Contenu du sommaire : Le discours juridique. Langage, signification et valeurs.

Revue Droit et société Mir@bel
Numéro no 8, janvier 1988
Titre du numéro Le discours juridique. Langage, signification et valeurs.
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation - p. 5 accès libre
  • Dossier : Le discours juridique : Langage, signification et valeurs

    • Introduction - Eric Landowski p. 9-12 accès libre
    • Les langages juridiques : une typologie - Jerzy Wroblewski p. 13-27 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'auteur travaille sur les langages du discours juridique. Il analyse le langage juridique dans lequel sont formulées les lois et trois langages juridiques avec lesquels on parle du droit. Dans le langage juridique jurisprudentiel, on formule les décisions de l'application du droit. Le langage jurisprudentiel scientifique est propre au discours des sciences juridiques, et surtout à la dogmatique juridique et à la théorie du droit. Le langage juridique commun est utilisé dans les autres discours sur le droit, par exemple dans le discours spécialisé des avocats et du public, non-spécialisé. Chaque langage est analysé au niveau sémantique et pragmatique en définissant ses traits particuliers. Les relations réciproques entre les langages du discours juridique sont également présentées.
      The author deals with the languages of legal discourse. He analyses the legal language in which one formulates the statutes, and three juridical languages in which one speaks about law. There are three types of juridical languages : juridical jurisprudential language in which the décisions of the application of law are formulated ; juridical scientific language proper to the legal sciences discourse in general, and to legal dogmatics and legal theory in particular ; juridical common language used in other discourses about law, e.g. in the specialized language of advocates and in no-specialized audience of men-of-the-street. Each of the languages in question is presented in a semantical and pragmatical dimension, and its relations with other languages of legal discourse are discussed.
    • Possibilités d'une représentation conceptuelle de la situation normative - Peter Stockinger p. 29-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le but de cet essai consiste dans l'élaboration de quelques catégories conceptuelles typiques qui permettent la bonne compréhension d'une situation normative. Ainsi, on considérera, entre autres, des catégories telles que "autorité de norme", "sujet de norme", "norme", "régulation", etc. La notion "situation normative" est comprise dans un sens assez large incluant aussi ses usages possibles dans le langage naturel. Les sources théoriques de ce travail se trouvent d'une part dans l'article "The Foundation of Norms and Normative Statements" de G. H. von Wright et d'autre part dans le cadre conceptuel propre à la sémiotique structurale.
      The aim of this essay is to elaborate some typical conceptual features that contribute to a good comprehension of a normative situation. Therefore, there are considered, amongst others, features like "norm authority", "norm subject", "norm", "regulation" and so on. The notion "normative situation" is understood in a guite broad sense induding also corresponding expressions in natural language. The theoretical assumptions are basicatty founded on the one side on the article "The foundation of norms and normative statements" of G. H. von Wright and on the other side on the conceptual framework of structural semiotics.
    • Vérité et véridiction en droit - Eric Landowski p. 45-60 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Que veut dire "prouver" dans le cadre du droit ? L'article met en évidence quatre types de régimes véridictoires, respectivement fondés sur l'évidence empirique des faits, sur la légalité des instruments probatoires, sur la vraisemblance sociale des discours de persuasion et sur la validité formelle des raisonnements démonstratifs. Des relations entre ces éléments résultent différentes configurations juridictionnelles possibles, allant d'une justice purement "sentimentale" à une justice utopiquement scientifique. Dans le déroulement du procès, les mêmes éléments tendent à définir, pour chacune des parties prenantes - témoins, défenseurs, plaideurs, experts - un mode spécifique d'accès à la "vérité" au regard du juge.
      What does "to prove" mean in the context of law ? This article suggests the existence of four types of Systems of proof, based respectively on the empirical evidence of facts, the legality of evidentiary documents, the probability in social terms of the discourses of persuasion, and the formal validity of deductive reasoning. From the relations between these elements of proof there resuit possible types of jurisdiction, rangea from a purely "intuitive" justice to one which ideally is scientific. In the unfolding of the trial, the same elements tend to define a particular mode of access towards "truth" (as one seeks to persuade the judge) available to each of the participants in the judicial process - whether witnesses, défendants, plaintiffs, experts.
    • Sémiotique et études critiques du droit - Bernard S. Jackson p. 61-71 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Répondant à plusieurs critiques de son ouvrage récent, Semiotics and Legal Theory, l'auteur cherche à montrer que la sémiotique du droit, sceptique par principe devant les effets de vérité produits par les discours qu'elle étudie, se rapproche davantage du réalisme juridique et des études critiques du droit que du positivisme juridique. La question est examinée sous l'angle épistémologique, en relation avec la controverse entre marxisme et structuralisme. Sont ensuite abordés divers domaines d'étude empirique où les approches sémiotique et critique peuvent être regardées comme complémentaires. La sémiotique peut contribuer à la détermination du rôle de l'idéologie, à la compréhension des processus de communication et de traitement des discours juridiques dans divers types d'organisation et de pratiques, à l'analyse de la forme du droit et du contenu de la "conscience" juridique, enfin à l'étude comparative du droit. A la différence des études critiques, la sémiotique juridique ne se donne pas pour but immédiat de réformer le droit, mais sa démarche constitue une étape nécessaire pour toute discipline s'assignant un tel objectif.
      Responding to critics of his Semiotics and Legal Theory, the author argues that legal semiotics, because it adopte a necessarily sceptical stance towards the truth-claims made in the discourse it studies, has more in common with legal realism and critical legal studies than with legal positivism. He relates this debate to the marxist-structttralist controversy, and identifies the underlying epistemological issues. He then identifies a number of areas of empirical work, where the approaches of semiotics and critical legal studies may be viewed as complementary. Semiotics may assist : in specifying the daims of ideology, in understanding the communication and processing of legal messages within différent types of organisation (including différent types of legal practice), in analysing the form of law and the content of legal consciousness, and in comparing legal phenomena in different societies. Unlike critical legal studies, semiotics is not an overtly political or transformative discipline, but constitutes a necessary part of the effort of any such discipline.
    • Au-delà de la rhétorique du juridique : justifier par l'éthique, légitimer par l'esthétique - Herman Parret p. 73-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La sémiotique du droit ne peut éviter le problème de la justification et de la légitimation des catégories centrales de valeur et de norme. Les conditions rationnelles du fait juridique reposent sur la justification du droit par l'éthique et sa légitimation par l'esthétique. D'abord, la "raison" justificatrice de tout acte juridique est l'èthos ou le sentiment de valeur. Déjà, pour Aristote, l'art de persuader caractérisant le discours juridique ne peut être une simple technologie. L'a priori du discours et de l'argumentation présuppose une communauté idéale qui sert de norme à n'importe quelle axiologie fonctionnant dans le droit. Toutefois, la question de la valeur de la valeur ne peut être posée avec pertinence qu'au niveau de la légitimation par l'aisthèsis ou le sentiment d'existence. C'est l'attitude de "bon goût" (Geschmacksurteil, selon Kant) qui nous mène vers le Sensus Communia (le sens commun à tous) : c'est ainsi que l'exigence de bonheur (on n'a pas le droit d'être malheureux) légitime la normativité de tout acte juridique.
      The semiotics of law cannot escape the problem of the justification and of the legitimation of the central categories of value and norm. The rational conditions of the legality of decisions in law rest upon their justification by ethics and upon their legitimation by aesthetics. First of ail, the justifying "reason" of any legal action cannot be but ethical, exploiting therefore the "feeling of value". Already for Aristotle, the art of persuasion characterizing deliberative discourse, cannot be a pure technology. The a priori of discourse and of argumentation presupposes an ideal community serving as a norm to any axiology at work in law practice. However, the question of the value can only be asked with relevance to the level of the legitimation by aisthesis or the "feeling of existence". This is, in fact, the attitude of "good taste" (Geschmacksurteil, according to Kant), and this attitude of "good taste" brings us toward Sensus Communia (the sense common to all) : it is the claim of happiness (we do not have the right not to be happy) that legitimates the normativity of any law practice.
    • Annexe : Complément au dossier. Le discours juridique : langage, signification et valeurs - Eric Landowski, Georges Kalinowski p. 85-90 accès libre
  • Etudes

    • Définitions légales et interprétation de la loi - Mark van Hoecke p. 93-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Quatre aspects de la problématique des définitions légales sont étudiés. L'utilité et la nature des définitions légales, la manière de rédiger les définitions, l'importance des définitions légales pour la rédaction des lois, et les conséquences de l'existence de telles définitions légales pour l'interprétation de la loi. On constate que le législateur définit les termes dans la loi de beaucoup de manières différentes. A tel point qu'on ne peut distinguer clairement entre une définition classique, explicite, d'une part, et les différentes dispositions légales dans lesquelles le terme figure, d'autre part, parce que ces dernières dispositions déterminent, précisent et nuancent en grande partie le sens juridique de ce terme. Il s'avère que le sens "juridique" d'un terme ne découle pas en premier ordre d'une définition légale, mais bien de la fonction que ce terme a dans la loi et dans la régulation sociale que le législateur a en vue, c'est-à-dire du contexte normatif.
      Four topics concerning legal definitions in statutes are studied : the utility and the nature of statutory definitions, the way in which these definitions are formulated, the importance of legal definitions for legal drafting, and the consequences of such statutory definitions for the interpretation of the statutes. It appears that the legislator defines concepts in the statutes in different way s. To such an extent that one cannot clearly distinguish between an explicitly formulated classical definition, on the one side, and the other stipulations in the statutes in which the defined word is used , on the other side. This follows from the fact that the latter stipulations determine, precise and shade the legal meaning of the defined word to an important extent. It is argued that the "legal" meaning of a word is not in the first place determined by a statutory definition, but rather by the function the word fulfills in the statute and in the social regulation the legislator is aiming at, or, more generally speaking, the normative context of the word.
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