Contenu du sommaire : Populations et territoires du Brésil
Revue | Espace Populations Sociétés |
---|---|
Numéro | no 2-3, 2014 |
Titre du numéro | Populations et territoires du Brésil |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Populations et territoires du Brésil - Frédéric Dumont, Marie-Françoise Fleury, Wilson Fusco, Cássio Maldonado Turra
Articles
- Les populations du Brésil, disparités et dynamiques - Hervé Théry La population du Brésil est très inégalement répartie, en raison d'une croissance rapide qui a bénéficié principalement aux villes littorales. Des origines ethniques différenciées dessinent des ensembles où domine telle ou telle couleur de peau et ses fortes disparités de niveaux de développement ne sont qu'en partie corrigées par des fronts pionniers de grande ampleur qui progressent encore en Amazonie.Brazil's population is very unevenly distributed, due to rapid growth mainly benefiting coastal cities. Differentiated ethnic origins draw regions dominated by a particular skin color and disparities in levels of development are only partially corrected by large-scale pioneer fronts still progressing in the Amazon.
- Les horizons troubles de la politique de « colonisation » au Brésil : réflexions sur l'identité de la nation brésilienne à travers le prisme de la question migratoire (1850-1889) - Sébastien Rozeaux La construction nationale au Brésil aux lendemains de l'Indépendance acquise en 1822 est un sujet essentiel et sensible au XIXe siècle. En particulier, l'arrêt brutal de la traite négrière en 1850 oblige les élites impériales à confronter leurs représentations de la nation brésilienne aux impératifs de peuplement des réserves foncières et de remplacement d'une main-d'œuvre servile vouée à disparaître. Dès lors, la mise en place d'une politique de colonisation est l'objet de nombreuses controverses et hésitations qui témoignent des crispations identitaires au sein de la société impériale et de la volonté largement partagée de promouvoir une immigration européenne, dont l'essor remarquable à compter des années 1870-1880 s'impose comme un élément déterminant pour appréhender l'histoire de la société brésilienne à l'époque contemporaine.The shaping of the Brazilian nation in the aftermath of the Independence achieved in 1822 was a crucial – and very thorny – issue in the 19th century. More specifically, with the brutal end of the slave trade in 1850, the imperial elites were forced to confront their representations of the Brazilian nation with the imperious needs to people the land reserves and replace a servile workforce that was doomed to disappear. Then, devising a colonization policy gave rise to many controversies and hesitations which testified to the identitarian tensions within the imperial society as well as to the widespread will to promote a European immigration, the remarkable surge of which from the 1870-80s onward appears as a determining element to understand the history of the contemporary Brazilian society.
- Territoires de servitude et territoires de liberté au Brésil - Bernard Bret L'article montre comment la servitude a marqué la formation du territoire brésilien, à travers l'histoire coloniale et l'esclavage qui ont laissé des héritages dans les pratiques sociales et les pratiques spatiales d'aujourd'hui. Il présente les territoires-refuges des esclaves fugitifs – les quilombos – et certaines pratiques religieuses comme autant de résistances à l'oppression. Il analyse enfin certains lieux emblématiques des luttes actuelles contre les formes modernes de dépendance et voit dans l'émergence d'un espace public, au sens propre et au sens figuré, une conquête démocratique.This article shows how Servitude shaped Brazilian territory, through colonial history and slavery which left a legacy in the social and spatial practices of today. It presents the shelter-territories of the runaway slaves – the quilombos – as well as some religious practices as acts of resistance to oppression. Finally, it analyses some places which are iconic for the ongoing struggles against modern forms of dependency and sees in the emergence of a public space, both literally and metaphorically, a democratic victory.
- Urbanisation, contraintes de l'espace et défi démocratique au Brésil - Dominique Vidal Cet article se propose d'aborder une des dimensions de la dynamique démocratique du Brésil à partir des résultats d'enquêtes menées par l'auteur dans plusieurs métropoles brésiliennes depuis une vingtaine d'années et d'un travail de synthèse de la recherche en sciences sociales sur le pays. Il entend plus précisément montrer comment les contraintes de l'espace place aujourd'hui le Brésil devant le défi de donner sens à l'idée de démocratie dans une société où les perspectives de mobilité s'inscrivent dans des cadres de plus en plus contraints. On reviendra pour cela d'abord sur ce qui s'est joué en quelques décennies avec l'urbanisation et la mise en place d'une matrice socio-politique, en examinant l'évolution des liens entre mobilité géographique et mobilité sociale, la grande tolérance aux inégalités et les conséquences du corporatisme dans l'imaginaire social. On s'intéressera alors à l'émergence d'un nouveau sens du juste dans un pays désormais largement urbanisé, en insistant sur l'affaiblissement du paternalisme, la formation de nouvelles attentes sociales et la fragilité du droit à la ville.This article aims at analyzing one of the key features of the Brazilian democratic process on the basis of a literature review and fieldwork studies carried out in several cities during the last twenty years. It shows that today's Brazil core issue is to make sense of democratic ideals in a very unequal society in which geographical mobility is not enough anymore to get a better life. First, we will see what happened during the rapid urbanization and the building of a socio-political matrix, focusing on the connections between geographic mobility and social mobility, the way in which society tolerates sharp economic inequalities and the consequences of corporatism on the social imaginary. Second, we will focus on the emergence of a new sense of justice in an urbanized country, pointing out the weakening of paternalism, the building of new social claims and the fragile right to the city.
- Convenient Liaisons: Brazilian Immigration/Emigration and the Spatial-relationships of Religious Networks - Alan P. Marcus À la fin des années 1980 plus d'un million de Brésiliens ont quitté le Brésil sans retour. Aujourd'hui, plus de 3,1 millions de Brésiliens vivent à l'étranger, et environ 1,3 millions de Brésiliens vivent aux États-Unis. Les Immigrés brésiliens ne fuient pas une famine extrême ou des difficultés économiques énormes; ce ne sont pas des réfugiés politiques qui demandent l'asile, ou fuyant une guerre civile. De quelles façons les immigrés brésiliens ont-ils réinterprétés les pratiques religieuses des États-Unis, et comment sont-ils en train de façonner de nouvelles identités transnationales? Quelles sont les perceptions du public à propos des pratiques religieuses et les relations entre les immigrés brésiliens concernant les nouveaux paysages religieux et culturels des États-Unis? En utilisant plusieurs méthodes, et un point de vue théorique transnational, ce document traite de ces questions importantes intrinsèquement liées à l'espace, au lieu, aux études migratoires. La relation des personnes enquêtées aux pratiques religieuses donnent un aperçu et des informations importantes sur leurs idéalisations, leurs attentes et les conflits entre les immigrés brésiliens aux États-Unis et ceux rapatriés au Brésil. Nous avons effectué des recherches de terrain dans quatre lieux de deux communautés d'accueil: à (1) Framingham, Massachusetts (une destination ancienne), et, à (2) Marietta, Géorgie, (une destination plus récente) aux États-Unis, ainsi qu' à (3) Governador Valadares, dans l'état du Minas Gerais et à (4) piracanjuba, dans l'État de Goiás - deux communautés brésiliennes de départ vers les Etats-Unis. La fréquentation des réseaux religieux, la mondialisation des marchés de consommation, les valeurs des États-Unis, les images diffusées par les rapatriés ainsi que les possibilités d'enrichissement, contribuent à idéaliser l'émigration et à la rendre plus séduisante. Le Brésil abrite le plus grand nombre de catholiques dans le monde, avec 74 pour cent de la population totale qui s'auto-identifie comme catholique. Toutefois, contrairement à l'Europe, où la plupart des catholiques sont devenus laïcs, le Brésil a l'un des taux les plus élevés de conversion vers des religions protestantes, surtout pentecôtistes, trois pentecôtistes sur quatre sont d'anciens catholiques. Les espaces religieux contribuent ainsi à la création des réseaux utilisés pour faciliter l'émigration de communautés d'origine (en particulier, les evangélicos) dans lesquelles le pasteur joue un rôle clé, à différents niveaux, en ce qui concerne les « ressources » des migrants, dans le processus de migration.In the late 1980s over one million Brazilians left Brazil without returning. Today, over 3.1 million Brazilians live abroad, and approximately 1.3 million Brazilians reside in the United States. Brazilian immigrants are not fleeing abject starvation or glaring economic troubles; nor are they political refugees seeking asylum, or fleeing a civil war. In what ways have Brazilian immigrants (re)interpreted religious practices in the United States, and how are they shaping new transnational identities? How are public perceptions on religious practices and inter-relationships among Brazilian immigrants impacting new U.S. religious and cultural landscapes? By using multiple methods, and a transnational theoretical perspective, this paper addresses these important questions inherently tied to topics related to space, place, and immigration studies. Respondents' inter-relationships with religious practices provide important glimpses and insights into their idealizations, expectations and conflicts among and between Brazilian immigrants in the United States and returnees in Brazil. I conducted fieldwork research in four locations in two receiving communities: (1) Framingham, Massachusetts (an older destination), and, (2) Marietta, Georgia, (a more recent destination) both in the United States, and; (3) Governador Valadares, in the state of Minas Gerais and (4) Piracanjuba, in the state of Goiás - two sending communities in Brazil. Exposure to religious networks; globalized consumer markets; and U.S values, and imageries disseminated by returnees, and opportunities to increase economic capital, further exacerbated an idealization and a seduction to emigrate. Brazil is home to the largest number of Catholics in the world, with 74 percent of the total population self-identifying as Catholic. Yet unlike Europe, where most Catholics have become secular, Brazil has one of the highest rates of conversions to Protestant religions (mainly Pentecostal), where three in four Pentecostals were former Catholics. Religious spaces are instrumental in generating networks used to facilitate out-migration from sending communities (particularly the evangélicos) where the pastor plays a key role on many levels of migrants' livelihoods, especially in the migration process.
- Brazilian Demographic Transition and the Strategic Role of Youth - Jonas Simões das Neves Anderson, Sergio Schneider Bien que plus tard que les autres pays, le Brésil connaît une transition démographique. Alors que l'urbanisation atteint son sommet dans le pays, avec 84,3 % de sa population vivant dans les zones urbaines, les changements démographiques en cours se reflètent à la fois dans les taux de natalité et dans la pyramide des âges. Des études montrent que le Brésil connaît une «prime» démographique, c'est à dire, la proportion de la population d'âge actif a augmenté à des taux plus élevés que la baisse des taux de dépendance, créant ainsi un scénario favorable pour le développement économique qui devrait durer jusqu'en 2050. Cependant, ces dernières années, une baisse significative des taux de fécondité a été observée. Il est maintenant à 1,8 enfants par femme, donc en dessous du niveau de remplacement, bien que cette moyenne des disparités régionales notables. Dans cet article, nous examinons la transition démographique au Brésil, sur la base du cas de Rio Grande do Sul, l'État brésilien qui subit un changement de la structure par âge plus rapide, présentant le plus faible taux de fécondité du pays - 1,6 enfants par femme - et la plus forte proportion de personnes âgées (9,3%). L'approche basée sur les jeunes est justifiée pour le rôle stratégique qu'ils jouent dans le processus de développement, car ils seront responsables, dans l'avenir, pour le soutien de cette population âgée. Des évaluations récentes de la mobilité sociale au Brésil a révélé qu'elle a eu des répercussions principalement les zones rurales, et aussi que les jeunes gens ont été les principaux bénéficiaires, car leurs familles ont plus de ressources pour investir dans leur formation et leur qualification. Le document est divisé en quatre sections, en plus de l'introduction et des remarques finales. Dans la première, nous analysons les aspects distincts de la transition démographique au Brésil. Ensuite, nous présentons le cas de Rio Grande do Sul, où ce processus est plus avancé. La troisième section, à son tour, met l'accent sur la mobilité sociale brésilienne et ses répercussions sur la transition démographique. Enfin, les effets de ce phénomène sur les zones rurales sont examinés, notamment pour les jeunes, qui jouent un rôle important dans la transition démographique malgré un segment important touché par l'inertie sociale.Although later than other countries, Brazil is experiencing a demographic transition. While urbanization reaches its apex in the country, with 84.3% of its population living in urban areas, ongoing demographic changes are reflected in both birth rates and the age pyramid. Studies show that Brazil is enjoying a demographic “bonus”, i.e., the proportion of working age population has grown at higher rates than the decrease in dependency rates, thus creating a favorable scenario for economic development that should last until 2050. However, in recent years, a significant drop in total fertility rates was observed. It is now at 1.8 children per woman, hence below replacement level, although this average bears notable regional disparities. In this paper, we examine demographic transition in Brazil, based on the case of Rio Grande do Sul, the Brazilian state that undergoes a faster change in age structure, exhibiting the country's lowest fertility rate – 1.6 children per woman – and the highest proportion of elderly, 9.3%. The approach based on youth is justified for the strategic role they play in the development process, since they will be responsible, in the future, for sustaining this aged population. Recent evaluations of social mobility in Brazil revealed that it has impacted chiefly the rural areas, and also that young people have been its main beneficiaries, since their families have more resources for investing in their education and qualification. The paper is organized into four sections, besides introduction and final remarks. In the first one, we analyze the distinct aspects of demographic transition in Brazil. Secondly, we feature the case of Rio Grande do Sul, where this process is more advanced. The third section, in turn, focuses on Brazilian social mobility and its repercussions on demographic transition. At last, the effects of this phenomenon on rural areas are examined, notably on youth, which have a strategic role in taking advantage of demographic transition and, nevertheless, have a significant segment affected by social inertia.
- Le paradoxe d'un pays rural qui s'ignore : urbanisation et place de l'agriculture familiale au Brésil - Yannick Sencébé, Ademir A. Cazella Cet article montre que la définition de l'espace rural et de l'espace urbain au Brésil repose sur des critères politico-fiscaux éloignés de la réalité, ce qui contribue à minorer l'ampleur réelle de la ruralité et de sa composante essentielle, l'agriculture familiale. Les statistiques qui en découlent appuient certaines visions du développement censé passer par l'exode rural des paysans pauvres et la croissance urbaine et industrielle du pays.This article shows that the definition of the rural space and the urban space in Brazil depends on political and fiscal criteria distant from the reality, what contributes to underestimate the real scale of the rurality and its essential component the family farming. The statistics which ensue from it support certain visions of the supposed development pass by the drift from the land of the poor farmers and the urban and industrial growth of the country.
- Régularisation foncière et mobilités rurales-urbaines en Amazonie brésilienne - Stéphanie Nasuti, Isabelle Tritsch, Ludivine Eloy Á partir de l'exemple de la vallée du Trombetas (Pará), nous analysons l'évolution des pratiques migratoires des populations forestières d'Amazonie et leurs interactions avec certains phénomènes démographiques : décohabitation, primo-fécondité et primo-nuptialité. Aujourd'hui, la plupart des familles réussissent à fréquenter la ville de façon régulière grâce à des systèmes de mobilités articulant dispersion résidentielle et complémentarité des fonctions au sein du ménage. Chez les jeunes filles, la mobilité rurale-urbaine est fréquemment motivée par l'accès aux services scolaires et s'accompagne d'une décohabitation précoce. Parallèlement, on observe un rajeunissement de la fécondité.From the example of the Trombetas Valley (Pará), we analyze the renewal of migratory practices of forest peoples of the Amazon and their interactions with certain demographic phenomena (residential separation, first births and first marriage).Today, most families are able to attend the city on a regular basis through systems of mobility articulating residential dispersion and complementary functions within the household. Among girls, the rural-urban mobility is frequently motivated by access to school services and is accompanied by an early residential separation. Meanwhile, there has been a rejuvenation of fertility.
- The colonization of Roraima State, Brazil: an analysis of its major migration flows (1970 to 2010) - Alexandre Magno Alves Diniz, Elisângela Gonçalves Lacerda L'État de Roraima est l'une des régions les moins connues de l'Amazonie brésilienne, c'est aussi l'un des États brésiliens les moins peuplés. La géographie du Roraima a subi de profonds changements au cours des dernières décennies, avec une croissance très forte de sa population due aux migrations avec aussi d'intenses flux internes.Les projets de colonisation agricole, formels et informels, ont été l'un des facteurs de ces changements toutefois ces projets caractérisés par un manque d'infrastructures de base et de services sociaux se sont accompagnés de faibles taux de rétention de migrants. Cet article retrace l'histoire récente de l'occupation du Roraima, à partir des données des recensements de 1970, 1980, 1991, 2000 et 2010. On y identifie et cartographie les principaux flux migratoires inter et intra-étatiques, pour analyser ensuite leurs impacts sur la configuration démographique de l'État.Les résultats montrent que la migration a joué un rôle de premier plan dans les configurations territoriales, politiques et culturelles du Roraima. Au cours des cinquante dernières années, la migration elle-même a subi des changements importants en termes d'intensité, d'origine et de destinations prédominantes à l'intérieur et en dehors du Roraima.Entre 1970 et 1980, il a connu un afflux considérable de migrants en provenance des régions du nord et du nord-est du pays, en particulier des États de Ceará, Maranhão, Pará et Amazonas. Depuis 1980 le Roraima attire également des migrants du Sud et du Sud-Est du Brésil, en particulier originaires du Rio Grande do Sul. Une grande partie de ceux qui qui sont arrivés au Roraima cherchait un libre accès à la terre dans les différents projets locaux de colonisation, spontanés ou dirigés. Néanmoins, souvent, ils n'ont pas trouvé de réponse à leur attente dans les zones rurales et ont fini par migrer de nouveau vers les centres urbains, en pleine croissance, de l'État. Ces migrants ruraux vers les villes se sont ajoutés à ceux, innombrables, qui provenaient des réserves indiennes, aggravant ainsi les problèmes urbains existants. Les dynamiques migratoires observées sont fortement liées à la construction et à la configuration du Roraima, elles mettent en lumière un certain nombre de problèmes auxquels fait face la population de l'État aujourd'hui.Roraima State is one of the least known areas of the Brazilian Amazon, also comprising one of the less populous Brazilian states. Nonetheless, the geography of Roraima has undergone profound changes over the last decades, as besides experiencing tremendous population growth via migration, the State also witnessed the development of intense intra-state mobility flows. Among the events fueling these changes is the formal and informal creation of agricultural settlement projects, which lack basic infra-structure and social services, displaying low migrant retention rates. This paper examines the recent history of occupation of Roraima State, based on census data from 1970, 1980, 1991, 2000 and 2010. In the process, we identify and map the major inter-state and intra-state migration flows discussing their impacts upon the demographic configuration of the State. Results demonstrate that migration has played a leading role in the territorial, political and cultural configurations of Roraima. In turn, over the last fifty years, migration itself has undergone significant changes with respect to its intensity, and predominant origins and destinations within and outside Roraima. Between the 1970 and 1980 the state received a considerable influx of migrants from the North and Northeast regions of the country, especially from the states of Ceará, Maranhão, Pará and Amazonas. On the other hand, since 1980 Roraima has also attracted migrants from South and Southeast Brazil, especially those originating in Rio Grande do Sul. A large portion of those arriving in Roraima were seeking free access to land in the various local spontaneous and directed colonization projects. Nonetheless, in many cases they did not meet their expectations in rural areas and ended up remigrating into the growing urban centers of the State. These rural-to-urban migrants were added to countless individuals who have recently been removed from Indian reservations, exacerbating existing urban problems. The observed migration dynamics are strongly associated with the construction and configuration of Roraima, shedding light on a number of issues facing the state's population today.
- International migration and segregation in the Brazilian Legal Amazonia - Alberto Augusto Eichman Jakob Cet article vise à présenter une évaluation de la migration internationale dans l'Amazonie Légale Brésilienne, une région encore peu explorée dans les articles scientifiques sur les études de la population, avec un accent particulier sur les migrants provenant des principaux pays d'origine la majorité de ces migrants, notamment le Pérou et la Bolivie. Selon les données du Recensement Démographique de 2010, parmi presque 30.000 immigrants étrangers dans l'Amazonie Légale cette année, 31% étaient originaires de ces deux pays. L'objectif du travail est d'analyser ces migrants, en comparant les informations : âge, niveau de formation et de revenu, sexe, emploi dans le pays d'accueil, les municipalités où ils vivent et l'endroit de résidence dans cette municipalité en termes de secteurs de recensement, par une approximation de ségrégation spatiale. Le lieu d'origine sera aussi pris en compte, avec les migrants qui sont arrivés directement de leur pays ou ceux qui ont passé par autre expérience migratoire au Brésil avant d'arriver dans la ville (migration interne), et la durée du séjour jusqu'à ce moment. Notre objectif est de mieux analyser la migration récente, surtout de ceux qui sont arrivés dans la période 2005-2010. Les données montrent que les caractéristiques des migrants sont très différentes pour ces variables selon leur origine. Nous avons utilisé les données du Recensement Démographique de 2010 et le Comptage de la population de 2007 pour l'analyse en cours.The main objective of this work is to provide an assessment of international migration into the Brazilian Legal Amazonia, a little explored area in scientific papers dealing with population studies, with a particular emphasis on migrants from the major emitters of people for this region, with borders with the Amazonia, especially Peru and Bolivia. According to Census data, from 2010, of the nearly 30,000 foreign immigrants into the Legal Amazonia for that year, 31% were from these two countries. The idea is to analyze these migrants, comparing data regarding age, education and income levels, gender, occupation at the destination, their standard of location, municipalities of destination and the place of residence inside the municipality, in terms of census tracts, in a proxy of spatial segregation. The place of origin will also be considered, with the migrants that came directly from their countries or had more migratory experience inside Brazil before arrive at the municipality (internal migration), and the time of residence. The idea is to analyze better the recent migration, especially those who arrived in the 2005-2010 period. The data show that in terms of their origins, the characteristics of the migrants are quite different. Therefore, data from both the 2010 Census and the 2007 Population Count are used for the current analysis, including census shapefiles for the mapping.
- Rio de Janeiro dans le contexte des méga-événements : le rôle des pouvoirs publics dans la ségrégation urbaine - Michaël Chetry, Jean Legroux À Rio de Janeiro, la lutte pour l'occupation de l'espace urbain a contribué à faire apparaître très tôt dans son histoire les contrastes entre les conditions de logement des riches et des pauvres. Cette organisation socio-spatiale hétérogène résulte d'un ensemble de facteurs : la configuration géographique particulière de la ville, la rapidité de la transition urbaine dans le pays, l'absence de politique de logement et de réglementation foncière ont contribué à une forme extrêmement inégalitaire de l'accès au sol urbain. Dans les limites de cet article, nous nous concentrerons sur le rôle primordial des pouvoirs publics qui, historiquement, ont non seulement privilégié les investissements dans les parties nobles de la ville mais aussi mené des politiques ambigües envers les favelas, oscillant selon les périodes entre éradication et intégration. Cette ambiguïté s'accentue aujourd'hui avec les transformations urbaines liées à l'organisation des grands évènements. Tandis qu'une politique tend à montrer une image d'intégration - « pacification », améliorations des services de base et développement économico-touristique de certaines favelas bien situées - une autre montre un caractère ségrégationniste à travers l'éradication d'autres favelas et le relogement de leur population dans de l'habitat social en périphérie de la ville.In Rio de Janeiro, the struggle for the occupation of urban space contributed early in his history to the apparition of contrasts between the housing conditions of rich and poor. This heterogeneous socio-spatial organization is a result of a set of factors: the particular geographical configuration, the rapid brazilian urban transition, the lack of housing policies, the liberal real-estate, which contributed to shape a very unequal access to urban spaces. In this article, we focus on the primary role of public powers that, historically, have focused their investments in the prized areas of the city. Public policies have also produced ambiguous policies toward favelas varying between eradication and integration. Today, this ambiguity is being reinforced by the urban transformations linked to the mega-events organization. While a policy tends to show an integration image – “pacification”, improvements of basic services and economic and touristic development of some favelas – other policy shows a segregationist nature with the eradication of favelas and the re-housing of its populations in social habitation the outskirts of Rio de Janeiro.
- Vivre avec la pénurie d'eau à Recife - Paul Cary, Armelle Giglio-Jacquemot, Tadeu Giglio, Ana Melo L'article rend compte des multiples stratégies adoptées par des populations de différentes catégories sociales à Recife, capitale du Pernambuco (Brésil), pour faire face à l'insuffisance et à l'irrégularité de l'approvisionnement en eau par le réseau public. Il repose sur une approche mêlant observation ethnographique des pratiques quotidiennes liées à l'eau et entretiens avec des gestionnaires de la ressource. Il décrit d'abord le vécu des habitants, notamment les plus pauvres, face à la peur de manquer d'eau. Après avoir souligné que cette situation fait l'objet d'un déni de la part des autorités, il avance deux hypothèses d'explication de ce dernier : d'une part, une quantophrénie qui imprègne l'action publique ; d'autre part, des logiques politiques et institutionnelles qui fragmentent le secteur de l'eau et l'assainissement.This article enlightens the strategies of the inhabitants of all social classes from Recife, capital of Pernambuco (Brazil) so as to cope with the irregular and insufficient water supply of the public network. Based on a long-term fieldwork mixing ethnographical observations of the inhabitants' water related daily life, and interviews with the water and sanitation managers, it describes how the inhabitants, especially the poorest, deal with the fear of running out of water. After characterizing the public authorities' attitude as a denial of the situation, we advance two main hypothesis to explain it: firstly, by describing the “quantophrenia” that permeates the public policies in Pernambuco, and secondly analysing the political and institutional logics that fragment the sector of water and sanitation services.
- Quelles mobilités quotidiennes des populations pauvres et vieillissantes à Recife ? - Pamela Quiroga Le vieillissement accéléré de la population au Brésil, comme dans l'ensemble de l'Amérique latine, est la source de nouvelles problématiques jusqu'alors peu étudiées et pourtant incontournables dans l'élaboration de politiques publiques adaptées au contexte social contemporain. Ce constat, conjugué aux effets endémiques de la pauvreté et des inégalités présents sur l'ensemble du territoire, renvoie à la question des pratiques quotidiennes des populations pauvres et vieillissantes dans leurs espaces de proximité. La littérature scientifique a démontré que les mobilités résidentielles et quotidiennes tendent à se réduire dès lors que les individus entrent dans le processus de vieillissement ; cette dernière étape de la vie se caractérise à la fois par une stabilité résidentielle souvent acquise à travers l'accès à la propriété et à la fois par une perte d'autonomie progressive qui limite les déplacements. Dans un contexte de pauvreté, les personnes âgées réalisent leurs pratiques quotidiennes au sein d'un espace restreint et près du lieu de résidence. Par conséquent, les atouts et les faiblesses de cet espace déterminent en partie les conditions de vie de cette population. Si la présence ou non d'aménités sur l'espace de proximité (commerces, services, capital social) peut engendrer des mobilités divergentes entre individus, il n'en demeure pas moins que les pratiques quotidiennes des habitants sur le territoire dépendent plus spécifiquement des caractéristiques sociodémographiques des habitants ainsi que de leurs représentations collectives et individuelles.Cet article, issu d'une recherche doctorale, retrace les résultats saillants obtenus dans le cadre d'une enquête par entretiens menée dans des zones défavorisées de la ville de Recife. L'objectif de cette étude est de mettre en lumière les inégalités d'accès à la mobilité des personnes âgées en observant les pratiques et stratégies quotidiennes déployées sur les espaces de proximité. C'est à travers cette approche que seront mises en valeur les nouvelles dynamiques observées sur ces espaces ainsi que les conditions de vie d'une population qui bénéficie aujourd'hui de nouveaux droits sociaux et d'un statut particulier au sein des structures sociales et familiales.Accelerated aging of population in Brazil, as in whole Latin America, gives rise to new problems suffering a lack of studies. These are however highly needed in the development of appropriate public policy in the contemporary social context. This observation, coupled with the effects of endemic poverty and inequality present in the studied territory, refers to the issue of daily practices of poor and ageing population in their neighborhood. The scientific literature has shown that residential and daily mobility tend to be reduced when individual enter the aging process; it is a later stage of life that offers both residential stability, often gained through access to property, and a progressive loss of autonomy that limit movement. In a context of poverty, elderly people perform their daily practices within a confined territory and close to the residence area. Therefore, the strengths and weaknesses of this place partly determine the living conditions of the population. If the presence or absence of amenities (shops, services, capital) can lead to different mobilities between individuals, the practices of inhabitants in the territory depend more specifically of socio-demographic population attributes and their collective or individual representations. This article, coming from a PhD research, traces the significant results obtained in the framework of 51 interviews conducted in less-favored areas of the city of Recife. The aim of this study is to highlight the inequalities in access to mobility for elderly people and observing practices and strategies deployed to the neighborhood spaces. It is through this approach that will be emphasized new dynamics observed in these spaces and the living conditions of a population that benefits new social rights and special status within the social and family structures.
- Les populations des cortiços - Octavie Paris Si la favela joue un rôle idéel-typique concernant l'habitat populaire urbain au Brésil, d'autres formes méritent examen, au premier rang desquelles le cortiço. Basé sur deux expériences de terrain à Recife et à São Paulo, l'article par une entrée de géographie sociale, s'intéressera aux questions de mobilité urbaine de micro-appropriations et d'accès à la ville spécifiques aux populations des cortiços. L'étude des caractéristiques de ces populations urbaines populaires ayant fait le choix – relatif bien sûr car le choix est restreint – de vivre dans le centre de la ville en acceptant des contraintes lourdes telles que le caractère collectif de ce logement locatif, voire sous-locatif, et son insalubrité, est des plus révélateurs sur de nombreuses questions urbaines. Les caractéristiques des populations ayant opté pour un habitat en cortiço et leurs motivations tenteront d'être mise en lumière par les cas de l'étude réalisée. Si l'hétérogénéité de cette population est indéniable, cet article invite à appréhender ses aspirations caractéristiques, en soulignant notamment les avantages recherchés par les habitants des cortiços.If the favela plays an ideal and typical role about the popular urban housing environment in Brazil, others types deserve to be studied, and primarily the cortico. Relied on two fields research in Recife and São Paulo, the article, from a social geography prism, will explore the urban mobility questions of micro-appropriations and specific access to the city for corticos' populations. These urban popular populations have chosen to live in the city centers agreeing tough conditions as the collective housing, and its insalubrity, even if the choice is relative because restricted. It reveals numerous urban stakes. The characteristics of populations leaving in cortico and their motivations will be covered by the case study. If the heterogeneity of this population is undeniable, this article invites to consider it particular aspirations, showing the advantages forwarded by cortiços' inhabitants
- Regional inequalities in infant mortality and Primary Health Care in the State of Minas Gerais, Brazil - Rivaldo Mauro de Faria, Paula Santana La mortalité infantile a diminué au Brésil au cours des dernières années, grâce, entre autres, à l'extension de la couverture et l'accès aux soins de santé primaires (SSP). Cependant, d'énormes inégalités régionales persistent en ce qui concerne ces deux derniers indicateurs qui ont un impact sur les variations spatiales de la mortalité infantile. Dans les pays de la taille d'un continent comme le Brésil, il est pertinent d'analyser / d'évaluer les politiques de santé dans le contexte des inégalités régionales, dans le but d'assurer plus d'équité. Ceci a motivé la présente étude, dont l'objectif est d'analyser les impacts régionaux du SSP, en incluant également l'analyse des contextes socio-économiques, sur le taux de mortalité infantile (TMI) dans l'État du Minas Gerais, au Brésil. Cet état est le quatrième plus grand État du Brésil, sa population s'élève à près de 20 millions d'habitants, répartis en 66 microrégions. L'analyse de TMI a été réalisée pour les périodes 2002-2006 et 2007-2011 dans chacune de ces microrégions, en relation avec trois dimensions opérationnelles de l'analyse: i. le taux de familles assistées par SSP, ii. les taux de couverture des soins prénataux iii. et l'indice de défavorisation matérielle et sociale (IDMS).Les données ont été recueillies à partir de sources secondaires officielles, adaptées à des échelles spatiales et temporelles définies et travaillées avec un Système d'Information Géographique. L'indice de défavorisation matérielle et sociale, indicateur composite utilisé pour exprimer les inégalités sociales et régionales, a été construit sur la base de trois indicateurs i) l'analphabétisme, ii) les revenus et iii) le nombre de ménages sans installations sanitaires au sein de leur foyer. Les résultats ont montré une baisse du taux de mortalité infantile dans presque toutes les microrégions du Minas Gerais, entre 2002-2006 et 2007-2011. Toutefois, on constate des inégalités dans cette baisse avec une mortalité plus forte dans les régions ayant un IDMS plus élevé. L'expansion des SSP est plus importante dans les régions qui possèdent un IDMS plus élevé, ce qui est un signal positif pour le Système de Santé brésilien. Cependant, l'expansion des SSP en tant que politique sectorielle isolée, malgré son importance, n'est pas suffisante pour réduire les inégalités spatiales de la mortalité infantile à l'intérieur du Minas Gerais. Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte le contexte social et économique des familles quand l'objectif est d'améliorer les indicateurs au-delà d'une simple intervention sanitaire. Pour le dire autrement, la santé de l'enfant est la résultante des politiques publiques intégrées (exemples : logement, emploi/revenu, éducation/instruction,) et des décisions et actions à différents niveaux (local, municipal, régional, fédéral).Infant mortality has declined in Brazil in recent years, partly as a result of increased Primary Health Care (PHC) coverage and better access to it. However, there are still enormous regional inequalities in these indicators, and therefore spatial variations in infant mortality. In a country like Brazil that is of continental proportions, it is important to analyse/assess health policies in the context of regional inequalities in order to ensure equity. This study thus aims to analyse the regional impacts of PHC and assess the importance of socioeconomic contexts upon infant mortality rates (IMRs) in the state of Minas Gerais. This is the fourth biggest state in Brazil, with a population of almost 20 million, distributed over 66 microregions. The IMR was assessed for the periods 2002-2006 and 2007-2011 in the 66 microregions, considering three operative dimensions:i. indexes of families aided by PHC;ii. indexes of prenatal care;iii. and the Index of Sociomaterial Deprivation (ISD).The data were collected from secondary official sources, and modelled on temporal and spatial scales defined and worked in a Geographical Information System. The ISD, which is a composite indicator used to express social and regional inequalities, was constructed on the basis of three indicators: i) illiteracy; ii) wages; and iii) homes without indoor bathrooms. The results showed a reduction in IMR in almost all the microregions of Minas Gerais between 2002-2006 and 2007-2011. However, there were inequalities in this decrease, with a continuing concentration of mortality in microregions with higher ISD. The expansion of PHC is more marked in the microregions with higher ISD, which is a positive sign from the Brazilian Health System. However, the expansion of these services as an isolated sectorial policy, though important, has not on its own been able to reduce the geographical inequalities in infant mortality in Minas Gerais. Hence, it is necessary to consider the social and economic contexts of families when attempting to improve indicators that go beyond mere healthcare intervention. In other words, infant health is the result of integrated public policies (eg. housing, employment/wages, education/training) and multi-level decisions and actions (local, municipal, regional, federal).
- En marge ou à la marge ? - François-Michel Le Tourneau Au Brésil, les populations amérindiennes sont ultra-minoritaires. Elles ne représentent que 0,43 % de la population totale. Pourtant elles sont très diverses (305 ethnies différentes) et tiennent une place fondamentale dans la matrice culturelle. Les avancées de la constitution de 1988 font que ces populations se sont vu reconnaître des droits d'usage exclusifs sur des surfaces très importantes : presque de 13,5 % du territoire national, soit plus de 1,2 millions de km². Pour autant, leur position dans la société brésilienne et l'exercice des droits en principe garantis restent des sujets de vive controverse, montrant que la place des « Amérindiens réels » - selon l'expression d'Alcida Ramos, dans la société brésilienne est encore incertaine.En se basant sur le recensement de 2010 et sur les bases de données récentes concernant les territoires amérindiens, nous tentons dans cet article de proposer une synthèse de cette question polémique en replaçant les données dans leur contexte. Nous nous intéressons ainsi dans un premier temps aux statistiques concernant la population amérindienne et à sa répartition sur le territoire brésilien. Nous présentons ensuite les territoires reconnus comme « terres indigènes » et les dispositifs juridiques et politiques dont bénéficient les Indiens, en pointant notamment l'asymétrie entre l'Amazonie, qui compte 99,9 % des superficies allouées aux Amérindiens pour 45 % de la population, et le reste du pays. Au niveau national, le décalage entre un poids démographique faible et des droits fonciers étendus entraîne de vives polémiques que nous tentons de synthétiser.Brazil's indigenous population is very minoritary, accounting for less than 0,43% of the overall population. Despite its small number, it is a highly diverse population (305 different ethnic groups) and it holds a unique place in the country's cultural matrix. The constitution of 1988 was an important step for Brazil's indigenous peoples since it has granted them extensive land rights. Since then, over 1,3 millions square kilometers, or over 13,5% of the overall country area, have been recognized as “indigenous lands”. However, the concrete Indians' place in the Brazilian society remains highly controversial.Based upon the 2010 census figures and upon fresh geographical databases about Indian lands, our article tries to offer a synthetic view of the indigenous question in Brazil. We first analyze the figures about indigenous population and its repartition upon the Brazilian territory. In a second part, we present the different mechanisms beneficiating to indigenous peoples, among which the most important is the allotment of “indigenous lands”. But those are not evenly spread: the Amazon region, which holds only 43% of Brazil's Indians, concentrates 99% of the country's overall area of indigenous lands. We then show that the indigenous people in Brazil are still stuck in nationwide polemics about their small number as opposed to their supposed huge territories.
- Les « gardiens de la forêt » : l'extractivisme de ressources naturelles et la dépendance des politiques publiques en Amazonie brésilienne - Luna Gámez Les populations traditionnelles de l'Amazonie brésilienne ont vécu une exclusion sociale historique comme conséquence de la marginalité de leur système de production : l'extraction de produits de la forêt. Cependant, ces populations expérimentent aujourd'hui une revalorisation de leur identité à partir de l'élaboration de projets de développement durable qui leur attribuent le rôle de « gardiens de la forêt », du fait de leurs savoirs traditionnels. Néanmoins, cette reconnaissance entraîne paradoxalement des difficultés économiques pour ces populations, qui présentent une forte dépendance à l'égard des politiques publiques de protection sociale. Notre cas d'étude porte sur une commune de l'Île de Marajó, où les interventions institutionnelles, à travers les politiques publiques, et l´intensification de l´exploitation du fruit de palmiers d'açaï (Euterpe oleracea) entraîne des changements dans les modes de vie des populations traditionnelles de l´Amazonie. Ces transformations ont aussi un impact sur la capacité de mobilisation sociale de ces communautés.Traditional populations in Brazilian Amazon rain-forest have been exposed to a historic social exclusion as a result of the underestimation of their production system: the extractivism of tropical forest products. Nevertheless, nowadays the identity of these populations is being appreciated as a consequence of sustainable development projects implemented, which give them the role of “rain-forest guardians” thanks to their traditional knowledge. In spite of this recognition, this fact brings economic difficulties for local populations who have heavy reliance on social protection programmes. Our case study is set in a community of the Marajó Island where institutional interventions -through public policies- and the intensification of açaí palm fruit (Euterpe oleracea) exploitation result in significant changes in the way of life of Amazon traditional populations. These changes also have a large impact on the social mobilisation of local communities.
- La communauté de pêcheurs de Taperebá (Amapá- Brésil) face à la création du Parc national du Cabo Orange - Brunna Crespi, Pauline Laval, Catherine Sabinot Dans les années 90, Oiapoque, ville brésilienne frontalière de la Guyane française, a connu une importante vague de migration de familles de pêcheurs venant du village de Taperebá, situé à l'embouchure du fleuve Cassiporé. En effet, la population de Taperebá a été contrainte d'abandonner les terres sur lesquelles elle habitait, suite à l'imposition d'un parc naturel : le Cabo Orange. Cette migration a conduit les Taperebenses à abandonner leur système économique basé sur l'autoproduction et le troc, et à s'adapter au mode de vie urbain, tant au niveau de l'habitat, des activités que des relations sociales. C'est ce processus que nous proposons de décrire et d'analyser dans cet article.Dans un contexte de vulnérabilité dû à la difficulté d'accès à la terre, à la santé et à l'éducation, cette communauté de pêcheurs se trouve aujourd'hui dans un processus de changement de vie et de pratiques, qui a par ailleurs des conséquences non négligeables sur la ressource halieutique. Selon les pêcheurs, leur expulsion de l'embouchure du Cassiporé, le criadouro (berceau) des poissons, a été la cause de la diminution de l'abondance piscicole dans les eaux de la région. Auparavant, avec la présence de ces communautés sur le Cassiporé, la zone était très peu fréquentée par les pêcheurs non-riverains : elle était protégée et gouvernée par un code de conduite tacite existant entre pêcheurs ainsi que par l'emploi d'engins de pêche respectueux de l'environnement. Suite à l'exode de la population, ces zones sont devenues inhabitées, laissant l'espace ouvert et sans surveillance, entraînant une surexploitation des ressources et des changements socio-environnementaux cruciaux.En adoptant une approche ethnographique et géographique et en nous appuyant principalement sur les données collectées en 2013 durant cinq mois d'observation participante, d'entretiens directifs et semi-directifs auprès des habitants de Taperebá et d'autres pêcheurs d'Oiapoque, nous décrirons et analyserons comment les familles de Taperebá se sont principalement réunies à Oiapoque dans le quartier Olaria. Nous observerons en quoi la migration a été un facteur de changements de savoirs et pratiques majeurs, tout en développant une cohésion sociale forte et une territorialité marquée, que nous définirons en analysant les dynamiques passées et actuelles.In the nineties, Oiapoque, Brazilian city on the border with French Guiana, knew a large migration wave of fishermen's families coming from the village of Taperebá, located at the mouth of the Cassiporé river. Indeed, the population of Taperebá was forced to withdraw from the lands on which they lived, by the imposition of a natural park: the Cabo Orange. Taperebenses, who used to live on subsistence economy, had to develop new modes of habitat, subsistence and new mode of interactions with their land, which we propose to describe and to analyze in this article. In a context of vulnerability due to the difficulty of access to land property, health care and education, this fishermen's community is today in a process of changing way of life and practices, which in addition has considerable consequences on the fishing resources. Indeed, according to fishermen, their expulsion of Cassiporé, the criadouro (cradle) of fishes, was the cause of the reduction in fish abundance in waters of the area. Previously, with the presence of these communities on the Cassiporé river, very few nonresident fishermen attended the zone: it was protected and controlled by the law of the existing respect among fishermen as well as by the use of environmental respectful fishing tools. After the expulsion of the population, these zones became uninhabited, leaving open and monitoring free spaces, which caused an over-exploitation of resources by industrial boats and crucial socio-environmental changes.Adopting an ethnographic and geographical approach and basing our analyze on data collected in 2013 during five months of participating observation, when we conduct directing and semi-directing talks within the inhabitants of Taperebá and other fishermen of Oiapoque, we will describe and analyze how the families mainly gathered in Oiapoque at the Olaria district. We will observe how migration was a factor of major changes of knowledge and practices, while developing a strong social cohesion and a marked territoriality, which we will define by analyzing some past and current dynamics.
- Les populations du Brésil, disparités et dynamiques - Hervé Théry
Varia
- Femmes africaines immigrées responsables d'association face aux enjeux de citoyenneté et de développement : entre mimétisme et innovation en Ile de France et dans le Nord-Pas-de-Calais - Abdoul Hameth Ba Cet article aborde la question des associations de femmes migrantes originaires des pays de l'Afrique au sud du Sahara en général et de l'Afrique sahélienne en particulier. Les études sur l'évolution du mouvement associatif issu de l'immigration montrent que les hommes sont les pionniers de ce mouvement. Leurs associations ont privilégié des actions de développement territorial en direction des pays d'origine [ Daum, 1993 ; Gonin, 1990 ; Quiminal, 1991].Mais avec la féminisation de l'immigration africaine en France vers le début des années 1980, les femmes migrantes créent à leur tour leurs propres associations et proposent des actions citoyennes (culturelles, sociales) en réponse aux problèmes rencontrés dans les pays d'accueil. Peut-on dire que ces femmes migrantes responsables d'associations innovent dans leur mode d'action par rapport aux hommes ? Par certains aspects, elles ont imité les hommes. Mais sur d'autres registres, on peut considérer qu'elles sont en train d'introduire des nouveautés. C'est notamment le cas dans la composition de leurs associations. En effet, contrairement aux hommes, les associations de femmes sont composées de personnes appartenant à des ethnies diverses et originaires de villages ou pays différents. C'est en partie en raison de la diversité des profils, des lieux d'origines des membres des associations que les stratégies et les territoires d'intervention, les publics ciblés et les partenaires des associations de femmes migrantes se distinguent de ceux des hommes. Une analyse fine des activités des associations de femmes migrantes permet d'appréhender les nouveaux mécanismes de transformations sociales et spatiales induites par les migrations contemporaines.This article studies the question of immigrant women's associations who come from sub Saharan African countries in general and in particular, sahelian countries. Studies of the evolution of associations created by immigrants show that men are the pioneers of this movement. Their associations have shown a preference for territorial development towards the countries of their origin [Daum, 1993; Gonin, 1990; Quiminal, 1991).But with the feminization of African immigration in France around the beginning of 1980s, immigrant women created their own associations and started proposing citizen action (cultural, social) to resolve the problems they face in their adopted countries. Can we say that these immigrant African women heading associations are innovators in comparison to men? In certain aspects, they appear to imitate men. But in other ways, we can consider that they are introducing some new facets. This is particularly the case with regard to the composition of their associations. In fact, contrary to men's, women's associations are made up of people from different ethnic groups, different villages or countries.The diversity of the immigrant women's profiles plus the diversity of their countries of origin is one of the reasons which explain why their strategy, their territorial action, the public they target and their institutional partnerships can be different to men's associations.An in-depth analysis of the activity of immigrant women's associations could show the new mechanism of social and spacial transformation produced by contempory migration.
- Femmes africaines immigrées responsables d'association face aux enjeux de citoyenneté et de développement : entre mimétisme et innovation en Ile de France et dans le Nord-Pas-de-Calais - Abdoul Hameth Ba
Comptes rendus d'ouvrages
- Christophe Imbert, Hadrien Dubucs, Françoise Dureau, Matthieu Giroud, D'une métropole à l'autre. Pratiques urbaines et circulations dans l'espace européen - Karine Duplan
- Deepa V., Mohan Rao, Rama Baru, Ramila Bisht, Sarojini N., Susan Fairly Murray, Sourcing Surrogates. Actors, Agencies and Networks - Alain Vaguet
- Denis Martouzet ,Ville aimable - Yves Boquet