Contenu du sommaire : L'Ordre public écologique
Revue | Droit et cultures |
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Numéro | no 68, décembre 2014 |
Titre du numéro | L'Ordre public écologique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier: L'Ordre public écologique, du concept à la juridicité
- Présentation - Nadia Belaidi p. 11-13
- Identité et perspectives d'un ordre public écologique - Nadia Belaidi p. 15-49 Plus qu'une mise au point terminologique, cet article vise à analyser le contenu et les potentialités d'un « outil » qui permet d'identifier et d'exprimer les valeurs sociales essentielles liées à la protection de l'environnement. Orienté vers un objectif de justice qualifiée conjointement d'environnementale, d'écologique et de sociale, il (re)met en perspectives des concepts tels que dette environnementale, principe de précaution, patrimoine commun, afin d'en redécouvrir les aspirations et limites. De cette mise au point découle les composantes essentielles de cette justice : l'environnement est un bien commun dont la protection, la restauration et la transmission aux générations futures repose sur une responsabilité éthique afin d'en respecter l'intégrité et les dynamiques et ainsi de prendre en compte le Bien commun et le Bien-vivre. Autant de notions qui n'ont pas de réalité juridique aujourd'hui mais dont la prise en charge serait assurée dans le cadre d'un ordre public écologique. En parallèle, cette réflexion met en question l'interaction et les relations des êtres humains entre eux et avec leur environnement.More than a terminological development, this article aims at analyzing the contents and the potentialities of a «tool» which allows to identify and to express essential social values connected to environmental protection. Directed to an objective of justice qualified jointly of environmental, ecological and social, it (re)puts in perspective concepts such as environmental debt, precautionary principle, common heritage to rediscover their aspiration and their limits. This development underline the essential components of this justice: environment is a common; its protection, its restoration and its transmission to future generations is based on an ethical responsibility that respect its integrity and dynamics and so take into account «Common Good» and «Good Life». Notions which have no legal reality today but the coverage of which would be assured within the framework of an ecological public order. In parallel, this reflection questions interactions and relations of humans between them and with their environment.
- Conflits de valeurs et police(s) de l'eau : quelle place pour l'ordre public écologique ? - Marie-Caroline Vincent-Legoux p. 51-80 Les polices de l'eau justifiées par la protection de l'eau visent aussi le respect d'autres valeurs sociales d'ordre public. Les impératifs de salubrité publique, de santé publique et de sécurité publique sont désignés comme des objectifs prioritaires, notamment pour ce qui concerne l'alimentation en eau potable et la lutte contre les inondations. Le souci du développement économique, présenté comme une exigence à concilier avec la protection de l'eau, l'emporte souvent sur elle. Bien plus, l'eau, protégée en quantité et en qualité par les polices de l'eau à travers la lutte contre les risques de pénurie et de pollution et la volonté de préserver le libre écoulement des eaux et la qualité du milieu aquatique, ne l'est que faiblement en tant qu'élément de l'ordre public écologique, patrimoine naturel à transmettre aux générations futures : d'une part, la protection de l'eau visée explicitement peut servir finalement les exigences du « bon ordre » au sens de la police administrative générale (sécurité, salubrité et santé publiques) ; d'autre part, l'idée de ressource vitale et de milieu de vie cède souvent devant celle de ressource économique. Pourtant l'eau, d'intérêt vital, est un préalable nécessaire à la vie en société ; sa protection conditionne donc d'autres valeurs d'ordre public propres à garantir la paix sociale ou à favoriser une harmonie sociale, telles que le « bon ordre » ou l'ordre public économique. Cet élément de l'ordre public écologique mériterait donc d'être placé au premier rang des valeurs sociales protégées.Water policies, justified by water protection, are also aimed at other social values of public order. Public health and public safety are priority goals, in particular concerning drinking water and the fight against floods. The concern for economic development, which must be conciliated with water protection, often prevails. In addition, water, protected in quantity and quality by rules about scarcity and pollution risks and the will to protect the free flow of water and the quality of the aquatic environment, is weakly protected as an element of the ecological public order, a natural heritage to pass on to the future generations: on the one hand, water protection, if explicitly targeted, may finally be useful for «law and order» (public safety and public health). On the other hand, the idea of vital resource and living environment often comes after the idea of economic resource. Yet, water, which is of vital importance, is a condition of social life. As a consequence, its protection governs other values of public order, which protect social peace or promote social harmony, such as «law and order» or the economic public order. Therefore, this element of the ecological public order deserves to be ranked at the top of protected social values.
- Les valeurs des polices de l'eau - Patrice Van Bosterhaudt p. 81-142 En France, malgré l'existence d'un important dispositif pénal qui vise à lutter contre les atteintes à l'environnement, la protection de l'eau et des milieux aquatiques est-elle assurée de manière efficace ? Aussi, ce droit pénal protège-t-il l'eau, composante essentielle des hydro systèmes, en tant que valeur essentielle de la société ? Les objectifs d'atteindre le bon état des eaux pour 2015, fixés par la directive cadre n°2000/60 du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique commune dans le domaine de l'eau, ont conduit à l'adoption de la loi sur l'eau et des milieux aquatiques du 30 décembre 2006, modifiant celle de 1992. Contrairement à l'ambition affichée, ce nouveau texte semble établir une construction normative moins protectrice pour les milieux aquatiques que des lois anciennes, telles la loi pêche du 29 juin 1984. Le constat est qu'actuellement, le droit pénal de l'environnement ne consacre pas l'existence d'un ordre public matériel, puisqu'en France on s'en tient à la situation administrative. Autrement dit le droit pénal de l'environnement a plus vocation à sanctionner le non-respect de règlements administratifs, le cantonnant ainsi au simple rang de droit disciplinaire, plutôt que de sanctionner l'atteinte à une valeur essentielle qui serait consacrée par l'émergence de concepts moralisateurs. Le caractère de ce droit pénal administratif est probablement l'une des principales causes de son inefficacité, d'autant plus que les diverses incriminations qui le composent souffrent d'un excès de technicité, le législateur se contentant le plus souvent de renvoyer les modalités d'application de la loi au pouvoir réglementaire qui ne manque pas d'imagination pour rendre la règle très complexe et donc inapplicable. Quand le juge judiciaire ne se désintéresse pas de ce maquis normatif, il arrive parfois que la jurisprudence interprète la norme pénale de façon extensive que ce soit au niveau de la caractérisation matérielle de l'infraction ou de l'élément intentionnel donnant ainsi toute sa valeur à la protection de l'environnement. Certaine fois encore, il revient au juge de définir des notions que le législateur n'a pas entendu préciser. Par ailleurs, bien que des sanctions pénales existent et sont mêmes d'une apparence dissuasive au regard des peines pouvant être prononcées, la répression classique de nature purement judiciaire n'est même pas favorisée. La dernière réforme instituée par l'ordonnance du 12 janvier 2012, qui entendait répondre aux exigences de la directive du 19 novembre 2008 relative à la protection de l'environnement par le droit pénal, étend à contre-courant, le possible recours à la transaction pénale pour toutes les infractions contenues dans Code de l'environnement. Le fait de transiger sur des délits environnementaux marque une régression de la dimension écologique dans la vie sociale. Elle créait une rupture avec la reconnaissance d'une valeur fondamentale accordée à l'eau. Cette mouvance vers la déjudiciarisation de la sanction, traduite à travers la prééminence de la transaction pénale dans le règlement du contentieux de l'eau, vise l'objectif de sanctionner vite et bien à un moindre coût, quand bien même ce raisonnement comptable soit en rupture avec l'idéal d'une bonne justice, garant de la défense des valeurs fondamentales de notre société.Water In France, in spite of the existence of an important penal device which aims at fighting against the attacks with the environment, the protection of water and the aquatic environments assured efficiently? Also, this criminal law does it protect T water, essential component of the hydro systems, as an essential value of the company? The objectives to reach the good state of water for 2015, fixed by the parent directive n° 2000/60 of October 23rd, 2000 establishing a framework for a common policy in the field of water, led to the adoption of the law on water and the aquatic environments of December 30th, 2006, modifying that of 1992. Contrary to the displayed ambition, this new text seems to establish a less protective normative construction for the aquatic environments than of the old laws, the such law fishes of June 29th, 1984. The report is that currently, the criminal law of the environment does not devote the existence of a material public order, since in France one sticks to the administrative status. In other words the criminal law of the environment has more authority to sanction non the respect of administrative regulations, thus confining it with the simple row of disciplinary right, rather than to sanction the attack with an essential value which would be devoted by the emergence of concepts sanctimoniouses. The character of this administrative criminal law is probably one of the leading causes of its inefficiency, more especially as the various incriminations which compose it suffer from an excess of technicality, the legislator being generally satisfied to return the modes of enforcement of the law to the regulatory power which does not miss imagination to make the rule very complex and thus inapplicable. When the legal judge does not ignore this normative maquis, it arrives sometimes which jurisprudence interprets the penal standard in an extensive way that is on the level of the material characterization of the infringement or the intentional element thus giving all its value to environmental protection. Certain time still, it is allocated to the judge to define concepts that the legislator did not intend to specify. In addition, although penal sanctions exist and are same of a dissuasive appearance to the glance as of sorrows which can be marked, the classical repression of purely legal nature is not even favoured. The last reform instituted by the ordinance of January 12th, 2012, which intended to fulfill the requirements of the directive of November 19th, 2008 relating to environmental protection by the criminal law, extends to against current, the possible recourse to the penal transaction for all the infringements contained in Code of the environment. The fact of compromising on environmental offences marks a regression of ecological dimension in the social life. It created a rupture with the recognition of a fundamental value granted to water. This mobility towards the dejudiciarisation of the sanction, translated through the preeminence of the penal transaction in the regulation of the dispute of water, pursues the goal to sanction quickly and well with lower costs, when well even this countable reasoning is in rupture with the ideal of a good justice, guarantor of the defense of the fundamental values of our company.
- Polices de l'eau et ordre public écologique, valeurs exprimées, valeurs protégées - Marguerite Boutelet p. 143-163 Il faut du temps pour qu'une idée devienne une valeur. C'est particulièrement le cas de la nécessité de protéger la biodiversité. Les entretiens conduits en 2007 à l'occasion de la recherche sur le suivi judiciaire et administratif des infractions aux arrêtés préfectoraux de limitation des usages de l'eau en Côte d'Or ont permis d'entendre le point de vue des personnes verbalisées et poursuivies et celui des personnes chargées de la répression des infractions. Le postulat de cette étude est que la sanction pénale et son application effective sont un révélateur de la valeur reconnue par la société aux intérêts mis en péril par l'acte incriminé pénalement. En reprenant ces entretiens, et en retournant interroger certains acteurs clefs de la répression des infractions en matière d'environnement, il apparaît clairement que, dans les rares cas où elle est prononcée, la sanction pénale n'est pas comprise, pas plus par les contrevenants que par les auteurs des poursuites. Pour ne pas heurter de front les intérêts des différents publics concernés, maires, industriels, agriculteurs irrigants, propriétaires de golf et particuliers, les arrêtés de limitations des usages de l'eau ne sont plus pris uniformément pour tout un département, comme ils l'étaient au début, mais ont été négociés, divisés et subdivisés sur le terrain ; différents selon les heures de la journée et assortis de nombreuses dérogations. Ils ont perdu toute lisibilité. Pour l'administration, la sanction est un argument de marchandage pour obtenir – peut être – la remise en l'état du site. Le procureur se sent manipulé quand tous les gros consommateurs d'eau obtiennent des dérogations. Seules les associations se soucient de la nature. Faute de moyens financiers et humains, elles utilisent peu leur action civile à l'exception notable des associations de pêche. La protection de la biodiversité ne pourra pas être une valeur partagée par le public tant qu'elle ne fera pas l'objet d'une protection générale et absolue de la part des autorités.It takes time for an idea to become a valued principle. This is particularly true of the idea that our biodiversity needs to be preserved. Interviews conducted in 2007 as part of a study on the judicial and administrative monitoring of offences against by-laws restricting the use of water in the Département of Côte d'Or voiced the views of both reported and prosecuted offenders and the by-law enforcers. The research was based on the premise that legal sanctions and effective enforcement of by-laws are indicative of the value acknowledged by our society to protect interests endangered by environmental offenders. When reviewing the 2007 interviews and after interviewing further key enforcers who were cracking down on infringements of environmental by-laws, it clearly appeared that in the rare cases where it was reported, neither the offender nor the enforcer understood the purpose of the by-laws. In an attempt to avoid clashes with various stakeholders (mayors, industrialists, farmers irrigating, golf club owners and individuals), local authority by-laws restricting the use of water became subject to negotiation, division and subdivision on the ground, varied according to the hours of the day and became subject to many dispensations instead of being applied uniformly all over a Department - as they were originally. The French Civil Service sees them as a bargaining tool with a view to obtaining a site remediation. Prosecutors feel manipulated when important water consumers benefit from dispensations. Only environmental organisations seem concerned about nature but, apart from angling societies, they rarely resort to civil prosecution for want of financial and human resources. Biodiversity preservation cannot be a principle shared by the general public unless the enforcement of by-laws by the authorities is applied to all citizens in a general and absolute way.
- De l'alchimie de l'eau à l'alchimie juridique : vers la reconnaissance de la valeur environnementale de l'eau ? - Adeline Rerolle p. 165-184 La valorisation de l'eau est composée de 3 éléments : la valeur économique (ensemble des richesses apportées par l'eau), sociale (apports vitaux de l'eau) et environnementale (rôle de l'eau dans les écosystèmes et la biodiversité). En période de sécheresse, le représentant de l'État dans le département, le Préfet, doit prendre des mesures de police afin de protéger la ressource en eau et les milieux aquatiques en maîtrisant les différents usages de l'eau en fonction de leur priorité. La mesure de police administrative est alors l'arrêté préfectoral de limitation des usages de l'eau. Cet arrêté est le point de départ de notre étude sur la reconnaissance ou non de la valeur environnementale dans l'édiction des textes mais aussi dans leur application et perception sur le terrain de la Côte d'Or. Plusieurs éléments ressortent de cette analyse. Les documents utilisés en appui de l'arrêté préfectoral émanant des services de l'État sont des outils de planification : plan de gestion de la rareté de l'eau, projet d'action stratégique de l'État sur le département (PASED), SDAGE…. La protection de l'eau et des milieux aquatiques est une priorité de l'État, les différents objectifs et moyens mis en place dans ces documents visent à la valorisation environnementale de l'eau en préservant la qualité et la quantité de l'eau. L'arrêté préfectoral de limitation des usages de l'eau est à la fois un outil d'anticipation et de crise en cas de manque d'eau. Il fixe les seuils à partir desquels certains usages de l'eau sont limités ou interdits dans le but de préserver les milieux aquatiques. La valeur environnementale de l'eau est reconnue à travers les documents de planification et l'arrêté préfectoral. Pourtant sa reconnaissance est loin d'être aussi évidente sur le terrain. La perception des acteurs et usagers de l'eau est quelque peu différente. En effet, la valorisation environnementale de ressource eau tient aussi à son application sur le terrain à travers le respect des arrêtés préfectoraux de limitation des usages de l'eau via des contrôles par les agents assermentés et une répression en cas de violation. L'application des arrêtés fait l'objet de critiques : manque de politique de répression, difficulté de compréhension des arrêtés en raison de leur technicité mais aussi des peines infligées aux contrevenants, peines faibles, manque de suivi des procès-verbaux. Cela met en doute la reconnaissance de la valeur environnementale de l'eau puisque la politique de répression est peu volontaire, que les peines sont faibles voire inexistantes en cas d'infractions. La valeur environnementale de la ressource eau existe belle et bien mais elle est plus difficile à mettre en œuvre sur le terrain : manque de moyens, de volonté ?The valorization of water is made up of 3 elements: the economic value (together of the wealths brought by water), social (vital contributions of water) and environmental (role of water in the ecosystems and the biodiversity). In period of drought, the representative of the State in the department, the Prefect, must take measures of police in order to protect the water resources and the aquatic environments by controlling the various uses of water according to their priority. The measurement of administrative police is then the order of the prefect of limitation of the uses of water. This decree is the starting point of our study on the recognition or not of the environmental value in the ediction of the texts but also in their application and perception on the ground of Cote d'Or. The environmental value of water is recognized through the documents of planning and the order of the prefect. However its recognition is far from being also obvious on the ground. The perception of the actors and users of water is somewhat different. Indeed, the environmental valorization of the resource water is also due to its application on the ground through the respect of the orders of the prefect of limitation of the uses of water via controls by the sworn in agents and a repression in the event of violation. The application of the decrees is the object of criticism: lack of policy of repression, difficulty of comprehension of the decrees because of their technicality but also of the sorrows inflicted to the contraveners, sorrows weak, lack of follow-up of the official reports. That questions the recognition of the environmental value of water since the policy of repression is not very voluntary, that the sorrows are weak even non-existent in the event of infringements. The environmental value of the resource water exists beautiful and well but it is more difficult to implement on the ground: lack of means, of will?
Études
- La légalisation du couple de même sexe - Marie-Noël Capogna p. 187-212 Le droit français a peu à peu reconnu le couple de même sexe et a permis qu'il soit légalisé dans le concubinage, dans le pacte civil de solidarité et très récemment dans le mariage. Or, la loi sur le PACS n'a jamais été applicable en Polynésie et la loi dite « sur le mariage pour tous » s'applique désormais de plein droit dans ce pays, alors que les parlementaires polynésiens ont tous fait valoir leur opposition à cette loi. Cette position de désapprobation et de refus mérite d'être étudiée au regard de l'histoire et de la culture de ce pays mais aussi au regard des structures de la famille et de la parenté dans la société polynésienne d'hier et d'aujourd'hui. Le refus de la reconnaissance légale du couple de même sexe témoigne des choix fondateurs de la société polynésienne en matière de sexualité, de mariage, de filiation et de parenté privée du fondement de l'altérité sexuelle.French law has progressively recognized the couple of the same sex and has agreed to settle Common law marriage through civil solidarity pact and marriage. However, the law on PACS has never been enforced in Polynesia and the said law «on marriage for all» is applicable strictly in this country, whereas the Polynesian MP's have all rightfully claimed their disapprobation to the said law. That disapprobation and refusal standpoint deserve thorough search in the eyes of history and cultural of this country, but also regarding the family structures of parenthood, in the Polynesian society. That refusal of legal recognition of the couple of the same sex raises the question of the fundamental choices of the Polynesian society concerning sexuality, marriage, filiations and family relationships deprived of the basis of sexual otherness.
- Memoranda et démocratisation dans l'Adamaoua (Cameroun) : mutation des modes de participation politique ou entreprise d'instrumentalisation ? - Assana Assana p. 213-246 Depuis l'amorce de la démocratisation au cours des années 1990, les États africains subsahariens connaissent des recompositions profondes des modes de participation politique et développent une culture manifestante. Au Cameroun, la région de l'Adamaoua n'est pas restée en marge. Elle a en effet vu naître et se développer de nouvelles modalités de participation politique, matérialisées par le recours aux memoranda dans les mœurs politiques. Ces memoranda sont surtout l'œuvre des Mboum, groupe ethnique kirdi marginal fortement assujetti par les Peuls au tournant du XIXe siècle. À l'observation des faits, il se dégage que les memoranda ne traduisent pas les replis identitaires tels que véhiculés par l'imagerie populaire. Bien au contraire, ils constituent l'expression d'une importante mutation dans les modes d'expression politique justiciable d'une analyse socio-anthropologique. Toutefois, l'exacerbation des memoranda dans une société multiethnique comme le Cameroun requiert un encadrement juridique pour ne pas mettre en péril le chantier d'intégration nationale, ce d'autant plus que la sociologie de ses acteurs et de son contenu révèle leur dimension manipulatoire.Since the beginning of the democratization in the 90s, sub-Saharan African countries are still going through deep restructurations of the political participation practices and develop a sort of demonstrator culture. In Cameroon, the Adamawa region has not remained on the side lines. Indeed, it has seen the appearance and the development of new forms of political participation, materialized by the use of memoranda in political habits. These memoranda are mostly made by Mboum, a Kirdi marginal ethnic group who has been deeply subjected by Fulani way back in the early 19th century. Throughout some facts, it appears that the memoranda do not reflect the identity considerations as conveyed by popular imagery. Rather, they are the expression of a significant change in the justiciable political modes of a socio-anthropological analysis. However, an accentuation of memoranda in a multiethnic society like Cameroon requires a legal framework in order to secure the ongoing construction project of the national integration, especially as the sociology of its actors and its contents reveals their influential dimension.
- La légalisation du couple de même sexe - Marie-Noël Capogna p. 187-212