Contenu du sommaire : Dans les plis de la structuration coloniale : ombres et délinquances
Revue | Afrique & histoire : revue internationale |
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Numéro | vol. 7, no 1, 2009 |
Titre du numéro | Dans les plis de la structuration coloniale : ombres et délinquances |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Combats pour l'histoire de l'Afrique - Jean-Pierre Chrétien p. 9-11
Dossier : Dans les plis de la structuration coloniale : ombres et délinquances
- Délinquance et zones équivoques de la structuration coloniale - Danielle de Lame p. 13-24 Discrepancies in normative definitions of delinquency are not specific to colonial situations with the inequalities and the cultural confrontations they involve. We see them happen in European history as well. The imposition of the State goes hand in hand with an invention of delinquency, be it in XIXth century Europe, or in XXth century Africa, as usual behaviour and habits become reprehensible, with repression provoking reactions that can go as far as rebellion. With this similarity in view, we suggest a comparative approach of the construction of States. Such comparisons will, no doubt, benefit European as well as African historiography.
- Entre délinquance et résistance au Congo belge : l'interprétation coloniale du braconnage - Patricia Van Schuylenbergh p. 25-48 La question du braconnage au Congo durant la colonisation belge (1885-1960) présuppose un regard européen, des vues selon lesquelles toute chasse non conforme à des règles édictées dans un contexte historique et social particulier est qualifiée d'illicite et stigmatisée comme acte de braconnage. Cette catégorisation participe de la politique coloniale de gestion des terres et des ressources naturelles, y compris la faune et la végétation sauvages. L'encadrement administratif des espaces et des mouvements, et la catégorisation des actes individuels et collectifs imposent un mode de penser et de vivre. Les populations autochtones se trouvent exclues de lieux assignés à la protection et à la conservation de la faune et de la flore. Les techniques et les périodes autorisées de chasse et pêche sont désormais celles des colonisateurs. L'application de l'appareil européen importé en colonie prévoit aussi la sanction des infractions où figurent les techniques locales de chasse. Les Congolais y figurent comme ravageurs d'un environnement placé sous la garde du pouvoir occidental.La chasse illicite fut-elle acte de résistance ? Nous pouvons plutôt y voir la poursuite d'activités normales au mépris d'un concept occidental imposé d'autorité. L'irréalisme des mesures et les difficultés de contrôle laissèrent une marge d'action à la quête d'aliments et de revenus des Congolais, aussi bien qu'au commerce croissant induit par la colonisation elle-même.The issue of poaching during Belgian colonization period (1885-1960) is envisaged according to a European vision and context. Therefore, any form of hunting that does not conform to European norms and ethics immediately and unequivocally falls into illegality without any historical or social consideration. Hunting laws are deeply entrenched in colonial land and natural resources management, including wildlife.Colonial governance and territories, when grading individual and collective hunting practice, and limiting the movements of natives soon imposed a new way of living and thinking. The indigenous populations were pulled out of areas selected for natural reserves. Throughout the colony, laws established hunting spaces, seasons and methods, and fined unlawful behaviors. Soon, the local Congolese population was seen as the destroyer of the ‘well-governed' environment under colonial power.Therefore should we consider indigenous illicit hunting as an act of resistance? Or was ignorance or open disobedience to the new European order a way to keep up with thousand years of usual indigenous activities? Unrealistic measures and lack of supervision gave the natives some leeway to get more food or better income as well as an increase of the trade induced by colonization itself.
- Punir l'indigène : les infractions spéciales au Ruanda-Urundi (1930-1948) - Anne Cornet p. 49-73 La colonisation belge est souvent qualifiée de ségrégationniste et de paternaliste. L'examen de l'application de la législation spécifique aux populations colonisées du Ruanda-Urundi permet de questionner ces affirmations pendant l'entre-deux-guerres. En effet, les populations des territoires sous mandat de la région des Grands Lacs étaient soumises à une réglementation abondante mais réservée aux autochtones. Celle-ci couvrait de nombreux champs de la vie quotidienne et des relations entre Blancs et Noirs.Les condamnations prononcées contre les Rwandais et les Burundais témoignent d'un projet colonial oscillant entre le souci de protéger des populations considérées comme incapables de s'assumer elles-mêmes et celui de maintenir une distance entre colonisateurs et colonisés. Ces « infractions spéciales », criminalisant des faits nouveaux, ont contribué à mettre l'ordre colonial en place et à instaurer un quadrillage pointilleux des Africains.Belgian colonization has often been told to be segregationist and paternalistic. This statement can be questioned with, in view, the analysis of the enforcement of the specific legislation for the colonized people in Ruanda and Urundi between the two world wars. Indeed, the populations of the mandated territories in the Great Lakes were ruled by extensive regulations that applied to the natives only. They applied to many areas of everyday life and to interracial relations. Sentences against Rwandan and Urundian show a colonial project oscillating between a worry to protect populations considered as unable to take care of themselves, and a worry to maintain a gap between colonizers and colonized. Those “special offences” criminalizing new deeds, contributed to establish a new colonial order and controle the Africans.
- Tropical Cowboys: Westerns, Violence, and Masculinity among the Young Bills of Kinshasa - Ch. Didier Gondola p. 75-98 Cet article explore et révèle le politique au Congo colonial sous un jour nouveau en analysant l'exemple des jeunes bills de Kinshasa, un mouvement associé généralement à la délinquance, au chômage, aux difficultés existentielles d'une population flottante, déracinée, d'origine rurale, et projetée dans le vortex de la vie urbaine. Il est vrai que les jeunes bills, influencés par les films westerns et notamment par la figure emblématique de Buffalo Bill, se reconnaissaient d'abord par leur mobilisation au sein de gangs urbains qui, vers les années 1950, prirent d'assaut les quartiers de la capitale pour y faire régner leur loi. Ces jeunes ont eu recours à plusieurs manifestes, y compris la consommation de chanvre, les constructions argotiques, le refus de toute autorité qu'elle soit parentale ou administrative, le vol et la violence urbaine. Ils ont élaboré une série de réponses politiques à l'encontre du système colonial, réponses qui se sont cristallisées dans leur participation aux émeutes urbaines de janvier 1959, véritable tournant dans la lutte anticoloniale au Congo Belge.This article explores and reveals the politics in the Belgian Congo under a new analysis with the example of the young Bills from Kinshasa, a movement often considered to be delinquent, unemployed, with the existential troubles of an irresolute and rootless population from the rural society, thrown to the vortex of the urban life. The young Bills, influenced by the western movies especially by the figure headed Buffalo Bill, can be first identified by their involvement into street gangs who, in the fifty's, have been attacking areas of the capital to rule them. Those young peoples had their own way of life, as smoking hemp, using slang, refusing parental and administrative authorities, robbing and living in the street violence. They have been elaborating many political answers to the colonial system, that has crystallized with their participation in the street riots of January 1959, a turning point in the fight against colonialism in the Belgian Congo.
- Banditisme et contestation de l'ordre allogène au Nord-Cameroun - Issa Saïbou, Ngoyoum Mangmadi p. 99-118 L'histoire politique du bassin du lac Tchad regorge de figures dont l'audace a traversé le temps. Leur aura, transmise aux générations récentes à travers les traditions orales, particulièrement les chansons, retrace l'action d'hommes virils, intrépides, protecteurs de leur communauté. Dans l'adversité, leur mémoire est ressassée pour exalter les vertus de de l'endurance. violence perpétrés Ceci est à l'encontre l'endoperception, des adversaires un regard de valorisant la communauté. et approbateur Si, historiquement, des actes l'agression à main armée est un mode d'accumulation et une pratique culturelle, il n'en demeure pas moins qu'avec les mutations politiques de la région, l'imposition des hégémonies musulmanes sur les groupes dits païens et l'avènement de la colonisation européenne à la fin du XIXe siècle, le pillage fut criminalisé. Du fait de son impact sur les ressources et la sécurité des personnes, le pillard est désormais qualifié de voleur. Cette appellation est non seulement péjorative, mais encore elle délégitime la fonction politique du vol en tant que mode de résistance. En confrontant la logique des communautés paysannes de la partie septentrionale du Cameroun et la logique des détenteurs de l'autorité traditionnelle et du pouvoir colonial, cet article étudie deux variantes du banditisme social, l'un communautaire, l'autre héroïque. Le caractère social du banditisme des Guiziga de la plaine du Diamaré résulte du recours au vol à main armée à l'encontre des Peuls, comme mode de résistance à leur hégémonie et de répulsion de leur domination. Le vol est alors une forme de guerre asymétrique face à des adversaires mieux équipés et alliés de l'administration coloniale. Au-delà de l'épopée proprement dite, l'exemple de Zigla rend compte de l'engagement d'un leader à défendre et à protéger son peuple aussi bien face aux pouvoirs musulmans locaux que face à l'autorité coloniale allemande. Certes, Zigla a fait carrière dans les razzias et les pillages, mais il n'était pas plus bandit que les chefs des royaumes et principautés musulmanes qui, eux aussi, organisaient des expéditions à l'encontre des Mousgoum et d'autres peuples pour collecter le butin. Cet article tente de réhabiliter la figure historique que fut Zigla, sans sublimer ses actes mais en les insérant dans les modes parallèles de résistance à l'influence étrangère.The History of Chad Lake is full with head figures who are reminded for their daring and their temerity. Their aura, conveyed to the new generations through oral traditions, especially songs, relates the action of virile and intrepid men, protectors of their community. In adversity, their memory is used to exalt the virtues of endurance. This is the “endoperception”, a look that is approving violence against the enemies of the community. If armed robbery can be considered in historical view as a way of accumulation and a cultural practice, pillage is being criminalized along with political mutations in the area (hegemony of the Muslims on the populations who are told to be pagan, and the advent of the European colonization at the end of the 19th century). Given their impact on people's resources and security, pillagers are described as robbers. This label is not only pejorative, but also devoids this act of robbery of every political significance as an act of resistance. Comparing the logic of the Cameroon nothern rural communities to the logic of the keepers of the traditional authority and the colonial power, this article considers two ways of social crime, the one being community oriented and the other heroic. The social dimension of the Guiziga crime from the plain of Diamare comes from the use of armed violence against the Peuls, as a way of resistance against their hegemony and the repulsion of their domination. Robbery, there, is a sort of asymmetrical war against enemies better equipped and allied to the colonial administration. Beyond the epic, the example of Zigla shows the involvement of a leader defending and protecting his people not only against the Muslim local powers but also against the German colonial authoriy. Of course, Zigla made his own way in the raids and pillages, but he was not more a gangster than the chiefs of the Muslim kingdoms or principalities organizing raids against some Mousgoums and other peoples for bounty. This article intends to restore the historical figure that Zigla has been, without any sublimation of his acts, but inserting them in the parallel ways of resistance against foreign influence.
- L'état et l'invention des délinquances : Europe-Afrique, réflexions comparatives - Christian Thibon p. 119-129 Les questions relatives aux conflits de normes dans la définition de la délinquance ne sont pas uniquement liées aux rapports inégaux et aux confrontations culturelles impliqués par la domination coloniale. On les retrouve dans l'historiographie de l'Europe contemporaine : ainsi, les processus d'étatisation, en œuvre tant en Europe au XIXe siècle qu'en Afrique au XXe siècle, s'accompagnent d'une invention de la délinquance – des usages et des pratiques deviennent de ce fait répréhensibles – et de réactions – des comportements sociaux pouvant aller jusqu'à la dissidence. Cette mise en parallèle, dévoilant une problématique mitoyenne, autorise une démarche comparative dont l'ambition est de réfléchir sur les dynamiques d'étatisation : l'histoire de l'Afrique, comme celle de l'Europe, a tout à gagner de cette confrontation, de ce va-et-vient, qui permet de définir points communs et singularités.Defining delinquency in a pluralistic normative context does not occur only under the unequal auspices of colonial domination. Normative pluralism is also observed in the historiography of contemporary Europe. The expansion of State domination in XIXth century Europe, as well as in XXth century Africa, proceeds hand in hand with an invention of delinquency, a stigmatisation of habits and customs that have become reprehensible, and social reactions that can go as far as scission or rebellion. These similarities invite us to a comparative reflection about the dynamics of State expansion.
- Délinquance et zones équivoques de la structuration coloniale - Danielle de Lame p. 13-24
Varia
- Quand le Niger aidait la France Le parrainage de Rosières-en-Santerre par la colonie du Niger (1942-1952) - Vincent Bonnecase p. 131-152 De 1942 à 1952, la petite ville picarde de Rosières-en-Santerre, sinistrée par la guerre, reçoit une aide financière et en nature provenant de la colonie du Niger. Cette aide, financée sur fonds colonial et par des collectes privées, vise à permettre la reconstruction de la ville française et l'allocation de secours à ses pauvres. Tout en s'inscrivantdans un rapport colonial classique, cet épisode de micro-histoire est révélateurdes représentations officielles de l'aide publique et caritative qui peuvent se construire entre une métropole européenne et une colonie africaine dans les années 1940.From 1942 till 1952, the French town of Rosières-en-Santerre received a financial and food aid from the colony of Niger for being destroyed during the war. This aid, which was both public and private, aimed at supporting the reconstruction of the town and at supporting its poors. While joining a classic colonial relationship, this episode of micro-history is indicative of official representations of aid-link that could exist between a European country and its African colony in the 1940s.
- Les fuqahâ' du prince et le prince des fuqahâ' : Discours politique des hommes de religion au pays maure (Mauritanie, XVIIe-XIXe siècles) - Rahal Boubrik p. 153-172 Cet article analyse l'action et le discours des hommes de religion entre le XVIIe et le XIXe siècle au pays maure (Ouest saharien) et ce notamment à partir du discours politique des clercs maures. Durant cette période, les ulémas maures ont en effet produit un discours politique portant sur la personne de l'émir et prenant en compte les particularités de la société maure ainsi que le statut du faqîh dans cette société, à savoir porte-parole d'un groupe statutaire religieux – zwâya.This article provides an analysis of religious men actions and speeches from the 17th century until the end of the 19th century in the Moorish country (western Sahara). The focus is made on Moorish clerks political discourses. Indeed, during this period, the Moorish ulemas held forth on the emir's figure – politically speaking –, considering the Moorish society's particularities and the faqîh status in this society, a religious group – zwâya – spokesman.
- Le « plan de Dieu » pour le Ghana : une « Église en héritage » - Sandra Fancello p. 173-198 Le moment historique que constitue la « rencontre missionnaire » sur le continent africain s'est traduit, notamment, par la formation d'Églises indépendantes devenues le creuset des identités chrétiennes africaines. La Church of Pentecost, fondée au Ghana par un missionnaire écossais dans les années 1950, s'est dotée d'une mission historique qui fait du Ghana une « nation missionnaire » au même titre que le Nigeria pour les pentecôtistes Yoruba. L'affirmation d'une identité ethno-nationale, politique et religieuse suscite depuis peu un intérêt rétrospectif pour l'histoire légendaire de la naissance de l'Église et sa commémoration. Le mythe fondateur des commencements s'efforce de gérer les contradictions d'un pentecôtisme « en noir et blanc » qui se pense à la fois « indigène » et transnational.The missionary encounter with the African continent has given rise to African churches creating African identities, especially within Pentecostalism. The Church of Pentecost, founded in Ghana by a Scottish missionary during the 1950s, has assumed an historical mission which makes Ghana a “missionary nation”, just as Nigeria is for Yoruba Pentecostals. The creation of an Akan Christian identity in Ghana is similar to “Ivoirity” – in both cases we are dealing with a political and religious ethno-national identity. Clarifying this missionary encounter is necessary, given the confused and mythical origins of this African church which is both indigenous and transnational.
- Généalogie, éducation, et baraka (grâce divine) dans la famille Mbakke : une exploration de quelques sources de l'autorité spirituelle d'Amadu Bamba - Cheikh Anta Mbacké Babou p. 199-234 Cet article est une exploration de l'héritage historique d'Amadu Bamba Mbakke,le fondateur de la mouridiyya au Sénégal. La recherche postule que durant les séjours dans le Jolof, le Bawol et le Kajoor, la famille Mbakke était guidée par une volonté consciente de se construire une légitimité d'hommes de religion et de sagesse dansla tradition Wolof des doomi sokhna. L'examen des traditions généalogiques et intellectuelles de la famille dévoile une stratégie, consciemment élaborée, au moins depuis le temps de Maraam, l'ancêtre fondateur du village de Mbakke Bawol, pour la réalisation de cette aspiration. Cette stratégie reposait sur deux démarches : d'abord l'accumulation d'un savoir religieux par la fréquentation d'enseignants et d'écoles à la réputation établie, ensuite l'investissement du capital culturel et symbolique conféré par le savoir acquis dans la contraction de relations matrimoniales avec les familles maraboutiques les plus prestigieuses du Kajoor et du Bawol. Le but ultime était l'acquisition d'une autorité religieuse et la construction d'une tradition familiale qui trouve sa source à la fois dans la culture islamique intrinsèque des Mbakke, mais également dans la capture d'importants flux de baraka.This article is a reconstruction of the historical heritage of Amadu Bamba, the founder of the Muridiyya in Senegal. It argues that during their peregrinations across the Wolof states from the 17th to the 19th centuries, the Mbakke were guided by a single purpose, the accumulation of the credentials of scholarship, wisdom, and baraka, that would earn them a legitimate place among the prominent families of Muslim learned men or doomi sokhna in the Wolof states. An examination of the family's genealogical and intellectual trajectories reveals a strategy consciously elaborated to this end, at least, since Maaram, Amadu Bamba's great grandfather. This strategy consisted of two things: first, the acquisition of religious knowledge by frequenting the most renowned schools and teachers in the Wolof and Fulbe countries and second, the investment of the social, cultural and symbolic capital conferred by this knowledge to marry into prestigious Muslim families. The ultimate goal was to acquire religious authority and prestige through learning and by tapping recognized sources of baraka.
- Savage Frenchmen: Masculinity and the Timber Industry in Colonial Gabon, ca. 1920-1960 - Jeremy Rich p. 235-264 Entre 1920 et 1960, les forestiers français au Gabon étaient très renommés à cause de leur façon impétueuse de vivre et leur soi-disante haine des manières bourgeoises. Des écrivains colons et des visiteurs de la colonie célébraient la conduite rude et la vie aventureuse de forestier. Les forestiers blancs se présentaient comme les meilleurs amis des Gabonais, surtout en comparaison de l'administration française. Ce mythe du Français primitif au Gabon devenait populaire durant les années vingt, et le Gabon était un sanctuaire des fantaisies d'une autorité masculine et indiscutable après la Première Guerre mondiale. L'attrait des forestiers est devenu plus fort après la Deuxième Guerre mondiale et les guerres anti-colonialistes durant les années cinquante. Bien qu'on louait les forestiers pour leur individualité et leur affection pour les Gabonais, en réalité ils comptaient sur l'administration française et la technologie pour que durent leur succès et leur pouvoir de commandement sur les ouvriers gabonais. Néanmoins, les fantaisies des forestiers blancs ont été employées par les forestiers, des ethnologues, et des dirigeants politiques gabonais comme les preuves d'une relation heureuse et amicale entre la France et le Gabon des années cinquante jusqu'à aujourd'hui.In the last forty years of colonial Gabon, Frenchmen in the timber industry became famous for their wild life style and their supposed hatred of bourgeois social conventions. Their rude behavior was celebrated in novels by settlers and by visitors to the colony. Timber men claimed to be on better terms with Gabonese than officials. This myth of the French primitive grew popular in the 1920s, as Gabon became a haven for fantasies of unquestioned masculine authority after the disaster of World War I. World War II and anti-colonial wars made the appeal of heroic timber men stronger. Even though timber men were praised for their individuality and close ties to Africans, in reality they relied on the authority of the colonial government and modern technology to make a living. Yet officials, anthropologists, and even Gabonese politicians all used images of timber men to praise close and friendly ties between France and Gabon from the 1950s to the present.
- Les azulejos de l'église Notre-Dame de Nazareth à Luanda : Figures de la bataille d'Ambuila (Mbwila, 1665) - Michal Tymowski p. 265-278
- Quand le Niger aidait la France Le parrainage de Rosières-en-Santerre par la colonie du Niger (1942-1952) - Vincent Bonnecase p. 131-152
Atelier : Autour des Archives nationales d'outre-mer
- Le Centre des archives d'outre-mer (caom) n'est plus, vive les Archives nationales d'outre-mer (anom) ! - p. 281-282
- Les sources de l'histoire coloniale antérieures à 1815 : le dépôt des papiers publics des colonies et le dépôt des fortifications des colonies : premiers fonds de l'institution coloniale française - Vincent Bouat p. 283-289
- Le CAOM : un centre d'archives partagées ? - Ousmane Mbaye p. 291-299
- Les archives de l'AEF - Jean-Pierre Bat p. 301-311
- Politique d'ouverture des fonds coloniaux - Martine Cornède p. 313-320
Questions
- Post-scriptum aux souvenirs des années 1960-1980 de Catherine Coquery-Vidrovitch - Daniel Rivet p. 321-330
- Du corps humain comme marchandise : Mythe primitiviste et harcèlement photographique dans la vallée de l'Omo, Éthiopie - Serge Tornay p. 331-342 Starting from the publication, before Christmas 2006, of arrogantly advertised picture books dedicated to the painted bodies of Surma men, women and children, the author discloses, from the recent scientific history in the Lower Omo Valley, Sout-West Ethiopia, the reasons behind the commercial success of such catalogues. The discovery of prehistoric human fossils and the study of little known contemporary « tribes » led explorers, photographers and tourism managers to create an attractive mythology : being one of the « craddles of mankind » that remote part of Ethiopia has supposedly preserved to this day its human populations in a condition of primeval innocence, the « state of nature ». The Horn of Africa by C. Beckwith and A. Fischer, published both in English and in French in 1990, was a important landmark in the fabrication of that mythology. In France, Alain Chenevière pioneered the myth since the mid eighties and developed it in general public magazines. The Omo populations are the descendants of Lucy – the famous pre-human fossil which was discovered not in the Lower Omo but in the opposite corner of Ethiopia, the Afar country. Kara men are the giants alluded to in the Bible, and Hamar women, as their beauty demonstrates, are the daughters of the Queen of Sheba. Thus it is not surprising that the area is attracting crowds of visitors, among whom celebrated photographers, in search « of the origins of mankind ». Concerning the picture books, the author demonstrates that the innocent spontaneity of the Surma painting their bodies is a strategy for eating the bread of affliction, nothing to compare with the profits of the photographers and their publishers. Thus an alleged artistic activity is analysed as an lawless merchandising of the body images of people not prepared to take any advantage from the intrusion of such predatory vanguards of a globalizing world.