées préconçues et la réalité du procès. Elles invitent enfin à réfléchir aux interactions entre rituel judiciaire et dramaturgie télévisuelle et aux effets de production de sens inhérents à ce type d'enregistrement.
    • L'histoire qui revient : La forme cinématographique de l'histoire dans Caché et La Question humaine - Antoine de Baecque p. 1275-1301 accès libre avec résumé
      L'histoire qui revient. La forme cinématographique de l'histoire dans Caché et La Question humaine Parfois, l'histoire passe dans un film, et ce passage le transforme, conditionnant des « formes cinématographiques de l'histoire ». Nous prenons deux exemples récents où l'histoire revient dans un film pour le bouleverser : Caché (2005), film français du cinéaste autrichien Michael Haneke, et La Question humaine, réalisé par Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval en 2007. Dans le premier, remonte une violence aux racines historiques, à travers les événements du 17 octobre 1961 et le sort fait aux Français musulmans d'Algérie en métropole. Dans La Question humaine, qui se déroule également à Paris de nos jours, l'histoire, celle du système d'extermination nazi, s'infiltre peu à peu dans l'enquête interne que mène dans son entreprise un responsable des ressources humaines, remettant en cause sa personnalité et sa fonction. Ni Caché ni La Question humaine ne sont à proprement parler des « films historiques ». Pourtant, ce sont bien deux films d'histoire. Car, dans un contexte polémique, ils sont déterminés par certaines formes cinématographiques de l'histoire (le palimpseste, l'effet spectral, le récit policier) que nous tentons ici d'analyser.
  • Les enjeux de la génétique. Agronomie et capitalisme

    • Gouverner le « progrès génétique » : Biopolitique et métrologie de la construction d'un standard variétal dans la France agricole d'après-guerre - Christophe Bonneuil, François Hochereau p. 1305-1340 accès libre avec résumé
      Gouverner le « progrès génétique ». Biopolitique et métrologie de la construction d'un standard variétal dans la France agricole d'après-guerre À la croisée de l'histoire de la « modernisation » agricole, de la construction des marchés et des qualités, de la sociologie de la mesure et de l'histoire des sciences et des techniques, cet article étudie la constitution des semences et variétés agricoles en objet de politique publique, et la genèse d'un gouvernement du « progrès génétique » dans la France d'après guerre. On y analyse les opérations de mise en forme associées à ce « modernisme génétique », qui avaient pour but d'établir des repères, des équivalences, des classements, acceptés de tous, afin de s'assurer de la stabilité des échanges entre les acteurs et de leur gouvernabilité à distance par un centre de pilotage des flux génétiques, allant du laboratoire aux champs. On éclaire alors la façon dont les normes de preuve, les protocoles d'essai et les modalités de codification et d'évaluation des variétés participèrent du modèle productiviste de modernisation de l'agriculture française des trente glorieuses.
    • La construction d'une marchandise : le cas des semences - Hélène Tordjman p. 1341-1368 accès libre avec résumé
      La construction d'une marchandise. Le cas des semences L'objet de cet article est de mettre en lumière les processus (économiques, juridiques et politiques) à l'oeuvre dans la transformation en marchandise de quelque chose qui ne l'était pas auparavant. En effet, contrairement à ce qu'affirme la théorie économique standard, les marchandises ne préexistent pas au marché, mais résultent d'une construction institutionnelle complexe. Ainsi, les semences sont passées, en un peu plus d'un siècle, du statut de bien plus ou moins commun à celui de bien privé marchand. L'histoire récente permet d'isoler deux processus fondamentaux dans leur constitution en marchandise. Le premier est un processus de normalisation aboutissant à définir la variété végétale comme un objet technique, aux contours bien identifiés, ce qui permet d'une part la coordination d'un nombre de métiers de plus en plus grand, et d'autre part la définition d'un système de droits de propriété. La privatisation des semences est en effet le deuxième processus à l'oeuvre dans leur transformation en marchandise et l'échange marchand ne peut exister sans propriété privée.
  • Sciences humaines

    • La fondation Rockefeller et la construction d'une politique des sciences sociales en France (1918 - 1940) - Ludovic Tournès p. 1371-1402 accès libre avec résumé
      La fondation Rockefeller et la construction d'une politique des sciences sociales en France (1918-1940) Au cours de l'entre-deux-guerres, la fondation Rockefeller apporte une impulsion décisive à la construction du champ des sciences sociales en France, à la fois par son soutien financier important, mais aussi par sa participation, conjointement avec les universitaires français, à la conception d'un programme de recherche collectif et à la création d'un ensemble d'institutions coordonnées entre elles et unifiées par le paradigme de la recherche expérimentale qui irrigue l'ensemble des travaux qui y sont menés. L'analyse des dynamiques respectives des acteurs engagés dans ce processus montre que l'on n'a pas tant affaire au processus de diffusion/réception d'un projet américain préalablement conçu, mais plutôt à la coproduction d'un projet franco-américain par l'ajustement progressif des objectifs des deux partenaires, qui ne cessent d'évoluer au cours des négociations.
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