Contenu du sommaire : Où est passé le peuple ?
Revue | Espaces et Sociétés |
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Numéro | no 156-157, 2014/1-2 |
Titre du numéro | Où est passé le peuple ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
I. Où est passé le peuple ?
- Éditorial - Anne Clerval, Jean-Pierre Garnier p. 9-18
- Résister à l'exil. Enquête auprès des mal-logés parisiens - Pascale Dietrich-Ragon p. 19-35 En raison de l'élévation des prix de l'immobilier, la tendance est depuis plusieurs décennies à l'éviction des classes populaires de la capitale. Celles qui y subsistent malgré tout, si elles n'ont pas la chance d'accéder à un parc social largement saturé, doivent bien souvent se replier sur des logements de piètre qualité. Résister à l'exil hors de Paris est cependant pour elles la première des priorités. À leurs yeux, la capitale permet en effet de compenser des conditions de travail difficiles et d'échapper à la ségrégation territoriale, deux marqueurs forts de la condition populaire contemporaine. Bien plus, ce lieu est considéré comme une façon de favoriser les projets d'ascension sociale. Par ailleurs, ces personnes redoutent un déracinement suite auquel elles perdraient leurs repères et les maigres ressources sociales dont elles disposent.Resisting Exile. A Survey of Poorly-Housed Parisians
With the steady increase in property prices, the working-class inhabitants of Paris have been forced out of the capital over the last few decades. For those who continue to live there nonetheless, a substandard dwelling is the only available option in many cases, since social housing is in chronically short supply. Yet resisting exile from Paris is a key priority for these residents. In their eyes, life in the capital makes up for their difficult working conditions and spares them from territorial segregation, two powerful markers of working-class status in contemporary society. Much more, living in Paris is seen as a way of climbing the social ladder. These people also fear being uprooted, thereby losing their bearings and the meagre social resources at their disposal. - Les classes populaires racisées face à la domination dans les beaux quartiers de Paris - Lydie Launay p. 37-52 Depuis 2001, la municipalité parisienne poursuit une politique de production de logements sociaux ambitieuse dans les beaux quartiers pour y loger des ménages de classes populaires. Cet article analyse les effets de ces mobilités résidentielles sur la production des rapports au territoire et à l'altérité de ces nouveaux habitants, en plaçant la focale sur les cohabitations perçues et vécues qui se structurent dans ce contexte de diversité imposée. À partir d'une enquête sociologique menée dans des immeubles sociaux du 8e arrondissement, il montre que ces habitants expérimentent une forte domination par l'espace qui articule des rapports sociaux de race et de classe. Ils s'y adaptent plus ou moins aisément et de manière différenciée selon leur trajectoire sociale et résidentielle. Alors que pour certains, s'inscrire en tant que minorités dans ce quartier est synonyme de marginalisation sociale, d'autres l'envisagent comme un levier d'ascension sociale, notamment à travers l'école et la sociabilité des enfants. Dans la pratique quotidienne, les sociabilités locales déployées par ces habitants représentent des ressources précieuses pour rompre leur isolement dans ce quartier, s'y ancrer, mais surtout, pour se préserver et résister à la forte stigmatisation à laquelle ils sont confrontés au sein de l'immeuble.Racialized Working Classes People Facing Domination in the Well-Off Neighbourhoods in Paris
Since 2001, the City of Paris has led an ambitious policy of producing social housing in well-off neighbourhoods to accommodate working classes people. This article analyses the effects of this residential strategy in terms of relations to the local territory and of the “otherness” of these new residents with the focus on the perceived and experienced cohabitations which are structured in the context of imposed diversity. A sociological survey in social buildings of the 8th arrondissement shows that these people are strongly dominated by the social relations of race and class as they are articulated within the territory itself. They adapt more or less easily and differentially according to their social and residential trajectory. While for some of them, living as minorities in this local area is synonymous with social marginalisation, others consider it as a lever for upward social mobility, especially through schools and children's sociability. In everyday practice, local sociability deployed by these people are valuable resources to break their isolation in the local area, to be rooted in it, but mostly to preserve and resist the strong stigmatisation with they are confronted. - Les copropriétés en difficulté dans les grands ensembles. Le cas de Clichy-Montfermeil - Sylvaine Le Garrec p. 53-68 Tandis que les centres-villes se gentrifient et que la rénovation urbaine cherche à introduire plus de mixité sociale dans les Zones urbaines sensibles, d'autres espaces de concentration des classes populaires peu médiatisés apparaissent : des copropriétés en difficulté situées au sein de grands ensembles. Cet article rend compte de ce phénomène en se penchant sur une copropriété emblématique de ce problème : les Bosquets à Clichy-sous-Bois–Montfermeil (93). L'étude socio-démographique de cette copropriété de 1 500 logements bâtie en 1965 montre qu'elle accueille une population dont le positionnement social est tout particulièrement fragile. Or, l'analyse de l'histoire des Bosquets et des trajectoires de ses habitants révèle que loin d'être un refuge sécurisant, ce type de copropriété aggrave au contraire la précarité des classes populaires qui y sont logées. L'exemple des Bosquets est symptomatique d'un phénomène plus diffus qui se développe à l'échelle nationale à mesure que se développent les copropriétés.Decayed Condominiums : New Housing Areas for Working Class ?
While inner city neighbourhoods undergo gentrification and urban redevelopment attempt to improve social mix in public housing projects, other areas that concentrate people from the working-class appear in France in “decayed condominiums”. This article gives account of this phenomenon through the study of a condominium project emblematic of this problem : “Les Bosquets” built in 1965 in Clichy-sous-Bois-Montfermeil (a Parisian suburb). The socio-demographic study of this private estate of 1 500 appartments shows that the households are mainly immigrant families with very little economic security. Their residential itineraries reveal that this kind of decayed condominium is not a refuge that brings them more stability. On the contrary, the condominium difficulties (especially the high condominium fees) increase their insecurity and put a strain on their economical resources. “Les Bosquets” is a case-study of a larger phenomenon that is now recognized in France as a new public problem. - Les copropriétés dégradées de l'après-guerre à Marseille : un nouvel habitat social de fait - Johanna Lees p. 69-84 Cet article se propose de saisir une fraction de ce « populaire contemporain » (Collovald et Schwartz, 2006) à partir d'un type d'habitat spécifique, la copropriété dégradée en grand ensemble. Ce type d'habitat concentre une catégorie de population relativement homogène qui partage à la fois des caractéristiques socio-économiques et une expérience vécue similaire. L'analyse des parcours résidentiels des locataires de trois copropriétés dégradées marseillaises datant des années 1950-1960 permet de montrer comment « habiter » ce type d'habitat représente une rare opportunité d'accéder au logement pour certaines fractions des classes populaires, mais entraîne de fortes contraintes contribuant à accentuer leur précarité. Il s'agit ainsi de montrer que même des copropriétés construites après la Seconde Guerre mondiale peuvent devenir un nouvel habitat social de fait.Run-Down Post-War Co-Owned Properties in Marseilles : Today a New Form of Social Housing
This paper proposes to look at a fraction of the “modern-day working class” (Collovald, Schwartz, 2006) through a specific form of housing – run-down co-owned property. This type of housing brings together a relatively homogenous population that share not only like sociological characteristics but also close or similar experiences. The analysis of the residential itineraries of tenants in three run-down co-owned properties in Marseilles during the 1950s shows how living in these conditions provides a rare opportunity for certain fractions of the working class to gain access to housing which remains nevertheless for them very constraining and precarious. This article thus shows how even run-down co-owned properties built after the Second World War can become a stepping stone towards an upward residential itinerary. - L'habitat auto-construit aux limites de la ville : des classes populaires havraises en quête d'ailleurs - Samuel Deprez, Philippe Vidal p. 85-107 Quand les habitants des quartiers populaires expriment le désir de vivre ailleurs, peu de possibilités s'offrent à eux. Leur condition de travailleurs pauvres ou de retraités modestes rend immédiatement caduque le rêve pavillonnaire, y compris dans une hypothèse périurbaine éloignée. Pourtant, au Havre, quelques ménages ont trouvé dans l'habitat informel une réponse à leurs aspirations à la faveur d'un détournement d'usage des jardins ouvriers sur une frange littorale oubliée. Sur cet espace, s'exprime une figure de la « résidence secondaire de proximité » qui traduit des formes inédites de bi-résidentialité populaire.Shacks on the City's Edge: Le Havre Working Classes' Quest for Another Place to Be
When the residents of populous neighborhoods express the desire to live elsewhere, few opportunities are available to them. Their status as working poor or on low pensions renders immediately void the suburban dream, even in the remote outer margins of suburbia. However, in Le Havre, a few households have found an answer to their aspirations in informal settlements by changing the use of allotments on a forgotten coast. On this space the figure of the “nearby secondary residence” takes shape bringing into being new forms of popular secondary-residence. - Des classes populaires (encore) mobilisées ? Sociabilité et engagements municipaux dans une commune périurbaine - Violaine Girard p. 109-124 Longtemps demeurés absents des représentations sociales du périurbain, les ménages populaires sont désormais nombreux à vivre dans ce type d'espace. On connaît cependant peu de choses sur les modalités concrètes de mobilisation qui sont les leurs dans ces espaces résidentiels. Cet article s'attache, à partir d'une enquête ethnographique menée dans une commune périurbaine dominée par les ménages des classes populaires, aux formes de sociabilité locale dans lesquels ceux-ci sont engagés. Loin de correspondre aux engagements caractéristiques des classes moyennes à fort capital culturel, leurs pratiques n'en sont pas pour autant marquées du sceau d'un strict repli sur la sphère domestique. Les scènes associatives et municipales apparaissent au contraire comme d'importants lieux de mobilisation pour des ménages issus des fractions supérieures des classes populaires qui y construisent collectivement les signes de leur appartenance locale et de leur respectabilité sociale.What Kind of Mobilization for Suburban Working Classes? Sociability and Political Commitment in a French Suburban AreaA growing part of industrial workers or employees are nowadays living in French suburban areas. Nonetheless, few studies have been conducted on the lifestyles of these new-comers to these neighborhoods. Our ethnographic investigations, conducted in a predominantly working-class industrial area, show that their leisure activities and spare-time practices differ from those of the middle-classes, especially in terms of cultural activities. On the contrary, the local sociability of these popular households remains compliant with their working-class background. Some of these “upper working class” households manage however to become local councillors : considering themselves to be “respectable”, they are indeed deeply committed to their neighborhood which is a key element in the definition of their social position in sharp contrast to social housing estates.
- Comment étudier les classes populaires aujourd'hui ? Une démarche d'ethnographie comparée - Anne Borry, José Angel Calderon, Valérie Cohen, Blandine Mortain, Séverin Muller, Juliette Verdière, Cécile Vignal p. 125-141 Depuis la fin des années 1970, le modèle de développement économique néolibéral a entraîné le délitement de la société salariale, affectant directement le quotidien des classes populaires. Nous proposons dans cet article des éléments d'analyse issus d'une enquête collective en cours qui réunit trois équipes, en France, en Espagne et en Argentine, autour de préoccupations communes pour les reconfigurations des classes populaires, et de la volonté de s'y intéresser empiriquement. Nous explicitons d'abord le parti pris d'une analyse territorialisée et s'attachant aux pratiques ordinaires. Puis nous proposons quelques pistes de réflexion à partir des résultats intermédiaires de l'enquête en cours, organisés selon deux échelles d'analyse : l'échelle du territoire, qui permet de s'attacher au passage d'une territorialité ouvrière à une territorialité populaire, et celle des tensions entre l'autonomie et la dépendance expérimentées par les classes populaires.How to Study Working Class Today? A Comparative Ethnographic Perspective
Since the end of the 1970s, the neoliberal economic development model has torn down standard employment relations, therefore directly impacting upon the daily lives of the lower classes. This article relies on an ongoing collective investigation led by three research teams, in France, Spain and Argentina, focusing on working class reconfiguration, and aiming at addressing this issue empirically. We first clarify the choice of a territorial approach on daily practices. We then propose some first intermediary results, organized on two analytical scales : the territorial scale, to analyze the transformation of a working-class territoriality in a working-class territoriality ; and the tensions between dependence and autonomy as experienced by working class.
II. Hors dossier
- Les tiers dans le choix du logement : comment les agents immobiliers contribuent à l'élaboration des projets résidentiels - Loïc Bonneval p. 145-159 Cet article montre comment les agents immobiliers contribuent à l'élaboration des choix résidentiels tout en ouvrant une réflexion plus large sur le rôle des tiers dans la recherche de logement. Bien qu'ils aient plutôt été abordés sous l'angle de leur rôle dans la ségrégation spatiale, nous abordons ici les tiers dans une autre perspective en voyant comment ils participent à l'élaboration de la demande de logement. Sur la base d'une observation ethnographique menée à Lyon nous mettons ainsi en évidence la façon dont les intermédiaires construisent le cadre de représentation qui préside à la construction d'un projet résidentiel.Third Party in Housing Choices: How Real Estate Agents Shape the Demand on Housing Market
This article shows how real estate agents take part in residential choices. It also initiates a wider discussion on the role of intermediaries in the housing search process. In spite of the fact that they often have been described as “gatekeepers” or as factors of social or ethnic discrimination, we explore here another direction to see how they help to define the needs and expectations of home seekers and to bind them to the characteristics of the homes for sale. Based on an empirical study in Lyon, this article shows that real estate agents define the frame in which the representations of future buyers can take place. - Lieux de drague dans l'espace « naturel » : un patrimoine au-dessus de tout soupçon ? - Laurent Gaissad, Christelle Audouit p. 161-176 Dans le cadre d'une enquête européenne sur les usages sociaux et les perceptions des espaces naturels sur la côté languedocienne (sud de la France), une diversité d'impacts sur l'environnement a été décrite, en vue de formuler à terme des recommandations pour les limiter. Les résultats font l'objet d'une comparaison non seulement des usages attendus de l'espace littoral (i.e. famille/loisirs) et de la drague sexuelle, mais des différentes catégories de dragueurs en présence sur le site (plage/dune) et dans la durée. La présence de réseaux contrastés d'hommes venus draguer au quotidien ou suivant les saisons conduit à interroger la corrélation entre les mesures de protection récentes et l'antériorité de ces formes notoires d'appropriation sexuelle de l'espace. L'article souligne aussi le rôle des acteurs publics, de leurs représentations et attitudes envers l'activité « indésirable » dans l'aménagement d'aires naturelles à protéger.Cruising-For-Sex in « Natural » Areas : an Inheritance Above all Suspicion?
In the context of a European survey on social uses and perceptions of natural spaces on the Languedoc coastline (South of France) a diversity of impacts on the environment were identified with the intention of then formulating recommendations to limit these impacts. We compared results not only between expected uses of the seaside (e.g. family/leisure) and cruising-for-sex, but also between different cross-categories of sexual users of the site on the site (beach/dune) and over time. The presence of contrasted networks of men cruising-for-sex on daily and seasonal basis leads to questioning the correlation between recent environmental protection measures and these already well-established notorious forms of the sexual appropriation of space. The article also highlights the role of public actors and their representations and attitudes towards such “undesirable” activities as they undertake the management of these protected “natural” areas. - La route, facteur de développement socio-économique ? Une analyse des enjeux portés par les projets routiers en Guyane française - Madeleine Boudoux d'Hautefeuille p. 177-195 L'article questionne les enjeux socio-économiques associés aux projets routiers portés en Guyane française, sept des chefs-lieux de communes sur les vingt-deux qu'elle compte n'étant aujourd'hui accessibles que par voie aérienne ou fluviale.Il met en évidence deux enjeux principaux, sur la base de l'examen des documents encadrant l'aménagement du territoire en Guyane : celui de la continuité territoriale régionale et celui de la maîtrise du foncier. Dans un second temps, en s'appuyant sur des travaux de terrain, l'article aborde deux cas d'étude à l'est (RN2 de Régina à Saint-Georges) et à l'ouest (route Saint-Jean/Apatou) de la Guyane, afin d'évaluer les effets des projets concernés par rapport à leurs objectifs initiaux. L'écart mesuré alimente la déconstruction d'un lien de causalité « route = développement » semblant pourtant acquis en Guyane au regard des documents de politique.The Road Network, Factor of Socio-Economic Development? An Analysis of the Challenges Raised by Road Projects in French Guiana The paper discusses the socio-economic challenges associated with road projects promoted in French Guiana, where seven out of a total of twenty-two municipalities are only accessible by air or river. On the basis of an analysis of the documents overseeing land planning in French Guiana two main issues are highlighted : regional territorial continuity on one hand and land control and management on the other one. In a second step, based on fieldwork, the article discusses two case studies one in the Eastern part (National Road 2 between Régina and Saint-Georges) and the other in the Western part (road Saint-Jean/Apatou) of French Guiana, in order to assess the effects of the projects in relation to their initial objectives. The measured gap between them feeds the deconstruction of a causal link “road = development” which seems nevertheless to be assumed without question in the policy documents of French Guiana.
- Mise en scène et coulisses du star-system architectural : la théâtralisation des vedettes et ses paradoxes - Géraldine Molina p. 197-212 L'architecture contemporaine apparaît polarisée autour de personnalités, de vedettes constamment mises sous le feu des projecteurs. Cet article décrypte les modalités de construction du star-system architectural. Il analyse les stratégies de communication que les stars déploient pour construire leur image publique de grand bâtisseur de ville. Comment le discours que la star produit lui permet-il de « se raconter », de mettre en récit sa production et de conférer un sens à son œuvre ? À quels enjeux contemporains cette personnalisation de l'architecture répond-t-elle ? En quoi la mise en scène de la subjectivité de la star qui s'opère par le truchement du discours apparaît-elle en contradiction avec les modalités de production concrète des espaces urbains contemporains ?Dramatising the Architectural Star-System: Celebrities' mise-en-scène, Behind the Scenes and Paradoxes Contemporary architecture is polarized around personalities, celebrities who are constantly put under the spotlight. This article deciphers the construction of the architectural star-system. It analyzes the communication strategies that the stars exert to build their public image of big city builder. How is it that the discourse produced by the star reflects back upon his own celebrity and gives meaning to his work ? To which contemporary issues does this personalisation of architecture respond ? How does the staging of the star's subjectivity which occurs through discourse conflict with the concrete production of contemporary urban spaces ?
- Propriété privée, propriété de soi et sens du collectif. La « coopérative d'habitat Le Grand Portail » à Nanterre (France) - Claire Carriou p. 213-227 En mai 2009, la municipalité de Nanterre et l'établissement public d'aménagement Seine Arche ont lancé un projet expérimental participatif d'accession sociale qualifié de « coopérative ». Cette opération complexe interroge : comment une opération d'accession à la propriété privée peut-elle susciter une dynamique collective ? Chercheurs et politiques craignent souvent que les opérations d'accession enferment leurs habitants dans un projet de vie individualiste. L'étude révèle l'émergence conjointe de deux dynamiques : la constitution d'un sentiment inédit d'appropriation de soi des habitants (Castel, 2001) et la construction progressive d'un collectif. La dynamique collective est le prolongement et la garantie du projet individuel d'accès à la propriété privée. Elle est corrélée au processus de concertation qui joue un rôle performatif dans la constitution d'une conscience de soi et du groupe.Private Property, Self-Awareness and Collective Identity: the Example of the Cooperative Housing Association Le Grand Portail in Nanterre, FranceIn May, 2009 the city of Nanterre and the urban planning establishment Seine Arche launched an experimental project of participation and labeled it “cooperative.” It is aimed at increasing home ownership. This complex operation raises a fundamental question : how can a project aimed at increasing access to private property ownership evoke a group dynamic ? Researchers and politicians are often afraid that operations whose goal is the acquisition of property necessarily locks people into living totally as individualists. The research, however, reveals the emergence of two dynamics : the creation of new of feelings within the inhabitants of self-awareness (Castel, 2001) and the progressive creation of a collective identity. The group dynamic is the extension and guarantee of the individual's plan to acquire private property. It is related to the process of participation which plays a formative role in the construction of both self-consciousness and of group-consciousness.
- Les tiers dans le choix du logement : comment les agents immobiliers contribuent à l'élaboration des projets résidentiels - Loïc Bonneval p. 145-159
Controverses
- Le spectre du populisme ou le piège des approches spatialistes - Jean-Pierre Garnier p. 231-232
- Le peuple et la « France périphérique » : la géographie au service d'une version culturaliste et essentialisée des classes populaires - Cécile Gintrac, Sarah Mekdjian p. 233-239
- La disparition - Philippe Estèbe p. 241-248
Notes de lecture
- Rapports sociaux de race et racialisation de la ville - Anne Clerval p. 249-256
- Recensions d'ouvrages - p. 257-271