Contenu du sommaire : Le public de la danse contemporaine
Revue | Quaderni |
---|---|
Numéro | no 83, hiver 2013-2014 |
Titre du numéro | Le public de la danse contemporaine |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Avant-propos - Patrick Germain-Thomas p. 5-9
- La politique de la danse contemporaine en France : une construction conjointe des pouvoirs publics et des lieux de programmation - Patrick Germain-Thomas p. 11-28 La politique de soutien à la création chorégraphique contemporaine, initiée dans les années 1970 puis poursuivie dans les années 1980 et 1990 avec des moyens financiers considérablement accrus, débouche sur la constitution d'un monde artistique distinct de celui de la danse classique. Cependant, les compagnies ne disposent pas de salles de spectacles et leurs pièces sont principalement programmées dans des théâtres ou festivals eux-mêmes subventionnés, qui leur apportent des ressources en achetant des représentations ou en s'engageant financièrement en amont de la création (coproduction). Dans ce texte, la dénomination de « marché subventionné » désigne ce système d'économie mixte, conjuguant les décisions d'allocations de subventions publiques et le jeu relativement libre du marché intermédiaire de la diffusion, qui se construit progressivement à partir des années 1970. L'analyse du fonctionnement de ce marché subventionné fait apparaître un déséquilibre structurel lié au décalage entre le nombre de spectacles produits chaque année et les débouchés offerts par les réseaux de diffusion. Dans ce contexte, l'élargissement du public constitue un enjeu essentiel pour l'avenir de ce courant artistique en France.The contemporary dance policy: a co-construction by public bodies and distribution channels
The policy of aid for contemporary dance, initiated in the 1970s, then continued in the 1980s and 1990s, with considerably higher financial means, culminated in the constitution of an artistic world distinct from that of classical dance. However, companies did not have venues at their disposal, and their pieces were predominantly programmed in theatres and festivals which were themselves subsidized, and which brought them resources in buying representations or in committing themselves to coproduction. The denomination “subsidized market” means this system of mixed economy, combining decisions on the allocations of public subsidies and the relatively free play of intermediary distribution markets, which were forming progressively from the 1970s. The analysis of the functioning of this subsidized market gendered the appearance of a structured imbalance linked to a gap between the number of performances produced annually and the outlets offered by the distribution networks. In this context, the enlarging of the population constituted an essential stake for the future of this artistic movement in France. - Les représentations des publics dans le monde de la danse contemporaine - Daniel Urrutiaguer p. 29-40 Peu nombreuses, les enquêtes sur les spectateurs de la danse contemporaine sont centrées sur des variables sociodémographiques à l'échelle nationale ou sur le lieu de résidence pour les établissements culturels. Néanmoins, cette faible connaissance des différentes motivations des spectateurs et des praticiens amateurs révèle des oppositions entre les lieux de spectacle et les compagnies dans les représentations des goûts esthétiques. L'accès aux marchés-réseaux de production est stratifié selon la réputation corporative des producteurs, qui fait l'objet de spéculations sur la promotion de « nouveaux talents » par les établissements culturels. Le cycle de diffusion moyen des spectacles est court et dépend de la notoriété des chorégraphes. La part de la danse dans la programmation des lieux non spécialisés a reculé, car ces derniers sont tenus à augmenter leurs revenus propres. De plus, les craintes des directions de lieux sur la complexité cognitive des chorégraphies alourdissent leur demande d'action culturelle aux compagnies.Audience representations in the world of contemporary dance
Rare are the studies on contemporary dance audiences, and they focus on the socio-demographic variables on a national scale or on the place of residence for the cultural establishments. Nevertheless, this poor knowledge of the different motivations of audiences and amateur dancers reveals oppositions between the performance venues and the companies in the representations of aesthetic taste. The access to product market networks is stratified according to producers' corporate reputation, which is the subject of speculations regarding the promotion of “new talents” by cultural establishments. The average distribution cycle of performances is short and depends on the choreographers' celebrity. The percentage that the dance has in the programming of non-specialized venues has slipped, as the latter have held to increasing their own income. In addition, venue managers' fears over the cognitive complexity of choreographies weighs on their request to companies for cultural action. - Médiation et médiatisation en danse contemporaine : quand la profusion opacifie le sens d'un art sans texte - Patrick Germain-Thomas, Dominique Pagès p. 41-58 En dépit d'une progression conséquente de la programmation et du public de la danse contemporaine dans les années 1980 et 1990, la diffusion des spectacles demeure souvent difficile. L'histoire et les techniques de la danse contemporaine restent peu connues, voire méconnues, dans la société et cette lacune grève les possibilités d'action des responsables de lieux de diffusion, qui peinent eux-mêmes à suivre l'accélération des rythmes d'innovation artistique. Dans ce contexte, l'article s'appuie à la fois sur l'étude d'un corpus diversifié de documents tirés de différents médias et sur une enquête de terrain au sein du monde professionnel pour expliquer l'image confuse de la danse contemporaine parmi le grand public et envisager la façon dont les programmes d'action culturelle menés par les artistes et les lieux de programmation peuvent y remédier. L'analyse comporte une dimension prescriptive sur les conditions d'efficacité de la médiation dans le secteur chorégraphique et sur les moyens de renforcer quantitativement et qualitativement la médiatisation de la danse contemporaine.Media strategy and cultural mediation in the contemporary dance field : a communication process clouded by the abundance of messagesDespite a consequent increase in the programming and in the numbers of contemporary dance audiences between the 1980s and the 1990s, the distribution of performances often remained difficult. The history and the techniques of contemporary dance remained little known within the entire society and this gap restricted the venue managers' possibilities of action. They were themselves, indeed, struggling to survive the accelerating pace of artistic innovation. In this context, the article leans both on the study of a diversified corpus of documents taken from various media, and on a field study within the professional world, in order to explain the confused image of contemporary dance among the mass public, and the way in which programmes of cultural actions led by artists and the programmed venues could be remedied. The analysis also includes a perspective dimension on the conditions of effectiveness of mediation in the choreographic sector and the means of reinforcing quantitatively and qualitatively the media exposure of contemporary dance.
- Les ateliers du spectateur, fabriques du sensible - Philippe Guisgand p. 59-72 Si, dans le langage juridique banal, la dévolution désigne la transmission d'un bien d'une personne à une autre, son usage historique précise qu'une entité supérieure, détentrice d'un pouvoir, renonce à ses prérogatives en faveur d'une entité inférieure. Dans le contexte des débats esthétiques, un tel concept est susceptible de modifier le rapport à la parole experte et à la construction commune du sens. Par dévolution seront donc désignées les modalités de partage ou de confrontation des sensations, les mises en relation et des interprétations à l'œuvre dans les ateliers du spectateur que je mène notamment à l'Opéra de Lille et à l'Association pour le développement de la danse contemporaine de Genève depuis 2009. Ces ateliers révèlent une approche sensible du monde, un « partage du sensible » selon Jacques Rancière, c'est-à-dire une recherche esthétique trouvant ses résonances politiques dans le collectif. L'analyse du déroulement d'un atelier viendra éclairer mes champs et objets d'étude qui s'articulent autour d'un paradigme principal, à savoir le lien entre un domaine (l'esthétique), une activité (la production de connaissance) et une visée finalisée (l'impact politique du « commun »).Audience workshops : trademark of the sensitive If, in everyday judicial parlance, devolution designates the passing on of property from one person to another, its historical usage specifies that a superior entity, holder of power, renounces prerogatives in favour of an inferior entity. In the context of aesthetic debates, such a concept is prone to alter the relationship between the expert advice and the common construction of the meaning. By “devolution” what will thus be designated are the means of sharing or confronting of sensations, comparisons and interpretations of the work in the audience workshops that I have been leading since 2009, notably at the Opéra de Lille and at the Association pour le développement de la danse contemporaine de Genève (Geneva Association for the development of contemporary dance). These workshops reveal an approach which is sensitive to the world, a “sharing of the sensitive”, according to Jacques Rancière ; in other words, an aesthetic search finding political resonance in the collective. Analysis of the process of the workshop will shed light on my fields and subjects of study, which pivot around a main paradigm, that being the link between a particular field (the aesthetic), an activity (the production of knowledge) and a finalized aim (the political impact of the “common meaning”).
- Entretien avec Angelin Preljocaj - Patrick Germain-Thomas p. 73-82
Politique
- Communication politique et culture : enjeux paradoxaux de la médiation culturelle impulsée par André Malraux - Alexandre Eyries p. 83-90
- La planète en héritage : point de vue cybernétique - Mathieu Blesson p. 91-100 Malgré un certain nombre de convictions acquises après la Seconde guerre mondiale, la révolution écologique n'a pas vraiment encore eu lieu, si par révolution, il faut entendre un mouvement circulaire dont le point de départ et d'arrivée serait à chaque fois le même. À la différence que l'écologie d'aujourd'hui a changé de visage par rapport à hier. L'histoire est ainsi faite que le XXe siècle reste à ce jour le plus meurtrier que l'homme ait jamais connu. À charge aux générations futures de tirer les conséquences anthropologiques qui, manifestement, s'imposent. Et sur ce point, l'apport de la cybernétique est considérable en ce sens qu'elle est une modélisation de la relation entre les éléments d'un système à l'intérieur duquel la place de l'homme est peu à peu rediscutée, passant ainsi d'un modèle anthropocentrique à une perspective holistique où le tout serait supérieur à la somme des parties.The planet as our heritage : a cybernetical viewpoint If the word revolution refers to a circular movement where the point of departure and the point of arrival eventually merge, the environmental revolution has not yet really taken place despite a certain number of beliefs born after the Second World War. What makes the difference is that today's ecology has nothing to do with the ecology of the past. As shown by history, the 20th century has been, up to now, the most savage and bloodiest ever encountered by Man. Thus it will be the duty of the next generations to draw the consequences of this fact. On this particular point, the anthropological role played by cybernetics could be of the utmost importance since it consists in a modelling of the relationships existing between the various elements of a system in which the role of Man is more and more challenged, switching then from a anthropocentric model to a holistic perspective where the whole would be superior to the sum of the parts.
- Représentations de la métropolisation : nouveaux lieux, nouveaux territoires - Bertrand Morvan p. 101-112
Livres en revue
- Olivier Dard, Gilles Richard (dir.), Les droites et l'économie en France au XXe siècle : Riveneuve Éditions, Paris, 2011 - Kevin Brookes p. 113-118
- Erik Neveu, Les mots de la communication politique : Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2012 - Benoit Lafon p. 119-122
- Aurélie Olivesi. Implicitement sexiste ? Genre, politique et discours journalistique : Les presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2012 - Brigitte Rollet p. 123-124