Contenu du sommaire : Télévision et politique

Revue Politix Mir@bel
Numéro vol 10, no 37, 1997
Titre du numéro Télévision et politique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Une revue pour les sciences sociales du politique - p. 3-5 accès libre
  • Télévision et politique - Dossier coordonné par Dominique Cardon et Jean-Baptiste Legavre

    • Éditorial - p. 7 accès libre
    • Les bienséances de l'échange politique. Naissance d'une tribune politique télévisuelle - Éric Darras p. 9-24 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les bienséances de l'échange politique. Naissance d'une tribune politique télévisuelle. Eric Darras [9-24]. Tout oppose les routines télévisuelles actuelles aux ambitions et aux ratés de la première émission politique française : Face-à-Face diffusée entre 1966 et 1969. Les balbutiements des premiers commencements peuvent se lire comme l'apprentissage mutuel de la lente délimitation d'un univers des possibles (et du dicible) entre les responsables de l'ORTF, les principaux leaders politiques, les journalistes de presse écrite s'essayant à la télévision et les gouvernants. Contre les explications «médiacratiques», l'étude de cette émission révèle la réalité d'un rapport de force très inégal bien qu'aujourd'hui dénié entre les journalistes, placés en «position d'infériorité structurale» et les professionnels de la politique. L'histoire des magazines politiques de télévision apparaît ainsi comme l'histoire de la cristallisation d'une nouvelle forme d'échange politique.
      Proprieties of Political Exchange. Birth of a TV Political Forum. Eric Darras [9-24]. The aims and failures of the first political show (Face a face, 1966-1969) on French television are far from the actual routines of interview news programs (the reverent tone, the design of the settings...). The uncertainties of these beginnings can be seen as the mutual learning — between the main political leaders, journalists and members of the government — of the politically feasible (or speakable) on television. Against the «mediacracy paradigm», this study shows the (nowadays denied) unequal interaction between political guests and journalists «putted in their place», structurally subordinated to the political field. The history of political shows appears like the history of the crystallization of a new political strategic interaction.
    • Des questions «jamais entendues». Crise et renouvellements du journalisme politique à la télévision - Erik Neveu p. 25-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Des questions «jamais entendues». Crise et renouvellements du journalisme politique à la télévision. Erik Neveu [25-56]. L'élection présidentielle de 1995 et sa mise en scène télévisuelle fonctionnent comme une loupe pour rendre visibles les tensions actuelles du journalisme politique à la télévision. Située à un moment charnière après la fièvre d'innovation des années quatre-vingt, ce rendez-vous électoral rend visible à travers les choix de TFl et France 2 les stratégies concevables et leurs limites. En choisissant de privilégier la diffusion d'émissions brèves, centrées sur la discussion «ésotérique» entre journalistes et hommes politiques, TFl réussit à insérer la politique dans sa grille sans perte d'audience conséquente. La stratégie de France 2, valorisant une longue émission sur tout le début de soirée comporte plus de risques en termes d'Audimat. Par la redéfinition des locuteurs autorisés, elle contribue simultanément à un début de renouvellement des thèmes mis en débat. Dans les deux cas, c'est la définition même du journalisme politique à la télévision qui apparaît comme déstabilisée : par effet de marginalisation une fois la «bulle» de la campagne passée à TFl, par la redéfinition même de la palette des compétences associée au poste «journaliste politique» qu'implique à terme l'orientation ouverte par France 2... qui rejoint certaines expériences américaines ou italiennes en particulier.
      «Unhearded Questions». Crisis and Renewals of TV Political Journalism. Erik Neveu [25-56]. This paper develops an analysis of the television coverage of the French presidential election of 1995. As Blumler and Gurevitch have recently suggested in for the USA, its conclusions emphasises a crisis of television political journalism. The choice made by the leading private network TFl has been to «compact» the interactions between journalists and politicians in short programs at the beginning of the prime-time, to focus the discussion on «horse-race politics». If such a strategy seems to guarantee good ratings, it contribues also to the building of a journalist ghetto, framing politics according to the schemes of the insiders, concentrating the coverage of politics to election-time. The choice of the public network France 2 was quite different, using a genre linking the talk-show and the more classical frames of political programs on television. If the rating were lower than those of TFl, this innovation allowed laymen and experts participating to the debates to contribute to a substantial shift in the nature of the questions and issues during the interactions with politicians. The experiences of both channels suggest the opportunity and maybe the need for the invention of a new «new journalism», more able to connect «ordinary» citizens and politicians, to link politics and issues considered by voters as more concrete, closer to ordinary lives.
    • Les deux publics des "7 d'or". Principes de célébration et de consécration du journalisme télévisuel - Pierre Leroux p. 57-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les deux publics des 7 d'or. Principes de célébrations et de consécration du journalisme télévisuel. Pierre Leroux [57-80]. L'objectivation proposée ici des éléments de célébration et de consécration des occupants des postes à forte visibilité du journalisme télévisuel (présentateurs de journaux ou d'émissions politiques, culturelles ou de débat) met en lumière les contradictions inhérentes aux principes d'évaluation de tels postes. Placés sous les regards croisés des différentes fractions du public et du groupe des pairs, ces positions matérialisent les tensions spécifiques à l'univers du journalisme télévisuel. L'occupation de ces postes anticipe - et à long terme sanctionne — une aptitude à les investir dans toutes leurs dimensions : du point de vue d'un ensemble de pratiques professionnelles et de la conception de produits répondant aux impératifs d'audience, mais aussi du point de vue des nécessités de la vedettarisation et de la séduction d'un «public» hétérogène de profanes. Les principes d'évaluation sont ici analysés à travers une forme de consécration professionnelle (les 7 d'or) sur laquelle pèsent les contraintes significatives des enjeux qui traversent le champ professionnel. Ils sont confrontés dans un second temps à d'autres éléments de célébration et de consécration de ces postes et de leurs occupants.
      The 7 d'or's Two Publics. Principles of Celebration and Consecration of TV Journalism. Pierre Leroux [57-80]. The substantiation of the celebrating and consecrating aspects of the highly visible tenants of TV journalism (news anchors or political, cultural or debate hosts) as presented herewith highlights the inherents contradictions in the valuation principles of those positions. Exposed to the cross-stare of the different sections of the public and the peer group, such positions materialise the specific tensions in the world of TV journalism. Holding such positions foretells of - and in the long term, validates - an ability to totally fulfill them : in regards to all the professional practices and the conception of products that meet the demands of TV ratings, but also in regards to the requirements of the star system, and the alluring of a heterogeneous lay «public». The valuation principles of such positions are analysed herewith in the light of one form of professional consecration (the 7 d'or, the major French TV Awards) which bears the significant strains of the profession's stakes, and then compared to other celebration criteria of these positions and their tenants.
    • La persuasion de l'actualité télévisée - Jacques Gerstlé p. 81-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La persuasion de l'actualité télévisée. Jacques Gerstlé [81-96]. La connaissance de l'information télévisée est marquée en France par un déficit d'études plus sensible encore pour l'approche politique que pour les approches sémiologiques et écologiques. Des transformations structurelles et des changements de pratiques des audiences permettent de reconnaître à l'information télévisée une importance croissante alors que la politique télévisée en période routinisée et en période électorale régresse. Les mécanismes persuasifs de l'information à l'œuvre dans l'effet d'agenda, de cadrage et d'amorçage sont fondés sur des biais d'accessibilité. L'actualité télévisée en orientant l'attention publique pèse sur la hiérarchisation des préoccupations, sur celle des candidats et privilégie certains critères d'évaluation politique. La désintégration de la présidentialité d'Edouard Balladur en 1995 et la consolidation de la présidentialité de François Mitterrand en 1988 relèvent d'effets d'amorçage et de cadrage discriminant. Les performances électorales de Jean-Marie Le Pen s'appuient sur un effet d'amorçage en 1988 qui ne se retrouve pas en 1995, la campagne du candidat constituant alors la seule ressource de communication qui semble contribuer au résultat.
      Persuasion of TV News. Jacques Gerstlé [81-96]. The knowledge of TV news in France shows a shortage of studies which is even more striking for political rather than semiological or ecological approaches. Structural transformations and changes of practices observed in the audience allow to give TV news a growing influence whereas politics is on the decline in both political and electoral broadcoasts. News persuasive mechanics which are at work through agenda, framing and priming effects are based on accessibility bias. By guiding public attention, TV news works on the way the public thinks about politics, forms considerations and enforces some criteria of political assessment. Thus, Edouard Balladur presidentiality in 1995 broke up whereas Francois Mitterrand presidentiality strengthened in 1988 under priming and discriminating framing effects. Moreover, Jean-Marie Le Pen electoral performances rest on the priming effect in 1988 which is misssing in 1995 : the candidate campaign thus making the only communication resource contributing to his score.
    • Le mythe de la popularité de Reagan - Michael Schudson , Elliot King p. 97-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le mythe de la popularité de Reagan. Michael Schudson avec Elliot King [97-116]. Rétrospectivement, il apparaît que, durant sa première année de mandat, ce fut moins le grand public que la presse qui tomba sous le charme de R. Reagan. La réputation de Grand Communicateur qui lui ont construite les journalistes ne résulte en aucun cas de sa capacité à communiquer avec les masses. Elle peut, à l'inverse, être expliquée par cinq autres facteurs : (1) l'habileté de Reagan et de son équipe à communiquer personnellement avec la corporation des journalistes et avec le Congrès ; (2) un changement dans l'équilibre politique du pouvoir à Washington après l'élection de 1980 et un effort concerté pour en tirer avantage ; (3) la capacité de Reagan à mobiliser une fraction décisive des électeurs de droite ; (4) la tendance de la presse à se soumettre à la majorité législative et à interpréter ses succès électoraux comme résultant d'une popularité réelle ; et (5) l'importance exagérée que les médias et les élites de Washington accordent à la télévision dans la production de l'opinion publique et à «l'opinion publique» elle-même.
      The Illusion of Ronald Reagan's Popularity. Michael Schudson with Elliot King [97-116]. The evidence suggests that at no time in Reagan's first years was the general public as charmed by Ronald Reagan as the news media were. The picture that reporters presented of Reagan as a Great Communicator did not arise from Reagan's ability to communicate to the masses. It can be explained, however, by five other factors : (1) Reagan's skills and the skills of his staff in communicating personally to the press corps and the Congress ; (2) a changed political balance of power in Washington after the election of 1980 and a concerted effort to take advantage of this ; (3) Reagan's ability to mobilize a key right-wing constituency ; (4) the tendancy of the press to defer to legislative successs and to read it as popularity ; and (5) the exaggerated importance that the mass media and Washington insiders attribute to the role of television in shaping pubblic opinion - and to «public opinion» itself.
  • Varia

    • Ce que les sondages font à l'opinion publique - Loïc Blondiaux p. 117-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce que les sondages font à l'opinion. Loïc Blondiaux [117-136]. Cet article se propose de revisiter la controverse récurrente autour des sondages et de l'opinion qui traverse les sciences sociales et divise en particulier la science politique. Il commence par recenser les principales critiques adressées aux sondages d'opinion dans la sociologie et la science politique française et anglo-saxonne. Il tente ensuite de reconstituer une brève histoire des usages du concept d'opinion dans le discours savant. La conclusion de ce double inventaire apparaît sans ambiguïté : les sondages ne mesurent pas l'opinion publique au sens où les sciences sociales et le discours politique savant entendent habituellement cette notion. La troisième et dernière partie discute plusieurs hypothèses susceptibles de rendre compte de l'extraordinaire réussite de cette étrange mesure de l'opinion publique.
      What Poils do to Public Opinion. Loïc Blondiaux [117-136]. This article aims to revisit the recurrent controversy over polls and public opinion in social sciences, especially among political scientists. It first makes an inventory of the main critiques adressed to public opinion polls in French and Anglo-Saxon sociology and political science. Then it attempts to write a short history of public opinion as a scholarly concept. The conclusion of this double investigation is unambiguous : polls don't measure public opinion, at least in the way social sciences and learned political discourse usually understand it. The third and last part of the article deals with several hypotheses to explain the extraordinary success of this strange measure of public.
    • Un vote résigné et sans signification politique ? Comportements électoraux paysans dans la première moitié du XIXe siècle - Christine Guionnet p. 137-154 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un vote résigné et sans signification politique ? Comportements électoraux paysans dans la première moitié du XIXe siècle. Christine Guionnet [137-154]. Le thème d'un électorat populaire soumis et résigné, dénué de signification, constitue l'héritage d'une importante tradition historique, présente dès le XIXe siècle, puis largement reprise par la communauté scientifique. Or l'observation des comportements électoraux paysans dans la première moitié du XIXe siècle conduit à une nécessaire réserve par rapport à ce schéma classique. L'idée d'un vote résigné face à une dépendance subie ne s'applique pas à la majorité des électeurs. Ceux-ci ont le plus souvent le sentiment d'exprimer librement leurs propres choix, en accord avec leurs conceptions de la structuration sociale ; on peut en outre empiriquement constater que les rapports de dépendance socio-économiques n'impliquent pas en général une soumission politique du corps électoral.
      A Resigned Vote without any Political Significance ? Peasants' Electoral Behaviours during the First Half of the XIXth Century. Christine Guionnet [137-154]. The topic of a resigned and obedient popular electorate, without any political significance is an inheritance of a major historical tradition, attested as early as the XIXth century, then widely revived by the scientific community. Then, the analysis of the peasants's electoral behaviours during the first half of the XIXth century leads to a necessary reservation about this standard scheme. The topic of a resigned vote facing an obidient dependence does not apply to the majority of constituents. These have usualy the feeling that they freely expressed their own choices, in harmony with their idea of social structure. One can, besides, empiricaly verify that the socio-economic relations of dependence do not involve generally a political dependence of the electorate.
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