Contenu du sommaire : Différences et inégalités socio-démographiques : approche par le local

Revue Espace Populations Sociétés Mir@bel
Numéro no 1, 2009
Titre du numéro Différences et inégalités socio-démographiques : approche par le local
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Thierry Eggerickx p. 3-6 accès libre
  • Différences et inégalités socio-démographiques : approche par le local

    • Une lecture des inégalités et des différenciations de développement local à travers quatre figures de territoires - Yannick Sencébé p. 17-27 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En France, les espaces ruraux et périurbains ont connu un regain démographique important depuis les années 1980 alors même que les lois de décentralisation contribuaient à les libérer de la tutelle d'un État longtemps tout puissant dans l'aménagement de « son » territoire. Loin d'alimenter la thèse d'une renaissance rurale et d'un développement local plus autonome, cet article, qui s'appuie sur de nombreuses recherches et terrains, vise à montrer le renforcement des inégalités sociales dans les choix de mobilité et d'ancrage, d'une part, et des inégalités territoriales sur le marché de l'attractivité, d'autre part. Quatre figures de territoires synthétisent, de manière idéale-typique, la manière dont s'articulent localement des dynamiques sociodémographiques et migratoires, des relations sociales et des fonctionnements politico-institutionnels en orientant le développement dans le sens du repli protecteur qui confine à la dévitalisation, de la sélection sociale parée des atours de la durabilité, de la recherche de mixité, ou bien encore de l'ouverture compétitive.
      This sociological analysis proposes a reading of the territorial dynamics by underlining the differentiation of the orientations and the levels of development concerning diverse rural and suburban areas. The contest of this research is decentralization and greater territorial competition in France. By leaning on some general reports and on the results of own inquiries, four typifies of territory are proposed : the fortress of the emptiness, the selective club, the alternative territory and the territory of the marketing.
    • La périurbanisation renforce-t-elle la ségrégation résidentielle urbaine en France1 ? - Sylvie Charlot, Mohamed Hilal, Bertrand Schmitt p. 29-44 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif de ce papier est d'examiner le rôle de la périurbanisation dans le renforcement des disparités socio-spatiales au sein des agglomérations françaises. La littérature récente mettant en parallèle les phénomènes de périurbanisation et de ségrégation étaie l'hypothèse selon laquelle le mouvement de périurbanisation pourrait être une source importante de ségrégation. Nous construisons, sur la base des profils socioprofessionnels, un indicateur de disparités sociales qui permet d'identifier ces disparités au sein des aires urbaines en distinguant pôles urbains et couronnes périurbaines. L'analyse de l'évolution de cet indicateur entre les recensements de 1990 et 1999 permet d'observer la grande dispersion des degrés de ségrégation entre les agglomérations françaises. On observe également un fort lien entre la taille de l'agglomération et l'accroissement de la ségrégation dans la plupart des cas. On montre ensuite que, bien que les flux de périurbanisation pèsent peu au regard des migrations internes aux pôles urbains et qu'ils ne se différencient que légèrement selon les catégories sociales, l'intensité de la périurbanisation des cadres et des professions intermédiaires explique le degré de ségrégation sociale observé dans les agglomérations urbaines françaises. En revanche et bien que largement majoritaires, les mobilités résidentielles qui restent à l'intérieur des pôles urbains ne provoquent pas le tri social interne aux pôles urbains que l'on aurait pu attendre. Quand il a lieu, ce tri s'effectue donc principalement par extraction des pôles urbains des catégories sociales moyennes et supérieures.
      This paper aims at assessing the effects of urban sprawl (urban spread or periurbanization) on socio-spatial inequalities within French cities. The recent literature linking urban spread and segregation highlights that the former may be an important source of the latter. We built a social inequality index that allows us to identify these inequalities within urban agglomerations, by distinguishing cities and their peripheries. This index is calculated for national censuses in both 1990 and 1999. We first note the large deviation of this segregation index among French agglomerations. We also observe a strong correlation between the agglomeration size and the increase of the segregation level. We then show that, despite the weakness of urban sprawl flows comparing to internal migrations within the centre, the urban spread of managers, professionals, technicians and associate professionals explains the degree of segregation observed in French cities either in 1999 or 1990. The residential migrations within the cities do not lead to a social sorting in these cities, as one could imagine since they represent the main flow of residential migrations. When it occurs, this sorting is mainly due to the leaving of the middle and upper classes from the city centre
    • L'impact des migrations sur les compositions par âge des populations locales : typologie cantonale pour une analyse rétrospective et prospective - Christophe Bergouignan p. 45-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Littéralement « sculptées » par les mobilités résidentielles, les compositions par âge des populations locales présentent des profils très spécifiques. L'impact des flux migratoires sur les pyramides des âges des 3686 cantons de France métropolitaine se résume en 4 grandes familles résultant des 4 facteurs dominants de mobilité résidentielle intra-métropolitaine (études supérieures, emploi des diplômés, constitution de la famille et sortie d'activité). En prenant en compte l'influence des migrations de façon plus approfondie on aboutit à 15 types de cantons allant des archétypes correspondant aux 4 grandes familles d'effet de la mobilité résidentielle sur les structures à leurs variants intermédiaires. Le recours à une méthode de projection intégrant les interactions migratoires entre les territoires montre que la poursuite des comportements de mobilité résidentielle les plus récents, dans un contexte européen d'accélération du vieillissement, conduirait à renforcer les différences territoriales de composition par âge. Une discussion prospective tente d'évaluer le rôle que des facteurs de rupture qualitatifs (technologiques, énergétiques, sociétaux et économiques) pourraient avoir sur la modification de ces flux migratoires internes.
      Strongly affected by residential mobility, local age structures have a well defined profile. The effects of migration on age structures of the 3,686 French cantonal-districts can be summarized in 4 great clusters reflecting the 4 main factors of residential mobility (higher education, post-graduate employment, family process, end of working life). An in-depth analysis of the influence of migrations leads to defining 15 clusters, from the most characterised to the medium types. A projection method taking into account all migration flows between local territories shows that, in an European context of faster ageing, carrying on with recent migration behaviours would lead to an increase of the spatial heterogeneity of age structures. A prospective discussion tries to evaluate the role of qualitative factors (technological, energy-related, social and economic) on future internal migration flows. age structure, local populations, residential mobility, internal migrations, population projections
    • Sélectivité migratoire des populations selon leur âge et concentrations socio-spatiales - Aurélien Dasre, Claire Kersuzan, Mélanie Caillot, Christophe Bergouignan p. 67-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Associés aux destins sociaux, les facteurs à l'origine des migrations internes influant sur les pyramides locales des âges, participent à la constitution des concentrations socio-spatiales. Il existe donc de ce fait une relation entre la sélection migratoire des populations selon leur âge et la répartition spatiale des différentes catégories sociales. Les mobilités résidentielles des jeunes adultes liées aux études supérieures puis à l'insertion professionnelle des diplômés sont, sur ce plan, les plus déterminantes. Les migrations associées à la constitution de la famille ont un effet plus modeste sur les concentrations socio-spatiales, sauf dans la petite portion de l'espace périurbain dont le parc de logements est le plus spécialisé et composé presque exclusivement de maisons individuelles habitées par leurs propriétaires. La répartition territoriale des différentes catégories sociales résultant de ces flux migratoires internes est modulée par le chômage, notamment féminin, pour conduire à d'importantes inégalités spatiales de revenu. Les facteurs de la sélection migratoire des populations selon leur âge n'expliquent néanmoins pas la totalité des concentrations socio-spatiales. En effet, les territoires dont la structure par âge est la moins déformée par les migrations se caractérisent par une surreprésentation de l'habitat social, qui en milieu urbain, est à l'origine de certaines formes de concentrations socio-spatiale.
      Linked to social prospects, the factors of internal migrations modifying local age structures have an important impact on socio-spatial concentrations. There is a strong link between age selection by migrations and socio-spatial concentrations. Student migrations and post-graduate employment are the most effective in this matter. Migrations associated with family process have a lower effect on socio-spatial concentrations, except on a small part of urban peripheries where housing is only composed of individual houses occupied by their owners. The spatial distribution of social groups resulting from these internal migration flows, also influenced by unemployment, particularly that of women, leads to a high spatial inequality of households income.. . The factors of age selection by migrations do not entirely account for socio-spatial concentrations. In fact, districts where age structure is the less modified by migrations have a high percentage of social housing, which is associated with other forms of socio-spatial concentrations in urban areas.
    • Immigration et intégration : trajectoires résidentielles (inter)nationales et dynamiques ségrégatives locales au Luxembourg1 - Sébastien Lord, Philippe Gerber p. 85-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour des petits États comme le Luxembourg, croissance économique et stabilité démographique reposent sur l'immigration. Cet apport de populations est cependant marqué par une migration fortement contrastée : hautement qualifiée et moins qualifiée. De manière pratique, les migrants doivent intégrer le marché du logement. Dans ce contexte d'intégration, le marché immobilier luxembourgeois est caractérisé par des prix élevés à la fois pour l'achat ou la location d'un logement. La propriété d'une maison familiale se révèle par ailleurs être un « modèle résidentiel dominant ». Alors, quelle est la position des migrants par rapport aux Nationaux sur le marché du logement ? Est-ce que l'intégration résidentielle est possible et souhaitée par les migrants selon leur qualification et leur origine ? Pour étudier ces questions, deux approches sont utilisées : 1) des indices de ségrégation résidentielle ; 2) des portraits descriptifs de la mobilité résidentielle des ménages. Les données analysées proviennent de l'enquête longitudinale du panel européen des ménages résidant au Luxembourg (PSELL2, 1994-2002) ainsi que des recensements nationaux luxembourgeois (STATEC, 1991, 2001). Les résultats montrent que l'accès à la propriété est plus facile pour les étrangers hautement qualifiés ainsi que pour les Luxembourgeois, que ceux-ci soient plus ou moins qualifiés. Les ménages moins qualifiés, en particulier les étrangers, rencontrent plus de difficultés d'intégration. Toutefois, les programmes de support en logement leur facilitent l'accès, tout en les dirigeant vers le modèle résidentiel dominant. La mobilité observée dans le système résidentiel, ainsi que sur le territoire, suggère différentes aspirations et stratégies d'intégration entre les catégories de migrants. Si ces trajectoires résidentielles mènent vers l'intégration, elles suggèrent également une ségrégation résidentielle douce et dictée par le haut de l'échelle socio-économique.
      For small states like Luxembourg, the stability and economic growth depend on migration. This contribution of new populations is, however, a strongly contrasted migration : highly qualified and less qualified workers. In a pragmatic perspective, migrants need to integrate the housing market. In this context of integration, the housing market in Luxembourg is characterized by high prices for either the purchase or the rental of a dwelling. The property of a single-family house is also being a “dominant residential model”. So what is the positioning of migrants compared to the nationals in the Luxembourg housing market ? Is the residential integration is possible and desired by migrants according to their qualification level and their country of origin ? To study these questions, two approaches are used : 1) residential segregation indices, 2) descriptive portraits of households' residential mobility. The data analyzed come from the longitudinal European Community Household Panel (ECHP) for Luxembourg (PSELL2, 1994-2002) and the Luxembourg national census (STATEC, 1991, 2001). The results show that house ownership access is easier for highly qualified foreigners as well as the Nationals independently of their qualification level. This being said, less qualified households, especially foreigners, are facing more difficulties for integration. The government housing support programs facilitate access for less qualified households to the housing market. However, the same housing programs conduct them to the “dominant residential model”. The observed mobility in the housing market, as well as on the territory, suggests different aspirations and strategies of integration for specific migrant categories. If these residential trajectories lead to integration, they also suggest slow residential segregation dynamics which are connected to the top of the socio-economic scale.
    • L'émergence du sentiment d'insécurité en quartiers défavorisés - Jean-Louis Pan Ké Shon p. 105-117 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En France, les espaces ruraux et périurbains ont connu un regain démographique important depuis les années 1980 alors même que les lois de décentralisation contribuaient à les libérer de la tutelle d'un État longtemps tout puissant dans l'aménagement de « son » territoire. Loin d'alimenter la thèse d'une renaissance rurale et d'un développement local plus autonome, cet article, qui s'appuie sur de nombreuses recherches et terrains, vise à montrer le renforcement des inégalités sociales dans les choix de mobilité et d'ancrage, d'une part, et des inégalités territoriales sur le marché de l'attractivité, d'autre part. Quatre figures de territoires synthétisent, de manière idéale-typique, la manière dont s'articulent localement des dynamiques sociodémographiques et migratoires, des relations sociales et des fonctionnements politico-institutionnels en orientant le développement dans le sens du repli protecteur qui confine à la dévitalisation, de la sélection sociale parée des atours de la durabilité, de la recherche de mixité, ou bien encore de l'ouverture compétitive.
      In many disadvantaged neighbourhoods, inhabited by both socially deprived populations and by immigrants, the sense of insecurity is particularly strong. The aim of this article is to determine the origin of this sense of insecurity by dissociating the crossing of a hypothetical foreigner "tolerance threshold" from the simple concentration of poverty. In other words, is the problem a social issue or a race issue, in the knowledge that immigrants frequently combine both of these aspects ? The answer to this question shapes the choice of solutions adopted by the public authorities and the various local social actors. As poor neighbourhoods are socially heterogeneous, the degree of social disadvantage is captured here by the unemployment rate. We find that high unemployment has a negative impact on inhabitants' attitudes towards their neighbourhood. To explore the sense of insecurity in disadvantaged neighbourhoods, an initial methodological problem must first be resolved : that of not influencing the responses of persons naturally inclined to complain about insecurity.
    • Effets de lieu et processus de disqualification sociale - Catherine Sélimanovski p. 119-133 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La problématique des effets de lieu n'est pas exactement synonyme d'un questionnement large sur la part explicative de l'espace. C'est une problématique inscrite aux échelles fines du niveau local qui reflète toute la complexité et toutes les tensions qui produisent les lieux. Elle démontre sa valeur heuristique dans le champ d'une géographie de la pauvreté, dont le projet est de saisir les interactions entre la position dominée des populations et des personnes en situation de pauvreté dans la société française et leur position dans l'espace. Partant de l'hypothèse que les effets de lieu sont un facteur aggravant du poids de cette domination sociale, l'article est structuré en trois parties. La première partie montre en quoi la problématique des effets de lieu se distingue d'une simple contextualisation-situation de la recherche et en quoi la transposition de la problématique des effets de lieu posée par Pierre Bourdieu dans La misère du monde (1993) est féconde pour avancer dans la compréhension du processus de disqualification sociale. La deuxième et la troisième partie précisent en quoi ce cadre conceptuel pertinent peut être nuancé et dépassé par les résultats empiriques tirés du cas d'étude de Strasbourg et du Bas-Rhin.
      The question of the effects of place is not exactly synonymous with the broader question of the role of society in space. It is a question inscribed on various points/scales of the local level which reflects all the complexity and all the tensions which produce places. The question of the effects of place demonstrates its heuristic value in the field of geography of poverty, and as a goal of understanding the interactions between socially dominated populations who are those living in poverty in France, and their position in space. Proposing the hypothesis that the effects of place are an aggravating factor in the weight of this social domination, this article is structured in three parts. The first part shows that the question of the effects of place distinguishes itself from a simple contextualisation-localization type of research, and uses the question of the effects of place put forth by Pierre Bourdieu in La misère du monde (1993) to advance the understanding of the process of social disqualification. While the second and third parts clarifie how Bourdieu's theory, while significant, can be further qualified and expanded with the empirical results gathered from case studies in Strasbourg and the Bas-Rhin.
    • La dynamique sociale des quartiers urbains : essai méthodologique - Paul Villeneuve, Mathieu Pelletier, Marius Thériault p. 135-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'écologie factorielle nous a beaucoup appris sur les grands traits de l'organisation de l'espace social des villes, mais peu sur ses dynamiques de changement. Cette lacune dépendrait, entre autres, de son incapacité à prendre en compte la structure sociale interne des quartiers urbains. Pourtant dans plusieurs pays, les recensements, qui constituent la principale source de données utilisée en écologie factorielle, publient des venti­lations assez détaillées des caractéristiques des résidents des quartiers pour permettre d'explorer certains aspects de la dynamique sociale de ceux-ci, dont la diversité, les inégalités et la mobilité, D'autres dimensions clés, comme la conflictualité, peuvent par ailleurs être documentées à partir d'autres sources. Ici, nous caractérisons d'abord chacune de ces dimensions pour ensuite évaluer l'influence sur elles de la localisation des quartiers au sein de l'espace résidentiel. Ensuite, une analyse des liens entre la mobilité résidentielle et l'asymétrie des revenus au sein des quartiers suggère que la mobilité fait diminuer l'asymétrie, accréditant la thèse de l'autosélection : qui se ressemble s'assemble. En somme, il apparaît que les données tirées des recensements permettent d'éclairer des aspects importants de la dynamique sociale des quartiers urbains, d'autant plus que l'accès à ces données connaît de réels progrès.
      Factorial ecologies have thought us a great deal about the basic architecture of urban social space, but rather little about its dynamics. This weakness partly depended on its incapacity to consider the complexities of the internal social structure of neighbour­hoods although, in a number of countries, censuses, which were the main data source for factorial ecologies, publish detailed categorizations of numerous characteristics of neighbourhoods' residents. It is for instance possible to explore the social thickness of neighbourhoods by analyzing the linkages between such dimensions as social diversity, economic inequality, residential mobility and conflict activity. More specifically, an analysis suggests that residential mobility contributes to the reduction of the asymetry of income inside neighbourhoods, thus supporting the idea that individuals self-select in particular environments thereby homogenizing these. All in all, it appears that census data may help considerably to shed light on the social dynamics of urban neighbour­hoods and, fortunately, access to these data is improving in a number of countries.
    • De la persistance des inégalités socio-spatiales de santé : le cas belge - Patrick Deboosere, Pénélope Fiszman p. 149-158 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif de l'article est d'explorer les disparités spatiales de santé, dans un pays développé jusqu'au niveau local. L'analyse se base sur des données exhaustives sur la santé de la population belge, issues de l'enquête socio-économique de 2001. Les analyses cartographiques montrent que de fortes inégalités socio-spatiales de santé subsistent en Belgique : les régions, les communes et les quartiers les plus défavorisés économiquement sont ceux où l'état de santé est le moins bon, du niveau global au niveau le plus local. L'utilisation d'échelles d'analyse différentes montre comment l'analyse au niveau local peut aider à l'interprétation de ces disparités. Cette étude illustre aussi que la simple question sur la santé subjective fournit un indicateur très intéressant pour l'analyse des inégalités de santé. Nous soutenons l'inclusion de cette question simple dans davantage d'enquêtes ou de recensements futurs.
      The aim of this article is to explore spatial inequalities in health in small geographical areas in a developed country. The analysis is based on a comprehensive dataset of self-reported health of the Belgian population in the 2001 census. The cartographical analysis illustrates that important socio-spatial inequalities in health still subsist in Belgium: the regions, municipalities and neighbourhoods have a health status narrowly related to the socio-economic status of the population in the considered area. Information of small areas is very helpful to break-up and understand regional disparities in health. The simple question on self-assessed health allows for the analysis of population health in small areas. The standard WHO question on self-assessed health should be more systematically included in censuses and large surveys.
    • Disparités spatiales de mortalité infanto-juvénile à Ouagadougou : niveaux, tendances et « facteurs explicatifs » - Bassiahi Abdramane Soura p. 159-174 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que de nombreuses études ont été réalisées sur la mortalité des enfants dans le monde en développement, très peu se sont intéressées à ses inégalités spatiales. Et même lorsqu'il existe des travaux sur ce sujet, ces derniers comparent plus les régions à l'intérieur d'un pays que les quartiers au sein d'une ville. En s'intéressant à Ouagadougou (capitale du Burkina Faso), cet article vise à analyser les niveaux et les tendances des inégalités spatiales de mortalité infanto-juvénile à partir des recensements burkinabè de 1985 et de 1996. Une tentative d'explication de ces différences de mortalité est également menée. Elle combine méthodes statistiques et connaissance du contexte. Les résultats obtenus montrent une physionomie relativement dichotomique de la mortalité au milieu des années 80, les secteurs périphériques de la ville ayant les mortalités les plus élevées. À cette date, les différences spatiales de mortalité étaient associées à la densité des quartiers ainsi qu'au profil social des habitants : les secteurs de la périphérie étaient par exemple très peu instruits avec une mortalité plus élevée. En 1996 par contre, l'opposition centre/périphérie a disparu pour faire place à une distribution hétérogène de la mortalité. La mixité sociale au sein des secteurs, devenue certainement plus importante à cette époque, n'a pas favorisé l'apparition de lien statistique entre les caractéristiques communautaires et les inégalités spatiales de mortalité. Les changements de mortalité observés sur la période étudiée sont essentiellement dus aux changements dans le niveau d'instruction des femmes dans certains quartiers, à l'évolution de la proportion de femmes nées à Ouagadougou, à l'amélioration de l'hygiène collective et enfin à l'arrivée de services sociaux essentiels comme l'eau potable et l'électricité, en particulier dans les quartiers périphériques qui se densifient.
      While many studies have been conducted on child mortality in the developing world, few have investigated its spatial inequalities. Even when there is works on this subject, they tend to compare regions within a country rather than neighbourhoods within a city. Focusing in Ouagadougou (capital of Burkina Faso), this study aims to analyze the levels and trends in spatial inequalities of child mortality, using the Burkina Faso 1985 and 1996 censuses. We try to explain differences in mortality using statistical methods and contextual information. The results show centre/periphery differences in mortality in the mid 1980s, outlying areas of the city having the highest mortality levels. At that time, the spatial differences in mortality were related to the population density in neighbourhoods and the socio-economic status of the inhabitants : for example, residents of outlying areas were very poorly educated with higher mortality. In 1996 on the other hand, the centre/periphery differences disappeared, making way for heterogeneous mortality distribution. The social mix within sectors, which was certainly more marked in 1996 made it impossible to establish statistical relationships between community characteristics and spatial inequalities in mortality. The changes observed in mortality over the period studied were mainly due to changes in the educational attainment of women in some areas, changes in the proportion of women born in Ouagadougou, improvements in community hygiene, and the provision of essential social services like water and electricity, especially in outlying areas that are becoming denser.
    • Le système de soins français à l'épreuve de l'outre-mer : des inégalités en Guyane - Estelle Carde p. 175-189 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Guyane, le système de soins doit composer avec les caractéristiques naturelles et sociales d'un département français situé en terre sud-américaine. Les difficultés d'accès aux soins qui résultent de cette configuration particulière affectent tout particulièrement, parmi les habitants de la Guyane, ceux de l'Intérieur du département et les plus précaires. Or en raison de logiques sociales historiquement construites, la plupart de ces habitants sont issus des minorités ethniques et/ou sont étrangers. Les inégalités territoriales et socio-économiques dans l'accès aux soins sont donc également des inégalités selon l'origine. Après les avoir présentées, cet article envisage le jeu qu'induisent, sur elles, les relations qui unissent les différentes communautés vivant en Guyane. Sont finalement identifiables des discriminations à raison de l'origine, directes et indirectes, contribuant à la production des inégalités dans l'accès aux soins en Guyane.
      In French Guyana, the health care system must deal with the natural and social characteristics of a French department set on a South American ground. The health care difficulties that result from this specific picture mostly concern, among the inhabitants of French Guyana, those who live in the Inside of the department and the poorest ones. And because of historically set social logics, most of these inhabitants belong to minorities and/or are foreigners. Territorial and socio-economical inequalities in health care access are then also origin based inequalities. After presenting them, this article considers the influence that the inter communities relations have upon these inequalities. Are finally identifiable some based upon origin discriminations, both indirect and direct, contributing to the production of inequalities in health care access in French Guyana.