Contenu du sommaire : Symposium sur Le noeud gordien de la comptabilité du secteur public et le rôle des IPSAS
Revue | Revue Internationale des Sciences Administratives |
---|---|
Numéro | vol. 82, no 4, décembre 2016 |
Titre du numéro | Symposium sur Le noeud gordien de la comptabilité du secteur public et le rôle des IPSAS |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Imputabilité dans l'Union européenne post-Lisbonne - Gijs Jan Brandsma, Eva G. Heidbreder, Ellen Mastenbroek p. 657-673 Ce numéro spécial dresse un bilan des récents ajouts post-Lisbonne aux outils d'imputabilité de l'UE. Il montre que les outils de prise de décision plus anciens tendraient à être plus imputables que les nouveaux, et que dans certains secteurs la prise de décision se déplace vers des cercles moins imputables. Le présent article introductif analyse le débat relatif à l'évolution graduelle du système d'imputabilité de l'UE et présente des aspects clés de l'ère post-Lisbonne susceptibles d'affecter l'imputabilité dans l'UE, et qui ont été négligés par la littérature jusqu'à présent : actes délégués, gouvernance économique, et évaluations réglementaires. Les contributions à cette édition spéciale examinent chacun de ces domaines en détail et montrent dans quelle mesure l'imputabilité a été améliorée. Une contribution finale démontre comment ces dispositifs s'inscrivent dans le tableau plus vaste des imputabilités UE existantes, et comment ce tableau a évolué dans le temps.Il existe un lien apparent entre la nouveauté relative du cadre institutionnel dans lequel un système de gouvernance est imbriqué et son imputabilité. Les environnements qui incluent un rôle fort pour la Commission européenne tendent à être les plus imputables, tandis que ceux qui reposent le plus sur la logique intergouvernementale, y compris ceux qui ont été créés hors du cadre du Traité, présentent d'importants hiatus.This special issue takes stock of recent post-Lisbon additions to the European Union's accountability toolkit. It provides indications that older decision-making tools tend to be more accountable than newer ones, and that, in some areas, decision-making is shifting towards less accountable arenas. This introductory article reviews the debate on the gradual evolution of the European Union's accountability system and introduces key aspects of the post-Lisbon era that can be expected to affect accountability in the European Union, and that have been overlooked by the literature thus far : delegated acts, economic governance and regulatory evaluations. The contributions to this special issue address each of these domains in detail and highlight the degree to which accountability has been enhanced. A final contribution shows how these arrangements fit into the wider landscape of already-existing European Union accountabilities and how this landscape has developed over time.Points for practitioners :There is an apparent link between the relative novelty of the institutional setting in which a governance system is embedded and its accountability. Settings that include a strong role for the European Commission tend to be the most accountable ones, while those that rely mostly on intergovernmental logics, including those that have been created outside the Treaty framework, come with significant gaps.
- La nouvelle gouvernance économique européenne : quid de l'imputabilité ? - Frank Naert p. 675-693 La crise de l'euro a marqué le début de ce que l'on appelle la « nouvelle gouvernance économique européenne ». Cette nouvelle gouvernance économique s'accompagne de différents types de changements dans le statut des acteurs chargés de prendre les décisions. Certains de ces changements comprennent des glissements des rapports de force, que l'on peut considérer comme tantôt verticaux, tantôt horizontaux. Les glissements des rapports de force verticaux transfèrent les pouvoirs entre différents niveaux de gouvernement, en général du niveau national vers le niveau de l'Union européenne. Quant aux glissements des rapports de force horizontaux, ils transfèrent les pouvoirs vers des institutions indépendantes, mettant ainsi fin au pouvoir discrétionnaire des gouvernements. La nouvelle gouvernance économique suppose aussi une limitation du pouvoir décisionnel discrétionnaire des gouvernements sous l'effet de l'imposition de règles stratégiques. Dans le présent article, nous analysons les problèmes d'imputabilité associés à ces glissements des rapports de force. Nous verrons que d'une manière générale, le processus de mise en œuvre de la nouvelle gouvernance économique nuit à l'imputabilité.La principale implication de notre article est que les nouveaux dispositifs de gouvernance mis en place par l'Union européenne pour faire face à la crise de l'euro manquent d'imputabilité et de légitimité. L'évolution vers le remplacement du pouvoir discrétionnaire par des règles plus nombreuses et vers le fait de confier les politiques à des agences indépendantes au lieu de gouvernements responsables politiquement se fait au détriment de l'imputabilité politique. L'efficacité stratégique a un prix en termes d'acceptation politique, le nouveau système de gouvernance ayant une influence négative sur la confiance dans l'Union européenne. Les praticiens doivent bien garder cela à l'esprit lorsqu'ils imaginent de nouveaux systèmes de gouvernance.The euro crisis marked the start of the so-called ‘new European Union economic governance'. This new economic governance brings along different kinds of changes in the status of decision-making actors. Some of these changes involve power shifts, which can be categorised as either vertical or horizontal. Vertical power shifts transfer powers between different levels of government, usually from the national level to the European Union level. Horizontal power shifts transfer powers away from discretionary decision-making by governments to independent institutions. The new economic governance also implies a restriction in the discretionary decision-making power of governments by the imposition of policy rules. In this article, the accountability problems involved with these power shifts are analysed. It finds that, overall, the implementation process of the new economic governance has harmed accountability.Points for practitioners :The key implication of this article is that the new governance arrangements made by the European Union to tackle the euro crisis are lacking in accountability and legitimacy. The moves towards more rules replacing policy discretion and towards entrusting policies to independent agencies rather than politically accountable governments are to the detriment of political accountability. Policy efficiency comes at a high price in terms of political acceptance as trust in the European Union is negatively influenced by the new governance system. Practitioners should keep this in mind when designing governance systems.
- Responsabiliser la Commission européenne : la promesse des actes délégués - Gijs Jan Brandsma p. 695-712 Dans le présent article, nous nous intéressons à un nouveau type de règles que l'Union européenne peut adopter : les actes législatifs pris par délégation. Même si cet instrument est nouveau, il est le résultat d'une controverse déjà ancienne à propos des moyens dont dispose le Parlement européen pour obliger la Commission européenne à s'expliquer quand elle adopte des règles d'exécution. Notre article se fonde sur des entretiens et des preuves documentaires pour vérifier dans quelle mesure le nouveau système remplit sa promesse, à savoir renforcer l'imputabilité. Même si le nouveau système en est encore à ses balbutiements, nous allons voir que les règles formelles, les normes internes et les pratiques sont déjà révélatrices d'un contrôle législatif renforcé. Les problèmes de capacités au sein du Parlement européen ainsi que l'absence de transparence publique pourraient cependant bien s'avérer préjudiciables lorsque le nombre d'actes délégués augmentera. Dans le présent article, nous évaluons la mesure dans laquelle le Parlement européen (PE) est en mesure de demander à la Commission de s'expliquer lorsqu'elle adopte des actes législatifs pris par délégation. Les actuels systèmes et méthodes d'imputabilité en sont toujours à leurs balbutiements, mais on observe déjà clairement des signes d'un renforcement du contrôle législatif sur la Commission. Les problèmes de capacités au sein du PE et l'absence de transparence des actes législatifs pris par délégation vont cependant compromettre l'imputabilité lorsque le nombre d'actes délégués augmentera.This article focuses on a new type of rules that the European Union may adopt : delegated legislation. Although this instrument may be new, it follows from a long-standing controversy over the means by which the European Parliament can hold the European Commission to account when it adopts executive rules. On the basis of interviews and documentary evidence, this article aims to test to what degree the new system delivers on its promise of stronger accountability. Although the new system is still in its infancy, the article concludes that formal rules, internal norms and practices are already indicative of stronger legislative control. However, capacity issues within the European Parliament, as well as a lack of public transparency, may well prove to be detrimental when the number of delegated acts increasesPoints for practitioners :This article assesses the degree to which the European Parliament is equipped to hold the European Commission to account when it adopts delegated legislation. Current accountability systems and practices are still in their infancy, but there are already clear signs of stronger legislative control over the European Commission. However, capacity issues within the European Parliament and a lack of transparency of delegated legislation will jeopardize accountability as the number of delegated acts increases.
- Évaluation législative ex post dans l'Union européenne : questionnement de l'utilisation d'évaluations en tant qu'instruments d'imputabilité - Pieter Zwaan, Stijn van Voorst, Ellen Mastenbroek p. 713-732 Les évaluations peuvent jouer un rôle clé dans les systèmes politiques en offrant aux parlements une base pour demander des comptes à leurs responsables. C'est également le cas dans l'Union européenne. Pour autant, plusieurs facteurs peuvent entraver l'utilisation d'évaluations de l'Union européenne à des fins d'imputabilité. Les membres du Parlement européen sont soumis à d'importantes contraintes de temps, et il se peut que les responsables n'aient que de maigres incitants pour produire des évaluations de qualité supérieure. C'est la raison pour laquelle le présent article s'interroge sur la mesure dans laquelle les membres du Parlement européen ont recours à des évaluations législatives ex post, et sur le moment où ils le font. Nous présentons une analyse de 220 évaluations en examinant combien d'entre elles ont été mentionnées dans des questions parlementaires. Notre principale conclusion est que 16 % des évaluations font l'objet d'un suivi sous forme de questions. Néanmoins, les questions parlementaires servent rarement des objectifs d'imputabilité ; les membres du Parlement européen les utilisent généralement à des fins de fixation d'ordre du jour. Le niveau de conflit entre le Parlement européen et la Commission au cours du processus législatif est la principale variable expliquant les différences dans l'utilisation des évaluations. Le présent article étudie, par une analyse des questions du Parlement européen, l'utilisation des évaluations ex post de la législation de l'Union européenne par les membres du Parlement européen à des fins d'imputabilité. Il démontre que les MPE posent plusieurs types de question en référence aux évaluations ex post. La plupart des questions révèlent des motifs prospectifs plutôt que rétrospectifs, en vue de la fixation d'un ordre du jour et d'un changement politique plutôt que de l'imputabilité. Il conclut que la variance dans les questions parlementaires au niveau du suivi des résultats de l'évaluation peut s'expliquer par le niveau de conflit entre le Parlement européen et la Commission au stade législatif.Evaluations may perform a key role in political systems as they provide a basis for parliaments to hold their executives accountable. This is equally the case in the European Union. Yet, several factors may work against the usage of European Union evaluations for accountability purposes. Members of the European Parliament work under great time pressure and executives may have little incentives to produce high-quality evaluations. This article therefore addresses the question of to what extent and when Members of the European Parliament use ex post legislative evaluations. We present an analysis of 220 evaluations, studying how many were referred to in parliamentary questions. Our main finding is that 16% of the evaluations are followed up through questions. However, the parliamentary questions hardly serve accountability aims. Members of the European Parliament mostly use evaluations for agenda-setting purposes. The main variable explaining differences in the usage of evaluations is the level of conflict between the European Parliament and Commission during the legislative process.Points for practitioners :This article studies the usage of ex post evaluations of European Union legislation by Members of the European Parliament for accountability purposes by analysing European Parliament questions. It shows that MEPs ask different types of questions, referring to ex post evaluations. Most of the questions reveal forward-looking rather than backward-looking motives, aimed at agenda-setting and policy change instead of accountability. It concludes that variance in parliamentary questions about the follow-up of evaluation outcomes can be explained by the level of conflict between the European Parliament and Commission during the legislative stage
- L'évolution du paysage de l'imputabilité dans l'Union européenne : une Union de plus en plus dense - Anchrit Wille p. 733-754 Notre article a pour but de faire la lumière sur l'imputabilité de l'exécutif européen en retraçant l'évolution de l'actuel paysage de l'imputabilité qui entoure les principaux acteurs de l'exécutif européen. Nous nous pencherons sur l'évolution et la diversification des instances (et des mécanismes) d'imputabilité dans l'UE : quelles instances et quelles modalités a-t-on mises en place pour rendre les instances exécutives de l'Union comptables de leurs actes ? Plutôt que de nous intéresser aux différents aspects de l'imputabilité, nous allons examiner l'évolution de l'imputabilité dans l'Union européenne en la traitant comme un paysage complexe. Et plutôt que de nous baser sur un équilibre, nous prendrons pour point de départ la nature évolutive de ce paysage. Sur la base de cette étude, nous essayerons de comprendre comment le cadre d'imputabilité institutionnelle de l'UE a évolué dans le cadre d'une mosaïque de dispositifs, et comment cette évolution contribue à l'apparition d'un cadre de gouvernance à niveaux multiples et complexe afin de répondre aux postulats actuels en faveur de la nécessité de contrôler le pouvoir et d'assurer l'imputabilité.Le paysage des institutions chargées d'assurer l'imputabilité dans l'UE devient peu à peu plus dense. Le fait de passer d'une élaboration des politiques au niveau national, basée sur l'État, à une élaboration au niveau de l'Union, et le développement continu de la sphère exécutive dans l'UE s'accompagnent de questionnements de plus en plus nombreux sur la façon d'organiser l'imputabilité démocratique dans le réseau complexe et à plusieurs niveaux de la gouvernance européenne. La création de nouvelles institutions de surveillance (comme le médiateur, l'Office de lutte contre la corruption, les commissions techniques, les auditeurs, une loi sur la protection des lanceurs d'alerte) et le renforcement des mesures d'examen sont le signe de l'importance accrue de l'imputabilité et du contrôle sur l'exécutif de l'UE.This article aims to bring the accountability of the EU executive out of the shadows by tracing the development of the current accountability landscape around the main EU's executive actors. It looks at the development and the diversification of accountability forums (and mechanisms) in the EU : what forums and arrangements have come into being for holding the EU executive powers accountable ? Instead of focusing on single individual accountability branches, this article examines the development of accountability in the EU by treating it as a complex landscape. And rather than assuming equilibrium, a starting point is the evolving nature of this landscape. On the basis of this exploration, the article seeks to understand the way in which the EU's institutional accountability framework has evolved through a patchwork of arrangements, and how this contributes to the emergence of a complex, multilayered governance landscape in order to fit within today's presumptions about how power should be controlled and accountability achieved.Points for practitioners :The landscape of accountability institutions in the EU is slowly becoming denser. The shift from national, state-based policy-making to the EU level and the continuous expansion of the executive sphere in the EU is accompanied by a growing concern about how to organize democratic accountability in the complex multi-level web of European governance. The establishment of new watchdog institutions (such as an ombudsman, an anti-corruption office, ethical committees, auditors, a whistleblower protection act) and strengthened scrutiny points to the increased relevance of accountability and control over the EU executive.
- Introduction : Le nœud gordien de la comptabilité du secteur public et le rôle des IPSAS - Francesca Manes Rossi, Sandra Cohen, Eugenio Caperchione, Isabel Brusca p. 755-760
- L'adoption des IPSAS : un défi pour la modernisation et l'harmonisation de la comptabilité du secteur public - Isabel Brusca, Juan Carlos Martínez p. 761-781 Les normes comptables internationales du secteur public (IPSAS) sont considérées comme la voie à suivre vers la modernisation de la comptabilité publique et beaucoup de pays se sont efforcés de les adopter. Le présent article a pour but d'analyser les facteurs qui favorisent ou qui entravent l'adoption des IPSAS ainsi que leurs principaux avantages au moyen d'un modèle d'équation structurelle. La méthodologie de recherche s'appuie sur un questionnaire, qui a été envoyé à des pays d'Amérique et de l'Union européenne et qui a servi à construire le modèle structurel, et nos résultats indiquent que la comparabilité et la modernisation sont des bienfaits directs de l'application des IPSAS et que tant les pays qui les ont adoptées que les autres apprécient ces conséquences positives. Ces observations justifient le processus d'harmonisation que la Commission européenne a récemment lancé. L'analyse de l'impact des IPSAS dans le contexte international indique la mesure dans laquelle l'adoption des IPSAS est utile à la modernisation de la comptabilité publique et à l'amélioration de la comparabilité comptable. Le fait de décrire l'expérience des pays qui ont adopté les IPSAS peut aider les praticiens et les professionnels qui participent à la modernisation des systèmes comptables, comme l'Union européenne. Beaucoup de pays passent à présent aux IPSAS et les expériences des premiers pays peuvent enrichir le processus d'apprentissage. Dans notre article, nous verrons que l'introduction des IPSAS peut avoir de nombreux avantages dans la pratique et que les pays qui ont appliqué ces normes estiment qu'elles leur permettent d'améliorer la transparence et l'imputabilité.The International Public Sector Accounting Standards have been seen as a path towards the modernization of governmental accounting, and many countries have made efforts to adopt them. The purpose of this article is to analyse the stimuli and barriers to the adoption of International Public Sector Accounting Standards, as well as their main benefits, using a structural equation model. The research methodology is based on a questionnaire sent to American and European Union countries that has been used to construct a structural model, and our results show that comparability and modernization are direct benefits of International Public Sector Accounting Standards implementation, and that both adopter and non-adopter countries value these positive impacts. This justifies the process of harmonization that the European Commission recently started.Points for practitioners :The analysis of the impact of International Public Sector Accounting Standards in the international context shows to what extent the adoption of International Public Sector Accounting Standards are useful for modernizing governmental accounting and achieving accounting comparability. Describing the experience of countries that have adopted International Public Sector Accounting Standards can help practitioners and professionals who participate in modernizing accounting systems, such as the European Union. Many countries are now moving towards International Public Sector Accounting Standards and the experiences of pioneer countries can serve as a learning process. This article shows that introducing International Public Sector Accounting Standards can have many advantages in practice and that countries that have implemented these standards consider that they allow an increase in transparency and accountability.
- La comptabilité publique à Malte : vers une adoption des IPSAS dans le contexte de l'Union européenne - Rowan Jones, Josette Caruana p. 783-800 Le Gouvernement central de Malte procède à une réforme comptable basée sur la comptabilité d'exercice depuis 1999. Initialement, la réforme comptable basée sur la comptabilité d'exercice envisageait le développement et la mise en œuvre d'un ensemble sur mesure de normes comptables. Celles-ci ont été développées, mais pas mises en œuvre. En 2011, le Gouvernement central de Malte a préféré décider d'adopter les IPSAS dans leur ensemble. Au moyen de recherches documentaires étayées par des interviews, la présente étude s'efforce d'identifier les facteurs sous-jacents qui ont présidé à cette décision. Le cadre institutionnel théorique est utilisé pour analyser les conclusions. Celles-ci démontrent qu'à Malte, la crédibilité est considérée comme le facteur primordial, qui sera fourni par l'adoption de normes internationalement reconnues et acceptées. D'aucuns affirment que les pressions de l'UE n'ont joué aucun rôle dans la décision du gouvernement maltais en matière de politique comptable, mais un courant sous-jacent de ce type de pression se manifeste.Le fait que les données d'exercice soient générées à partir du système comptable compte parmi les avantages d'un système de comptabilité d'exercice ; mais ces données d'exercice doivent encore être révisées pour être conformes au SEC. La solution proposée par la Commission européenne consiste à remanier les IPSAS et à minimiser les différences avec le SEC. La faisabilité de cette solution est sujette à caution, étant donné que les objectifs des IPSAS et du SEC sont différents et renvoient à des types de rapports dissemblables. Ils visent à mesurer la même chose, à savoir les déficits et les dettes d'un gouvernement, mais il n'en est rien. Afin d'envisager une telle convergence, il faudrait qu'une mesure financière cède la place à l'autre.The central Government of Malta has had an accrual accounting reform in process since 1999. Originally, the accrual accounting reform envisaged developing and implementing a tailor-made set of accounting standards. These were developed but not implemented. In 2011 the central Government of Malta decided instead to fully adopt IPSAS. By means of documentary research, supported by interviews, this study tries to identify the underlying factors that led to this decision. The institutional theoretical framework is used to analyse the findings. The findings show that, in Malta, credibility is regarded as the most important factor, which will be provided by the adoption of internationally recognised and accepted standards. It is claimed that EU pressure had nothing to do with the Maltese government's decision on accounting policy, but an undercurrent of such potential pressure is experienced.Points for practitioners :One advantage of an accrual accounting system is that accrual data is generated from the accounting system, but this accrual data would still need to be reviewed in order to make it ESA-compliant. The solution proposed by the EU Commission is to revise IPSAS and minimise the differences with ESA. The feasibility of this solution is questionable given that the objectives of IPSAS and ESA are different and relate to different types of reporting. They purport to measure the same thing, that is the deficits and debts of a government, but they do not. In order for such convergence to be considered, one financial measure would have to give way to the other.
- La consolidation dans le secteur public : méthodes et approches dans les pays de l'OCDE - Andreas Bergmann, Giuseppe Grossi, Iris Rauskala, Sandro Fuchs p. 801-820 Les changements institutionnels survenus dans le secteur public se sont traduits par une décentralisation accrue des services publics. Seuls les véritables systèmes de comptabilité générale et d'information comptable permettent de disposer à coup sûr des informations consolidées dont ont besoin l'exécutif et le législatif pour s'acquitter de leur mission dans la gestion financière et la supervision des entités du réseau. Les comptes consolidés (CC) peuvent contribuer à améliorer l'imputabilité et la transparence vis-à-vis des parties prenantes internes et externes. Dans le présent article, nous tentons de donner un aperçu des méthodes de consolidation utilisées dans les pays de l'OCDE. Nous nous intéresserons aux méthodes appliquées et aux principes directeurs qui sont appliqués pour définir le périmètre de consolidation. Notre analyse se fonde sur une comparaison des exigences juridiques et des normes de consolidation, ainsi que sur les documents relatifs aux CC qui ont été publiés, en prenant pour référence les normes comptables internationales du secteur public (IPSAS). L'analyse des méthodes de consolidation dans les pays de l'OCDE indique que si l'usage des CC est en baisse, des écarts considérables existent encore par rapport aux normes comptables internationales. Les résultats indiquent que la méthode de la mise en équivalence joue un rôle déterminant étant donné qu'elle est utilisée en période de transition en attendant la consolidation totale et/ou pour les organisations qui ont une influence majeure sur l'état de la situation financière. Ces observations sont intéressantes dans le débat en cours dans le domaine de la normalisation internationale en ce qui concerne la consolidation, ainsi que pour le débat sur les normes comptables européennes pour le secteur public (EPSAS).Organisational changes of the public sector have led to increased decentralisation of public services. Only fully fledged financial accounting and reporting systems guarantee the consolidated information needed by executive and legislative bodies to fulfil their duties in financial management and the supervision of network entities. Consolidated financial statements may serve to increase accountability and transparency towards internal and external stakeholders. The article aims at giving an overview of consolidation approaches in Organisation for Economic Co-operation and Development countries. It will focus on the methods applied and the guiding principles followed to define the perimeter of consolidation. The analysis is carried out through a comparison of legal requirements and standards for consolidation, and the published consolidated financial statements, taking the International Public Sector Accounting Standards as a benchmark.Points for practitioners :The analysis of consolidation practice in Organisation for Economic Co-operation and Development countries reveals that while the use of consolidated financial statements is increasing, there are still significant deviations from the perspective of international accounting standards. The results show that the equity method plays a crucial role as it is used in a transition period to full consolidation and/or for organisations having major influence on the statements of financial position. These findings are of interest in the ongoing debate of international standard-setting in the field of consolidation, as well as for the discussion of European Public Sector Accounting Standards.
- Évaluer l'imputabilité formelle des politiques publiques : le cas de la politique de la santé en Espagne - Ixchel Pérez Durán p. 821-841 La présente étude a pour but de présenter un cadre d'analyse et d'évaluation de l'imputabilité pour les politiques publiques. Je commence par proposer deux dimensions pour l'analyse de l'imputabilité des politiques (la dimension informative/justificative, et la dimension évaluative/de sanction), appliquées à la phase de mise en œuvre de la politique et plus particulièrement à trois éléments déterminants qui composent cette phase (les acteurs responsables, les ressources et les résultats stratégiques). Deuxièmement, je propose d'évaluer l'imputabilité d'une politique publique en partant du degré de formalisation et, plus précisément, du respect de quatre caractéristiques de son cadre réglementaire : le caractère spécifique, le contraignant, le public et l'autonome. Troisièmement, je propose une application empirique de cette proposition à l'analyse de la politique de la santé en Espagne, dont le modèle décentralisé, où les gouvernements régionaux sont responsables de sa mise en œuvre, permet d'analyser les différences dans les niveaux d'imputabilité de cette politique à l'échelle des régions. La présente étude vise à épingler et à limiter les composantes pouvant être intégrées dans l'analyse de l'imputabilité des politiques publiques en proposant un cadre analytique pouvant servir à mesurer et comparer les niveaux d'imputabilité pour différents types de politiques (santé, éducation, pensions, etc.) dans différents contextes (pays, régions, gouvernements locaux, etc.). Afin de vérifier la validité de la proposition développée ici, nous proposons dans le présent article une application empirique de l'analyse de la politique de la santé en Espagne, dont le modèle décentralisé permet d'analyser les différences dans l'imputabilité entre différents gouvernements régionaux.The aim of this study is to present a framework for analyzing and assessing accountability for public policies. First, I suggest two dimensions for analyzing accountability for policies (the informative/justifying dimension, and the evaluative/sanctioning dimension), applied to the implementation phase of the policy and, in particular, to three central elements that make up this phase (the actors responsible, the resources, and the policy results). Second, I suggest assessing accountability for a public policy starting from the degree of formalization and, specifically, from compliance with four characteristics of its regulatory framework : specific, binding, public and autonomous character. Third, I develop an empirical application of this proposal to the analysis of health policy in Spain, whose decentralized design, where regional governments are responsible for its implementation, allows us to analyze the differences in the levels of accountability for this policy across regions.Points for practitioners :This study identifies and limits the components that can be incorporated into the analysis of accountability for public policies by providing an analytical framework that can be used to measure and compare levels of accountability for different kinds of policies (e.g. health, education, pensions) in different contexts (e.g. countries, regions, local governments). In order to test the validity of the proposal developed here, this article presents an empirical application to the analysis of health policy in Spain, whose decentralized design allows us to analyze the differences in accountability across regional governments.
- La conceptualisation de l'attrait des pays : aperçu des recherches - Kwang-Hoon Lee p. 843-862 Malgré les études de plus en plus nombreuses sur l'attrait des pays, qui abordent un vaste éventail de domaines de recherche, très peu d'efforts ont été réalisés en ce qui concerne la conceptualisation de cette idée dans l'administration publique. Dans le présent article, nous tentons d'enrichir les études déjà réalisées en précisant le concept et en opérationnalisant ses dimensions multiples pour expliquer les effets de l'attrait des nations sur la base d'un fondement théorique. Nous essayons, plus précisément, en examinant les études antérieures qui ont été menées dans les recherches sur le commerce international, le tourisme et la migration, de réorganiser les éléments constitutifs du concept pour créer un cadre multidimensionnel du point de vue du développement durable. Le concept se compose de trois sphères : l'attrait économique, social et environnemental. Le contexte théorique pour chaque effet dimensionnel est issu des théories du signal et de la puissance douce (soft power). Dans notre article, nous présentons une synthèse du concept destinée à couvrir tous les aspects des observations empiriques. Face à la concurrence grandissante suscitée par la mondialisation, il est impératif que chaque pays emploie des stratégies/politiques de marketing et de promotion afin de mieux se faire connaître, au niveau mondial, des parties prenantes, comme les entreprises, les clients, les citoyens, les touristes et les migrants qualifiés. Les chercheurs dans l'administration publique et les décideurs doivent par conséquent prendre en considération la notion d'attrait du pays, l'élément central de la puissance douce d'un pays, cette idée pouvant jouer un rôle essentiel dans l'amélioration de l'efficacité des stratégies et des politiques des pays dans les différents domaines de la concurrence internationale.Despite the growth of literature on country attractiveness covering a wide range of research areas, minimal effort has been expended on its conceptualization in public administration. This article seeks to add to previous scholarly works by clarifying the concept and operationalizing its multi-dimensions to explain the effects of the attractiveness of nations based on theoretical grounding. More specifically, by examining prior studies in international business, tourism and migration research, the article attempts to reorganize the constituent elements of the concept into a multi-dimensional framework from a sustainable development perspective. This can be broken down conceptually into three spheres : economic, social and environmental attractiveness. The theoretical background for each dimensional effect is taken from signaling and soft power theories. The article presents a synthesis of the concept intended to cover all aspects of the empirical findings.Points for practitioners :As globalization results in more and more competition, it is imperative that every country employ marketing and promotion strategies/policies to raise global public awareness of its image to stakeholders including companies, customers, citizens, tourists and highly-skilled migrants. Therefore, public administration researchers and policy makers must take into account the concept of country attractiveness, the core element of a country's soft power, as it can play a key role in enhancing the success of the strategies and policies of countries in the various fields of international competition.