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Revue | Gérer et comprendre (Annales des mines) |
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Numéro | n° 124, juin 2016 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Pascal Lefebvre p. 3Réalités méconnues
- Investissements chinois sortant de Chine : quelles en sont les motivations ? - Domique Jolly et Bernard Belloc p. 5 Les investissements directs chinois à l'étranger sont montés en flèche depuis 2004. Avec le temps, les cibles gagnent en importance et concernent de moins en moins des entreprises en difficulté. Ces IDE sortants se font sous le contrôle total du gouvernement chinois. Nous défendons ici l'idée que ce sont les énormes réserves de change du pays qui constituent une force de frappe quasi gratuite pour investir à l'étranger, alors que le yuan est de facto non convertible. Nous reprenons l'idée de la nécessité de différencier des autres IDE ceux visant la sécurisation de l'accès chinois à diverses matières premières et sources d'énergie. Pour ce second type d'IDE, nous suggérons que les IDE chinois relèvent de trois catégories de stratégie : a) élargir l'accès des entreprises étrangères au marché chinois, b) permettre à la Chine d'accéder à des actifs lui faisant défaut et c) se diversifier pour réduire les risques.Chinese direct foreign investments : What are the motives ?
Chinese direct foreign investments have soared since 2004. Over time, the targets have become bigger and are less often ailing firms. These investments are made under full control by the Chinese government. An argument is presented in support of the thesis that the country's enormous currency reserves are a powerful, nearly free, means for investing abroad, even though the yuan is not de facto convertible. It is necessary to distinguish among foreign direct investments those that are made to secure the country's access to raw materials and energy. The latter fall into three strategic categories : a) broadening the access of foreign firms to chinese market ; b) enabling the country to obtain access to assets that it lacks ; and c) diversifying so as to reduce risks. - La prévention de la fraude dans les établissements financiers, un enjeu d'appropriation croisée - Nicolas Dufour et Emmanuel Laffort p. 14 L'objet de cet article est d'envisager la manière dont les établissements financiers peuvent tenter d'anticiper les fraudes survenant sur les activités de marché. Nous avons eu recours à deux recherches qualitatives : la première est centrée sur les opérateurs de marché et la seconde aborde ce sujet sous l'angle du risque opérationnel en étant centrée sur les contrôleurs des risques. Les entretiens semi-directifs réalisés dans le cadre de ces deux recherches sont comparés : ils montrent que l'organisation du contrôle autour de l'appropriation croisée permet de favoriser l'identification des fraudes pour les opérateurs de marché et les contrôleurs des risques.Preventing fraud in financial establishments : A “crossed appropriation”How can financial establishments obviate fraud related to market activities ? Two forms of qualitative research help us answer this question. The one focuses on market operators whereas the other, via operational risks, focuses on risk-controllers. A comparison of the semidirective interviews conducted during this research shows that the organization of controls through a “crossed appropriation” helps market operators and risk-controllers to identify cases of fraud.
- Investissements chinois sortant de Chine : quelles en sont les motivations ? - Domique Jolly et Bernard Belloc p. 5
L'épreuve des faits
- Rôle et posture d'un manager dans la co-construction de sens commun autour du déploiement d'une démarche qualité dans une organisation de solidarité internationale - Christelle Perrin et Rémi Fabbri p. 29 Cet article discute le rôle et la posture du manager humanitaire dans l'implantation d'une démarche qualité. En effet, les acteurs humanitaires se soucient de plus en plus de la qualité de leurs services et s'interrogent sur les meilleures manières de les mettre en œuvre dans leur organisation. Une recherche inductive portant sur le cas de l'implantation d'une démarche qualité à la Croix-Rouge luxembourgeoise nous conduit à présenter le manager comme étant un « facilitateur de sens » pour rallier ses équipes à la réalisation d'un tel projet. Pour mettre en avant cette posture, nous nous appuyons sur plusieurs travaux de chercheurs, dont ceux de Weick, en mobilisant sa théorie sur le sensemaking. Les résultats de cette recherche, bien qu'appliqués au cas des organisations non gouvernementales, peuvent s'appliquer à tout type d'organisation. Ils présentent une méthode managériale ascendante, là où la plupart des organisations adoptent encore une posture managériale très top down.The manager's role and posture in sense-making during the deployment of quality control in an international humanitarian organizationWhat is the manager's role in a humanitarian organization that is implementing quality control ? Increasingly attentive to the quality of their services, humanitarian organizations are looking for the best ways to apply quality procedures in-house. This bottom-up research project on quality-control procedures in the Luxemburg Red Cross presents the manager as a “facilitator of meaning” who rallied his teams to realize the project. To clarify the manager's posture, references are made to several research studies, including Weick's theory of sense-making. Though applied to NGOs, the findings can be extended to any sort of organization – a bottom-up managerial method in contrast with the top-down one still adopted in most organizations.
- Le briefing-débriefing : une procédure pour lever les barrières pesant sur l'apprentissage organisationnel ? - Pierre Barbaroux et Cécile Godé p. 41 Cet article interroge la façon dont les organisations gèrent les facteurs défavorables à l'apprentissage organisationnel. S'inscrivant dans le cadre des théories de l'apprentissage dans et par l'action, la question posée dans cette contribution est la suivante : comment les procédures de briefing-débriefing permettent-elles de lever les barrières pesant sur l'apprentissage organisationnel ? L'analyse d'une étude de cas réalisée au sein de différents escadrons de l'Armée de l'air révèle que le briefing-débriefing repose sur une variété de mécanismes d'apprentissage, de valeurs, d'attitudes comportementales et d'artefacts technologiques, dont l'articulation est enactée par les acteurs afin de favoriser l'apprentissage. Ensemble, ces ressources permettent aux équipes de lever les barrières techniques, socioculturelles et psychologiques pesant sur l'apprentissage organisationnel.Briefing-debriefing : A procedure for lifting the barriers to organizational learning ?
This article investigates how teams and organizations manage to mitigate the impacts of unfavorable factors to organizational learning. Elaborating on organizational action learning theories, this contribution addresses the following question : how do briefing-debriefing procedures enable mitigating organizational learning barriers ? Building on a case study that focuses on French air force squadrons' briefing-debriefing procedures, this contribution suggests that organizational learning depends upon a variety of learning mechanisms, organizational norms, behavioral values and technological artifacts which assemblage is enacted by individuals through social inquiry and reflective thinking. Altogether, these resources enable organizations to moderate the impacts of technical, socio-cultural and psychological barriers on organizational learning.
- Rôle et posture d'un manager dans la co-construction de sens commun autour du déploiement d'une démarche qualité dans une organisation de solidarité internationale - Christelle Perrin et Rémi Fabbri p. 29
En quête de théorie
- Les stratégies d'internationalisation des entreprises françaises et des entreprises allemandes : deux modèles d'entrée opposés - Pierre-André Buigues et Denis Lacoste p. 52 L'objet de cet article est de comparer les modèles d'internationalisation des entreprises françaises et des entreprises allemandes. À partir de données portant sur les plus grandes entreprises et de données macro-économiques, nous montrerons l'existence de deux modèles opposés de stratégie d'internationalisation des entreprises allemandes et françaises. Ces différences portent sur les choix relatifs à l'exportation, au volume et à la nature des investissements à l'étranger et, enfin, sur les modalités de mise en œuvre de ces investissements à l'étranger. Nous proposerons plusieurs explications possibles aux différences de stratégie d'internationalisation des entreprises allemandes et françaises. Les choix stratégiques des entreprises, les facteurs de coût, l'environnement institutionnel et culturel sont autant de variables qui peuvent expliquer ces différences notoires dans les stratégies internationales entre entreprises françaises et entreprises allemandes.The internationalization strategies of French and German firms : Two different models
Macroeconomic statistics and data on big firms are used to compare the types of internationalization strategies adopted by French and German firms. The two models have differences related to how investments are made outside the country and to decisions about exports as well as the volume and nature of foreign investments. Several possible explanations are proposed about these differences in corporate internationalization strategies. Costs, the strategic choices made by firms and the institutional and cultural environment figure among the variables accounting for the noticeable differences between these two models. - Quels intérêts pour des clients B2B à co-créer un service ? - Élodie Jouny-Rivier p. 62 Le développement de l'implication des clients dans la conception de produits ou services fait aujourd'hui partie de la stratégie de nombreuses organisations. Face à l'accroissement de cette pratique appelée « co-création », nombre de recherches en sciences de gestion s'intéressent à la façon dont les clients co-créent avec les entreprises. Cependant, rares sont ces recherches à souligner les bénéfices pour les clients de s'engager dans ce type de collaboration de manière empirique, et aucune ne le fait dans un contexte de services B2B. Or, une telle participation n'est pas toujours rétribuée. Qu'est-ce qui incite dès lors des clients à s'engager dans ce type de démarche ?Pour répondre à cette question, nous avons mené trois études de cas portant sur de nouveaux services. Les résultats de nos études montrent notamment que ce sont les bénéfices organisationnels et sociaux qui sont les plus déterminants dans l'engagement des clients B2B dans la co-création d'un service.What interest do client firms have in co-creating a B2B service ?
Today, user's involvement in product or service co-creation is part of many corporate strategies. Toward the growth of this trend called “co-creation”, a huge number of research in management focus on the way customers and companies co-create. However, a few of them study the perceived benefits of customers to commit to the collaboration empirically and none of them in a B2B context of service creation. Yet, customers' participation is not always rewarded. In this context, we may wonder why B2B customers should engage in value co-creation projects ?To answer this question, three case studies of new service co-creation are presented. Findings mainly show that organizational and social benefits are the most determining factors of customers' commitment to service co-creation.
- Les stratégies d'internationalisation des entreprises françaises et des entreprises allemandes : deux modèles d'entrée opposés - Pierre-André Buigues et Denis Lacoste p. 52
Mosaïque
- "On m'avait dit que c'était impossible !" À propos du livre de Jean-Baptiste Rudelle, On m'avait dit que c'était impossible - Le manifeste du fondateur de CRITEO, Stock, 2015 - Dominique Jacquet p. 74
- Liberté, immoralité, rentabilité. À propos du livre de Mathieu Detchessahar, Le Marché n'a pas de morale, Éditions du cerf, Paris, novembre 2015 - Frédérice Kletz p. 77
Traductions
- p. 79Biographies
- p. 84