Contenu du sommaire : Participer aux États-Unis : les town meetings

Revue Participations Mir@bel
Numéro no 15, 2016/2
Titre du numéro Participer aux États-Unis : les town meetings
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Participer aux États-Unis : les town meetings

    • Introduction. Les town meetings, mythe fondateur de la démocratie américaine - Paula Cossart, Andrea Felicetti, James Kloppenberg p. 5-47 accès libre
    • Note de traduction - Xavier Blandin p. 49-50 accès libre
    • Les 21st Century Town Meetings dans les années 1990 et 2000 : assemblées délibérantes et marchandisation de l'authenticité politique dans une époque d'austérité - Caroline W. Lee, Laurent Vannini p. 51-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le champ de la participation publique a connu une croissance spectaculaire aux États-Unis durant les années 1990 et 2000. Cela est dû en partie à AmericaSpeaks, l'organisation phare des concertations et des délibérations, et leur marque déposée de méthode de coordination, 21st Century Town Meetings, visant à la prise de décision au sein de groupes de grande taille. En prenant appui sur mon expérience d'observation participative durant trois rassemblements de ce type, ainsi que, plus largement, sur une analyse ethnographique multi-méthode du domaine d'activité, j'appréhende ces rencontres dans leur contexte comme des assemblées délibérantes expérimentales durant une période d'effervescence autour du déclin de la capacité d'agir des citoyens aux États-Unis. Les assemblées publiques organisées par AmericaSpeaks étaient labellisées comme d'authentiques alternatives de nature politique à la politique traditionnelle. Mais, alors que méthodes participatives et discours d'empowerment devenaient populaires auprès d'une grande variété d'acteurs privés et publics, l'organisation ne parvint pas à trouver un modèle économique viable. Je conclus en évoquant les défis que doivent relever les assemblées publiques contemporaines dans une période où l'authenticité politique est devenue une marchandise de grande valeur.
      21st Century Town Hall Meetings in the 1990s and 2000s : Deliberative Demonstrations and the Commodification of Political Authenticity in an Era of AusterityThe public participation field grew dramatically in the United States during the 1990s and 2000s, in part due to the flagship dialogue and deliberation organization AmericaSpeaks and its trademarked 21st Century Town Hall Meeting method for large group decision-making. Drawing on participant observation of three such meetings and a multi-method ethnography of the larger field, I place these meetings in context as experimental deliberative demonstrations during a time of ferment regarding declining citizen capacity in the United States. AmericaSpeaks' town meetings were branded as politically authentic alternatives to ordinary politics. But as participatory methods and empowerment discourses became popular with a wide variety of public and private actors, the organization failed to find a sustainable business model. I conclude by discussing the challenges for contemporary town hall meetings in an era when political authenticity is a valuable commodity.
    • Le mirage démocratique du town meeting américain - Michael Zuckerman, Xavier Blandin p. 83-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La mythologie américaine voit dans les town meetings de Nouvelle-Angleterre la source de sa démocratie. Mais le droit de vote n'est offert à la majorité des hommes que comme unique moyen de maintenir l'ordre social. Sans roi ni aucune autorité traditionnellement établie, les colons ne peuvent se gouverner que par l'opinion publique. Ce gouvernement par consentement commun ne devrait pas être assimilé à une démocratie au sens moderne ; les désaccords sont interdits, la confrontation éludée, et la loi de la majorité n'est pas respectée. Les meetings sont fondés sur une conformité et une homogénéité qui nous paraîtraient aujourd'hui étouffantes.
      Mirage of Democracy : The Town Meeting in America
      In American mythology, the town meetings of colonial New England are the storied source of the nation's democracy. But early New Englanders allowed the great majority of their adult males to vote only because they had no other way to secure social order. Without king, court, country lords, archbishop, or any other traditional authority, their rude frontier communities could only be ruled by public opinion. Town meetings were occasions to consolidate a popular will that could coerce the recalcitrant. They governed by common consent, but they were not democratic in any modern sense. They disallowed legitimate difference and dissent, disdained majority rule, and dreaded conflict. They were predicated on a homogeneity and a conformity that we today would find suffocating.
    • La démocratie délibérative dans le contexte des town meetings de la Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle - David D. Hall, Laurent Vannini p. 103-122 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis Alexis de Tocqueville, les communes de Nouvelle-Angleterre du xviie siècle ont été associées à des pratiques politiques et sociales qui encourageaient la création d'une société « démocratique ». Mythe ou réalité ? Et quelle place prend dans cette histoire la religion de la population anglaise qui fonda les colonies de Nouvelle-Angleterre ? Un examen précis des archives des communes et des églises, que n'avait pu faire Tocqueville, révèle un engagement marqué aux valeurs essentielles de transparence, d'équité (de justesse et de justice), et de participation citoyenne large. Le système « congréganiste » du gouvernement de l'Église transféra l'autorité des formes centralisées de hiérarchie à des laymen (non-initiés) au sein de chaque congrégation locale. De la même manière, les gouvernements centraux des colonies attribuèrent de larges parcelles de terre aux groupes d'immigrants, leur donnant la capacité d'établir des communes autonomes. Décider de la manière de distribuer ces terres était une question fondamentale pour ces communes – tout comme il était essentiel de savoir qui devrait prendre part à cette décision. Il n'existait pas d'idéologie formelle ou explicitement « démocratique » pour accompagner le développement de cette culture citoyenne, mais dans le contexte du XVIIe siècle, ce qui en résulta ressemblait étrangement à ce qu'on pourrait nommer une société démocratique.
      Deliberative Democracy in the Context of Town Meetings in Seventeenth-Century New England
      From Alexis de Tocqueville onward, the seventeenth-century New England town has been associated with political and social practices that nurtured the making of a “democratic” society. Myth or reality ? And where does the religion of the English people who founded the New England colonies figure in this story ? A close examination of town and church records – which Tocqueville was unable to accomplish – reveals a powerful commitment to the core values of transparency, equity (fairness and justice), and broad participation. The “Congregational” system of church government transferred authority from any centralized hierarchy to the laymen of each local congregation. Similarly, the central governments in the colonies gave generous allocations of land to groups of immigrants, empowering them to set up self-governing towns. A crucial question for these towns was deciding how to distribute this land ; another, was who could share in the decision-making. No formal or explicit “democratic” ideology accompanied the making of this civic culture, but in the context of the seventeenth century, the outcome was something unusually akin to a democratic society.
    • Les town meetings de Nouvelle-Angleterre et les populations indigènes : Stockbridge, Massachusetts, 1730-1775 - Daniel R. Mandell, Xavier Blandin p. 123-147 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les années 1730, les Mohicans du Housatonic fondent la commune de Stockbridge. Ils participent aux town meetings et élisent leurs dirigeants « traditionnels » aux postes municipaux. Les meetings, tenus en anglais et en mohican, où les votes se font à main levée, sont marqués par une forte présence amérindienne, même lorsque la population anglaise s'accroît. Un conflit éclate en 1763 autour de la tentative d'imposition du bulletin secret par un groupe de colons ; la plainte des Indiens est entendue. Stockbridge offre un cas d'étude pour la comparaison des processus de prise de décision colons et indigènes, et met en évidence l'évolution des town meetings au cours du XVIIIe siècle.
      Indigenous People and the New England Town Meeting : Stockbridge, Massachusetts, 1730-1775In the 1730s, Mahicans along the Housatonic River settled the mission town of Stockbridge, Massachusetts. They participated in town meetings and elected “traditional” leaders to typical New England offices. Even after a growing population of English settlers began dominating town offices, the Indians remained a strong presence in meetings, which was conducted in the Mahican as well as English language, and all voting done viva voce. In 1763, a major battle when an English faction tried to take control by introducing secret balloting ; the Indians complained and mostly won their case. Stockbridge thus provides a case study comparing Indian and colonial New England decision-making, and highlighting the evolution of the town meeting during the 18th century.
    • Town meeting et race en Amérique - Sandra M. Gustafson, Camille Salgues p. 149-173 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article explore la manière dont l'idéal du town meeting s'est développé en Nouvelle-Angleterre par rapport à des questions de race, et se penche sur la place de cet idéal en Amérique après l'abolition de l'esclavage. L'essai se concentre en particulier sur la façon dont les abolitionnistes noirs David Walker et Maria Stewart utilisèrent le genre de la jérémiade pour élargir la rhétorique délibérative associée au town meeting, et retrace les efforts d'Albion Tourgée pour mettre en œuvre le système des town meetings dans le Sud des États-Unis après la guerre de Sécession. La réflexion s'étend au système des lyceums et au phénomène Chautauqua, et aborde la manière dont les efforts de John Dewey pour réinventer le town meeting dans le cadre d'une nation beaucoup plus vaste et plus diversifiée se sont finalement concrétisés sous la forme de forums médiatiques décrits comme des town meetings. Finalement, on montre comment le town meeting a été réinventé encore une fois, sous la forme d'événements politiques organisés à travers la nation, entre autres pour débattre des tensions raciales persistantes. L'essai se termine par une discussion sur la manière dont l'université américaine pourrait aider à combler l'écart entre les forums de discussion dans le style des town meetings et les processus de prise de décision réels, qui constituent l'un des intérêts des town meetings historiques.
      The Town Meeting Ideal and Race in America
      This essay explores the development of the New England town meeting ideal in connection with matters of race and considers the place of that ideal in post-slavery America. The essay focuses on how black abolitionists expanded the deliberative rhetoric associated with the town meeting, and it considers Albion Tourgée's efforts to implement the town meeting system in the post-bellum South. It concludes with a discussion of how the American University could help close the gap between the town meeting-style forum as a place for discussion and the historical town meeting's value as a site of consequential decision-making.
    • « D'une manière pacifique et ordonnée ». Town meetings et assemblées populaires à l'époque de la fondation des États-Unis - Robert W. T. Martin, Camille Salgues p. 175-202 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les town meetings de la Nouvelle-Angleterre ont longtemps été perçus comme l'archétype du forum délibératif citoyen. Aujourd'hui, les politistes tendent à insister davantage sur le lien entre tout forum public particulier et l'ensemble du système délibératif dans lequel il s'inscrit. Le plus souvent, ce travail s'est basé sur des exemples récents. Mais un retour à l'époque de la fondation des États-Unis montre que les town meetings, quelles que soient les louanges dont ils font l'objet et leurs nombreuses vertus démocratiques, représentent aussi une forme de limitation de l'action populaire en général, et de la dissidence démocratique en particulier.
      A « Peaceable and Orderly Manner » : Town Meetings and other Popular Assemblies in the American FoundingThe New England town meeting has often been seen as the archetypical deliberative citizen forum (see, e.g., Mansbridge 1980). More recently, political theorists have begun to appreciate the way in which any particular public forum might be better understood as part of the larger deliberative system (Parkinson, Mansbridge, 2012). Much of this work draws on modern-day examples (Parkinson 2006). But a return to the American founding era reveals that while town meetings are often praised and have many democratic virtues, they also embody a limitation on popular action generally and especially on democratic dissent.
    • Qu'apporte l'étude des town meetings à la quête d'une démocratie plus participative et délibérative ? - Frank M. Bryan, William W. Keith, James T. Kloppenberg, Jane J. Mansbridge, Michael E. Morrell, Graham Smith, Xavier Blandin p. 203-220 accès libre
  • Varia

    • Le projet d'aménagement de la vallée du Bou Regreg à l'épreuve de l'enquête publique et des délibérations communales - Hicham Mouloudi p. 221-257 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les opposants au projet d'aménagement de la vallée du Bou Regreg, ou à la procédure d'expropriation dont ils étaient menacés, ont utilisé une grande variété de moyens pour faire pression sur les décideurs. Beaucoup de ces moyens, dont le recours peut sembler d'une grande banalité dans des sociétés démocratiques de longue date, sont au Maroc d'un usage relativement récent, qu'il s'agisse des sit-in ou des pétitions relatant des arguments s'accrochant à plusieurs domaines : économique, social, juridique et surtout politique. Leur généralisation, pour ne pas dire leur systématisation, a été rendue possible par les changements très sensibles qui ont affecté le système politique marocain depuis les années 1990.
      The development of the valley of Bou Regreg project to test the public inquiry and communal deliberationsOpponents of the development of the Bou Regreg valley project or its expropriation which they were threatened have resorted to a variety of means to put pressure on decision makers. Many of these means may seem insignificant in democratic societies. However, they have recently been relatively used in Morocco, be it sit-in or petitions relating arguments based on several fields : economic, social, legal and particularly political.Their generalization, if not to say systematization, has basically become possible by sensible changes affecting the Moroccan political system.
  • Lecture critique