Contenu du sommaire : Droit et médias.

Revue Droit et société Mir@bel
Numéro no 16, septembre 1990
Titre du numéro Droit et médias.
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation - Jacques Commaille p. 249-253 accès libre
  • Dossier. Droit et Médias

    • Introduction - Jean Carbonnier p. 257-258 accès libre
    • Système d'information et pratiques sociales - Pierre Cam p. 259-267 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les conséquences, sur le comportement des salariés, de l'émergence, à côté des leaders d'opinion attachés traditionnellement à la classe ouvrière, de techniciens et de professionnels de l'information dans le domaine du droit social. L'un des premiers effets de cette professionnalisation est que les salariés recourent plus volontiers aujourd'hui pour se défendre ou s'informer à l'inspection du travail ou à un avocat qu'au syndicat ou au délégué syndical. Cette disqualification, chez les salariés, de leurs porte-parole habituels, est à mettre en relation avec l'étatisation des sources du droit. La formation, l'interprétation et l'application du droit social échappent de plus en plus, en France, au monopole des partenaires sociaux. Un autre effet de cette apparition d'un savoir "abstrait" — parce que devenu étranger et non contrôlé par les représentants de la classe ouvrière — , est le développement, chez les salariés, d'un imaginaire juridique qui se nourrit de leurs illusions quant aux possibilités d'une société conforme à leurs attentes. Ces désirs et ces illusions sont naturellement entretenus et renforcés par la multiplicité des services de l'information en droit social. Le salarié, sollicitant tour à tour ces différents services, se forge au bout du compte une idée contradictoire de la norme applicable. Ici comme ailleurs, la multiplicité des sources d'information et leur concurrence acharnée ne peut conduire à terme qu'à une désinformation progressive du public et à un scepticisme de plus en plus marqué des individus vis-à-vis des médias et de l'information qu'ils véhiculent.
      This article analyses the effects on employee's behaviour of the emergence of professional and technicists in labour law beside the traditional opinion's leaders of the working classes. The first effect of this professionalization is that workers have recourse easier today to labour 's inspection or barrister than to trade union or syndical counsel. This disqualification, among the employees, of traditional opinion's leaders, is not unconnected with the state interventionism in the source of the labour law. The fashioning, the interpreting and the applying of the labour law escape more and more, in France, from "social partners". One other effect in the manifestation of this "abstract" knowledge of law — abstract because alien and uncontrollable — is the development of a legal imagination that feeds with the worker's fantasms about a society fitted with their aspirations. These hopes and wishes are nursed and fostered by the multiplication and the multiplicity ofthe information services in matter of labour law. Corning from a service going to another, the worker procures and gets finally an inconsistent information about the appropriate rule. Here as in any other domain of the information, the proliferation of the knowledge sources and their competition is driving at last to a progressive disinformation of the general public and a people scepticism about media and news.
    • Connaissance du droit et communication de masse. Repères historiques - Philippe-Jean Hesse p. 269-277 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après s'être posé, à la lumière d'exemples tirés du passé mais aussi de l'histoire contemporaine, la question de savoir si tout le droit est bien à diffuser, l'article se penche sur la variété des techniques officielles de transmission de la norme juridique, que ce soit oralement ou par l'écrit. Enfin, l'on tente de calculer l'efficacité de cette communication de masse en montrant que souvent les individus ont une meilleure connaissance qu'on ne le croit généralement du droit et sélectivement du droit qui leur est utile, soit pour mieux l'appliquer, soit pour mieux le contourner.
      Using ancient but also recent examples, the question of the necessity of a legal knowledge is the first that needs an answer : many civilizations prefered to keep the law secret, and to-day we find remaining aspects of this position. In a second time are presented different technics of transmission of the information on law s : oral technics are dominant during the Middle Ages and the Modem era, but, more and more, the written way is used giving an advantage to alphabetized people in the contemporaneous world. Finally a rapid attempt is made to know the real impact of this vulgarization of the legal norm : it seems that individual knew in the past and know to-day more that is generally admitted, but this knowledge is selective, the only rules remembered are the useful ones, so that they can be used or eventually more easily put aside.
    • Le droit par l'image - Michel Miaille p. 279-287 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le passage du droit à l'image pose deux séries de questions. La première, habituelle, soulève le problème de la médiatisation du droit par les images (I), c'est-à-dire l'ensemble des questions techniques et même sociales de ce passage. La seconde est plus complexe car elle veut aborder la médiation du droit par l'image comme une véritable interrogation (II) : dans quelles limites ce passage à l'image est-il possible ? L'étude se borne au système juridique français et à sa traduction en images mobiles à la télévision.
      Before making any visual représentation of Law, one must consider two facts. First and more immediate fact, Law through the visual Media implies the through consideration of technical and sociological data (I). Second and more complex fact, to what extent is it possible to translate a written code into a visual one without altering or betraying it (II) ? This article is limited to the study of the French legal system and its translation into moving pictures of T.V.
    • Le jeu de miroirs du droit et des médias - Alain Supiot p. 289-298 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le droit et les médias constituent deux modes de médiation, c'est-à-dire que, chacun à leur manière, ils relient les individus tout en organisant leur séparation. A ce titre, ils ne peuvent ni l'un ni l'autre échapper à une certaine forme de sacralisation. Dès lors, la comparaison entre ce qui rapproche et ce qui sépare ces deux sortes de médiation est intéressante à mener : aux deux la question se pose de savoir "comment prétendre à une éthique du respect des faits lorsqu'on ne se situe pas dans l'ordre de la science" . Autre point de comparaison : "de même que les médias se trouvent subsumés sous les catégories de l'entendement juridique (libertés publiques, droit commercial, droit administratif, droit pénal...), de même l'information juridique se trouve toujours fondue dans les catégories qui servent aux journalistes à ordonner le monde : la politique, l'économie, les faits divers, les relations internationales etc... , mais jamais isolée en tant qu'ordre autonome. Les médias ne servent jamais le droit qu'accommodé à leurs propres sauces,... mais jamais la sauce juridique, jugée trop indigeste.
      Law and médias are two kinds of mediation, that means, on the one way, each of them connects the people but on the other way, they organize the breaking up. So, for these reasons, neither can't escape from a shape of sacralisation. The comparison between all the matters which bring doser together and separate these two kinds of mediation is very interesting : the question is put to know how it is possible to require of observing ethics about facts for somebody who is out of science's order. Another point of comparison we can find is as the medias are put under the different law 's types (public liberties, commercial law, administrative law, criminal law etc. . . ), as the informations about law are always mixed with classes which are used by journalists to make the world in order (the foreign or economies politic, the news, the international relations etc. . . ). So, because the medias never say only the law but deal with it, these informations are never seen as single and independant ones.
  • Etudes

    • La gestion du changement dans les tribunaux de grande instance : une étude organisationnelle - Benoit Bastard, Werner Ackermann p. 301-320 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article met en rapport les transformations observées dans la gestion des tribunaux de grande instance avec les types de relations qu'entretiennent leurs responsables — président, procureur, greffier en chef. A partir d'observations effectuées dans huit juridictions, il dégage différentes modalités de changement, associées à des configurations particulières de ces relations : un changement programmé, reposant sur des projets élaborés en commun par les responsables ; des transformations plus ponctuelles dépendant d'alliances et d'accords circonscrits, en l'absence de coopération au sommet ; enfin, des interventions qui se limitent à répondre aux urgences, la bonne entente entre les chefs de juridiction n'étant pas mise au service d'un projet de modernisation.
      This article links together changes in the management of the courts and the power relationships among their high officials (President, Attorney general, Chief clerk). Eight courts have been studied and three different patterns of change identified. First, planned change concerning the global functioning of the court, which relies on projects elaborated jointly by the court leading officials. Second, more circumscribed reforms, which depend on specific alliances and limited agreements, where there is conflict between these officials. Finally, adoption of temporary measures, in order to face particular crises. In this last case, even if a good relationship exists between court high officials, it does not lead them to undertake larger transformation projects.
    • Cultures juridiques comparées - Erhard Blankenburg p. 321-333 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le fait de comparer entre elles des cultures juridiques permet de mettre en évidence les différences existant quant au volume des procès et à la place qu'occupent les professions juridiques à l'intérieur de pays dont le niveau de développement socio- économique et le droit sont similaires. Dans le domaine du droit civil, l'Autriche et l'Allemagne de l'Ouest connaissent un système judiciaire très procédurier si on le compare aux autres pays européens continentaux. Les Pays-Bas et le Danemark ont, au contraire, un comportement opposé, presque semblable à celui du Japon qui est, parmi les pays hautement développés, celui où, de loin, on évite le plus les procès. La raison de telles différences ne réside pas dans le droit ou dans les mentalités qui ne seraient pas les mêmes. On la trouve plutôt dans l'existence d'institutions différentes qui favorisent le recours aux tribunaux et aux hommes de loi ou, au contraire, en dissuadent le public.
      Indicator comparisons of legal cultures show marked differences between the volume of litigation and the size of the legal profession among countries with similar levels of socio-economic development as well as similar law in the books. In the civil law world, Austria and West-Germany developped a much more comprehensive judicial System compared to other countries in the European continent. The Netherlands and Denmark with similar legal Systems on the other side rank almost as low as Japon which is the foremost "law avoiding" among the highly developped countries. The explanation is neither to be found in different law nor in mentality, but rather in different institutional conditions encouraging either the use or avoidance of courts and lawyers.
  • Nouvelles du monde / Bibliographie