Contenu du sommaire : L'aventure n'est-elle qu'une mode ?

Avec Baden-Powell, l'aventure quitte l'espace du roman pour devenir le principe d'organisation d'une jeunesse en «mouvement». Sa méthode, fondée sur une pratique coloniale et nourrie d'un imaginaire exotique, séduit rapidement la jeunesse anglaise... et ne tarde pas à susciter la curiosité des services français du renseignement militaire en Angleterre. Situés aux avant-postes de la rivalité «géo-politique «franco-britannique, ils vont tenter de traduire en français cette surprenante innovation pédagogique. Le simulacre de la conquête du monde devient alors un enjeu «géo-symbolique» passionnant dont l'étude approfondie permet de mieux comprendre la complexité des échanges interculturels».

L'expérience personnelle d'un camp d'adolescents dans les années soixante dix constitue, vingt ans après, le prétexte d'une réflexion sur la logique éducative d'une situation qui tente de "forcer l'aventure". Associée à des images et des émotions aussi fortes que contradictoires, l'Epreuve vécue du •jeu de nuit •invite au détour théorique. L'interprétation du jeu de nuit insiste sur sa dimension de •rite d'initiation •mais souligne également certaines limites qui peuvent réduire à néant son efficacité symbolique et transformer l'aventure en cauchemar.

L'humanitaire occupe aujourd'hui une place non négligeable dans notre imaginaire social et politique. De nombreux travaux en rendent compte, essentiellement centrés sur l'histoire et la dimension géopolitique du phénomène tandis qu'un fort courant critique s'exprime, émanant généralement de membres et de responsables d'ONG et d'associations. Le projet de ce travail est différent : il se propose d'appréhender le désir de départ des volontaires comme la manifestation socioculturelle d'un imaginaire de l'aventure et de la mise à l'épreuve de soi. Une approche sociologique fondée sur la parole des acteurs peut permettre de comprendre autrement l'extraordinaire essor du phénomène.

De 1919 à 1939, le scoutisme des Eclaireurs de France se déclare proche d'explorateurs célèbres. L'ethnologue Paul-Emile Victor et le naturaliste et paléontologue Henri Lhote se revendiquent de leurs rangs. Les navigations solitaires d'Alain Gerbault trouvent un écho favorable auprès des Eclaireurs. Parvenant à réaliser en grandeur nature ce qui n'est qu'une fiction dans le jeu scout, tous trois y apportent une nouvelle légitimité. Victor et Lhote contribuent à la découverte de nouvelles activités de loisirs pour adolescents.

L'examen clinique de plusieurs dizaines de cas d'enfants fugueurs et réfractaires à l'école a permis de dégager une constance de forme, dans ces échappées urbaines, ainsi que dans les configurations familiales particulières qui les ont produites. A été identifié -durant l'enfanceun facteur prédisposant, sorte de tropisme incitant à la fuite aventureuse, dans la présence d'une figure maternelle omnipotente allant de pair avec la fragilité de la figure du père. Un parallèle a pu être établi avec les biographies de certains grands aventuriers (eux-mêmes fugueurs précoces) permettant de construire une Théorie où l'Aventure trouve une nouvelle interprétation.

L'escalade est communément perçue comme une pratique aventureuse. Pourtant, l'observation des pratiques concrètes et l'interrogation des grimpeurs indiquent que la prise de risque ne fait pas partie de leurs jeux. En effet, les normes d'équipement et d'utilisation des falaises et des matériels d'escalade, ainsi que la force prescriptive des discours dominants ne permettent pas que les grimpeurs se mettent en danger. La chute au sol qui matérialise la prise de risque est, en effet, tabou. Par contre, les aléas de l'aventure s'expriment symboliquement dans les interstices d'une des modalités de l'activité qui privilégie la lecture «à vue «de la paroi. L'analyse des discours des grimpeurs montre comment ces derniers ont reconstruit, à l'intérieur d'une activité balisée et sécurisée, une authentique ouverture sur l'inconnu.

La bande dessinée tend à refléter les idéologies et les modes de pensée d'une époque. Ainsi apparaissent, durant la période coloniale, de nombreuses bandes ayant pour cadre l'Afrique. Un mythe de l'aventure africaine s'est constitué dans le neuvième art, marqué par une évolution en trois temps forts, de 1940 aux années 90. Qu'il s'agisse de la période de l'Occupation, des années 50 ou de la période post coloniale, elles mettent enscène un héros blanc qui part à la quête de ses propres origines, croisant suivant les époques, la faune -hostile-, la tribu -sauvage-, le gisement d'ivoire, les grands chasseurs blancs... Dans une période plus contemporaine, l'intrigue est moins dans l'exotisme, elle devient psychologique et politique. Rares ont été les bandes d'aventure basées sur des faits authentiques mettant en scène des héros africains.

A la fin des années 1920, un professeur d'éducation physique et un médecin naturiste fondent la ligue Vivre, ligue de régénérescence physique et mentale par le «naturisme intégral». Cette ligue invente et met progressivement en oeuvre le nudisme, pratique qui se présente comme une aventure à deux niveaux. D'une part, la recherche d'un état originel idéal conduit les nudistes à aménager leurs centres sur le modèle d'un fantasme de nature sauvage ; d'autre part, le nudisme apparaît comme une véritable aventure sociale tant les risques et les enjeux apparaissent forts pour ses pratiquants.

Traverser l'Atlantique à la nage en parfaite autonomie ! Cet exploit de Guy Delage, qui mobilisa sponsors et médias, a été présenté comme une aventure à visée scientifique. Mais cette dimension s'est trouvée discutée et sérieusement critiquée au point de faire apparaître la réussite de la traversée... comme un échec. Avec l'exemple de Guy Delage, nous examinons l'un des modes d'apparition de la figure contemporaine de l'aventurierscientifique-héros et nous interrogeons les avatars que génère la culture de l'Extrême.

L'aventure en mer ou dans le désert fascine, comme le montrent le succès médiatique des courses transocéaniques et celui des raids sahariens, mais aussi les vagabondages de ceux qui choisissent anonymement cette expérience. Ce faisant ils perpétuent un mode de voyage initiatique avec lequel les récits nous ont familiarisés depuis un siècle. Car l'aventure est une réponse aux avancées de la civilisation industrielle qui, en normant l'espace, a privé les individus d'une confrontation gratifiante. Or le désert et la mer, qui dans notre fond culturel ont été toujours été représentés comme les marges du monde habité, offrent aujourd'hui aux individus le privilège d'affirmer leur souveraineté, sans pouvoir ni titre de propriétés, en traçant librement leur chemin ou leur sillage au-delà de l'horizon...

Les petits boulots sont une nécessité économique, subvenir à ses besoins, compléter les ressources de la famille et un moyen de créer des liens avec le monde du travail. C'est aussi un moyen de gagner son autonomie et de se construire une identité personnelle. Les engagements dans le domaine du sport (à titre de loisir, de participation à une sous-culture ou de participation à la compétition) produisent des compétences techniques et des réseaux mobilisables qui permettent de s'inscrire dans un marché de la pratique sportive, sauvage ou officielle, qui est aussi celui du socio-éducatif et de la sécurité. Ces petits boulots constituent des sources de revenus qui ont l'avantage de permettre l'établissement d'un compromis entre rentabilité économique, reconnaissance des contraintes sociales et contrôle de la construction de soi.

Il s'agit d'une réflexion sur les conditions de travail des enfants dans les rues de Mexico ; Le travail de l'enfant se situe dans le secteur informel et implique pour lui l'apprentissage de règles et une insertion économique et culturelle. Nous présentons l'exemple d'une famille qui fonctionne autour du travail dans la rue, pour montrer comment dans certains cas la réalisation de ce travail peut être l'objet d'un lien «additionnel» dans la famille. Le travail des enfants est l'expression d'une crise économique au Mexique. Son étude doit permettre aux classes sociales populaires de Mexico de retrouver un statut d'acteur et décideur social à part entière.