Contenu du sommaire : Ethnoécologie en Océanie

Revue Journal de la Société des Océanistes Mir@bel
Numéro no 120-121, 2005
Titre du numéro Ethnoécologie en Océanie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation - p. 1-2 accès libre
  • Dossier : Ethnoécologie en Océanie

    • Comment apprendre à dialoguer avec les « natures » papoues : aperçu de la contribution scientifique de Peter Dwyer - Florence Brunois p. 5-9 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article illustre brièvement quelques traits saillants du parcours et de la démarche scientifiques de Peter Dwyer. Il met en valeur la richesse, la rigueur comme la portée innovatrice de sa recherche consacrée durant plus de vingt-cinq ans à une meilleure compréhension des relations que les sociétés papoues entretiennent avec leur environnement.
      This article briefly illustrates some of the outstanding features of Peter Dwyer's scientific approach and experiences. It highlights the richness, the rigor and also the innovative character of his research devoted over more than twenty five years to better understanding the relations linking Papua societies to their environment.
    • Ethnoclassification, Ethnoecology and the Imagination - Peter D. Dwyer p. 11-25 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Deux trajectoires de pensée en ethnoclassification, l'une associée à l'approche de Brent Berlin, l'autre à l'approche de Ralph Bulmer, ont influencé les développements, respectivement en anthropologie cognitive (y compris en psychologie évolutionniste) et en ethnoécologie. La première approche est traitée brièvement. La deuxième est ici explorée plus en détail. Le but de l'ethnoécologie est de comprendre et d'expliquer l'écologie en tant qu'expérience vécue et, en finale, le projet devrait révéler la diversité de l'expérience écologique humaine. Il est soutenu que l'imagination est un élément fondamental de ces expériences. Dans le cadre de cette argumentation, un modèle de l'origine de l'imagination –de la capacité et des implications de l'expression figurative – est proposé.
      Two trajectories of thought within ethnoclassification, one associated with the approach of Brent Berlin, the other with the approach of Ralph Bulmer, have influenced developments within cognitive anthropology (including evolutionary psychology) and ethnoecology respectively. The former is treated briefly. The latter is explored in greater detail. The aim of ethnoecology is to understand and explain ecology as experienced and, ultimately, the project should reveal the diversity of human ecological experience. It is argued that the imagination is fundamental to those experiences. Within the frame of that argument a model of the origin of the imagination – of the capacity for and implications of figurative expression – is proposed.
    • Ethnoscience et autres ethno « machins » aujourd'hui - Claudine Friedberg p. 27-30 accès libre
    • Pour une approche interactive des savoirs locaux : l'ethno-éthologie - Florence Brunois p. 31-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente une approche alternative des savoirs locaux : l'ethno-éthologie. Prônant le relativisme ontologique comme précepte, cette démarche recontextualise l'étude des modes de connaissance dans la complexité interactive liant les hommes au monde vivant afin d'isoler l'incidence qu'exercent les comportements spécifiques et interspecifiques des non-humains sur la constitution des savoirs.
      This article proposes an alternative way to study folk knowledge: the ethno-ethology. Recommending the ontological relativism as precept, this approach re-contextualizes the study of knowledge modalities in the interactive complexity linking humans and the living world. The aim is to determine the influence that non humans' specific and interspecific behaviors exert on the constitution of the Folk-knowledge and ecological know how.
    • Sur les traces de Garkman, la grenouille, dans le Nord-Est de la Terre d'Arnhem (Australie) - Valérie M. Boll, Lorrae McArthur p. 41-54 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous présentons des données d'ethnozoologie, à Gängan, dans une communauté aborigène, située en territoire yolngu, dans le Nord-Est de la Terre d'Arnhem, dans le nord de l'Australie. Nous passons en revue la répartition géographique des grenouilles ainsi que l'ethnozoologie de ces animaux selon la perception des Dhalwangu, un clan yolngu. Un accent particulier est mis sur les traditions et croyances liées aux amphibiens, la nomenclature locale, la taxinomie et l'histoire naturelle selon les conceptions des Dhalwangu. Une compréhension globale de Garkman, la grenouille, et de ses relations avec d'autres aspects de la culture aborigène émerge. La propagation du crapaud des cannes dans les territoires yolngu aura sûrement un impact significatif sur les autres amphibiens et, plus globalement, sur l'écosystème tout entier.
      In this paper, we cover some aspects of the ethnozoology  of inhabitants of Gängan, an Aboriginal  outstation located in Yolngu territory, in N.E. Arnhem  Land, Northern Australia.We review the occurrence  of frogs and the ethnozoology of these animals  as viewed by Dhalwangu, a Yolngu clan. Particular  emphasis is placed on amphibian traditions and  beliefs, local nomenclature, taxonomy, and natural  history as conceived by the Dhalwangu. A full understanding  of the symbolism of Garkman, the frog, and  its relatedness to other aspects of the culture is only  beginning to be realised. The spread of the introduced  cane toad into Yolngu land is expected to have some  impact not only on native species of frog and the  broader-ecosystem in which they inhabit, but also on  the traditional views of Yolngu people.
    • L'oiseau, cet animal si bavard... - Anne Di Piazza p. 55-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après avoir qualifié l'oiseau des îles Kiribati de porteparole, d'être hybride et d'archétype d'Homme, nous énumérons les dispositions de l'oiseau à porter en lui une part de nous même, en somme à inspirer la société à parler d'elle. Sur Nikunau, l'oiseau est tour à tour bon pêcheur, bon navigateur, bon médium, bon compagnon, etc. Mais comment en vient-on à tuer un animal si fortement investi ? C'est que l'oiseau victime n'existe pas. Seul prévaut l'oiseau consentant, l'oiseau qui se donne aux chasseurs. Avec la raréfaction des sternes, des noddis et des fous bruns et la disparition des puffins et des pétrels, deux « dissonances cognitives » sont apparues que l'homme a tenté de « résoudre » en créant une terre d'accueil pour les oiseaux et en reconnaissant l'existence d'un oiseau parfois rebelle. Nous montrons que ces deux formes de justification d'une ressource en voie d'extinction permettent à l'homme de continuer à bien s'entendre avec l'oiseau.
      After having qualified the bird in Kiribati as a spokesperson, a hybrid and an archetype of man, we discuss the ability of the bird to carry within itself a part of us; in fact its ability to inspire the society to speak about itself. On Nikunau, the bird is in turn a good fisher[man], navigator, medium, companion, etc. But how can one kill an animal so heavily invested? The bird as victim is inconsistent with their thinking. Birds are consensual, they give themselves to the hunters. But as terns, noddies and brown boobies become ever more rare and with the extirpation of petrels and shearwaters, two cognitive dissonances have appeared which the islanders have attempted to solve through the creation of a ‘land of welcome' for the birds and through the recognition that birds may sometimes be rebellious. We show that these justifications allow the people to continue to conceive of the birds as consensual, even as they are becoming extinct.
    • Les hommes et leurs volcans : représentations et gestion des phénomènes volcaniques en Polynésie (Hawaii et Royaume de Tonga) - Cécile Quesada p. 64-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour objet l'étude des relations que deux sociétés de Polynésie ont tissées avec les volcans. Dans le Hawaii pré-chrétien, les hommes avaient anthropomorphisé les phénomènes volcaniques et fait des divinités chtoniennes, qui les personnifiaient, l'un des termes de relations généalogiques qui conditionnaient l'efficacité de rites propitiatoires. Ces derniers visaient à prévenir ou à stopper les éruptions qui étaient conçues comme déclenchées par ces déités suite au non-respect, par les hommes, des règles de la vie en société. À Niuafo'ou (Tonga), les éruptions sont interprétées aujourd'hui comme des signes de la colère du Dieu chrétien, provoquée par des transgressions morales ou sociales. Le volcan est alors conçu comme un instrument divin, visant à châtier les actes qui mettent en danger l'ordre social. D'une société à l'autre, d'une époque à l'autre, on peut ainsi faire état d'une certaine continuité dans le lien que les hommes construisent avec les phénomènes volcaniques.
      This article focuses on the study of the relations that two polynesian societies have woven with the volcanoes. In the pre-Christian Hawaii, men had anthropomorphised these volcanic phenomena, and considered the chtonian divinities that personified them as one of the parts of genealogical relationships that conditioned the efficiency of propitiatory rites. These riteswere meant to prevent or to stop eruptions, conceived as triggered off by these deities after men had transgressed the rules of life in the society. In Niuafo'ou (Tonga) today, the eruptions are interpreted as signs of the Christian god's wrath after moral or social transgressions. The volcano is thus considered as God's tool, aiming at punishing the acts that threaten the social order. Thus, from one society to the other, from one period to the other, we can observe a certain continuity in the link men build with the volcanic phenomena.
    • Shifting Ecological Imaginaries in the Ok Tedi Mining Crisis in Papua New Guinea - David Hyndman p. 76-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Jusqu'à la fin des années soixante-dix, les systèmes de gestion de l'environnement par les propriétaires terriens de la haute rivière Ok Tedi en Papouasie Nouvelle- Guinée reposaient sur les possibilités d'accès et le contrôle des terres, des ressources et de l'eau. L'écologie de subsistance des années soixante-dix a fourni les éléments d'analyse des savoirs traditionnels concernant l'environnement et les droits et usages des ressources. Le projet minier d'Ok Tedi a vu le jour au début des années quatre-vingt. La mine est un projet à visée globale et les voies d'eau ont été soumises à rude épreuve au profit d'une gestion de l'environnement capitaliste et industrielle. Les propriétaires terriens de la région, vivant en économie d'autosubsistance à la périphérie de l'espace global, ont subi les affres de la transition complexe au capitalisme, face à des paysages ravagés par l'industrialisation ; pour eux, ce fut une expérience tout à fait nouvelle. L'écologie politique des années quatre-vingt a permis l'analyse de l'appropriation des ressources et de leur utilisation dans un système de production capitaliste. L'écologie immorale de la mine a menacé l'écologie morale de subsistance et s'est jouée entre une vision globale versus locale des imaginaires de l'environnement équipés de différents pouvoirs et technologies. L'écologie de libération des années quatre-vingt-dix nous renseigne sur les analyses du potentiel libératoire d'un mouvement de résistance écologique populaire apparu en réponse aux sévères dégradations de l'environnement dues à la mine et qui menacent les moyens d'existence de plus de 30 000 personnes vivant le long des rivières Ok Tedi et Fly. Aujourd'hui encore, cette crise minière, est caractérisée par des représentations conflictuelles de l'environnement entre mineurs, propriétaires terriens et chercheurs en sciences sociales.
      Until the end of the 1970s, landowner systems of environmental management in the upper Ok Tedi River in Papua New Guinea were based on local access to and control over land, water and resources. Subsistence ecology in the 1970s informed the analysis of customary ecological knowledge and resource use and rights. The Ok Tedi mining project started in the early 1980s. The mine is global in scope and its harsh treatment of the river systems set aside for production is common to capitalist industrial environmental management. For local subsistence-oriented landowners at the periphery of global space, being in the throes of complex capitalist transition and destroyed industrial landscape was an alien experience. Political ecology in the 1980s informed analysis of resource appropriation and commoditisation into capitalist relations of production. The immoral ecology of the mine threatened the moral ecology of subsistence and was played out in global-local articulations between environmental imaginaries armed with different powers and technologies. Liberation ecology in the 1990s informed the analysis of the libratory potential of a popular ecological resistance movement that emerged in response to severe environmental degradation from the mine that threatened the livelihood of over 30,000  people along the Ok Tedi and Fly Rivers. Representations of the Ok Tedi mining crisis continue to be characterised by conflicting environmental imaginaries between miners, landowners and social scientists.
    • Pays, « surnature » et sites « sacrés » paicî à Ponérihouen (Nouvelle-Calédonie) - Isabelle Leblic p. 95-111 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les lieux tabous ou rituels kanak sont-ils sacrés ? Avec cette interrogation, j'ai voulu mettre en question la notion même de sacré chez les Paicî. En partant des études de terrain menées dans la région de Ponérihouen et de Poindimié (aires paicî et cèmuhî), j'ai présenté une typologie des différents sites tabous en liaison avec les représentations de la nature et de la surnature. Ce qui m'a permis de montrer l'importance du lien aux ancêtres et esprits de toute sorte dans la gestion et les représentations de la nature, qui n'ont que très peu de choses en commun avec les mêmes questions en Occident.
      To reply to the query: are the taboo or ritual sites of the Kanaks sacred? I question the very notion of sacredness among the Paicî. Based on fieldwork carried out in the Ponérihouen and Poindimié Regions (Paicî and Cèmuchî areas), I attempt to present a typology of the different taboo sites in relation with their representations of nature and supernature. This makes it possible to highlight the importance of their links to their ancestors and spirits of all kinds in managing and representing nature, which greatly differ from theWest.
    • Inside – Outside - Christin Kocher Schmid p. 113-127 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La plupart des anthropologues considère que les Sawos et les Iatmul vivant dans la plaine du Sepik en Papouasie Nouvelle-Guinée constituent deux groupes linguistiques et culturels différents, les Sawos étant les sujets de la dominance culturelle et économique iatmul. À partir du modèle écologique, on a pu montrer que les Sawos et Iatmul sont une unité organique qui s'est adaptée avec succès à un environnement difficile, instable mais riche en ressources. Ils constituent donc les deux faces d'une même culture ; les villages sawos sont à l'abri des dangers et cachés parmi les marécages dans un intérieur sécurisé pendant que les villages iatmul sont perchés sur les berges exposées de la rivière dans un extérieur dangereux. Sawos et Iatmul ne partagent pas en confiance seulement leur nourriture mais aussi les matières premières importantes, les artefacts et les cérémonies. Selon ce modèle, les villages iatmul peuvent être vus comme des forts guardant l'accès aux ressources en sagou dans l'intérieur, c'est-à-dire aux villages sawos, alors qu'en même temps ils garantissent l'accès des Sawos aux ressources de la rivière. La quantité de données sur lesquelles cet article est basé a été collectée entre 1972 et 1974 par les membres de l'expédition Sépik de Bâles et jusqu'ici uniquement publiées en allemand.
      Most anthropologists consider Sawos and Iatmul people living in the Sepik plain of Papua New Guinea to constitute two different cultural-linguistic groups with Sawos being subject to Iatmul economic and cultural dominance. Using an ethnoecological model it can be demonstrated that Iatmul and Sawos are an organic unity successfully adapted to a difficult, instable but resource-rich environment. They constitute two facets of the same culture; the Sawos villages are safe and hidden amongst the swamps on the safe inside while Iatmul villages perch on the exposed river banks on the dangerous outside. Sawos and Iatmul not only trustingly share their food with each other but also crucial raw materials, artefacts, and ceremonies. Extending this model, Iatmul villages can be seen as forts guarding the access to the sago resources of the inland, that is to the Sawos villages, while at the same time they guarantee the Sawos access to the resources of the open river. The bulk of the data on which this article is based were collected in 1972-4 by members of the Basel Sepik expedition and hitherto only published in German.
    • Inventaire archéologique à Hiva Oa (Marquises) - Catherine Chavaillon, Éric Olivier p. 157-171 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'inventaire archéologique de l'île de Hiva Oa a été commandité par le service de la Culture et du Patrimoine de Polynésie française. Cette île, autrefois très peuplée, a subi une dépopulation massive à la fin du XIXe siècle. Les survivants se sont groupés dans un petit nombre de villages situés en bord de mer autour des premières missions (catholiques et protestantes). Les vestiges des anciens aménagements des vallées ont été abandonnés à la forêt et à l'usure du temps. De nombreux objets (dalles sculptées, statues, pétroglyphes, pierres à cupules et aiguisoirs) sont restés en place. Notre objectif est de répertorier ces pièces dans leur contexte archéologique et de tenter de recomposer, sur la carte de l'île, l'organisation du paysage ancien de certaines vallées (les grands sites cérémoniels, les habitations dispersées sur les pentes aux alentours, les terrasses de cultures, les fosses silos, les me'ae1 et les sites défensifs) avant que ces témoins ne disparaissent complètement. Les statues et dalles sculptées sont taillées, pour la plupart, dans un tuf volcanique tendre, sensible à l'érosion et aux dégradations d'origine végétale, animale ou humaine. Cet inventaire est encore très incomplet, mais il s'enrichit au fil du temps à travers les prospections et les relevés des sites de secteurs encore inexplorés, trop rapidement aperçus ou menacés de destruction à court terme. Il est urgent de gérer au mieux ce patrimoine marquisien afin qu'il trouve la place qu'il mérite au sein du patrimoine mondial.
      The French Polynesian Service of Culture and Heritage has been financing the archeological inventory of the island of Hiva Oa. Once densely populated, this island suffered a huge depopulation at the end of the nineteenth century. The survivors regrouped in a small number of coastal villages around the first (catholic and protestant) missions. What remained of the original developments was abandoned to the forest and weathering. Numerous objects (sculptured slab stones, statues, petroglyphs, cup stones and sharpening stones) can be found in situ. Our objective is to catalogue these pieces in their archeological context and to try and reconfigure, on a map of the island, the organization of the former landscape of specific valleys (the great ceremonial sites, the scattered dwellings on the neighbouring slopes, the cultivated terrasses, the silos pits, the meae, and the defensive sites) before this body of evidence completely disappears. In particular, the statues and sculptured stones are, in the main, cut out of tender volcanic tuff which is sensitive to erosion and to plant, animal and/or human degradation. This inventory, still in the making, expands through the prospections and site-surveys of sections as yet unexplored, overlooked or threatened with short- term destruction. We must urgently manage our Marquesan heritage as best as we can so that it finds the place it deserves in the world heritage.
    • Gestion de l'agrobiodiversité dans un village de Vanua Lava (Vanuatu) : stratégies de sélection et enjeux sociaux - Sophie Caillon, Virginie Lanouguère-Bruneau p. 129-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Afin de comprendre comment et pourquoi les agriculteurs choisissent leur portefeuille de cultivars de taros, une étude ethnobotanique a été menée sur l'île de Vanua Lava qui se distingue des autres îles Banks par ses tarodières, irriguées en alternance. Dans le village de Ve¯tuboso, le nalot (pudding) préparé à base de taros, dont les meilleurs sont cultivés dans les tarodières, scande tous les moments importants de la vie sociale. Les agriculteurs choisissent leur portefeuille de vingt cultivars parmi les quatre-vingt-seize présents dans le village, distingués selon onze critères morphologiques et nommés principalement en fonction de leur origine (reproduction sexuée, mutation somatique ou introduction). Sur un échantillon de douze agriculteurs, six cultivars qualifiés de communs (83 % des pieds de taros) sont choisis pour leurs atouts agronomiques et organoleptiques. À l'inverse, les quarante cultivars rares (8 % des pieds), piliers de la diversité, sont conservés à des fins sociales pour préserver un héritage familial ou une parcelle d'histoire mythique, pour se démarquer des autres et pour valoriser un produit d'échange. Sachant que seule la prise en compte exhaustive des parcelles permet de recenser l'ensemble des cultivars du village, c'est au final la multiplicité des stratégies des « collectionneurs », des « sélectionneurs » et des « conservateurs », qui dessine la richesse du patrimoine cultural du village et l'inscrit dans la logique de diversité culturelle propre aux sociétés mélanésiennes.
      An ethnobotanic research was realised to understand how and why farmers are choosing their cultivars' portfolio in a village named Vêtuboso from Vanua Lava island, well-known for its irrigated pondfields. The nalot (pudding) prepared with taros which tastied and firmest ones are cultivated on pondfields is essential to each step of the social life. Farmers are choosing twenty cultivars among the ninety-six planted in the village that are distinguished thanks to eleven morphogical criteria and named according to their origin (sexual reproduction, somatic mutation and introduction). In a sample of twelve farmers, six of them called ‘‘common cultivars'' (83 %of all planted taros) are selected because of their agronomic and organoleptic qualities. At reverse, forty rare cultivars (8 % of plants) are conserved for their social value to preserve a familial (heirloom) or mythic heritage, to be different from the other farmers, and/or to hold a valuable exchange product. To conserve the whole village's diversity, all ponds have to be taken into account. Thus, it is the diversity of individual strategies, classified in ‘‘collectors'', ‘‘selectors'' and ‘‘conservators'', that is responsible from the richness of the farming patrimonial, and that comes within the scope of cultural diversity's logic, peculiar to Melanesian societies.
    • Tahiti : du culte au mythe de l'abondance - Christophe Serra Mallol p. 149-156 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À la fin du dix-huitième siècle, les premiers visiteurs européens ont véhiculé le mythe d'un Tahiti où régnait l'abondance alimentaire, à l'image d'un Éden terrestre. Or, malgré l'apparente profusion de la végétation naturelle et les nombreuses cérémonies de dons aux navigateurs, les anciens Mao'hi avaient mis en place une société d'abondance strictement limitée, où les rites de fertilité faisaient l'objet d'un culte omniprésent. Mythe européen de l'abondance et culte mao'hi de la fertilité sont les deux termes de ce malentendu premier, qui peut apporter un éclairage sur les pratiques contemporaines d'alimentation et de représentation du corps.
      At the end of the eighteen century, the first european navigators conveyed the Tahitian myth of food abundance, in image of a terrestrial Eden. But, despite the appearance of plenty of natural vegetation, and the numerous ceremonies of gift to the navigators, the ancient Mao'hi gave rise to a strictly limited abundance society, where fertility rites were the subject of an omnipresent cult. European myth of abundance and mao'hi cult of fertility are the two terms of this first misunderstanding, which may clear up the contemporary foods habits and body representation.
    • Bibliographie de l'île de Clipperton – Île de La Passion (1711-2005) - Christian Jost p. 181-197 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'île de Clipperton, baptisée « Île de La Passion » par ses découvreurs français en 1711, porte pourtant le nom d'un pirate anglais. Malgré les très courtes périodes d'occupation qu'elle connut au début du XXe siècle et dans les années 1960, son histoire est jalonnée de nombreux écrits. Son intérêt scientifique sur le plan des études environnmentales et les enjeux économique et géopolitique récemment renouvelés conduisent l'auteur à publier ici cette bibliographie de plus de trois cent cinquante références d'ouvrages, articles scientifiques, rapports, textes officiels, articles de presse, films et de quelques sites internet portant uniquement sur l'île.
      Yet Clipperton Island has been discovered and baptised Île de La Passion» by its French discoverors in 1711, its name is the one of a british pirate. Despite its short periods of occupation at the beginning of the 20th century and during the sixties, its history is ponctuated with numerous written works. Its high interest for environmental studies, and its recent renewed economic and geopoltical issues bring here the author to publish more than three hundred fifty references of books, articles, reports, administrative text, press papers, films et some websites only about the island.
  • Miscellanées

    • Le déni - Dominique Cadilhac p. 173-180 accès libre
  • Comptes rendus d'ouvrages

  • Actualités