Contenu du sommaire : Technologies, Droit et Justice

Revue Droit et cultures Mir@bel
Numéro no 61, juin 2011
Titre du numéro Technologies, Droit et Justice
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Technologies, Droit et Justice

    • Présentation. Technologies, droit et justice : Quelques éléments de mise en perspective - Laurence Dumoulin, Christian Licoppe p. 13-36 accès libre
    • Sciences juridiques et complexité. Un nouveau modèle d'analyse - Danièle Bourcier p. 37-53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Il est d'usage de dire que le droit devient de plus en plus complexe. Les institutions qui le régulent ont tenté d'agir sur les causes de ce phénomène et d'en endiguer les effets. Mais d'où vient ce sentiment d'un accroissement critique de la complexité normative ? Au-delà des remèdes apportés par les juristes, peut-on aller plus loin dans l'étude du droit comme système complexe ? Depuis quelques années, un nouveau champ disciplinaire se construit sous le thème Droit et Systèmes complexes. En effet, les sciences des systèmes complexes se sont développées dans beaucoup de disciplines, des sciences de l'univers à la biologie : nous faisons l'hypothèse que ce que l'on peut définir comme un nouveau modèle d'analyse apporte des représentations inédites de la complexité du droit permettant non seulement d'en découvrir les causes mais de faire émerger des conceptualisations plus pertinentes pour la comprendre et la gérer.
      We used to say that Law is becoming more and more complex. Legal institutions tried to act on the causes and to limit the effects. But from where does the feeling of a critical increasing of the normative complexity come? Beyond the remedies brought by lawyers, can we go further in the study of Law as a complex system? Since several years, a new field has emerged under the term of Law and complex systems. Indeed the sciences of complex systems have been developed in many disciplines from physics to biology: we do the hypothesis that these sciences can bring new representations to the legal complexity allowing for revealing the reasons but also to find out more relevant conceptualizations and tools.
    • Les usages des technologies de l'information et de la communication dans l'administration judiciaire au Brésil - Alexandre Veronese, Fernando de Castro Fontainha, Roberto Fragale Filho p. 55-70 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article repose sur le postulat selon lequel il faut définitivement abandonner l'idée de neutralité des technologies d'information et de communication et considérer celles-ci non comme des vecteurs et facteurs de transformation systématique des pratiques mais plutôt comme des dispositifs dont le développement repose sur les appropriations et usages sociaux (notamment ceux des utilisateurs) qui en sont faits. Dans un premier temps, afin d'aider à la compréhension du phénomène d'informatisation au Brésil, l'article dresse une synthèse du débat portant sur la gouvernance de l'Internet. Puis il propose une discussion théorique à la suite de laquelle il montre la diffusion de l'usage de l'informatique dans les différentes composantes du système judiciaire brésilien entre 2004 et 2010. Enfin, après avoir constaté le développement du recours aux technologies informatiques dans les juridictions, les auteurs ouvrent une réflexion sur les critères et les modalités d'évaluation de l'intégration des systèmes informatiques dans le travail quotidien de la magistrature.
      The present paper begins with a report of the key questions on the debate about e-government in order to support the understanding of the phenomenon of informatization of the Brazilian courts. The central theme of the paper relies on the conclusion that it is the social use which determines the insertion of the technology in the daily life and not the other way around. In this way, the application of information and communication technologies is not merely marked by the neutral use of new working tools. Therefore, the way in which its social integration occurs will determine whether the consequences of its use will be beneficial or not. Following a theoretical review, the expansion on the period between 2004 and 2010, which clarifies the practical importance of the informatization to the participants of the Brazilian judicial system, is described. Then, the need of an evaluation method for the informatized systems is reasonably debated. In that way, after understanding its expansion, it becomes necessary to speculate a way to measure the integration of the informatized systems in the daily judiciary work. The final considerations indicate the need that this process is considered as a social change which should be primarily understood beginning with its actors.
    • Electronic Access to Justice: From Theory to Practice and Back - Marco Velicogna accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les recherches empiriques récentes montrent que les systèmes de justice électronique (e-justice) sont construits par la liaison et le remodelage de composants hétérogènes, de nature tant technologique qu'organisationnelle ou normative. La nouveauté résulte de la réutilisation, de la copie, de l'adaptation et de la mise ensemble de blocs préexistants. Dans le même temps, de nouveaux acteurs tels que les partenaires technologiques ou les fournisseurs de réseaux ont fait leur apparition. Les rapports de pouvoir et les cloisonnements organisationnels ont un impact, dans la mesure où le « qui fait quoi » change lorsque les procédures basculent du support papier vers le support numérique ou quand elles changent de support numérique. Les approches traditionnelles dans le domaine de la gestion de l'innovation et du développement des technologies de l'information et de la communication (TIC) ont de sérieux problèmes  pour traiter de cette complexité. D'où la nécessité de faire appel à de nouvelles théories. A l'aide d'expériences portant sur plusieurs études de cas empiriques, ce texte analyse comment les dynamiques et les ramifications de la justice électronique abordent les multiples facettes de cette complexité. Le projet est double : d'un côté il s'agit de stimuler le discours académique sur un questionnement pertinent qui se développe de plus en plus, et de l'autre côté il s'agit d'enrichir les réflexions des praticiens dans la perspective de rendre plus innovante la justice électronique dans le sens d'un meilleur accès à la justice – et notamment des appels et des pourvois. Notre texte est étayé sur des cas portant sur des questions spécifiques de l'environnement.
      Recent empirical researches are showing that e-justice systems are built linking and reshaping heterogeneous components, building blocks of technological, organizational and normative nature. The new comes not much from inventing out of the blue and developing from scratch but form reusing, copying, adapting and hooking together existing components. At the same time, new actors, such as technological partners and network providers make their appearance. Power and organizational borders alter, as ‘who-does-what' changes in the translation of procedures from paper to digital and from one form of digital to another. Traditional ICT development and innovation management approaches have serious problems in coping with this complexity. Indeed, new theories are called for. Through the experience of several empirical case studies, this paper looks at e-justice dynamics and ramifications in the attempt to tackle its multi-faced complexity. The purpose is twofold: on the one hand, stimulating the academic discourse on a growingly relevant topic, on the other hand enriching the reflection of practitioners in the perspective of e-justice innovation to support access to justice -and appeal to court- focusing on the specific area of environmental matters.
    • L'introduction des technologies de surveillance dans le travail policier. Facteur de changement ou de réassurance ? - Anaïk Purenne, Anne Wuilleumier p. 119-130 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La collecte et l'analyse de données ne constituent pas des phénomènes récents. Néanmoins, d'importants changements se sont produits dans ce domaine au cours des dernières décades, faisant de la surveillance un outil à part entière des institutions modernes. Cet article analyse la manière dont les technologies de surveillance comme la vidéosurveillance, les banques de données ou encore la cartographie de la criminalité entrent en interaction, au sein des institutions chargées de la lutte contre la délinquance, avec le monopole étatique de la violence légitime. L'étude empirique de deux services de police français (un service dédié à la police des transports ferroviaires et une unité d'enquête composée d'agents issus d'administrations différentes) montre que ces technologies sont mises au service d'un ciblage de l'action de police sur des territoires ou des individus identifiés comme « à risque ». Elle tend à relativiser, dans le contexte français, l'hypothèse d'un mode de surveillance qui serait synonyme d'un adoucissement du contrôle social. Elle suggère que l'usage des technologies de surveillance peut aussi bien aider à la relégitimation de moyens de contrôle traditionnels à une époque où la discrétionnarité du travail policier est de plus en plus contestée.
      Data collection and analysis is not a recent phenomenon. However, major changes have occurred in recent decades and surveillance now appears as a general tool in modern institutions. This paper is concerned with analyzing the way surveillance technologies such as CCTV, databases, or crime mapping concretely interact with the State's traditional monopoly of force in the institutions charged of crime control. The empirical study of two French police services (a transit police department and an inter-institutional detective squad) reveals that these technologies are used by police managers to target high-risk territories and offenders. These case studies tend to refute, in the French context, the hypothesis of surveillance as a symptom of a «softening» of social control. It suggests that the use of surveillance technologies can also help relegitimate traditional means of control at a time the discretion of police officers becomes increasingly discredited.
    • La technologie ADN dans la justice pénale : une illustration de la recomposition de l'action de la justice par la science, la technique et l'expertise ? - Bertrand Renard accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le recours à l'ADN dans le processus judiciaire pénal s'est progressivement développé pour devenir en moins de 20 ans l'une des ressources scientifiques les moins contestées de la justice pénale. Cette forme d'autorité acquise en un temps assez court invite à se pencher sur les conditions sociales de l'émergence de l'ADN et de son utilisation comme élément de preuve en contexte judiciaire. Comment et dans quelle mesure l'ADN est-il endogénéisé, par le biais de l'expertise judiciaire, dans la justice et quels en sont les effets sur les raisonnements et les pratiques judiciaires ? Il convient, pour le savoir, de décrire et d'analyser les pratiques sociales relatives à l'identification par analyse génétique (IAG) en justice pénale, qui sont ce par quoi l'action judiciaire intègre des éléments technologiques et les « digère ». Pour ce faire, l'article procède d'une démarche en trois temps, en illustrant d'abord l'intérêt d'ouvrir la boîte noire du travail de l'expert en IAG et en montrant ensuite à quel point l'intégration des dimensions scientifiques dans l'élaboration du droit se révèle difficile. Sur cette base enfin, l'auteur tire quelques enseignements sur les relations qu'entretiennent droit et science dans ce contexte d'un usage technologique au sein de l'action judiciaire pénale.
      In less than 20 years, the use of DNA has progressively increased and is now considered as one of the less problematic scientific resources in the judicial criminal process. The fact that this new form of authority has been accepted relatively quickly raises the question of the social conditions of its use as an element of proof in judicial context. How and to which extent DNA has been integrated in the legal process and has impacted on the legal reasoning and practices? What kind of role judicial experts and forensic scientists have played to translate and integrate this part of scientific knowledge into the routines of legal professions and courts? To answer these questions, we have to describe and analyse the social practices concerning what is called, in criminal rules of procedure, the Identification by Genetic Analysis (IGA), fine example to show how the judicial inquiry uses and «digests» new technologies. This paper is based on a three-steps approach: firstly, it shows how interesting it is to open the black box of the work done in IGA expert's work; secondly, it shows how difficult is the integration of scientific aspects in the working-out of law; and finally, the author draws several lessons about the relationships between law and science in this specific context of the use of technology inside the criminal rules of procedure.
    • Cut to the Chase: Editing Time and Space through Closed-Circuit Television Surveillance - Daniel Neyland, Inga Kroener p. 147-169 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le Royaume-Uni est souvent présenté comme le pays ayant le plus grand nombre de caméras en Europe. Ces caméras ont joué un rôle dans bien des changements intervenus au sein des pratiques de la police britannique, depuis la production de nouveaux types de preuves devant les tribunaux, en passant par l'accès à de nouveaux matériaux et à de nouvelles informations, jusqu'à la mise en lumière de nouvelles questions touchant aux violations de la vie privée. Un des aspects peu explorés parmi ces nouvelles pratiques policières concerne la question de la responsabilité et le fait, pour la police, de rendre des comptes. Cet article porte précisément sur les changements significatifs provoqués par l'introduction de caméras de vidéosurveillance dans la façon d'accomplir les activités policières. À partir du cas de controverses récentes au Royaume-Uni autour de courses poursuites dans lesquelles sont engagés des véhicules de police, il s'intéressera aux façons dont la présence et l'usage de caméras de vidéosurveillance ont amené des questions à la fois nouvelles et complexes, concernant la justification des actions de police.
      The UK is said to have the largest number of CCTV cameras of any European nation. These cameras have been involved in a variety of changes in UK police practices. Such changes range from new evidential practices in court cases, through access to new materials, to new questions posed regarding invasions of privacy. One unexplored area of police practices, which this paper will argue have undergone significant changes since the introduction of CCTV cameras, is police accountability. This paper will draw on recent controversies in the UK regarding police car chases to investigate the ways in which CCTV cameras have led to new and complex questions of police accountability.
    • Accountabilities of Presence: Reframing Location-Based Systems - Emily Troshynski, Charlotte Lee, Paul Dourish p. 171-193 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'une étude de cas portant sur des criminels en liberté conditionnelle sous surveillance suivis par GPS, nous étudions en quoi les technologies de géo-localisation structurent les rapports quotidiens à l'espace des individus. En particulier, nous analysons comment la mobilité et la présence sont envisagées hors des conceptions traditionnelles du « privé ». Nous introduisons la notion de « rendre compte d'une présence » et suggérons que cette notion est un concept plus utile que celle de « privé » si l'on veut comprendre la relation entre la présence et la sociabilité.
      How do mobility and presence feature as aspects of social life? Using a case study of paroled offenders tracked via Global Positioning System (GPS), we explore the ways that location-based technologies frame people's everyday experiences of space. In particular, we focus on how access and presence are negotiated outside of traditional conceptions of “privacy.” We introduce the notion of accountabilities of presence and suggest that it is a more useful concept than “privacy” for understanding the relationship between presence and sociality.
    • Surveillance électronique et justice pénale : quelques éléments de pérennité et de changement - Marie-Sophie Devresse p. 195-214 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La surveillance électronique est régulièrement présentée comme une mesure qui contribue à la transformation de l'exercice de la justice pénale contemporaine. S'insérant dans un contexte de multiplication des mesures alternatives, sa technicité peut apparaître à première vue en contradiction avec l'ouverture à la singularité et à l'expression du justiciable qui se manifeste aujourd'hui dans la procédure pénale. L'article s'interroge dès lors, au départ de quelques constats empiriques issus d'une recherche réalisée en Belgique, sur les effets de l'incorporation d'un objet technique dans le processus répressif tel qu'il apparaît aujourd'hui, et ce, en particulier dans le domaine de la sanction. Vont tour à tour apparaître des éléments permettant de souligner le potentiel créateur de la technologie autant que de voir en elle le relais d'une logique pénale séculaire peu perméable à la transformation.
      Electronic monitoring of offenders is regularly portrayed as a measure which contributes to modernize the contemporary criminal justice system. Such a technical device, appearing in a context of alternative measures and diversion, can be seen at first sight in contradiction with the opening of criminal justice to interactive procedures. Some empirical data (collected during a research program carried out in Belgium) will help this article to enlighten some effects of the assimilation of a technical object in the actual criminal justice process, in particular in the field of penalty. Some of these elements will allow us to underline the creative potential of the technology as much as its ability to relay the secular logic of the penal system.  
    • Sécurité, justice et technologies - Jean-Charles Froment p. 215-231 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les réflexions qui structurent cet article sont issues de près de quinze années d'observation du développement du recours aux nouvelles technologies de contrôle dans le champ de la justice et de la sécurité. Elles s'appuient plus spécifiquement sur l'étude de deux d'entre elles, principalement le placement sous surveillance électronique et accessoirement la vidéosurveillance, qui ont vu leur champ d'application s'élargir considérablement en l'espace d'une vingtaine d'années. De ces travaux se dégagent neuf clés de lecture à partir desquelles on peut analyser les caractéristiques et l'impact du développement de ces technologies (la vitesse de circulation des modèles ; le jeu du marché ; la question du contrôle ; les formes de la désinstitutionnalisation du pouvoir ; la problématique des libertés ; la plasticité des usages ; les stratégies de légitimation ; les enjeux de régulation ; l'insuffisance d'évaluation).
      This analysis is based over 15 years of investigation about new technologies in the field of justice and security, and more specifically about electronic monitoring and CCTV which have known a strong development for the last twenty years... From these reflections, Jean-Charles Froment introduces nine analysis keys about the characteristics and the impact of the development of this technologies (speed of policy transfer; rules of market; progressive change towards a «society of control»; power conversions; human rights; plasticity of uses; legitimacy strategies; regulation challenges; weakness of evaluation).
  • Études

    • Faurisson, « falsificateur de la jurisprudence » ? - Thomas Hochmann p. 235-256 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pendant vingt-cinq ans, le négationniste Robert Faurisson s'est prévalu de la maladroite motivation d'un arrêt rendu par la cour d'appel de Paris en 1983. Il revendiquait à tort cet arrêt comme une consécration du sérieux de ses thèses, et poursuivait en l'invoquant ceux qui le décrivaient comme un faussaire de l'histoire. De la sorte, il a permis à la jurisprudence ultérieure de remédier à l'ambiguïté de cet arrêt. La présente étude retrace l'histoire de la démonstration progressive de l'inadéquation de l'interprétation faurissonienne de l'arrêt, qui culmina en 2007 dans le jugement déboutant Faurisson de sa plainte en diffamation contre Robert Badinter.
      During twenty-five years, Holocaust denier Robert Faurisson boasted of a 1983 decision by the Court of Appeal of Paris that, he alleged, paid tribute to his work and described it as scientific. This erroneous interpretation of the decision led him to invoke it while suing the numerous individuals who described him as a falsifier of history. This gave courts the opportunity to correct the clumsy grounds put forward in the 1983 decision and to expose the falsity of Faurisson's reading of it. This process reached its climax in the libel judgment in favour of former lawyer and Minister of Justice Robert Badinter. This article recounts this story.
    • Le statut juridique des enfants métis nés en Afrique Occidentale Française de parents inconnus : Entre idéalisme républicain et turpitudes coloniales - Mamadou Badji p. 257-283 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le métissage, lié au contact colonial, s'entend ici des croisements « hors des liens du mariage » entre Européens et Noirs, résultant de la présence française en Afrique Occidentale. Le statut des enfants métis issus de ces unions illustre, à hauteur d'un cas d'école, comment le droit construit ce qui, aujourd'hui, prend l'appellation juridique de discrimination. L'auteur étudie cette « question métisse » à la lumière du droit colonial : la place des métis dans l'empire colonial français pose problème : sont-ils des citoyens ou des sujets indigènes ? Les débats ont été passionnés tant du point de vue ethnologique que juridique avec notamment le fait que la notion de « race » s'est retrouvée reconnue dans les textes juridiques.
      Colonial dominations have always given way, from a demographical point of view, to “mixed-raced” populations who have difficulties to be categorized by legal classifications: are they true or second-class citizens? This article analyzes the situation in colonial Western French Africa (AOF), showing the fact that the notion of race has been recognized in order to give a place to children, born outside marriage ties, from unions between Europeans and Black people. Through the analysis of legal texts and judicial precedents, the author shows how the colonial law has created what could be considered nowadays as discrimination.
  • Notes de lecture & comptes rendus