Contenu du sommaire : Horizons de la grammaire alexandrine (2)

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro vol.22, n°2, 2000
Titre du numéro Horizons de la grammaire alexandrine (2)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Horizons de la grammaire alexandrine (2)

    • Nécrologie
    • Articles
      • Présentation - Jean Lallot p. 5-6 accès libre
      • Traduction « rétrospective » et traduction « prospective » des textes grammaticaux anciens - Dubravko Škiljan p. 7-14 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        On compare brièvement deux modèles de traduction des textes des grammairiens anciens, l'un « rétrospectif », qui vise à reconstruire le sens donné originellement par l'auteur, et l'autre « prospectif », dont l'intention est d'adapter ce sens à l'expérience et aux connaissances du lecteur moderne. La conclusion est que ces deux attitudes sont également légitimes, sous condition que la traduction soit accompagnée par un commentaire explicatif qui précise explicitement lequel des deux modèles a été choisi.
        This paper expounds a comparison between two models of translation of ancient grammatical texts, one of them being « retrospective », aiming at reconstructing the original meanings given by the author, and the other, « prospective », intentionally adapting the meanings to the experience and knowledge of modern readers. The conclusion is that both approaches are equally legitimate, provided that they come with an explicative commentary including a clear statement about the chosen model.
      • Le Voci dei grammatici - Luigi Spina p. 15-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Dans les traités grammaticaux de l'Antiquité classique on peut distinguer entre deux stratégies d'écriture : l'une, objective et impersonnelle, l'autre, où l'auteur exhibe volontiers le « je ». Dans le manuel de Denys le Thrace, il n'y a que quelques traces de la voix de l'auteur. Dans les traités d'Apollonius Dyscole, au contraire, l'auteur est presque toujours présent, avec ses positions culturelles et sa façon d'argumenter. En particulier, l'analogie qu'Apollonius établit entre l'ordre des parties du discours et la phrase complète (Synt. 1,14) a été commentée par beaucoup de savants (Blank, Lambert, Lallot, Ildefonse). On peut, à mon avis, approfondir la question.
        Among the grammatical works of classical Antiquity, it is possible to distinguish two writing strategies : in the first, the writer's style is, so to say, objective ; in the other, there is the personal presence of the author : the writer readily uses the first person. The manual of Dionysius Thrax shows few traces of the author's voice. On the contrary, Apollonius Dyscolus, in his works, does not conceal the authorial « I », stating his opinions and displaying his way of arguing. At the beginning of the Syntax (1,14), Apollonius draws an analogy between the order of the parts of speech and the complete sentence. Many scholars (Blank, Lambert, Lallot, Ildefonse) have discussed the text, but it is possible, in my opinion, to go deeper into the analysis.
      • Les conjonctions dubitatives : la définition (originale) de la Technè retrouvée ? - Alfons Wouters p. 29-39 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le P. Berol. inv. 9917 (ca. 300 de notre ère) nous transmet une définition des conjonctions dubitatives (sûndesmoi aporêmatikoî) qui à mon avis se rapproche beaucoup plus du texte original de la Technè Grammatikè (G.G. I 1, 94.2-95.1) attribuée à Denys le Thrace que ne le font les manuscrits médiévaux. Il ressort de ce constat que notre approche du problème d'authenticité relatif à ce manuel, et notre appréciation de sa valeur comme source d'information sur la grammaire grecque antique, doivent tenir compte du fait que ce texte a subi des changements importants au cours des siècles.
        The P. Berol. inv. 9917 (ca. 300 A.D.) contains a definition of the conjunctions of doubt (sundesmoi aporêmatikoî) which, in my opinion, resembles the original text of the Technè Grammatikè (G.G. I 1, 94.2- 95.1) attributed to Dionysius Thrax much more than the medieval manuscripts that are still at our disposal do. In our approach of the authenticity problem inherent to this manual, and in our estimation of its value as a source for ancient Greek grammatical scholarship, one must take into account that this text has undergone important changes in the course of time.
    • Varia
      • Condillac contre Spinoza : une critique nominaliste des glottognoses - Paul Laurendeau p. 41-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Dans son Traité des Systèmes de 1759, Etienne Bonnot de Condillac (1714- 1780) critique la métaphysique de Baruch de Spinoza (1632-1677). Condillac accuse l'auteur de l'Éthique d'asseoir son raisonnement et ses démonstrations sur des mots plutôt que sur des notions. La totalité de l'argumentation de Condillac contre le système philosophique de Spinoza repose donc sur une accusation de glottocen-trisme, ce qui rend tout ce débat hautement intéressant pour la philosophie du langage contemporaine. Dans l'analyse de ce dialogue unilatéral, il est impératif d'investiguer la vision propre de Spinoza sur la relation entre mots et notions, de façon à voir si les accusations de Condillac, auxquelles il ne put évidemment jamais répondre, sont valides. Sur fond de lutte entre empirisme et rationalisme, cette confrontation se centre fondamentalement sur la question du statut gnoséologique du langage. Le nominalisme semble d'abord combattre la glottognoséologie, mais finit par s'avérer en être le défenseur le plus ardent, quand la critique condillacienne du verbalisme spinozien vire implacablement à l'auto-critique,
        In his Treatise on Systems of 1759, Etienne Bonnot de Condillac (1714-1780) criticizes Baruch de Spinoza's (1632-1677) metaphysics. Condillac accuses the author of The Ethics of grounding his reasoning and demonstrations on words rather than on notions. The totality of Condillac' s argument against Spinoza's philosophical system is therefore based on an accusation of glottocentrism, which makes the whole debate highly relevant to contemporary language philosophy. In analyzing that one-sided dialogue, it is imperative to probe Spinoza's own vision of the relationship between words and notions, in order to see if Condillac' s accusations, to which of course he could never answer, are valid. With the struggle between empiricism and rationalism in the background, this confrontation fundamentally focuses on the issue of the gnoseological status of the language. Nominalism seems at first to fight glottognoseology, but ends up being its most ardent defender, when Condillac 's criticism of Spinoza's ver- balism implacably turns to self- criticism.
      • Consciousness in Potebnja's theory of language - Nadia Kerecuk p. 81-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        résumé : L'idée de conscience est une composante essentielle de la théorie du langage de O.O. Potebnja (1835-1891). Dans son premier ouvrage La Pensée et le Langage, 1862, Potebnja pose les cadres conceptuels de sa théorie du langage. Ce travail s'ouvre sur une critique des idées linguistiques dominantes depuis la deuxième moitié du XVIIe siècle jusqu'aux années 1850. Ensuite, il y expose les axiomes de sa propre théorie du langage. Chez lui, tout acte de langage est simultanément acte de conscience, d'aperception. de cognition, de compréhension et d'interprétation. Le présent article s'intéresse spécifiquement à la conscience. Dans un premier temps, nous présenterons des arguments selon lesquels « le langage est le passage de l'inconscient au conscient » (1862, p. 37) puis selon lesquels le langage joue un rôle dans le développement de l'esprit. Nous donnerons ensuite un bref aperçu de l'interaction autre perception et conscience. Nous présenterons quelques exemples qui illustrent comment, au stade pré-linguistique ou en phase d'acquisition du langage, les enfants perçoivent le monde ou en prennent conscience. Enfin, nous insisterons sur le rôle des mots comme du langage dans le conscience et la connaissance humaine.
        Consciousness is a cardinal component of O.O. Potebnja's (1835- 1891) theory of language. In his earliest work, Thought and Language, 1862, Potebnja lays down the basic conceptuel framework of his theory of language, This work starts from a criticism of the mainstream linguistic ideas from the second half of the 18th c. to the 1850s. Next, he asserts the main axioms of his own theory of language. In Potebnja's theory, every speech act is simul- taneously an act of consciousness, of apperception, of cognition, of understanding and interpretation. This article focuses on consciousness. Firstly, I will present bis arguments according to which « language is the passage from unconsciousness to consciousness » (1862, p. 37) and language plays a role in the development of the mind. Next, a brief outline of the interaction of perception and consciousness will be given. Some examples of how children in pre-linguistic and early linguistic stages perceive and are conscious of the world will be presented. Finally, more specific reference will be made to the role of words /language in human consciousness and knowledge.
      • Le modèle d'analyse de l'énoncé des rhétoriciens arabes dans le ʿIlm al-maʿānī - D. E. Kouloughli p. 97-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La rhétorique arabe (balagà), fondée au XIe siècle par cAbd al-Qâhir al- ôurëânï (m. 1078), a développé un modèle original d'analyse de l'énoncé. Ce modèle reconnaît le rôle central de l'énonciateur comme élément central dans la constitution de la relation predicative. Elle a également élaboré un concept très général, celui de « contrainte » (qayd), pour rendre compte de toutes les modifications susceptible d'affecter les termes de base de la relation predicative pour donner naissance à un énoncé effectif. Le caractère général de ce concept permet de reconnaître ce modèle comme une grammaire de dépendance.
        Arabic rhetoric (balâga), which was founded in the xith century by cAbd al-Qâhir al-Gurgânï (d. 1078), developed an original model for the analysis of utterances. This model clearly recognizes the role of the speaker as central in the constitution of the predicative relation It also elaborated a very general concept, that of constraint (qayd), to account for all the modifications which may affect the basic terms of a predicative relashion to produce an actual utterance. The generality of this concept makes it possible to recognize the whole model as a dependency grammar.
    • Discussions
      • On club membership : a reply to Kouloughli - Jonathan Owens p. 105-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La linguistique moderne est-elle applicable à la compréhension de la théorie grammaticale arabe médiévale ? Cette question a reçu différentes réponses au cours des vingt-cinq dernières années : Carter (1972, 1994), par exemple, rejette toute pertinence à une telle approche car l'enracinement socio-historique de la grammaire arabe exclut la comparaison avec les idées modernes. Owens, d'autre part, (1995) soutient que les observateurs modernes devraient nécessairement envisager la pratique du Moyen Âge à travers une optique moderne. Récemment, Kouloughli (1999), tout en adoptant cette dernière optique, conclut que la pratique grammaticale médiévale échoue en tant que construction théorique cohérente. Cet article soutient que l'interprétation que Kouloughli fait des grammairiens arabes du Moyen Age est fausse pour deux raisons : Premièrement, la notion de cohérence n'a pas été démontrée, même dans la pratique de la linguistique moderne. De là, le modèle de Kouloughli prête au doute. Deuxièmement, interpréter la pratique arabe dans des termes de la grammaire de dépendance moderne (Owens 1984a) jette une lumière nouvelle sur la théorie arabe qui est bien plus cohérente et bien plus moderne que Kouloughli ne veut l'admettre.
        abstract : Is modem linguistic practice relevant for the understanding of medieval Arabic grammatical theory ? This question has been answered in different ways over the last twenty-five years : Carter (1972, 1994) for example rejects this possibility because the Arabic practice is deeply embedded in its socio-historical context and this precludes comparison with modern ideas. Owens, on the other hand (e.g. 1995), argues that modern observers must necessarily view medieval practice from a modern perspective. Recently, Kouloughli (1999) while adopting the latter perspective, concluded that medieval grammatical practice failed as a coherent theoretical construct. This paper argues that Kouloughli's interpretation of the medieval Arabic grammarians is faulty for two main reasons. First, the notion of coherence is not demonstrated even for modem linguistic practice, hence Kouloughli's standard of mesurement is doubtful. Secondly, interpreting Arabic practice in terms of modern dependency grammar (Owens 1984a) yields great insight into Arabic theory, i.e. it is far more coherent and 'modem' than Kouloughli admits it..
      • Of linguists and doorkeepers, a short response to Mr.Owens - D. E. Kouloughli p. 127-132 accès libre
    • Archives et documents
      • Les groupes syntaxiques en Allemand. Un cours polycopié inédit de Jean Fourquet (1966, Paris, Sorbonne) - Jean-Jacques Briu p. 133-164 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        résumé : Au contact de Tesnière, dont il est le collègue à Strasbourg dès 1933 et dont il publie les Éléments de syntaxe structurale en 1959, puis en 1965, Jean Fourquet développe durant un demi-siècle une réflexion portant, entre autres, sur la grammaire synchronique de l'allemand. Il refuse l'analyse classique de la phrase en sujet-prédicat (comme Tesnière) et les notions de mot et de classes de mot au profit d'unités fonctionnelles ; la phrase verbale, par exemple, est un groupe spécifique composé d'une base lexicale et de groupes en connexion hiérarchique ; l'ensemble est en relation avec les catégories de temps et de mode ; le sujet y est un membre de phrase parmi d'autres, car seule la place du verbe est pertinente dans la construction de la phrase. Ce cours inédit de 1966 sur Les groupes syntaxiques est, après la Grammaire de 1952, un texte fondateur qui a influencé fortement des générations de germanistes français et trouvé des échos favorables en Allemagne auprès de plusieurs linguistes.
        abstract : Under the influence of Tesnière, whom he was working with in Strasbourg as early as 1933, and whose Éléments de syntaxe structurale he was to preface and publish in 1959 (and again in 1965), Jean Fourquet spent fifty years elaborating a theory centered on synchronie German grammar. He refuted the traditional analysis which divided the sentence into subject and predicate, as well as the notions of words and word-classes and prefered to think in terms of functional units. The verb phrase, for instance, is defined as a specific group, the basic element of which is a lexical kernel, to which basis are connected a number of hierarchically organized sub-groups. The verb phrase, as a whole, is determined with respect to the categories of tense and mood. In this model, the subject is merely one sentence component among many, with no intrinsic particular status, because the only element relevant to sentence structure is the position of the verb. Under the title Les groupes syntaxiques, these duplicated lecture notes, written in 1966 but up to now unpublished, are a pioneering text second in importance only to the Grammaire published in 1952 ; it has had great influence on generations of French Germanists and has now spread to Germany as well, where it has met with favourable response.
    • Lectures et critiques