Contenu du sommaire : Les relations entre l'Union européenne et la Russie
Revue | L'Europe en formation |
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Numéro | no 374, octobre 2014 |
Titre du numéro | Les relations entre l'Union européenne et la Russie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Les relations entre l'Union européenne et la Russie
- Introduction - Katrin Böttger p. 3-7
- Vers la nécessité de repenser la « Grande Europe » - François Saint-Ouen p. 8-26 Les relations entre l'Union européenne et la Russie, dans un contexte d'évolution du monde globalisé vers les BRICS et de réorientation des flux économiques vers l'Asie, conduisent à nouveau à réfléchir à l'idée de « Grande Europe », aujourd'hui oubliée. Cette idée est analysée non seulement sous l'angle des défis globaux, mais aussi suivant des paramètres historico-culturels, institutionnels, économiques, sécuritaires et sociétaux. L'article montre la persistance, dans certains esprits et dans certaines institutions comme l'OTAN, d'une logique de confrontation. Il estime que cette situation est aujourd'hui de plus en plus dommageable, tant pour l'UE que pour la Russie, mais également pour les pays du partenariat oriental et même pour les pays candidats. Il plaide, à l'inverse, pour des relations économiques entre l'UE et l'Union eurasiatique, ainsi que pour un dialogue politique et sécuritaire totalement repensé, notamment à travers l'OSCE, dans l'objectif d'une Europe plus autonome à l'égard des États-Unis et de l'OTAN.Relations between the EU and Russia, in the context of a changing globalized world giving more importance to the BRICS and reorienting economic flows to Asia, lead to a new reflection on the idea, forgotten today, of a “Wider Europe”. This idea is discussed not only in terms of global challenges, but also according to historical, cultural, institutional, economic, security and societal settings. The article shows the persistence, in some minds and in some institutions such as NATO, of a logic of confrontation. Such a situation is becoming more and more damaging today, both for the EU and Russia, but also for the EU Eastern partnership countries and even for the EU candidate countries. This is why it is suggested, on the contrary, that economic relations should be developed between the EU and the Eurasian Union, and a political and security dialogue completely redesigned, relying much more on the OSCE, with the aim of Europe gaining more autonomy from the United States and NATO.
- Russia and/versus the EU: From Post-political Consensus to Political Contestations - Andrey Makarychev p. 27-39 Dans cet article, l'auteur affirme que le conflit entre l'Union européenne et la Russie au sujet de l'Ukraine résulte de la collision politique des approches différentes de politique étrangère. Avec la fin de la Guerre froide, l'Union européenne et la Russie définissent leurs affaires étrangères non plus en termes politiques et idéologiques, mais bien en fonction des aspects managériaux, administratifs et légaux de la gouvernance, c'est-à-dire en termes post-politiques. Paradoxalement, le résultat cumulé des deux projets technocratiques – et pour beaucoup pragmatiques – fut une politisation croissante de l'ensemble des relations bilatérales et de la zone de voisinage commune.In this article I argue that the EU-Russia conflict over the Ukraine results from a political collision of EU's and Russia's foreign policy philosophies. With the end of the Cold War both Russia and the EU defined their foreign policies in similar terms, grounded mostly in the prevalence of managerial, administrative and legal—and thus post-political—aspects of governance over political and ideological issues. Yet paradoxically, the cumulative result of the two technocratic—and in many respects pragmatic—projects was the growing politicization of the entire spectrum of bilateral relations and the common neighborhood area.
- Is the EU's failed relationship with Russia the member states' fault? - Anke Schmidt-Felzmann p. 40-60 L'année 2014 a vu une rapide et sérieuse détérioration des relations entre l'Europe et la Russie. La soudaine dégradation du « partenariat stratégique » a pris de nombreux observateurs par surprise. Cet article étudie les raisons de l'échec de l'Union européenne à développer des relations de coopération mutuellement bénéficiaires avec la Russie. Il s'intéresse en particulier à l'idée selon laquelle ce sont les divisions internes de l'UE et les liens bilatéraux spécifiques de certains États membres avec la Russie qui sont à l'origine des difficultés de l'Union européenne dans son ensemble. L'article démontre que, si le manque d'unité de l'Union européenne est bien un facteur qui a contribué à l'échec, il ne peut pas entièrement expliquer les mauvais résultats de l'UE concernant la Russie. De nombreux facteurs additionnels permettent d'expliquer les lacunes européennes : une confiance (mal placée) dans la capacité du processus de coopération à améliorer les relations ; la crainte bien ancrée d'une confrontation militaire avec la Russie ; les faiblesses liées à la nature spécifique de l'UE comme acteur international ; et, finalement, le peu de crédit accordé au point de vue des petits États membres qui sont les voisins géographiques de la Russie.The year 2014 saw a rapid and serious deterioration of the EU-Russian relationship. This sudden breakdown of the ‘strategic partnership' caught many observers by surprise. This article investigates the reasons for the EU's failure to develop mutually beneficial cooperative relations with Russia. It investigates the claim that the EU's internal divisions and special bilateral ties of EU member states with Russia are responsible for the EU's difficulties. The article demonstrates that the EU's disunity is a contributing factor, but does not fully explain the EU's weak performance regarding Russia. A number of additional factors help explain the EU's shortcomings: a (misplaced) belief in the positive transformative power of cooperation; the deep-seated fear of a military confrontation with Russia; weaknesses that stem from the EU's special nature as an international actor and, finally, the limited credence given to the views of the smaller member states that are Russia's geographic neighbours.
- The Visegrad Cooperation: Central Europe divided over Russia - Andras Racz p. 61-76 Les quatre pays d'Europe centrale qui constituent la coopération de Visegrad, à savoir la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie, ont un intérêt commun pour tout ce qui concerne les questions de sécurité en rapport avec la Russie. Cependant, ils sont profondément divisés pour ce qui concerne la politique de l'énergie, les ambitions de politique étrangère et aussi de politique intérieure. Bien que des projets de diversification d'approvisionnement en énergie soient en cours, il faudra longtemps avant de faire décroître la dépendance stratégique envers la Russie. La politique intérieure peut également être particulièrement mise en évidence en ce qui concerne la Hongrie, où le premier ministre Viktor Orban considère la Russie comme un modèle idéologique, contrairement aux trois autres États.Cependant, ces divisions ne seront pas à même de remettre en cause la coopération de Visegrad elle-même, car cette organisation n'a jamais été entendue pour résoudre les problèmes à l'intérieur du groupe de Visegrad, mais bien pour représenter les intérêts communs lorsque ceux-ci sont présents. Aussi, la coopération de Visegrad dispose d'une large expérience pour gérer les désaccords internes au groupe.Regarding the relations with Russia, the four countries of Central Europe constituting the Visegrad Cooperation, namely Poland, the Czech Republic, Slovakia and Hungary have shared interests in the field of hard security. However, they are deeply divided in terms of energy policy, foreign policy ambitions and also domestic politics. Though energy supply diversification projects are going on, it takes a long time to decrease the strategic dependency on Russia. Domestic politics is particularly relevant in case of Hungary, where Prime Minister Viktor Orbán perceives Russia also as an ideological model, which is a sharp contrast compared to the other three states.However, these divisions are unlikely to do a lasting damage to the Visegrad cooperation itself, as the organization was actually never intended to solve intra-Visegrad differences, but to represent joint interests, when they are already present. Consequently, the Visegrad has a rich routine in handling internal disagreements.
- Comparing the EU and Russia engagements in Central Asia - Shairbek Juraev p. 77-93 Cet article étudie l'engagement de l'Union européenne et de la Fédération russe en Asie centrale. Tous deux sont parmi les principaux acteurs externes dans la région – avec les États-Unis et la Chine – et sont engagés dans des relations suivies avec les États d'Asie centrale, tant sur le plan politique et économique que de le domaine de la sécurité. Considérant les dynamiques en cours dans les relations euro-russes face à la crise ukrainienne, cet article cherche à comprendre comment Bruxelles et Moscou définissent leurs intérêts dans cette partie de l'ancienne Union soviétique, et jusqu'à quel point leurs objectifs et politiques en Asie centrale peuvent être considérés comme concurrents. L'article conclut que l'Union européenne et la Russie attribuent un niveau différent de priorité à l'Asie centrale dans leurs politiques étrangères. Par ailleurs, bien que promouvant des valeurs politiques opposées et ayant les intérêts énergétiques concurrents, aucun des deux acteurs n'est soumis au risque d'une forte confrontation avec l'autre dans aucun domaine dans la région.The paper reviews the engagement of the European Union and the Russian Federation in Central Asia. Both are among major external actors in the region, joined by the USA and China, engaged in sustained political, economic and security relations with Central Asian states. Given the current dynamics of the EU-Russian relations over the conflict in Ukraine, the paper attempted to examine how Brussels and Moscow formulate their interests in this part of the former Soviet Union, and to what extent their the goals and policies in Central Asia can be seen as competitive. The paper concludes that the EU and Russia assign different level of priority to Central Asia in their foreign policies, and despite promoting opposing political values and having competing energy interests, these two actors do not have critical confrontation on matters sensitive to any of them.
- L'énergie dans les relations Europe-Russie : Moteur de coopération ou arme de guerre - Claude Nigoul p. 94-115 Les événements qui se déroulent en Ukraine depuis la fin de 2013 ont mis en pleine lumière la dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis de la Russie, son principal fournisseur. Jusque-là les Européens s'en accommodaient par une gestion dynamique visant à stabiliser les relations avec leur grand voisin de l'Est grâce à un accord de partenariat ambitieux et à un dialogue organisé dans le secteur énergétique. Après quelques alertes provisoirement réglées, la crise politique intervenue en Ukraine, qui révèle le heurt entre la volonté de Moscou de retrouver son statut de puissance et celle des Washington de s'y opposer, la question des relations énergétiques entre l'Europe, engagée plus ou moins ardemment derrière les États-Unis, et la Russie, se pose avec une acuité renforcée. De quelles alternatives dispose-t-on en Europe pour alléger la dépendance ? Peut-elle prétendre à l'autosuffisance ? Trouver des fournisseurs de substitution crédibles ? Comment la Russie pourrait-elle faire de l'énergie une arme commerciale et politique et se priver d'une clientèle traditionnelle ? Peut-elle envisager de se tourner vers l'Asie ? Quel en serait le prix politique ? Ces questions ne peuvent trouver de réponses sans poser celle d'une vision géopolitique de grande ampleur, qui postule une solution équitable du différend ukrainien, ouvrant sur une coopération maîtrisée au sein d'un ensemble continental de Brest à Vladivostok.The events taking place in Ukraine since the end of 2013 have enlightened the European energetic dependancy towards Russia, its main supplier. Until then, Europeans were coping with it through a dynamic management, aiming at stabilysing relations with their huge Eastern neighbour through an ambitious partnership agreement and a structured dialog as regards to energy. After some first alerts temporarily solved, the Ukrainian crisis, revealing the clash between the will of Moscow to regain its power status and that of Washington to oppose it, the question of energy relations between Europe, engaged more or less ardently behind the United States and Russia, arises with enhanced sharpness. What alternatives do we have in Europe to reduce dependence? Can it claim to self-sufficiency? Can it find credible alternative suppliers? How can Russia use energy as a commercial and political weapon and forego traditional clients? Could Russia consider turning to Asia? What would be the political price? These issues cannot find answers without adressing a large geopolitical vision, which requires a fair solution to the Ukrainian dispute, opening a controlled cooperation at the continental scale, from Brest to Vladivostok.
- European Convention on Human Rights in Russia - Anatoly I. Kovler p. 116-135 Le 5 mai 1998, la Fédération de Russie a mis en application la Convention pour la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Cependant, on a pu trouver des affaires qui démontrent une incompréhension quant au caractère obligatoire des décisions de la Cour, qui sont parfois prises pour de simples recommandations. Cet article analyse l'application russe de la Convention en étudiant certaines affaires des 15 dernières années. L'article passe en revue les amendements législatifs qui devraient contribuer à la mise en œuvre de la Convention au niveau national. Par ailleurs, cet article analyse la structure législative de la Fédération de Russie par rapport à la Convention, en y incluant la cour constitutionnelle, la cour suprême, la cour commerciale suprême, le procureur général, et le ministère de la Justice. Parmi les problèmes du système législatif russe, on peut inclure la difficulté à mettre en œuvre les jugements de la Cour européenne et la lenteur des procédures. L'article conclut que bien qu'il y ait une vraie reconnaissance de la Convention par la Russie, avec des résultats significatifs, il reste encore de nombreuses lacunes en ce qui concerne la mise en œuvre des lois directement issues de la Convention.On 5 May 1998, the Russian Federation put into effect the Convention for the Protection of Human Rights and Fundamental Freedoms. However, there have been cases in the Russian Federation that signalize the existing misunderstanding that European Court judgments are binding and not recommendatory. This article reevaluates Russia's implementation of the Convention by revisiting cases from the last 15 years. The article reviews legislative amendments that should contribute to the implementation of the Convention's laws at a national level. Moreover, the article evaluates the legal structure of the Russian Federation in regards to the Convention, including the Constitutional Court, the Supreme Court, the Supreme Commercial Court, the Prosecutor General, and the Ministry of Justice. Some deficits in the Russian legal system include the failure to enforce court judgments and the length of proceedings. The paper concludes that, while there is a strong Russian-European human rights dialogue with seemly results, Russia has room for improvement regarding its implementation of Convention laws.
Chronique
- La vie politique en Europe et dans le monde - Jean-Pierre Gouzy p. 137-168