Contenu du sommaire : Spécial ESfO Marseille – 2005

Revue Journal de la Société des Océanistes Mir@bel
Numéro no 125, 2007
Titre du numéro Spécial ESfO Marseille – 2005
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier 6e conférence de l'ESfO à Marseille (juillet 2005)

    • Les défis du Pacifique : questionner les concepts, repenser les conflits - Françoise Douaire-Marsaudon p. 177-179 accès libre
    • Death of a few celebrated truths and others still worth re-stating - Maurice Godelier p. 181-192 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Firth, une grande oeuvre mais aussi un grand homme. Ayant commencé en Nouvelle-Zélande des études d'économie politique, Firth rencontre Malinowski et choisit de devenir anthropologue. De la Polynésie à la banlieue de Londres en passant par la Malaisie, les terrains et les livres se succèdent et s'accumulent parmi lesquels des chefs-d'œuvre We, The Tikopia(1936) ou The Work of the Gods in Tikopia(1940). Un matériel ethnographique d'une immense richesse exposé avec précision et clarté mais aussi des ouvrages théoriques sur des domaines clés : la religion, les symboles, etc. où Firth manifestait bien avant les critiques des post-modernistes un scepticisme vis-à-vis des « grandes théories », le marxisme, le structuralisme, etc. L'auteur pose alors la question : Pourquoi célébrer un grand anthropologue si l'anthropologie n'est qu'une suite de récits-fictions écrits par des Européens « avec la complicité de leurs informateurs-indigènes » (Marcus) et est donc un genre littéraire en voie de disparition ? Il répond en montrant qu'il y a deux façons de déconstruire une discipline, l'une qui aboutit à la dissoudre, l'autre à la reconstruire sur une base plus rigoureuse et analytiquement plus efficace. Empruntant cette seconde voie, il analyse successivement plusieurs problèmes : la distinction entre l'imaginaire et le symbolique et leurs rôles respectifs dans la production des rapports sociaux. Il cherche ensuite quels sont parmi tous les rapports sociaux, ceux qui ont la capacité de lier un certain nombre de groupes humains en un Tout qui leur confère une identité globale partagée, qui en fasse une société. Il montre que seuls des rapports politico-religieux ont une telle capacité dont sont privés les rapports de parenté et les rapports économiques. Enfin réfléchissant sur le métier d'anthropologue, l'auteur dégage un certain nombre de conditions à remplir pour que ce métier constitue une démarche scientifique et critique plus nécessaire que jamais pour analyser et comprendre le nouvel ordre mondial né avec la chute du mur de Berlin (1989) et les attentats du 11 septembre 2001.
      Firth produced a great work but he was also a great man. Having set out to study political economics in New Zealand, Raymond Firth encountered Malinowski and decided to become an anthropologist. The fieldwork and books followed, on subjects ranging from Polynesia to the housing projects of London. Some of these were masterpiece, like We, The Tikopia (1936) or The Work of the Gods in Tikopia(1940). An immensely rich store of ethnographic material, laid out precisely and clearly but also theoretical works on key areas: religion, symbols, etc. in which, well before the postmodernists, Firth voiced his skepticism about «grand theories», Marxism, Structuralism, etc. The author of the lecture next asks the question: Why should we celebrate a great anthropologist if anthropology is nothing more than a bunch of narrative fictions written by Europeans with the complicity of their native informants (Marcus) and is therefore a dying literary genre? He replies that there are two ways of deconstructing a discipline: one that leads to its dissolution and the other that leads to its reconstruction on a more rigorous and analytically more effective basis. The author opts for the second way and analyses several issues: the distinction between the imaginary and the symbolic, and their respective roles in producing social relations. He then seeks to identify among all social relations, those that have the capacity to bind a certain number of human groups into a Whole that endows them with an overarching shared identity and makes them into a society. He shows that the only relations that have this capacity are political-religious relations, not kinship relations or economic relations. Lastly, considering the trade of the anthropologist, he sets out a number of conditions that must be fulfilled in order for this job to constitute a scientific, critical approach more necessary than ever for analyzing and understanding the new world order that sprang up with the fall of the Berlin Wall and the Twin Towers attack on 9/11/2001.
    • Pacific history matters - Brij V. Lal p. 193-200 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La nouvelle historiographie Pacifique est née à un moment, à une place et dans un contexte politique bien particuliers. Sa charte de fondation a promu une approche des études historiques centrée sur les îles. Dès ses débuts en 1950, cette sous-discipline du Pacifique a pris de nouvelles directions et élargi sa perspective. Si le rôle fondateur de Canberra est reconnu, d'autres centres ont émergé qui ont apporté leur propre contribution. Un nombre grandissant d'insulaires participent aux discours savants tenus sur le passé des îles. Et l'histoire se pratique et s'exerce aujourd'hui le long d'axes novateurs qui défient le cadre et les fondations de la discipline.
      New Pacific historiography emerged at a particular place and time and in a particular political context. Its founding charter promoted an island-centred approach to historical scholarship. But since its solitary beginnings in the 1950s, the sub-discipline of Pacific has taken new turns and broadened its scope. Canberra's founding role is acknowledged, but other centres have emerged to make their own distinctive contribution. More islanders are participating in academic discourses about the islands' past. And history is practised and performed in new, innovative ways that challenge the discipline's foundational approach and framework.
    • Colonial grievances, justice and reconciliation in the Pacific - Toon van Meijl, Michael Goldsmith p. 201-207 accès libre
    • Mapping Oceania past and present: movements, geographies, identities - Anne Di Piazza, Wolfgang Kempf, Erik Pearthree p. 209-212 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Océanie a toujours été un lieu d'échanges, de contacts et interactions, en somme de mouvements. Dans cette session, nous avons abordé les thèmes des routes migratoires anciennes à travers les modélisations-simulations informatiques ; des modes de représentation de l'espace maritime et terrestre ; enfin de la dialectique mobilité – enracinement sur le long terme en rapport avec les hégémonies culturelles ou coloniales. L'objectif premier étant de questionner l'unité et l'identité océanienne en adoptant une perspective insulaire.
      Oceania has always been a place of exchanges, of contacs and interactions, in brief of movements. In this session, we have investigated the themes of ancient migration routes through computer simulation; of modes of maritime and terrestrial representations of space; and finally of the dialectic between mobility and enrootedness over the long term and in relation to cultural or colonial hegemony. The primary objective being to question ideas of Oceanic unity and identity through the adaptation of an insular perspective.
    • Dancing with the Flow: Political Undercurrents at the 9th Festival of Pacific Arts - Barbara Glowczewski, Rosita Henry p. 213-219 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 2004, le Festival des Arts du Pacifique, organisé tous les quatre ans depuis 1972, fut accueilli par la République de Palau en Micronésie qui comprend seize États pour une population de moins de 20 000 habitants. Un système original d'organisation communautaire, fondé sur des concepts palauans de leadership et d'hospitalité traditionnels, plaça chacune des vingt-huit délégations de divers pays du Pacifique sous la responsabilité d'un « État sœur » de Palau et de comités de bénévoles mis en place autour de différents thèmes (danse, théatre, musique, ateliers de soins, etc.). Le coût élevé de ce festival qui dura du 22 au 31 juillet et l'incroyable engagement de cet événement semblaient un potlatch moderne, défiant moins les invités autochtones que les divers pouvoirs qui sont en compétition dans le Pacifique (USA, Japon, France, Chine, Taiwan, Indonésie, Nouvelle-Zélande et Australie).
      In 2004, the Festival of Pacific Arts, held every four years since 1972, was hosted by the Republic of Palau in Micronesia with its 16 states and population of less than 20,000. An unique system of community organisation, based on Palauan concepts of traditional leadership and hospitality, placed each of the 28 country delegations from all over the Pacific into the care of a Palauan «sister state» and volunteer committees set up according to topic (dance, theatre, music, healing workshops, and so on). The heavy cost of this festival, held 22-31 July, and the incredible local commitment to this event, seemed like a modern potlatch, challenging not so much the indigenous guests but the diverse powers competing in the Pacific (USA, Japan, France, China, Taiwan, Indonesia, New Zealand, and Australia).
    • «If you don't believe our story, at least give us half of the money»: Claiming Ownership of the Ok Tedi Mine, PNG - Tony Crook p. 221-228 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le début de 1984, des gens de la région de Ningerum font état de mauvaises récoltes, d'eau ayant un goût désagréable et d'histoires de liens ancestraux avec le site minier du mont Fubilan à Ok Tedi. En septembre 2000, une nouvelle génération présenta une pétition de la part de la West Ningerum Pressure Association. Le document avait soigneusement éradiqué toute trace d'explication coutumière et présenta le cas comme si les mauvaises récoltes, les arbres qui donnaient peu de fruits, la mauvaise eau, le peu de vie fluviale, le feuillage desséché et les rochers couverts maintenant d'une mousse glissante, étaient les effets mesurables des déchets miniers que l'on soupçonnait d'entrer dans leur système fluvial par des voies souterraines. Il omettait également toute trace d'un tunnel utilisé par les esprits et les gens qui commerçaient avec eux et par lequel de l'eau fertile ou des bénédictions s'écoulaient dans le paysage et toute trace de la deuxième phase de revendication foncière sur la totalité du dépôt de la mine. Cet article analyse ces événements en terme des préoccupations régionales, de révélation et de dissimulation – comme si une revendication devait comprendre les deux moitiés d'une équation – et étudie comment ces préoccupations sont présentées dans les négociations foncières, susceptibles d'éveiller la compassion et la reconnaissance d'une revendication, plutôt que d'être l'expression des demandes.
      Reports of poor crops, bad tasting water and stories of an ancestral connection with the Mt. Fubilan minesite at Ok Tedi have been reported by people in the Ningerum area since early 1984. In September 2000, a new generation presented a petition on behalf of the West Ningerum Pressure Association. The document had very carefully screened out any traces of customary explanation, and presented the case as if a manifest of poor crops, unfruitful trees, poor water, sparse river life, dried out foliage, and rocks now slippery with moss were the measurable effects of the mine wastes believed to be entering their river systems from underground. It also left out any trace of a tunnel used by spirits and the people who would trade with them and by which fecund water or blessings would flow into the landscape, and left out any trace of the second phase of claiming ownership over the entire mine deposit. This paper analyses these events in terms of regional concerns with revelation and concealment – as if a claim must necessarily comprise both as halves to an equation – and looks at how these concerns are presented in ownership negotiations which depend on eliciting sympathy and recognition of a claim, rather than putting demands into words.
    • Revendiquer sa culture : nouvelles définitions et propriété des pratiques culturelles dans la Province de Manus (Papouasie Nouvelle-Guinée) - Steffen Dalsgaard p. 229-236 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1993, le gouvernement de la Province de Manus a rédigé un projet de loi sur la Culture à Manus, qui devait protéger et défendre la culture traditionnelle de Manus, en Papouasie Nouvelle-Guinée. Le fait d'utiliser la législation était une nouvelle façon de définir et de revendiquer la propriété des pratiques culturelles à Manus. Des pratiques spécialisées, comme la construction de pirogues et de garamut (tambours à fente traditionnels), ou l'exécution de rythmes traditionnels et de pas de danse étaient autrefois la propriété de groupes de descendance patrilinéaire. Aujourd'hui, des processus d'objectivation des traditions à Manus ont généré de nouvelles identifications culturelles et redéfini les façons dont elles sont perçues en tant que ressources et peuvent être revendiquées en tant que propriété. Cet article retrace le développement des notions de tradition et de culture à Manus, et les analyses à la lumière des données empiriques obtenues dans le contexte d'une exposition ethnographique sur Manus. J'essaie de déterminer comment les mécanismes de validation de la connaissance et aussi de construction d'une province et d'une nation sont des aspects importants à prendre en compte lorsqu'on étudie la propriété.
      In 1993 the Manus Provincial Government produced a draft for the Manus Culture Act, which was meant to protect and advocate the traditional culture of Manus, Papua New Guinea. Using legislation was a new way to define and claim ownership of cultural practices in Manus. Specialised practices, such as the construction of canoes and garamut (traditional slit-drums) or the performance of traditional rhythms and dance-steps, were the property of patrilineal descent groups in the past. Today processes of objectification of traditions in Manus have generated new cultural identifications and redefined the ways these are perceived as resources and can be claimed as property. This article traces the development of notions of tradition and culture in Manus and discusses these in the light of empirical material obtained in connection with an ethnographic exhibition on Manus. I assess how mechanisms of validating knowledge as well as ‘province' and nation-building are important aspects to be taken into account when studying ownership.
    • Le Fidjien fou avec le singe et autres histoires à propos d'une petite île près de Port Moresby (Papouasie Nouvelle-Guinée) - Michael Goddard p. 237-247 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pendant les premières années de l'administration coloniale, les Britanniques et, plus tard, les Australiens, avaient pour politique de ne pas enlever de terres aux habitants de la Papouasie Nouvelle-Guinée sans leur accord. Par exemple, dans la région où se trouve actuellement la capitale, Port Moresby, ils négocièrent avec les propriétaires fonciers locaux, les Motu-Koita, l'achat de terres et s'assurèrent également que certaines terres étaient « à l'abandon et inoccupées » et qu'ils pouvaient donc se les approprier sans paiement. Comprise dans cette dernière catégorie, il y avait l'île de Daugo, un affleurement corallien au large du port de Port Moresby, que les Britanniques acquirent en 1889. Dans les années 1960, après la création d'un Land Titles Commission (Commission pour les droits fonciers), plusieurs groupes locaux revendiquèrent chacun la propriété coutumière de cette île autrefois « à l'abandon et inoccupée ». Après une longue bataille judiciaire, il fut jugé que les habitants de Tatana, une petite île dans la baie, en étaient les propriétaires. Les tactiques des demandeurs et les critères d'évaluation appliqués par les tribunaux fournissent un aperçu des changements dans la légitimation de revendications foncières sous la rubrique de la coutume.
      In the early years of colonial rule the British, and later the Australians, adhered to a policy that they would not take land from Papua New Guineans against their will. For example, in the area where the capital city, Port Moresby, now stands, they negotiated with the local landholders, the Motu-Koita, to buy land, and also ascertained that some land was «waste and vacant» and could therefore be appropriated without payment. Included in the latter category was Daugo Island, a coral outcrop outside Port Moresby's harbour, which the British acquired in 1889. In the 1960s, after a Land Titles Commission was established, a number of local groups made competing claims to customary ownership of the formerly «waste and vacant» Daugo Island. After a long legal battle, the people of Tatana, a small island in the harbour, were judged the owners. The tactics of the claimants and the assessment criteria applied by the courts afford insights into changing legitimations of land claims under the rubric of custom.
    • From fertility rituals to mining companies: eco-cultural issues and land rights in Oksapmin - Lorenzo Brutti p. 249-255 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite des représentations oksapmin de la propriété foncière en relation avec le paiement des compensations liées au permis d'usage des eaux engagées par Porgera Joint Venture (PJV) comme une conséquence de l'impact écologique des opérations de cette compagnie sur le bassin riverain du Lagaip-Strickland. Malgré le fait que la communauté oksapmin soit complètement évangélisée depuis les deux dernières générations, les propriétaires fonciers ont récemment mis en valeur l'exégèse pré-contact dans les récriminations qui les opposent aux compagnies minières étrangères. Dans cet article, l'auteur avance l'hypothèse que le retour à la revendication des anciennes croyances animistes soit une stratégie sociale pour gérer les droits fonciers. Cette stratégie entraîne en fait, de la part des compagnies privées, un dédommagement financier pour l'impact écologique et culturel des opérations minières. Poussés par les enjeux fonciers, les Oksapmin tendent aujourd'hui à redécouvrir la tradition pour l'intégrer à la modernité. La tradition retrouve ici un rôle nouveau et original. Les esprits aquatiques et les sites sacrés du fleuve sont réinterprétés et perçus comme les gardiens des droits fonciers, détenus par des acteurs mythiques à l'origine des temps.
      This paper describes the Oksapmin representations of land ownership related to the frame of the water use permit payment process, engaged by Porgera Joint Venture (PJV) as a consequence of the ecological impact of the mine operations on the Lagaip-Strickland basin. Even if the Oksapmin society has been fully evangelized during the last two generations, the landowners have recently stressed the pre-contact exegesis in the claims against that foreign mining company. In this essay the author formulates the hypothesis that the claims to the former animist beliefs may be a social strategy to manage land ownership. This strategy provokes, on the side of private companies, a monetary compensation for the «eco-cultural» impact of mining operations. The land issues focus today on the rediscovery of tradition in order to integrate it to modernity. Tradition then acquires a new original rule in contemporary society. The water spirits and the river sacred sites are re-interpreted and perceived as the guardians of land rights, held by mythical actors at the beginning of time.
    • Communicating with Transculturation - Elfriede Hermann p. 257-260 accès libre
    • Are Kanak languages to be taught? - Marie Salaun p. 261-269 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le recensement de 1996 en Nouvelle-Calédonie révèle l'existence de plus de 53 000 locuteurs des vingt-huit langues kanak qui y sont parlées. Sur ces vingt-huit langues, six sont enseignées à l'école aujourd'hui, alors que l'accord de Nouméa (1998) stipule officiellement que les langues kanak sont des langues d'enseignement et de culture, à côté de la langue française. Cet article traite de la difficile institutionnalisation de la présence des langues vernaculaires dans l'éducation formelle, après des décennies de répression au nom de l'assimilation, de l'égalitarisme républicain (et du jacobinisme). À partir de données de terrain, il interroge la multitude d'obstacles que la reconnaissance des langues kanak doit surmonter aujourd'hui encore. Il aborde le subtil glissement qui s'est opéré, des exigences de l'ancienne domination coloniale à celles du futur « destin commun » postcolonial.
      The 1996 census in New Caledonia reveals that there are more than 53 000 speakers of the 28 Kanak languages spoken there. Of these 28 languages, only 6 are taught at school today, although the Noumea Accord (1998) officially states that Kanak languages are teaching and culture languages, together with French. This paper discusses the complex institutionalization of vernacular languages in formal education, after decades of repression in the name of assimilation, and the French republican egalitarism (and Jacobinism). On the basis of field data, it explores how even these days the recognition of Kanak languages has to overcome amultitude of obstacles. It addresses the subtle shift from the conditions under the former colonial domination to the new requirements of the postcolonial «common destiny».
    • Kanak Identity, New Citizenship Building and Reconciliation - Isabelle Leblic p. 271-282 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      2004-2005 est le vingtième anniversaire des événements de novembre 1984 à janvier 1985 qui ont marqué profondément la Nouvelle-Calédonie et sa vie politique et sociale. L'accord de Nouméa (de mai 1998) a introduit la notion d'une nouvelle citoyenneté et l'on peut se demander sur quelle base celle-ci va pouvoir se construire, sans nier l'identité Kanak mais en prenant en compte également les autres composantes présentes depuis longtemps sur le territoire. Dernièrement, en juillet 2004, les Kanak de Maré, d'Ouvéa et de Hienghène se sont retrouvés, en dehors de toute organisation politique, pour une grande réconciliation, suite à l'assassinat à Ouvéa de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné le 4 mai 1989. Voilà quelques données qu'il nous faut analyser pour comprendre les enjeux de la Nouvelle-Calédonie de demain.
      2004-2005 is the twentieth anniversary of the November 1984-January 1985 events which have greatly stigmatized the politics and the social life in New Caledonia. The Noumea Accord (may 1998) introduced the idea of new citizenship for the people living in New Caledonia. On which foundation could it be built, without denying Kanak identity yet taking into account the various populations who lived in New Caledonia before 1988? In July 2004, 15 years after the drama of Ouvea, where Jean-Marie Tjibaou and Yeiwéné Yeiwéné were killed (May 4, 1989), Kanaks from Maré, Ouvéa and Hienghène met without any political organization for a great reconciliation. These facts will be analyzed for a better understanding of the what is actually at stake for the future New Caledonia.
  • Articles hors dossier (Nouvelle-Calédonie)

    • Les femmes kanak sont fatiguées de la violence des hommes - Christine Salomon, Christine Hamelin p. 283-294 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le rééquilibrage économique entrepris dans les années 1990 pour combler le fossé social qui séparait en Nouvelle-Calédonie les Kanak des autres communautés, l'engagement des femmes kanak dans le mouvement indépendantiste et, plus récemment, l'application de la parité politique, ont provoqué des mutations importantes dans la vie matérielle des femmes mais aussi dans leurs représentations du genre. Nos enquêtes ethnographiques et les résultats d'une étude par questionnaire en population générale féminine que nous avons menée sur le thème des violences faites aux femmes indiquent qu'aujourd'hui une majorité de femmes kanak ne légitiment ni les viols ni les coups, y compris quand l'auteur est le conjoint. Elles contestent ainsi un ressort de l'ordre masculin et mettent en question les constructions anciennes de la conjugalité. Alors que les violences constituaient jusqu'il y a peu un moyen généralisé de la domination masculine, leur mise en cause idéologique, massive chez les plus jeunes des Kanak et chez celles qui résident en ville, témoigne à l'échelle des individus d'ouvertures nouvelles et plus généralement d'une renégociation des rapports sociaux de sexe que nous essayons ici de mieux comprendre et d'inscrire dans l'histoire politique et sociale récente du pays.
      The engagement of Kanak women with the pro- Independence movement, the economic rebalancing programme launched in the 1990's to bridge the social gap in New Caledonia between the Kanak and the other communities, and more recently the application of political parity have led to deep change in women's everyday lives but also in their gender representations. Our ethnographic investigation and the results of our questionnaire survey on violence among the general female population show that, today, a majority of Kanak women no longer legitimise rape or physical violence even if the perpetrator is the partner. In this way they are challenging one of the foundations of the male order and querying long-standing constructions of the conjugal relationship. Violence was until recently a generalised way of imposing male domination. Its ideological challenging, now on a massive scale by the youngest Kanak women and urban Kanak women, shows that new openings are emerging at the individual level and that, more generally, there is a renegotiation of gender social relationships that we will try better understanding here while setting it into the background of the country's recent political and social history.
    • La révision toponymique (et cartographique) en Nouvelle-Calédonie (1983-1993) - Jean Chatelier p. 295-310 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Avec l'accord de Nouméa de 1998, impliquant la restauration des noms kanak, la toponymie vernaculaire occupe régulièrement la scène médiatique depuis les premières actions de la province Nord à partir de 2002. Il paraît donc intéressant de voir d'abord, et succinctement, comment ce sujet a été traité depuis les premières cartes officielles jusqu'à nos jours, puis de s'attarder un peu plus sur la révision toponymique menée par le Service topographique de la Nouvelle-Calédonie entre 1983 et 1993, ce en même temps que la révision de la carte IGNde base à l'échelle du 1 : 50 000. Il sera aidé en cela par la Commission nationale de toponymie de l'IGNet l'université Paris III, ex Institut national des langues et civilisations orientales. Cette Action, ou plutôt cette expérience originale et sans précédent, dont on soulignera les principaux traits, a révélé un patrimoine particulièrement riche et abondant, encore aujourd'hui. Si celui-ci est menacé par l'évolution en cours et l'occidentalisation, sa sauvegarde sur le long terme et sa valorisation au travers de la documentation moderne, tant au niveau local que national, voire international, dépendront pour une grande part, de la continuité des actions avec la révision de 1983-1993, de la recherche d'une certaine simplification des écritures au travers d'une normalisation et enfin du respect de procédures d'officialisation. Les compétences en la matière, locales et nationales, n'ont jamais été aussi nombreuses ; il conviendrait donc de les rassembler sur cet objectif. C'est le défi qu'il nous faudra, tous ensemble, relever aujourd'hui.
      Since the Noumea agreements in 1998, the revival of Kanak names and of the vernacular toponymy has often been in the light of the media, especially since 2002, when the northern province took the first steps to promote that policy. It is thus of some interest to analyse how this question has been treated, from the first official maps until now, and then to analyse the revision brought to the New Caledonian toponymy by the Topographic Services between 1983 and 1993, at the same time as the IGN revised its maps at scale 1:50 000. To do so, the New Caledonian Topographic Services were helped by the IGN National Committee for toponymy, by the University Paris III formerly the National Institute of Oriental Languages and Civilisations. This unprecedented and original experiment has revealed a particularly abundant and rich heritage, which has survived till now, but which is threatened by ongoing evolution and westernization. Thus, its long-term preservation and promotion at local, national and even international levels, through modern techniques of documentation will mostly depend on how the policy carried out between 1983-1993 is continued, as well as on the quest for a simplified and unified writing system and on the respect of official procedures. Local and national skills in such matters have never been so great, they should now focus on that aim. This is the present challenge that must be confronted collectively.
    • Étude d'un genre cérémoniel de la tradition orale ajië, le vivaa (Nouvelle-Calédonie) - Julia Ogier Guindo p. 311-320 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La littérature orale kanak demeure largement méconnue. Il est vrai qu'il s'agit souvent de textes difficiles, comme les discours traditionnels en langue ajië nommés vivaa. Ces « discours de coutume » sont prononcés lors des cérémonies de naissance, de mariage ou de deuil, ainsi que dans d'autres occasions de la vie sociale. La parole accompagne toujours le don rituel, selon des conventions bien précises. Le vivaa est un genre poétique, comme en témoigne la présence d'un rythme spécifique et d'une langue hautement métaphorique. Dans cette culture, les paroles cérémonielles ont une puissance évocatrice telle qu'elles possèdent une efficacité de type magique. Le contenu des discours est l'objet d'une recherche de consensus social. L'orateur, par des allusions historiques et sociologiques, cherche en effet à renforcer les alliances entre les clans et à régler la question des statuts. L'obstacle majeur à l'interprétation de ces oeuvres reste cependant l'ancienneté de leur composition, la société kanak ayant fortement évolué sous l'effet de la colonisation française. Le rôle de l'écriture, dans le maintien de cette tradition orale, semble alors être de renouveler la création poétique.
      Kanak oral literature is still quite underrated. To tell the truth, traditional texts like ajië speeches, the so-called vivaa, are very complicated. Those «custom speeches» are told for birth, wedding and funeral ceremonies, and in other occasions of the social life. Words always go with ritual gift, according to specific conventions. The «vivaa speech» has a special rythm and proceeds always allusively; it's a kind of poetic performance. Moreover, in this culture, ceremonial speech is efficient and appears to be rooted into magic thought. The speech content depends on a social consensus. Indeed, by allusions to the history, the orator tries to strengthen alliances between clans and to deal with the problem of social status.However, those pieces of poetry have been composed a long time ago and it causes difficulty in reading, because kanak society has much changed under the influence of french colonization. Then, writing can safeguard this oral tradition and revive poetic creation.
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