Contenu du sommaire : Santé au travail : une méconnaissances durable

Revue Sciences Sociales et Santé Mir@bel
Numéro vol. 28, no 2, juin 2010
Titre du numéro Santé au travail : une méconnaissances durable
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Méconnaissances de la santé au travail - Danièle Carricaburu, Emmanuel Henry p. 5-9 accès libre
  • Statistiques « ouvertes » et ergonomie « myope » : combiner les niveaux d'analyse en santé au travail - Serge Volkoff p. 11-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article interroge, dans le domaine de la santé au travail, la capacité des statistiques à entretenir un dialogue fructueux avec l'ergonomie. Le rapport avec les outils quantitatifs ne pose pas les mêmes problèmes selon le courant de l'ergonomie auquel on s'intéresse. Pour les ergonomes soucieux d'analyser de près l'activité réelle, en coopération avec les travailleurs eux-mêmes, l'articulation avec les approches statistiques suppose que ces dernières adoptent une méthodologie «ouverte » . L'article précise les traits essentiels de cette méthodologie, avant de montrer sur quelques exemples en quoi une combinaison des niveaux d'analyse peut s'avérer féconde.
    “ Open” statistics and “ near-sighted” ergonomics : combining levels of analysis and occupational health This paper discusses, within the field of occupational health, the capacity of statistics to maintain a fruitful dialogue with ergonomics. The relation with quantitative tools raises different issues depending on the ergonomic school of thought considered. Ergonomists concerned with a precise analysis of the actual activity, carried out in cooperation with the workers themselves, will combine their work with statistical approaches provided these approaches make use of an “ open” methodology. The paper specifies the essential features of this methodology before proceeding to illustrate, through a number of examples, the value of combining different of levels of analysis.
  • L'invisibilité du travail réel et l'opacité des liens santé-travail - Dominique Lhuilier p. 31-63 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'analyse des conditions de la visibilité sociale de la santé au travail a conduit à recenser, dans différents champs disciplinaires, les «masques » qui brouillent la perception des liens entre santé et travail. Au-delà de leur rappel, nous étudierons ici comment l'invisibilité croissante du travail réel alimente le déni des origines et des processus de la pénibilité et des risques du travail. Aux classiques difficultés d'accès à la connaissance de l'activité s'ajoutent aujourd'hui de nouvelles conditions de construction de cette occultation du travail. Dans ce contexte apparaissent à la fois une montée des préoccupations relatives à la santé psychique au travail et de nouveaux professionnels, experts en santé-travail, en charge de prévention ou réparation. L'analyse proposée interrogera leur contribution à la méconnaissance du travail et les conditions d'un ré-ancrage du lien santé-travail dans l'analyse partagée des activités réelles et de leur transformation.
    The unvisibility of the real work and the opacity of the links between health and work The analysis of the conditions of social visibility occupational health led to the recension, within various academic fields, of the “ masks” which spread confusion over the perception of the links between health and work. Beyond their recall, this article explores here the ways by which the growing illegibility of work feeds the denial of the origins and processes of painfulness and work risks. New conditions of construction of an illegibility of work can be added today to the well known difficulties of access to the activity's understanding. It is in such a context that one can identify both an increase in the concerns for psychic health at work and new professionals, experts in the area of occupational health, dealing with prevention and reparation. The analysis we propose questions their contribution to the illegibility of work and the conditions of a re-anchoring of the link health / work in the shared analysis of the real activities and their transformation.
  • La lutte contre les poisons industriels et l'élaboration de la loi sur les maladies professionnelles - Jean-Claude Devinck p. 65-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Entre 1830 et 1880, la majorité des travaux des hygiénistes traite des grandes intoxications professionnelles causées par le phosphore, le plomb et l'arsenic, mais le discours de l'hygiène industrielle apparaît décalé au moment où sont par ailleurs loués les merveilles de l'industrie et les prodiges de la mécanisation. Ce n'est qu'avec l'arrivée du mouvement ouvrier organisé que le problème change de nature. L'hygiène du travail devient pour les ouvriers un sujet de discussion et de revendication, le support d'une lutte contre le patronat et, enfin, l'objet d'un savoir propre sinon opposable, du moins complémentaire à celui des professionnels de la santé ouvrière. Dans un premier temps, les luttes s'engagent vers une interdiction des produits toxiques puis, au début du XXe siècle, les syndicalistes ajoutent à leur combat l'assimilation des maladies professionnelles aux accidents du travail. Pendant près de vingt ans, la CGT (Confédération générale du travail) considérera ces combats comme complémentaires ; l'assimilation des maladies professionnelles aux accidents du travail est alors posée non pas comme une alternative à la suppression des poisons industriels, mais comme une mesure d'accompagnement. Le retour à la paix marque l'abandon définitif de la lutte pour la suppression des poisons industriels dans l'industrie. En effet, cette notion disparaît du programme minimum de revendication élaboré en novembre 1918, par le Comité confédéral national de la CGT. N'y subsiste que l'assimilation des maladies professionnelles aux accidents du travail. Dès lors, les syndicats ouvriers vont se laisser enfermer dans la seule réparation des maladies professionnelles. Il faudra attendre près de soixante-dix ans et le scandale de l'amiante pour voir de nouveau l'interdiction d'un produit toxique en France.
    The struggle against industrial poisons and making of the law on industrial diseases In this article, we wish to make up for the lack of historical research around the genesis of the 1919 French law on industrial diseases. We show the role of hygienists concerned with work-related poisoning between the Monarchie de Juillet and the Second Empire. We stress the long-underestimated contribution of the labor movement to this history, from the reports of the worker delegations at the Paris World Fair in 1867 to the congress of the CGT trade union in 1906. We show that before considering that industrial diseases should be recognized by the State, the labor movement has long fought for the ban of toxic products. Only in the beginning of the XXth century do members of Parliament start treating this issue. Twenty years go by before the vote of a law on industrial diseases is effective. The CGT will support the law only as of the First World War, when Albert Thomas creates the Medical Inspection of war factories.
  • Les fibres courtes d'amiante sont-elles toxiques ? Production de connaissances scientifiques et maladies professionnelles - Annie Thébaud-Mony p. 95-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis une dizaine d'années, des historiens et des chercheurs en santé publique ont pris pour objet de recherche les conditions de production scientifique des effets sanitaires de nombreux produits industriels, notamment l'amiante. Ils montrent comment les industriels induisent en permanence de l'incertitude sur la toxicité de leurs produits par le biais des chercheurs dont ils contrôlent les travaux. Cet article retrace la genèse d'un débat venant semer le doute sur la toxicité des fibres courtes d'amiante et analyse son impact dans l'expertise collective sur la toxicité comparée de fibres d'amiante — courtes, fines et «réglementaires » , c'est-à-dire longues — dont les résultats ont été rendus publics en février 2009 par l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET). Dans une première partie, l'auteur analyse le développement d'une «vraie fausse controverse » , engagée à l'initiative des industriels américains de l'automobile. Consacrées par la publication de résultats dans les revues scientifiques internationales à comité de lecture, les recherches financées par les industriels acquièrent une légitimité, en dépit de l'expression critique argumentée que ces travaux suscitent au sein même de la communauté scientifique américaine. Exporté hors de celle-ci et des conflits qui s'y déroulent, ce débat revêt le caractère d'une véritable question scientifique reprise à leur compte par les experts français réunis par l'AFSSET. La seconde partie analyse comment l'expertise collective AFSSET est elle-même dominée par les recherches contrôlées par les industriels. L'auteur montre une approche sélective des travaux de la littérature sur le sujet, dans le contexte d'une absence de données françaises et d'études sur l'exposition aux fibres d'amiante de différentes dimensions. Les conséquences qui en résultent, tant dans le champ de la production des connaissances que de la réparation et de la prévention des maladies professionnelles, sont discutées en conclusion.
    Are short asbestos fibers toxic ? Scientific knowledge production and occupational diseases Since around ten years, historians and researchers in public health analyse the conditions of the production of the scientific knowledge on the health effects of numerous industrial products, in particular asbestos. They show how the industries are succeeding to keep in doubt the toxicity of their products by the way of the researchers whose works they control. This article analyses the genesis of a debate creating again the doubt on the toxicity of the asbestos short fibres and its impact in the collective expertise on the compared toxicity of asbestos fibres of different dimensions, the results of which were publicized in February, 2009 by the French Agency for occupational and environmental health and safety (AFSSET). In a first part, the author studies the development of the “ real false controversy”, started by researchers paid by the American automobile industry. By the way of the publication of their results in the recognized international scientific journals such studies acquire a legitimacy, in spite of the argued critics aroused within the American scientific community. Exported out of this one and its conflicts, the debate is considered as a real scientific question by the French AFSSET experts. The second part analyzes how the collective expertise AFSSET itself is dominated by these researches controlled by the industries. The author shows a selective approach of the review of literature, in the context of an absence of French data and studies on the exposure to the asbestos fibres of different dimensions. The consequences, both in the field of the production of the knowledge as well as for the compensation and prevention of the asbestos related diseases, are discussed in conclusion.
  • Conditions de travail et congé maternel au Liban (Note de recherche) - Nina Saadé, Pascale Salameh, Bernadette Barbour p. 115-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Au Liban, de plus en plus de femmes travaillent. L'objectif de cette étude est d'évaluer la durée du congé de maternité et les problèmes que rencontrent les femmes libanaises à ce sujet, en cours de grossesse et après l'accouchement. Une étude transversale a été menée concernant les conditions de travail de 802 mères au moment de leurs derniers grossesse et accouchement. L'analyse des résultats met en évidence que le congé de maternité et les droits de la mère travailleuse ne sont pas respectés au Liban. Il y a une nécessité urgente de surveiller l'application de la loi en vigueur au Liban.
    Working conditions and maternity leave in Lebanon In Lebanon, women are working more often than in the past. The objective of this work is to evaluate maternity leave duration and problems encountered by Lebanese women during and after pregnancy. A crosssectional study was carried out to assess work conditions of 802 mothers regarding their last pregnancy and delivery. The analysis shows that maternity leave and working women rights are not respected in Lebanon. There is an urgent necessity to reinforce the law in Lebanon.
  • Notes de lecture

  • La rédaction a reçu - p. 139 accès libre