Contenu du sommaire : Souveraineté et sous-développement en Afrique

Revue Mondes en développement Mir@bel
Numéro no 123, 2003/3
Titre du numéro Souveraineté et sous-développement en Afrique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Pierre Englebert p. 1-4 accès libre
  • Managing Sovereignty : The World Bank And Development in Sub-Saharan Africa - David Williams p. 5-21 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Gérer la souveraineté: La Banque mondiale et le développement en Afrique sub-saharienneAu coeur du concept de souveraineté se trouve une tension. D'un côté, la souveraineté promet autonomie et liberté collectives. De l'autre, elle impose des obligations aux Etats, parmi lesquelles l'attente qu'ils élaborent et mènent à bien un projet national de développement. Les Etats d'Afrique ont acquis ces deux dimensions de la souveraineté avec leur indépendance. Leur faillite à ce jour à mener leur population à un niveau supérieur de développement, a eu pour conséquence une augmentation des activités et de l'immixtion des pays et organismes donateurs dans leurs administrations. En conséquence, leur souveraineté s'est trouvée sérieusement compromise. Ils ont perdu le peu de contrôle qu'ils exerçaient déjà sur leur développement. Mais ce contrôle n'a pas été transféré aux donateurs. Aucun organisme n'a vraiment remplacé l'état comme véhicule central de direction et de contrôle du projet de développement, avec comme résultat un processus d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques économiques de plus en plus fragmenté. Cet article explore ces thèmes avec référence particulière à la Banque mondiale.
    At the heart of state sovereignty is a tension. On one hand it promises collective freedom and autonomy. On the other hand, sovereignty is laden with expectations. One of the most important of these, which comes from international society itself, is that states will pursue a project of national development. When the states of Sub-Saharan African achieved formal independence, they therefore became enmeshed in institutions and practices that demanded of them that they pursued a national development project. In recent years, as African states are seen to have failed to live up to this expectation, donor activities have increased in scope and depth. As a result of this, the sovereignty of many African states has become severely compromised. They have lost whatever control they had over the national development project. But this control has not been transferred to the donors. No other agency has replaced the state as the central vehicle for directing and controlling the development project. The result of this is an increasingly fragmented policymaking and policy implementation process in much of the continent. This paper explores these developments with particular reference to the World Bank.
  • Liberalisation, Multilateral Institutions and Public Policies : The Issue of Sovereignty In Sub-Saharan Africa - Alice Sindzingre p. 23-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Libéralisation, institutions multilatérales, et politiques publiques le problème de la souveraineté en Afrique sub-saharienneLes relations entre souveraineté, développement et libéralisation économique en Afrique sub-saharienne sont analysées sous trois perspectives. D'abord, l'impact des réformes économiques prescrites par la Banque mondiale sur la souveraineté des Etats africains est-il défavorable au développement? Deuxièmement, l'Afrique est-elle sous-globalisée ou sur-globalisée? Et, finalement, quel est l'impact effectif de ces réformes sur la capacité des Etats, leurs secteurs financiers et leur commerce extérieur? L'article suggère que la souveraineté peut être hostile au développement (dans le cas des régimes prédateurs, par exemple), mais que les conditionnalités externes peuvent aussi déstabiliser des régimes faibles. Le confinement des pays africains dans leur rôle post-colonial de petite économie ouverte et leur dépendance aux prix des matières premières ont handicapé leur croissance. Les politiques de libéralisation économique ont pu bénéficier de la croissance tandis que la marginalisation économique de l'Afrique l'a parfois protégée des instabilités financières globales. La reconstruction des Etats africains et leur réintégration dans un système économique global plus équilibré doit rester l'objectif politique principal. comme véhicule central de direction et de contrôle du projet de développement, avec comme résultat un processus d'élaboration et de mise en œuvre des politiques économiques de plus en plus fragmenté. Cet article explore ces thèmes avec référence particulière à la Banque mondiale.
    The relationships between sovereignty, development and economic liberalisation in Sub-Saharan Africa (SSA) are analysed according to three perspectives: firstly, the effects of economic reforms prescribed from outside by the Bretton Woods institutions, of whether or not their impact on SSA sovereignty is negative for development, and whether or not sovereignty is a desirable or feasible objective regardless of the economic and political context; secondly, SSA as “over” or “under-globalised”; thirdly, the impact of reforms on sovereignty in the three domains of state capacity, financial sector, and external trade. There are no a priori relationships between sovereignty and development: sovereignty can be anti-developmental in the cases of predatory regimes; the intrusion of external agencies and their conditionalities can be detrimental to growth as they may destabilise illegitimate rulers; SSA growth is crippled by its confinement into the post-colonial small open economy model and its dependence on volatile commodity prices; liberalisation has been a positive opportunity for growth while SSA's relative marginalisation may have protected it against global financial instabilities. As shown by Asian developmental states, the key objectives are rather the re-building of SSA states and their integration into a more balanced multilateral trade and financial system.
  • State Building without Sovereignty : The Somaliland Republic - Tabea Zierau p. 57-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Construire l'Etat sans souveraineté : La République du Somaliland La République du Somaliland s'est séparée du reste de la Somalie en 1991, quelques semaines après l'effondrement de la Somalie du Sud. Elle a, depuis, déclaré sa sécession et développé ses propres institutions étatiques, basées sur un mélange de pouvoir traditionnel des «anciens» dirigeants de clans, et de représentation électorale. Mais, à ce jour, aucun Etat tiers n'a encore reconnu le Somaliland comme Etat indépendant. Ses dirigeants souhaitent cette reconnaissance, afin d'avoir accès aux rentes de l'aide et de diversifier ainsi leurs sources de revenus, essentiellement basés jusqu'à présent sur la taxation du commerce de bétail. Les clans qui contrôlent ce commerce profitent du nouvel Etat qu'ils dominent grâce à sa dépendance vis-à-vis des taxes perçues. Cette domination leur a permis de prévenir une véritable formation de l'Etat, rendant le Somaliland plus semblable à un système «informel légal» qu'à un Etat véritablement institutionnalisé.
    At the heart of state sovereignty is a tension. On one hand it promises collective freedom and autonomy. On the other hand, sovereignty is laden with expectations. One of the most important of these, which comes from international society itself, is that states will pursue a project of national development. When the states of Sub-Saharan African achieved formal independence, they therefore became enmeshed in institutions and practices that demanded of them that they pursued a national development project. In recent years, as African states are seen to have failed to live up to this expectation, donor activities have increased in scope and depth. As a result of this, the sovereignty of many African states has become severely compromised. They have lost whatever control they had over the national development project. But this control has not been transferred to the donors. No other agency has replaced the state as the central vehicle for directing and controlling the development project. The result of this is an increasingly fragmented policymaking and policy implementation process in much of the continent. This paper explores these developments with particular reference to the World Bank.
  • Souveraineté, sous-développement et le paradoxe nationaliste congolais - Pierre Englebert p. 63-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La République Démocratique du Congo aurait dû s'effondrer il y a quelque temps déjà sous les multiples assauts de sa propre inaptitude en tant qu'Etat, de son extrême hétérogénéité sociale, de la polarisation de ses populations, et des dislocations imposées par la globalisation et les occupations de forces étrangères. Et pourtant, non seulement le Congo persiste, mais il montre aussi une remarquable propension au nationalisme. Cette persistance, comme institution, comme territoire, et comme idée, contraste avec sa faillite pratique en tant qu'Etat, instrument de gouvernance, et vecteur de développement. Cet article considère l'existence continue du Congo comme paradoxale. Il suggère que la faiblesse institutionnelle de l'Etat congolais et la reconnaissance internationale de sa souveraineté permettent conjointement aux élites politiques de s'approprier des ressources matérielles relativement importantes liées à l'état, ce qui favorise l'adoption de politiques et de discours nationalistes par des politiciens dont les bases sont en fait particularistes ou régionalistes. En conséquence, le Congo se reproduit, tout en restant faible, pour le bénéfice de ses élites politiques et sans réel espoir de développement à long terme.
    Sovereignty, under-development, and Congo's nationalist paradox Wherever one looks, many elements conspire to suggest that the Democratic Republic of Congo should have collapsed some time ago under the multiple assaults of its own inadequacies as a state, the extreme heterogeneity and polarization of its populations, and the dislocations of globalization and foreign occupation. Yet, Congo has gone on defying such expectations and has continued to display a stunning propensity for resilience. Observing that, in many parts of Congo, local grievances against the state and the greed of political elites have been magnified by the circumstances of post-Cold War Africa, this paper takes as paradoxical the continued broadly unchallenged existence of Congo. It suggests that the international recognition of Congo's state sovereignty provides significant resources to its political elites and biases them towards adopting “nation-building” policies and ideologies, surrendering thereby their particularistic and regionalist claims. As a result, Congo is reproduced as a weak state for the benefit of its political elites and with few prospects for sustainable development.
  • Corruption, inflation, croissance et développement humain durable : Y a-t-il un lien ? - Albert Honlonkou p. 89-106 accès libre
  • La surveillance multilatérale des politiques budgétaires dans la zone Cemac : bilan et perpectives - Désiré Avom, Daniel Gbetnkom p. 107-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En Afrique centrale, la surveillance multilatérale fait partie d'un vaste programme de réforme de la politique économique défini et mis en œuvre au début des années 1990; elle apparaît comme une des réponses à la grave crise économique qu'ont connue ces pays à partir du milieu des années 1980. Les analyses montrent que les résultats obtenus sont globalement satisfaisants. Cependant, les perspectives qui se dessinent dépendent de plusieurs facteurs : l'évolution de la conjoncture internationale, la mise en œuvre et le renforcement des réformes dans d'autres domaines de coopération régionale, notamment dans les domaines financiers et réels.
    Multilateral surveillance of budgetary policies in the cemac zone : outcome and perspectives This paper aims at assessing the outcome of multilateral surveillance of budgetary policies in the CEMAC member countries. The multilateral surveillance is a component of the vast program of economic reforms undertaken at the beginning of the 1990s as a response to the severe economic crisis faced by these countries in the 1980s. Analyses reveal that the results are globally satisfactory. However many challenges point out in the future and depend on various factors : the evolution of the international environment, the implementation of the reforms in other domains stated by the Treaty of CEMAC in 1994, namely in the financial and real sectors.